SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N° 12

 

11 12 13 14 15 16 17 18 19 20

 

 

Octobre-Novembre-Décembre   2004

 

Illustration BD page 2

Patrick MERIC

Christian Signol  page 3

Denise LEPRÊTRE

JEUNES

 

Si j'étais page 5

Ecole Ferdinand Buisson

Tristesse page 6

Natacha LEROY

En mémoire de mon chien page 6

Maxence VALLEZ

C'e st le destin page 7

Anthony CANONNE

Mon enfant page 7

Christelle LESOURD

Renard et l'écureuil page 8

LUCIOLLE

HUMOUR

 

Scène de ménage page 9

Auteur inconnu

Incrédulités page 10

Hector MELON D'AUBIER*

Méditations  page 10

Daniel CARLIER

J'ai compris   page 11

Léonce BAJART

L'z années qui passent page 12

Jacques HUET

ADULTES

 

Tombe la neige… page 13

Thérèse LEROY

A la mémoire des chœurs  page 13

Jean-Charles JACQUEMIN

Trouver son étoile page 14

Guislaine LAURENT

Sur les bancs de l'école  page 15

André NOIRET

Je sais… page 16

Paule DELANNOY

L'amour est un joyau  page 17

Jocelyne FERON

Cœur n'est pas Pensées page 18

Floriane KUROWIAK

Açvine  page 18

SAINT-HESBAYE*

Les SDF à la maison  page 19

Paule LEFEBVRE*

Un rossignol chantait  page 20

Jeanne FOURMEAUX

Ce jour là…  page 21

SAINT-HESBAYE*

Rose d'espoir  page 22

HERTIA MAY

Un si doux breuvage  page 23

Henri LACHERE

Jalouse fantaisie  page 24

Jean-François SAUTIERE*

D'hier et de jadis page 24

Geneviève BAILLY

NOUVELLES

 

La communion du "tiot" page 26-27

GRASJACQS

Tous les chats sont gris  page 28

Hector MELON D'AUBIER*

Rouge Pivoine page 29-30-31

Denise DUONG*

 

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P1

 

Christian SIGNOL, un romancier de terroir ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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La plupart des Français, et même des francophones avaient beaucoup apprécié, il y a quelques années « la rivière Espérance » de Christian SIGNOL, c’était l’adaptation, à la télévision, de son roman en trois tomes : le sud-ouest profond… les aventures batelières revisitées, une intrigue amoureuse bien ficelée… voilà ce qui consacra SIGNOL à cette époque.

 

Il continua patiemment à creuser son sillon…et des ouvrages comme "les vignes de Sainte-Colombes", "une année de neige" après "l'enfant des terres blondes" lui assurèrent la fidélité des lecteurs.

 

Peut-être des personnes plus intellectuelles auraient tendance à ignorer ce genre d’ouvrages… quitte à se régaler de leurs adaptations au cinéma ou à la télé ? J’avoue avoir été « frappée », à l’étal d’un libraire, par son dernier roman : « cette vie ou celle d’après ». La  beauté sobre de la couverture ? Les vers magnifiques d’ELUARD en exergue ? Le résumé qu’en fait l’éditeur ? « Inoubliable portrait de femme, livre nostalgique et grave »… c’est vrai… « Langue forte, à la fois sobre et évocatrice » c’est juste… « Bouleversant roman d’amour », oui…

 

Lisez comme moi : cela vous atteint au plus profond et c’est quelquefois bon d’être ainsi visité…

Denise LEPRETRE

 

 

 

P2

 

Si j’étais

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Si j’étais un rhinocéros

 

Je me promènerais dans la savane

Je défendrais mes bébés rhinocéros

Je foncerais dans les arbres

Je me battrais contre les lions

Je dirais bonjour aux serpents

Je me roulerais dans la boue

J’aurais comme amis les oiseaux.

 

Kévin

 

Si j’étais un chat

 

Je m’appellerais Minette.

Je serais coquette.

J’irais dehors toute la journée.

Et puis je miaulerais.

Je chasserais les oiseaux

Dans les arbres.

Je les mangerais.

 

Britany Douchet

 

Si j’étais un furet

 

J’irais dans les trous de lapin

Et je les chasserais.

J’irais dans les autres trous,

Et après je sucerais le sang du lapin,

Je m’endormirais jusqu’au lendemain,

J’irais encore dans la maison

Et je jouerais dans les cartons.

 

Rodrigue Van Malder

 

Si j’étais une chienne

 

Je m’appellerais Charlotte.

Je me promènerais la nuit

Et j’attraperais des souris.

J’irais chercher des bâtons

Et les ramènerais à la maison

Je jouerais à la balle

Et la mettrais dans la boue

Pour qu’elle soit toute sale.

 

Estelle Cano

 

Si j’étais un chien

 

Je mangerais des croquettes et j’aboierais.

Je jouerais à la balle dans la maison et dans l’herbe.

Je me promènerais à la laisse dehors.

Je grognerais si on m’approchait.

Mais je ne suis pas un chien

Et je m’appelle Sébastien.

 

Sébastien Drode

 

Si j’étais un lion

 

Je me promènerais dans la savane.

Si j’étais un lion,

Je mangerais les petits animaux.

Je ferais la sieste toute la journée.

Je me battrais avec les autres lions

Et je gagnerais

Parce que je suis le roi des animaux.

 

Timothée

 

Si j’étais un oiseau

 

Si j’étais un oiseau

Je m’appellerais Ho, ho.

Je ferais des farces aux chats

Je mangerais les piranhas.

Je monterais au sommet des toits

Je monterais la garde des oies.

Je ferais attention aux chiots

Mais je ne suis pas un oiseau.

 

Cassandra Dupont

 

Si j’étais un caméléon

 

Je me camouflerais

Contre les rochers.

Si j’étais un caméléon

Je mangerais des mouches.

Si j’étais un caméléon

Je lancerais ma langue.

Si j’étais un caméléon

Je serais multicolore.

 

Maxence

 

Ecole Ferdinand Buisson -Cambrai

Classe de CE1

Mme Boulin

 

 

 

 

P3

 

TRISTESSE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Triste je suis sans toi

Désemparée je suis

Quand je me souviens des moments passés ensemble

Heureuse j’étais dans tes bras et dans ton cœur.

 

Je t’ai aimé

Tu m’as aimée

         

Notre histoire a été la plus merveilleuse

Et la plus belle de toute mon existence

Le jour où nous nous sommes quittés

Mon cœur s’est dispersé en un million d’étoiles.

 

Natacha L. 18 ans

 

 

 

 

P4

 

EN MEMOIRE DE MON CHIEN

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Mon chien était un très beau chien   

Il était doux et je l’aimais bien

Il est parti un beau matin

J’ai eu beaucoup de chagrin.

 

Je pense souvent à mon chien

Chaque matin il me léchait les mains

Je savais qu’un jour il partirait loin

Mais là où il est il est bien.

 

                            Maxence Vallez

                                      8 ans

 

 

 

 

P5

 

C’EST LE DESTIN

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Nos chemins se séparent

Après tant de bonheur,

Après tant d’amour,

Après 480 jours…

Etait-ce écrit ?

Peut-être que oui…

L’avait-elle prémédité ?

Je dis oui sans hésiter !!!

Laisser derrière elle un amour d’un an et demi

Pour une aventure plus qu’incertaine,

Est-ce une lubie ?

Ou une façon d’être en accord avec elle-même ?

En aucun cas, je ne voudrais la juger,

Je veux comprendre sa façon de raisonner…

Antony Canonne

 

 

 

P6

 

 

MON ENFANT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Un enfant est né

Celui de notre union

Celui de ma soumission

 

Un enfant est né

Je me retrouve seule à l’élever

Seule à l’aimer

 

Un enfant est né

Il ne l’avait pas mérité

Grandir sans papa

Il en pleure déjà

 

Un enfant est né

Né d’une mauvaise action

Mais, restant une bénédiction.

 

Christelle Lesourd

18 ans

 

 

 

 

 

 

P7

 

SCENE DE MENAGE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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B - J’boros bin inn’ tiote tasse ed’jus pou m’récauffer : j’sus ing’lé

L - T’as qu’à t’servir ! L’caf’tière all’est su l’coin du poêle. Tié, au fait ! T’iras remplir el’ carbonnière à l’cafe. Pis après y faurot arcoper du tiot bos pou rallinmer l’poêle d’min matin.

B - Eh, douchemint ! In n’est pos aux pièches !!!

L - Ah, cha s’rot pou alleu godailler à mo Gros Louis, teu s’ros pus infourché ! Surtout si t’y artrouffe tin comarate Fernind…

B - Laisse Fernind trinquile ! Y n’té dos ré !

L - N’impêche qu’ché in rude chucheu. Ré qu’à vir s’min-ne toute rouche ! Et sin né ? In dirot inn’ grosse fraisse bé mure.

B - C’n’est pos parce qu’y beu. Y a des problinmes d’chirculachion .

L - Des problinmes d’chirculachion !!! Y n’d’a surtout  quind y ardéquint d’mo du Gros Louis. Y fait tell’mint d’rutes chinquartes qu’in cop y s’est déchoulé su inn’ fimme et qu’y la fait quéhir !!!

Au lieu d’installer des radars automatiques pou l’z’autes y frottent miux d’installer des radars pou prinne les buveux qui déquintent du bistrot.

B - Ah, ti ! Toudis à démépriser ché gins. Si y avot des radars détecteurs d’indoulle te s’rot souvint su l’photo !

L - Quoque teu berdoulle ? J’n’déméprise mi ché gins !

B - Ah, non ! Va dire cha à in g’vieu, t’aras pos d’cop d'pied.

Et ti ? Quoque t’fais des heures intières à mo Amélie quind teu vas boire du café ? Infin, j’diros putôt d’eul’charloute.

L - Et ti ! Quind teu passes des après midi intieures à mo du Gros Louis aveuc Fernind et d’z’autes buveux ?

B - Nous in parle pos su l’dos des gins, in parle ed’politique.

L - Ah cha, ché l’milleur ! Eut’ti connos in politique comme in pourcheu à l’z’étoiles. N’oublie pos qu’quind in va voter, ché mi qui t’donne tin bulletin, o bé teu votros cor pou ch’ti chi ou pou ch’ti lal.

B - Dis qu’j’ sus in ébreu pindint qu’t’y es !

L - T’n’as quind minme pos invinter l’fil à coper l’bure ! Et t’n’es pos sot pou tout. Par eximpe, quind te surque l’jonne fimme qu’all’ resse au coin d’el’rue ?

B - J’eul’ surque ! J’eul’surque ! J’ravisse ché tout. Te commince à m’énerver. Ché sûr, qu’ché pu agréape d’raviser s’n’avint scène qu’eul’ ti-inne ; t’as cha gros comme deux gueuques ! C’n’est mi étonnint qu’je n’guin-ne jamais au tiercé ou bé à l’lot’rie. In dis toudis qu’pou guin-ner y feut avoir inn’ chince ed cocu. Agonnée comme té, coiffée comme té, aveuc té cotrons in lonne épaisse, cha n’risque pos qu’in eute homme y t’arluque. Alors je n’peux mi guin-ner aux jus.

L - N’impêche qu’t’as été contint d’m’trouveu quind t’étot jonne. Quind t’allos au bal à l’salle Tofflin. Pos inn’ jonne fille a n’voulot dinser aveuc ti !!!

B - Te mins comme in arracheu d’dints.

L - Au lieu d’toudis bertonner, te f’ros miux d’mette t’vielle casaque avint d’sortir. Té toudis dégaverlé quind te vas à l’cour. Feut mi t’étonner si après te toussionne tout l’nuit et si t’avale des lites d’sirop d’naviots.

Mi, j’creus putot qu’t’finmes trop. Te t’rinds compte, te finmes pus d’in paquet d’toubac per jour !

B - Si j’attrappe freu, ché qu’teu m’oblige à aller finmer à l’cour ! A mi ché rue !

L - Tin toubac y pu. Y sint l’brin d’cat.

B - Arrête ! Déquind d’min dos. Quind j’s’rai in tron d’mier les pissoulis pas ché rachin-nes, t’aras l’timps d’braire.

L - T’as inn’sinté d’fer !

B - N’impêche qu’tout in étint vacciné j’ai fé eul’grippe et inn’ bronchite qu’all’ a duré tros s’monnes.

L - Pourtint aveuc tout l’alcool qué tu bos les micropes y z’areutes du morir vite fait !

B – Ti, y n’a pos dinger qu’t’l’attrapes. In arrivint su ti y trouf’tent pu méchints qu’eusses, alors y débuqu’tent !

Au fait ! Pindint qu’j’y pinse. As-tu invo-ié l’chèque pou l’Noël des Deshérités à la Voix du Nord ?

L - Ti ché putot du cerveau qu’té déshérité ! Si in pouvot tin gréffer in eutes …

B - Eh, arrête d’inmarvoïer. In v’va quind minme pos passer l’innée 2004 à l’terte l’in d’l’eute ?

L - Allez gros malin, j’t’ai cair quind minme. Tié, vié chi qu’j’ te claque inn’ baisse !!!

Auteur Inconnu …

 

 

 

 

P8

 

MÉDITATIONS

(Haïku)

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Les mots du poète

Sont sur la feuille bouquets

De signes en fleurs.

La charrue écrit

En lettre de terre : automne

… au gré du sillon.

La plume et la langue

Sont parfois plus meurtrières

Que le mousqueton

DANIEL CARLIER

 

 

 

 

P9

 

J’AI COMPRIS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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In cinsier iaveut in varlet qu’iéteut inne miette tournis, in peut même dire qui n’ d’aveut in gron !

 

In jour qu’el varlet iaveut été au bal, v’là ti po qui s’amourache d’inne tiote gadrouillette qu’al fait si bé d’ ses pieds, d’ ses mons et pi d’ess bouque, tell’mint qu’al l’imbrasseut, qu’au bout d’ huit jours i s’ metteutent à l’affiche pou s’ marier.

 

I feut bé croire èqu’ pouleur tout i marche à l’estricité : treus meus après l’ marioche, jour pour jour, ess’ fimme al metteut in infint au monne !

 

Tout nunu qu’iéteut l’ varlet i n’ d’aveut quin même été estomaqué. Avoir in infint au bout d’ treus meus d’ marioche, ça l’iaveut sinné inne miette dreule et i n’arrêteut pos d’ busier.

 

In bé jour, n’y t’nint pus, i s’in va vir sin visin, tiot Hinri mo d’el crimpette, pou li raconter s’ n’avinture. I li dit qu’iaveut toudis intindu parler qui folleut neuf meus pou acater in infint.

 

Tiot Hinri, qui n’ voleut pos brouiller l’ minnoche, i li d’minne :

 

-                  Ia combé d’ timps qu’ t’es marié ?

 

-                  Bé, qui répond l’ varlet, ça fait jusse treus meus.

 

-                  In bé, qui dit Hinri sins béguer, ça fait ti pos l’ compte : ia treus meus qu’ t’es aveuc ett’ fimme… treus meus qu’ett’ fimme al est aveuc ti, ça fait six… et pi treus meus qu’ vos êtes insinne… ça fait ti pos les  neuf meus !!!

 

-                  Ah bé, qui dit l’ varlet, feut i qu’èj’ suche bête… j’ai compris à c’ t’heur.

 

Et d’puis c’ timps-là, vos m’ crérez si vos volez, pou indormir l’infint, c’est li qu’iallotte el berce à tirelarigo !!!

                                                                                     Léonce BAJART

 

 

 

 

P10

 

L’ Z ANNEES QUI PASSENT…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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I n’y a pos d’départ in r’traite sans discours. Et d’quo qui est fait ch’discours ? Du résumé dé l’ vie de ch’ti qui s’in va. Comme si, li, i n’savot pos chu qui avot fait d’pu s’n éfance jusqu’au momint dù qu’i s’artreuve atteint par l’limite d’âche !

D’ailleurs, pou l’majorité d’cheux qui ont c’minché à travailler bin avant 18 ans, ch’est à dire des gins comme mi, tout près d’leus 70 ans, l’parcours i est à peu près l’même :

Tant qu’in est tout tiot, l’vie al est facile : ches parints i pinsent à nou plache et l’pu dur ch’est d’apprindr’ ses leçons et faire ses devoirs in busiant à ches grandes vacances.

A 14/15 ans in est aucor ein gosse et, d’ein seul cop in bascule dins l’mond’ ed « ches grands », ein univers fait d’gins ed tous l’z âches et non pu d’comarates de l’même classe, de l’même école communale. Ch’est l’momint dù qu’in comminche à travailler, à s’elver pu timpe au matin, à s’armuer d’avantache qu’su ches bancs d’école. Mais ch’est aussi à partir ed là qu’in a drot à ein tiot peu d’argent d’poche : « achteure que te travalles, ch’est normal qu’in t’donne ein pu gros diminche ! ». Et aussi qu’in euche l’autorisation officielle ed feumer. (Pasque jusqu’à là, fallot s’mucher pou griller ein’ « Parisienne ou ein’High Life »).

Diu, qu’cha paraît bon d’pouvoir s’prom’ner l’cigarette au bec, sans ête obligé d’miler si in n’va pos rincontrer ch’maîte d’école, ch’curé, ou bin cheul’ voisine qui moucharde ! Et même si in n’sait pos aucor que l’fait dête accroché derrière ein mégot, cha n’fait pos d’nous ein homme, comme qu’in est heureux et fier d’pouvoir d’vant ches jones filles alleumer ein’cigarette, à l’abri d’ses deux mains comme i’l’faisottent Humphrey Bogart ou John Wayne au cinéma !

Et pi arrivent aussi : l’drot d’rintrer in peu pu tard l’sam’di et l’diminche, l’autorisation d’boire ein tiot peu d’vin à l’tabe familiale ou ein’ bistoulle dins ches grandes occasions. Mais aussi d’participer à l’conversation d’ches « grands » adon que, jusqu’à là quand ches parints i discutotent ed politique ou d’histoires ed fesses in nous dijot : « allez tiot, va-t-in juer aveuc les gamins de t’n âche ! ».

Ch’est l’momint dù qu’in comminche à s’intéresser sérieus’mint au corsache ed ches filles, ou in s’inthousiasme pou l’foot-ball, Paris-Roubaix et l’Tour de France, pou l’définse ed ses comarates : in est fin prêt à tout faire pou canger l’monde !

L’z années si longues quand in es tiot, s’mettent à défiler. In s’in va au service militaire et à c’qui paraît, in arvient ein « Homme » d’avor ‘té soldat pindant 12 ou 18 mos ! Et pi ein biau jour, in s’marie et même sans gramin d’sous in est heureux.

Au boulot d’timps in temps in assiste à ein départ, in trinquant à l’santé de ch’l’artraité. In n’se sint pos concerné : ch’est aucor lon l’momint d’arrêter d’ouvrer ! In d’vient père ed famile. Sans qu’in s’in rinde compte ches soucis à cause ed ses gosses et d’cheux qu’in rinconte à l’ouvrache cangent nou visage et comminchent à mette du sel dins nous caveux. Et p’tit à p’tit in vot arriver d’nouvelles contraintes : ches cigarettes n’ont pu tout à fait l’même goût excitant du début et pourtant in n’arrive pos à passer d’vant ein débit d’toubac sans y intrer. Même si ch’docteur nous avot viv’mint conseillé ed diminuer l’ration quotidienne ed nicotine. Ches « plaisirs de la table » qui insensiblemint passent avant ches plaisirs du lit dotent pourtant ête freinés. In décoeuvre alors des mots nouviaux qu’in n’connaîchot pos quand qu’in étot jones : cholestérol, triglycérides, acide urique… In somme dév’nus adultes in est arvénus comme du temps qu’nou parints et ches maîtes d’écoles nous prév’notent que l’tabac et l’alcool cha peut dév’nir dingereux. Seul’mint quand qu’in arrive pas lon de s’pinsion, in sait tout cha, in est même capabe de s’juger, mais qu’ch’est dur ed devoir s’punir li-même !

In est aucor costaud mais in s’rind compte que l’tierre al est d’pus in pu basse et qu’i nous faut deux fos pu ed temps pou artourner sin gardin ou armonter ses pen’tières.

 

Et pi ein biau jour ch’est nous qu’in est artraité. Ch’est l’z autes qui s’cotisent pou nous offrir ein cadeau et in leur paye l’cop pour l’z armercier. In est heureux d’arrêter d’courir pou ête à l’heure à l’ouvrache, mais in a ein’ tiote boule dins s’gorge ed devoir quitter des gins, des comarates aveuc qui in a passé tant d’années.

In va arjoinde l’conférération d’cheux qui n’sont pu esclaves d’ein rével ou d’ein’ pointeuse. Qui s’lèvent au matin ou qui faitent l’sieste quand qu’i n’n’ont invie. Et qu’i n’ont pu d’ordes à r’chevoir sauf… d’leu finme naturell’mint.

Diu qu’cha passe vite ein’ vie !

            Jacques Huet

 

 

 

 

P11

 

TOMBE LA NEIGE 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Tombe la neige sur le sol, couvre les toits, cache la boue

Tombe la neige sur mon cœur, couvre mon corps, cache mon âme

 

La neige cache ses méfaits dans sa blancheur immaculée

La nuit est blanche maintenant

Et le vent souffle et crache sa haine

Siffle comme un serpent, arrache et brise et gifle et brûle…

Vent éparpille la neige en poussière d’argent pour en faire des étoiles

 

La neige a posé ses doigts de glace sur la nuit

Et peu à peu l’a couverte d’un grand manteau d’argent

La nuit a posé sa large main sur les yeux des hommes

 

Quelqu’un m’a dit : « N’écoute pas la voix du vent », mais il y a si longtemps que

 Je ne sais plus

 

Le ciel avait pleuré et l’on pouvait voir sur ses joues

De longues traces noirâtres se traîner jusque sur l’horizon

 

Nuit, mon amie, de qui donc es-tu en deuil pour te parer ainsi de blanc ?

Quelle âme tourmentée prête aujourd’hui sa voix au vent ?

 

                                                                  Thérèse Leroy

                                                       Extrait de « Eclats d’âme »

 

 

 

 

 

 

 

P12

 

A LA MEMOIRE DES CHŒURS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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De l’abîme profond, Seigneur je crie vers toi

Ma peine est immense. Pitié, Seigneur pour moi

Mon âme crie et t’implore sans cesse

Du fond d’iniquité, elle crie sa détresse

Si tu comptes à chacun ses péchés

Perfides biens dont mon cœur est attaché.         

Ah ! Qui donc Seigneur tourne voir ta face

Ah ! Bonté divine plonge-moi dans ta grâce

De même le veilleur attend le point du jour,

Mon âme espère en toi qui es le Dieu d’amour,

Car l’immense pardon, Seigneur, est en toi.

Je t’attends O mon Dieu et je crois en toi.

Souvent je suis tombé, mais tu m’as racheté,

Malgré mes turpitudes et mon iniquité

Ah ! Donne-moi, Seigneur, repos sans inquiétude

Dans l’éternel bonheur de la béatitude.

Heureux ceux qui sont morts et qui chantaient tes louanges

Car ils sont retournés dans l’unique lumière

Chanter avec les saints et tous les chœurs des anges

L’éternel Hosanna dans la maison du Père.

JEAN-CHARLES JACQUEMIN

alias J.CH DE BEAUMONT

 

 

 

P13

 

Trouver son étoile…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Si on dit : « Trouver son  étoile »,

C’est comme peindre une toile.

Il faut du temps,

Souvent de la patience.

Nul n’est besoin de sciences,

Ni même d’argent.

Il faut juste fermer les yeux,

Et se retourner vers les cieux.

Il faut chercher

Au plus profond de son être :

La vérité…

Ou plutôt ce qui pourrait l’être.

Chercher ce qui peut correspondre

A une illusion de réponse,

Si c’est le cas, allez on fonce !

C’est ça ; quand on ne peut pas répondre,

La question reste posée…

Mais on croit détenir la vérité.

On commence alors le grand chemin

Qui va certes, toujours vers demain,

Mais aujourd’hui, je suis sûr

D’avoir trouvé le plus pur…

Tout se confond dans un petit mot,

Qui résonne parfois un peu faux,

Mais dites-le à votre tour,

Vous le savez bien c’est : « Amour »

Qui si vous le voulez vous prendra par la main,

Pour vous emmener vers les chemins… demain.

C’est ça : « Trouver son étoile » !        

Guislaine Laurent

 

 

 

 

P14

 

SUR LES PETITS BANCS DE L’ECOLE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Sur les petits bancs de l’école

Où mon séant s’est ennuyé

Je revois mon maître d’école

Face au tableau blanchi de craie

Je n’avais pas souvent de colles

Mais des cent lignes sur mon cahier

Sur les petits bancs de l’école

Comme j’aimerais m’y retrouver

 

En ce temps là époque folle

Ton avenir était tracé

A quatorze ans, oui ma parole

Continuer… ou travailler

Dans une usine de casserole

Mes premiers pas dans le métier

Déjà je regrettais l’école

Mais trop tard pour y retourner

 

Oh : toi mon fils, toi qui rigoles

A moi aussi l’on a parlé

Mon père voulait cette auréole

Que je n’ai jamais su porter

Tu peux croire que je batifole

Mais plus tard au fil de tes ans

Sur les petits bancs de l’école

Tu voudras t’y revoir enfant

 

Sur les petits bancs de l’école

En histoire ou géographie

Je perdais souvent la boussole

Sauf en calcul et poésie

Que de leçons apprissent au vol

Que je ne retenais jamais

Sur les petits bancs de l’école

Comme j’aimerais y retourner

 

Sur les petits bancs de l’école

En histoire ou géographie

Je perdais souvent la boussole

Sauf en calcul et poésie

Que de leçons apprissent au vol

Que je ne retenais jamais

Sur les petits bancs de l’école

Comme j’aimerais y retourner

Sur les petits bancs de l’école

Au temps des primes amourettes

S’appelaient-elles Marie, Nicole

Magali, Jeanne ou bien Pierrette

Premiers serments et billets drôles

Qu’on se passait à la récré

Sur les petits bancs de l’école

Comme j’aimerais vous retrouver

 

C’n’est pourtant pas une acropole

Où l’on doit être à l’apogée

Mais vous avez en vous le rôle

Le devoir de tout étudier

Ne croyez pas que vos consoles

Pour vous feront tout le chemin

Sur les petits bancs de l’école

Vous êtes nos maîtres de demain

 

Si dans le vent mon chant s’envole

Et que mes vers sont appréciés

J’en remercie d’avance Eole

Il peut toujours recommencer

Mais pourvu qu’un jour une farandole

De tout enfant du monde entier

De tous les petits bancs d’école

Fassent une ronde d’amitié

 

Mais pourvu qu’un jour une farandole

De tout enfant du monde entier

De tous les petits bancs d’école

Fassent une ronde d’amitié

Sur les petits bancs de l’école

On peut apprendre à commencer

Sur les petits bancs de l’école

On peut apprendre tous à s’aimer

 

Sur les petits bancs de l’école

Sur les petits bancs de l’école

Sur les petits bancs de l’école.......

 

 

 

André Noiret

 

 

 

 

 

P15

 

Je sais….

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Je sais qu’il est des matins fous

Où l’on croit que Dieu est présent,

Et des soirs aux couleurs d’aurore

Où l’on ne voit plus que le ciel !

 

Je sais le sourire en étoile

Qui fait trembler le cœur de joie,

Et l’abandon des doigts amis

Et les regards si pleins d’amour.

 

Je sais les heures qui s’envolent

Au gré des rires et des mots…

Je sais l’âme plus que joyeuse

Qui s’éblouit de s’élancer…

 

Mais je sais aussi que vacillent

Les certitudes menacées…

Je sais la peur, je sais la crainte

Et le souffle dur de l’angoisse…

 

Je sais les chutes en vertige,

Quand plus rien, plus rien ne peut être,

Je sais qu’un seul instant tragique

Brise à jamais ce qui était !

 

Je sais qu’il est affreux de naître,

Et que les vents cassent les roses !

Je sais qu’il faut vivre quand même

Cette lente mort quotidienne ;

 

Jusqu’au jour où, désagrégée,

Corps et âme si pitoyables,

Je vivrai l’instant de musique

Où me prendra la Mort Vivante.

 

Paule Delannoy

 

 

 

 

P16

 

L’AMOUR EST UN JOYAU

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

L’amour est un joyau

S’il n’est le plus pur

Qu’il soit le plus beau…

 

Et quand vient le jour

Où il nous fait craquer

Qu’il est bon d’aimer

De tout lui donner…

 

Tel dans un écrin, le cœur emballé

Sait le reconnaître, l’adorer, l’aimer

Celui qui prend soin de ne pas souiller

Ce sentiment noble, qu’il soit partagé…

 

Celui-là, gageons,

Saura le garder

Même au plus profond

D’un jardin secret…

 

L’amour est un joyau

Et restera c’est sûr

Toujours le plus beau

Plus beau des cadeaux.

 

 

« D’une Sirène, dédié à son Poisson »

                                                                           Joceline Feron

 

 

 

 

 

 

P17

 

CŒUR N’EST PAS PENSEES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Les yeux fermés,

Les oreilles bourdonnent

Plus grand qu’une gare

Des millions de trains sillonnent

Pensées par-ci pensées par-là

Neurones en ébullition

Problèmes et milliers de questions

L’angoisse s’est installée.

 

Les yeux fermés,

Une immense sensation de vide

Un cerveau impénétrable

Le noir absolu et splendide

D’une histoire qui m’accable

Fin du système d’information

Les pensées ne sont plus en action

Je me sens blasée.

 

Les yeux ouverts,

Elle me tend les bras

Cette vie dont je ne veux pas

Ces gens qui se torturent l’esprit

A se construire une vie

C’est dans le cœur que loge le destin

Plus on l’écoute plus la vie est un festin

Je l’écoute toujours et encore

Chaque pulsation me rend plus fort

Ma vie n’est pas celle qu’on me dicte

Elle est celle que je vis

Savoir aimer.

                                 Floriane KUROWIAK

Avril 2003

 

 

 

 

P18

 

LES SDF A LA MAISON

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Ici l’on squatte, très librement,

Les jeunes occupent la maison,

Ils le font tous très discrètement,

C’est la nouvelle génération.

 

Ils sont là, bien après minuit,

Oh… bien !

Ils dorment là jusqu’à midi,

Au moins !

 

Des pas lourds,

Un bruit d’eau,

Des coups sourds,

Un rideau.

 

Puis on déboule dans l’escalier.

« On ne mange pas… on file ! »

« On se voit quand ? » crie la Mémé.

«  Sais pas, tu penses… y a pas d’heure pile ! »

 

Et je vois de ma fenêtre

La jeunesse qui s’égaille,

Et les klaxons qui tempêtent,

Les voitures qui, vaille que vaille,

Se dégagent et se dépêtrent.

 

A vingt ans

Sans argent

Sans voiture

Mais quand j’étais à la maison

N’en avais cure…

Je faisais la conversation.

Et c’était bon !

Paule Lefebvre

 

 

 

 

P19

 

UN ROSSIGNOL CHANTAIT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Là-haut perché dans le pommier

Un rossignol chantait

Pour sa femelle si jolie

Qui pondait dans le nid

Qu’ensemble ils avaient construit

Pour accueillir leur famille.

 

Là-haut perché dans le pommier

Un rossignol chantait

Pour sa femelle qui couvait

Ses œufs avec amour et fierté.

Toc-toc-toc faisaient ses petits

Tout en brisant leur coquille.

 

Là-haut perché dans le pommier

Un rossignol chantait

Pour ses oiselets qui venaient de naître.

Ouvrant tout grand leur bec

Réclamant pâtée et graines.

 

Là-haut perché dans le pommier

Un rossignol chantait

Pour ses oiselets tout apeurés

Qui apprenaient à voler

Déjà ils ont quitté leur nid

Bientôt viendront d’autres petits.

Jeanne Fourmaux

 

 

 

 

P20

 

CE JOUR-LA

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

        Pour Flore et Léonard

 

Ce jour-là, il pleuvait, à cette heure

Des larmes de cœur,

En vagues d’amour…

Nos larmes de pleurs

En lames de cœur,

Perlaient pour toujours.

 

Il plut des sanglots d’enfants

En mémoire d’avenir,

Où songe l’espoir du sang…

Il pleuvait l’âme des soupirs

Sans soleil et sans ire,

Quand l’amer se fit souvenir.

 

Les nuages de briser le ciel,

Le ciel de saigner à l’unisson

Et le vent de sécher les yeux,

Il pleuvait ce jour de fiel

Le pouls de tous les cieux,

Au seuil d’une résurrection.

                                                       Saint-Hesbaye

                                                                                  2 Mai 1998

 

 

 

 

P21

 

ROSE D’ESPOIR

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

OBSCURE PENSEE D’UN CIEL SANS ETOILES

QUI PASSE ET QUI S’ACHEVE

 

 

Il y a des jours de peur à midi

Qui traînent en de longs et vieux habits

Il y a de nuits bleutées d’espoir à minuit

Qui passent comme un cortège de bruits.

 

Le soleil éveillé au creux d’un nuage

A posé son œil sur moi.

 

Soleil : topaze perdue dans un bouquet de feuilles.

 

Le temps comme une image folle

A passé sur nos chagrins d’amour

Et la rose que la brise cajole

A tiédi plus d’un corsage de velours.

 

Ne t’en va pas, jeunesse

Ne t’en vas pas ainsi

Ne t’en vas pas jeunesse

Reste avec tes cris.

 

LE LONG DE MA JEUNESSE EST UN SENTIER FLEURI

IL A LA COULEUR DE L’ESPOIR…

HERTIA-MAY

          1971

 

 

 

 

P22

 

UN SI DOUX BREUVAGE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Il fait bon chaque jour humer dedans le verre

Ce cher fruit de la treille au parfum généreux.

Il enchante la table, et le cœur amoureux

Nous voici devenus l’artiste ou le trouvère.

 

 

Sommeillant à la cave il s’éveille au palais,

En robe d’apparat dont le velours nous charme.

Fin prêt à festoyer, il séduit, il désarme,

Monarque incontestable et nous simples valets !

 

 

Comment ne pas chérir ces illustres cépages,

Ces trésors de la vigne aux multiples vertus,

Qui peuvent par ailleurs nous laisser abattus,

Nous rendre violents, avides de tapages !

 

 

Vin, ce bonheur des plats, de l’huître… à l’ortolan,

L’art de te bien choisir est délicate chose.

N’en déplaise à Bacchus, gare à l’apothéose

S’il nous vient à l’esprit d’épouser le volant…

                           Henri Lachère  

 

 

 

 

 

P23

 

JALOUSE FANTAISIE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Ode à la femmeUn poète, à mi-mots, m’a mis ma Muse à l’eau

Un soir de morte lune où j’étais matelot

Et que je souquais dur pour rattraper un vers

Qui à l’hameçon-ci s’était pris de travers.

 

Faiseur de pur talent, admirable génie

Il brisa d’un coup net toute ma litanie

Et ce bonheur bonhomme où bras ballants j’allais

En m’inventant des rois pas beaux dans des palais,

De purs ciels de bohême où nagent les étoiles

Du côté de Nogent, du côté de Maroilles,

Et des granges d’amour où sont blottis des rêves

Bleus d’Auvergne ou d’ailleurs, brûlants comme des sèves.

 

Ce poète dont j’ai d’ailleurs perdu le nom

M’aurait-il prêté sa recette j’eus dit NON !

A chacun son quatrain… Sans être Rutebeuf

Je peux toujours aller m’en faire cuire un neuf.

 

Et tout en admettant que cet autre que moi

Sache mieux pratiquer l’art de servir l’émoi

Je reste là muet, en ruminant mes maux

Ainsi qu’un fromager devant un bris de mots.

 

Jean-François Sautière

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P24

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

D’HIER ET DE JADIS

 

Qui n’a gardé la souvenance

De ce temps révolu des chemins d’écoliers

Où l’on allait cueillir au sein des noisetiers

Ces hannetons de notre enfance ?

 

« Avis à la population »,

Là, c’était une cloche et le garde champêtre,

Nous serinant ému quelques faits à connaître,

Une commère à l’unisson !

 

C’était : les pieds dans les galoches ;

L’orange de Noël et le croque-mitaine,

La digue et le coulant, une claire fontaine,

Et puis la pêche aux épinoches.

 

Le corbillard bien panaché,

Tiré par le cheval en habit de lumière,

Conduisait le défunt à sa chambre dernière,

En un cortège endimanché.

 

Qui n’a gardé la souvenance

D’un parfum, d’un bleuet, ce chant du rossignol,

Tant d’amour, d’amitié… Buvons-le à plein bol

Ce lait si tiède de l’enfance.

                                                      Geneviève Bailly

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P25

 

LA COMMUNION DU « TIOT »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Branle bas de combat chez les Lemoine : dans quinze jours, c’est la communion du « tiot », autrement dit, le petit dernier de la famille. La cérémonie religieuse est fixée au 9 Juin 1957. Beaucoup de fébrilité dans ces deux dernières semaines pour la famille qui, bien que modeste, met un point d’honneur à ce que cet événement soit une réussite. Trois jours ça durait à l’époque : on mangeait, on dansait, on racontait des histoires, on organisait des jeux, dans la lignée des traditions ancestrales. Pas question de se défiler à l’issue de la première journée, c’était bel et bien un combat en trois reprises et il arrivait que certains aillent au tapis pour le compte. En ce temps-là, le banquet avait lieu à la maison, pas question de s’offrir le restaurant ni une salle, trop cher ! On virait les meubles, on dressait la table et que la fête commence ! Inutile de préciser que les parents avaient fort à faire dans la dernière ligne droite et qu’après les festivités ils seraient tout bonnement épuisés. Ils croisaient les doigts pour que tout se passe bien, avant, pendant, après.

 

A l’inverse, Jules ne ressentait pas ce type d’inquiétude pas plus que d’angoisses métaphysiques : il rêvait des cadeaux qu’on allait lui offrir. Normal quand on provient d’un milieu pas très aisé. Traditionnellement, le parrain payait au frais et émoulu communiant la première « toccante » de sa vie : une montre suisse, à aiguilles, auréolée d’une réputation de solidité infaillible. Au moment du « trou normand », pour les profanes digestif que l’on prend au milieu du festin « en espérant faire glisser le tout », les anciens exhibaient fièrement leur premier jalon du temps qui passe. Témoin qu’ils avaient religieusement conservé bien que leur tour de poignet ne leur permette plus de le porter. Même les « durs de la feuille » entendaient le fabuleux « tic tac » qui avait résisté à l’épreuve des années écoulées. Zéphyr ne faillit pas à l’usage et offrit à Jules, son filleul impatient, l’objet de sa convoitise sur le cadran duquel était rédigé en lettres magiques le fameux label « Swiss ».

 

Malheureusement, la fête ne put battre son plein comme il se devait : Angèle, la grand-mère maternelle décéda la semaine précédente. On ne badinait pas avec le deuil il y a presque cinquante ans. Qu’importe, « la communion c’est quand même pas l’enterrement », les histoires et les jeux remplacèrent les romances. D’autant qu’ils n’étaient guère déplacés. A un moment donné, oncle Arthur interpella le « tiot » qui montrait fièrement aux convives sa première montre :

 

- Connais-tu le rapport entre un arbre poussant sur une montagne suisse et une montre provenant du même pays ?

 

- Les feuilles tombent de l’arbre comme les minutes s’échappent de la montre. Leur chute c’est comme le temps qui passe et qu’on ne rattrapera jamais même en descendant très vite les pentes de la montagne. En Suisse, les sommets sont très hauts alors le temps passe encore plus vite…

 

- Quelle imagination, le « tiot », on voit qu’il va passer en sixième à la rentrée ! Ca pourrait être vrai d’une certaine façon, mais la légende raconte autre chose : « La Suisse au seizième siècle était un pays très boisé. Les hivers étaient très rigoureux et les bûcherons désoeuvrés traînaient à la maison. Les épouses n’aimaient pas ça du tout –l’oisiveté est la mère de tous les vices- alors elles dirent à leurs maris de fabriquer des montres à la mauvaise saison plutôt que de picoler ». Ils avaient un double métier, si tu préfères : bûcheron et horloger, à la fois.

- Je n’aurais jamais cru que des grosses mains de bûcherons puissent manipuler des rouages aussi petits !

- Eh oui, fiston, c’est pourtant vrai. Tu vois, on en apprend tous les jours même aux communions.

 

En fin d’après midi, avant de « rattaquer », ou si vous préférez subir le second assaut gastronomique, les hommes avaient quartier libre une heure ou deux pour se détendre en s’adonnant à des jeux de tradition. Un peu partout dans le village, on trouvait des « pas de billon », de « javelots », de « fléchettes », « d’arbalètes ». Les hommes s’entraînaient à domicile ou allaient au bistrot pour assouvir leurs passions. Julien, le père du tiot, possédait un spécimen rare d’arbalète dont il n’était pas peu fier. Les joueurs profitèrent de l’entracte pour tenter de percer des balles en chiffons posées à même une planchette de bois. Ambiance de « ducasse » dans le cabanon. Maladresse évidente de ces arbalétriers des temps modernes pas mal éméchés par les libations du jour.

 

En désespoir de cause, intervention de « tiot Jules » qui incitera ces messieurs à se rabattre sur la belote au prochain temps mort :

 

Pas étonnant que vos ratez tout : vous ne jouez pas pour de vrai ! On devrait mettre une pomme sur la tête de l’oncle Charles, personne n’en a mangé dans les corbeilles alors si vous ratez votre coup, il y a des munitions à volonté. Bien sûr, si vous tuez tonton, c’est une autre paire de manches mais ça peut s’arranger, la famille est bien représentée.

 

On dirait bien qu’il a bu un « genièvre » de trop, le gamin. A ton âge, goûte plutôt les bonbons Barnier, tu sais les bonbons suisses, ça t’évitera de nous raconter des bêtises. Ah, j’y suis, pas étonnant : tante Amélie lui a offert pour sa communion « L’histoire de Guillaume Tell », vous savez celui qui avait, sur pari, troué la pomme posée sur la tête d’un Suisse volontaire. Souvenez-vous, on l’a appris à l’école : s’il réussissait, son pays serait libéré, s’il échouait, l’homme mourrait et son pays appartiendrait toujours à l’Autriche.

 

Désolé de te contredire, tonton Nestor, c’est pas ça du tout : Guillaume Tell devait percer la pomme sur la tête de son fils parce qu’il avait refusé de saluer la statue du Duc d’Autriche et s’il ne voulait pas, c’est un archer choisi par le bailli Gessler qui l’aurait fait. Et il ne s’est pas dégonflé, lui, pas comme vous !

 

L’affaire commençant à prendre des proportions aussi scabreuses qu’imprévues, les champions coupèrent court à la partie dépourvue d’intérêt, prétextant une reprise imminente du sport de table, réputé nettement moins dangereux. L’imagination débordante du « tiot » alimenta la reprise des hostilités, certains voyant en lui un futur romancier, d’autres un éminent historien spécialisé dans les coutumes et traditions de la Suisse. En fin de soirée, il se rapprocha de l’oncle Arthur, sentant le moment opportun de prendre sa revanche :

 

Sais-tu, selon un horloger suisse, quelle est la définition d’une montre parfaite ?

C’est celle qui n’avance ni ne retarde jamais sans qu’on y touche, pourrait-on dire.

Eh non, « C’est celle qui ne laisse s’écouler que des jours heureux ». Malheureusement à l’heure qu’il est, elle n’existe toujours pas.

Grasjacqs

 

 

 

 

 

P26

 

ROUGE PIVOINE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

   L’hôtel affiche complet. Ce n’est pas Zoubida qui s’en plaindra, elle aime son travail : de plus, les pourboires viendront arrondir ses modestes économies en vue de son merveilleux voyage : dans deux ans, si tout va bien, elle s’envolera, ivre de bonheur, à destination de son Afrique natale.

 

   Pour ces fabuleuses vacances, elle a déjà tout prévu : elle pense même aux toilettes qu’elle arborera là-bas pour épater les gens de son village. Juste avant le départ, elle ira s’acheter aux Galeries Lafayette une robe à beaux ramages, avec d’énormes fleurs, rouges de préférence. Ce ton vif mettra en valeur le grain de sa peau d’ébène. D’ici deux ans la mode aura sûrement changé, mais la jeune noire a repéré, au rayon « femmes fortes », des vêtements qui auraient fait son affaire.

 

   Elle est en effet ce qu’il convient d’appeler une personne bien enveloppée mais ne s’en formalise guère. D’ailleurs, dans son pays, les hommes préfèrent les femmes potelées !

 

   Aussi, lorsqu’elle voit défiler dans l’hôtel toutes ces clientes qui n’ont que la peau et les os, cela lui fait plutôt pitié. Ce qui ne l’empêche pas, durant leur absence, d’aller fouiner dans leur placard, rien que pour le plaisir d’admirer leurs jolies robes, humer leur parfum et sentir sous ses doigts la douceur des soieries ou des velours. C’est son plaisir, et elle ne s’en prive pas : après tout, cela ne fait de mal à personne ! Et lorsqu’elle a ainsi touché, soupesé, palpé, caressé, elle referme l’armoire en soupirant. Elle aussi, elle aimerait porter ces atours ; puis elle se dit que, de toute façon, ses formes rebondies n’entreraient pas dans ces petites tailles de mannequin !

 

   Cette curieuse manie, c’est bien là son seul défaut, une faille secrète dans la vie de l’honnête Zoubida, et madame Derville, sa patronne qui ne se doute de rien, déclare à qui veut l’entendre que sa femme de chambre est une perle !

 

   Oui, une perle noire que les Vermeulen apprécient beaucoup. Ce couple de Belges, vieux habitués de l’hôtel, occupe traditionnellement la chambre 13. Lui, est agent de change à Bruxelles, elle, toujours fort élégante, se désole d’un embonpoint rebelle à tout régime. Ils sont fort simples et très gentils pour Zoubida qui s’ingénie, par mille petits riens, à rendre leur séjour plus agréable.

 

   C’est l’heure où la clientèle converge vers le bar et le restaurant. Les Vermeulen qui aiment la bonne chère se sont installés à leur table pour un long moment.

 

   Zoubida inspecte le couloir du premier étage et s’engouffre dans la chambre 13. Cette semaine, avec l’invasion des touristes étrangers, elle n’a pas encore eu le loisir d’explorer la garde-robe si bien fournie de madame Vermeulen. Elle appelle « prospection » cet inoffensif rituel qu’elle pratique cependant avec la plus grande prudence ; et cela l’amuse beaucoup ; en fait c’est sa seule distraction !

  

La jeune femme, abandonnant l’aspirateur - prétexte, court à la penderie, tripote mousselines et dentelles. Soudain, ses yeux d’agate s’allument ; elle découvre, rangée à part, une robe ornée de plantureuses pivoines d’un rouge éclatant : son rêve !

 

Zoubida se voit déjà traversant la place du village à petits pas gracieux, le menton haut perché, la taille ondulante, sûre de son succès. Elle croit entendre le froufrou de la jupe sur ses mollets nus, et le silence qui l’accompagne ; ses cousines et les vieilles accroupies sur le seuil de leur case en seront restées bouche bée ; quant aux hommes, l’œil lourd de convoitise, ils auront interrompu leurs palabres. Comme elle est belle, Zoubida, dans sa robe aux ramages écarlates : une fleur parmi les fleurs !

 

Alors, peut-être qu’un garçon à la voix chaude viendra lui faire la cour, peut-être qu’un notable lui parlera mariage…

 

Longuement, la jeune femme contemple la toilette dont la soie brillante l’aguiche dans la pénombre du placard ; le désir est le plus fort ! Zoubida dégage la robe de son cintre et la plaque en souriant sur sa poitrine ; puis, d’une démarche onduleuse, elle se dirige vers la salle de bain. Devant la glace, elle esquisse un pas de danse, cambre les reins tandis que les pans de la jupe virevoltent en cadence.

 

Soudain son sourire s’est pétrifié ; elle aperçoit dans le miroir la silhouette de madame Vermeulen qui vient chercher les pilules de son mari.

 

Suffoquée, la grosse dame, la main sur la bouche, laisse seulement échapper un petit « oh ! » de réprobation face à la coupable affublée de cette robe trop voyante qu’elle-même n’a jamais aimée.

 

Zoubida roule des yeux exorbités : ah ! Si elle pouvait rentrer sous terre ! Elle sent le rouge de la honte lui envahir le visage ; ses joues seraient sûrement devenues aussi rouges que des pivoines si sa peau n’était pas si noire ! Comme un automate, elle remet en place l’objet du délit et sans un mot disparaît, tête basse.

 

Cachée dans le réduit aux balais, elle médite sur le sort qui l’attend : Bêtement, elle a perdu sa place ! Par sa faute, la voilà renvoyée, réduite au chômage, comme tant de ses pauvres compatriotes ! Il ne faut plus rêver au merveilleux voyage en Afrique, chez les siens ! Finie, la traversée triomphale du village dans sa robe à fleurs rouges ! Plus de prétendants ! Seigneur, que va-t-elle devenir ? Il y a bien le cousin Youssef qui habite le même quartier, mais Zoubida sait trop bien ce qu’il attend d’elle. Jamais elle ne mangera de ce pain-là !

 

La malheureuse se sent encore plus coupable, plus noire et plus grosse, et maudit tardivement sa curiosité fatale !

 

« Zoubida ! Où êtes-vous donc, on vous cherche partout ! »

 

   La patronne s’impatiente. Zoubida osera-t-elle descendre, affronter la colère de madame Derville qui est peut-être au courant ?

 

   Elle traîne les pieds, le cœur en déroute. Il s’agit seulement de monter un plateau pour un client alité. Ouf ! La pauvre fille ne perd rien pour attendre !

 

   A trois reprises, madame Derville l’appelle pour des motifs futiles. A chaque fois Zoubida croit sa dernière heure arrivée ; la patronne lui semble bien sèche, agressive ; sans doute se contient-elle en présence des clients qui se pressent dans le hall.

 

« Zoubida, à quoi pensez-vous aujourd’hui ? Il faut vous réveiller ma fille ! »

 

   La femme de chambre aimerait se réveiller de ce cauchemar, mais la réalité est là qui la tenaille depuis des heures ! Tantôt Zoubida fait la sourde oreille pour retarder le moment fatal, tantôt elle souhaite ardemment qu’on en finisse une bonne fois avec ce supplice intolérable !

« Zoubida, descendez tout de suite ! »

 

   Cette fois, le ton est abrupt, sans réplique, il faut s’attendre au pire !

 

« Ce n’est vraiment pas le moment de bayer aux corneilles, nous avons un imprévu : les Vermeulen sont repartis à Bruxelles pour une affaire urgente ; préparez tout de suite le 13 pour ces touristes anglais qui viennent d’arriver ! »

 

   La jeune femme s’empresse de disparaître, une paire de draps sur les bras. Elle vient encore de l’échapper belle !

 

   En attendant le verdict, elle gagne la chambre maudite au numéro porte-guigne, symbole de sa disgrâce et de son renvoi imminent.

 

   Dès qu’elle a ouvert la porte, elle a senti son cœur fondre : la robe aux pivoines est étalée en travers du lit. Au corsage, madame Vermeulen a épinglé un petit carton sur lequel la jeune femme, les yeux brouillés, a peine à déchiffrer : « Pour Zoubida ».

 

   En petits caractères suit l’inscription : « A l’année prochaine ! »

 

                                                                 Denise DUONG

                            (extrait du recueil de nouvelles

 «LE CHEMIN DE SAINT JACQUES »)