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SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N°25

 

21 22 23 24 25 26 27 28 29 30

 

Mai-Juin-Juillet-Août 2008

 

Illustration BD page 2

Patrick MERIC

JEUNES

Zéro au tabac page 3

Collège Renaud-Barrault

Jouer  page 3

Priscilla DROUEZ

En temps de guerre page 4

Stéphanie BONNEVILLE

La fête foraine  page 5

Fanny CANONNE

Papy page 6

Alexandrine Martin

Avec nos prénoms  page 6

Les enfants du mercredi

HUMOUR ET PATOIS

p 7

 

De vrais Ch'tis ? page 8

Jean-Pierre LEFEBVRE

Ch'tiot Cap'ron rouche page 8

Hector MELON D'AUBIER

Dins min gardin page 9

Georges RATEL

Dans un milieu bourgeois page 10

Jean-Charles de BEAUMONT

Niaiserie page 11

Julie VASSEUR

Ché mos d'hiver  page 12

Gisèle HOURIEZ

POESIE ADULTE

Eloge de l'amitié  page 13

Geneviève BAILLY

L'égalité des sexes page 14

Anthony CANONNE

Faudrait pas  page 15

Brigitte CAPLIEZ

 Maman  page 15

Claude BOISSE

Alouette page 16

SAINT HESBAYE

A mon grand-père  page 16

Marie SAUVAGE

Automnale page 17

Suzy DARIBEHAUDE

1968 ou l'ombre d'un drapeau page 17

HERTIA-MAY

Un enfant page 18

Thérèse FABIAN

Bouli page 19

Jeanne FOURMAUX

C'est comme un soleil page 20

Thérèse LEROY

La calomnie page 20

Marie-Antoinette LABBE

Pour la fête des mamans page 21

Marcel LESAGE

L'éclaireur des chiffonniers page 22

Geneviève BAILLY

Malgré le monde page 22

Christelle LESOURD

Croquis page 23

Jean-François SAUTIERE

Les avatars du clocher page 24-25

Francis LESAGE

Vivre à Caudry page 26

André NOIRET

De tout mon coeur page 27

Guislaine LAURENT

NOUVELLE

Papy page 28-29-30

 

ACROSTICHES page 31

 

Découvrez notre concours 2008

 

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Avis de concours

Editions littéraires

*  Retrouvez l’auteur dans la revue littéraire.

 

 

Pascal DUPONT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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                                                Concours de poésie  “La Caudriole

ouvert du 1er avril  au 31 juillet 2008

 REGLEMENT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Page 1

 

Zéro au tabac

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Zéro au tabac

 

Zéro à la fumée

Gare au cancer

 

Zéro à la cigarette

Gare aux incendies

 

Zéro à la taffe

Gare au bébé

 

Zéro au cigare

Gare aux brûlures.

 

Kevin B.

 

 

 

 

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JOUER

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Se divertir dans la cour d’école, s’amuser pendant la récré,

Se bagarrer, se battre, se chamailler,

Se réconcilier, se raccommoder, se rabibocher,

Faire la paix.

Manger, grignoter, s’empiffrer,

Boire,

Digérer.

S’élancer, galoper, courir, sautiller, sauter,

Se bousculer, se heurter, chuter, choir,

Tomber, s’effondrer, se ramasser une pelle,

Pleurer,

Se faire consoler.

Plaisanter, pleurer de rire, ricaner, pouffer,

S’esclaffer, rigoler, rire, se marrer, se fendre la poire,

Rire aux anges, rire aux éclats, rire comme une baleine,

Se fendre la pêche, se fendre la pipe.

 Avoir la rate qui se dilate,

Bouger, danser, chanter,

Entendre la cloche sonner,

Se ranger,

Rentrer dans la salle de classe.

 

Priscilla Druez

 – 13 ans Honnechy

 

 

 

 

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En temps de guerre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Que le monde est triste,

Et le monde se bat,

Mais pourtant respire,

Jusqu’au dernier combat.

 

Souffrant de tout leur corps,

Donnant tous leurs efforts,

Ils se trouvent et s’abattent,

La terre souffre et menace.

 

Le dernier souffle d’un soldat,

Sa dernière pensée est là,

Les pleurs résonneront plus tard.

 

Le malaise d’une terre malade,

En temps de guerre sonne l’alarme,

Sa fin approche, la prochaine bataille.

 

Stéphanie Bonneville

09/07/2007

 

 

 

 

 

 

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La fête foraine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Il était une fois une fête foraine qui venait d’arriver dans la ville.

Un jour le manège rouge prit feu.

Le pompier est venu tout seul avec un camion de pompier pour éteindre le feu, et puis le propriétaire du manège lui demanda si c’était grave.

Mais le pompier n’osait pas lui répondre car il était timide.

En repartant le pompier chante une chanson qu’il adore, alors il alla monter dans un très grand manège qui s’appelle « L’oxygène ».

 

Alors le groupe de pompiers arriva en chantant l’hymne des pompiers.

Alors, après son tour de manège, le pompier timide repart avec le groupe de pompiers en chantant leur hymne.

 

 La fête foraine continue, et le manège qui avait pris feu est parti. Alors un deuxième groupe de pompiers arrive pour faire une surveillance sur la fête foraine.

 

 Et puis deux pompiers montent dans un manège qui s’appelle « Le Boomerang ». Alors le deuxième chef du groupe leur demande de descendre mais à la fin de sa phrase, le manège se met à tourner, alors le chef s’est dit « bon tant pis, vous l’avez bien mérité aujourd’hui ». Alors le chef des pompiers dit à tous les pompiers :

 « vous pouvez aller vous amuser dans des manèges ! Si vous voulez, bien sûr.

 

Fanny Canonne – 13 ans

(texte écrit à l'âge de 10 ans !)

 

 

 

 

 

 

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PAPY

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

Cette soirée de décembre

Tu nous as quittés.

Telle une bulle de savon

Tu t’es envolé.

J’aurais voulu te dire adieu

Avant que tu ne rejoignes les cieux

Et te serrer dans mes bras

Une toute dernière fois.

Une seule minute a suffi

Pour t’arracher à la vie.

Ce cancer t’a tué

Sans que tu l’aies mérité.

Mon cœur est brisé

Et n’arrive pas à se recoller.

Je mettrai beaucoup de temps à accepter

Que toi, papy, tu nous aies quittés.

Maintenant, je sais qu’effectivement

Toutes les heures blessent

Et que la dernière tue.

 

Papy nous t’aimons très fort

 

Alexandrine Martin

- 16 ans

 

 

 

 

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AVEC NOS PRENOMS !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

  par les enfants du mercredi…

 

ADELINE tête sa tétine au goût de sardine. C'est une coquine !

 

      CLARISSE glisse sur six saucisses !

 

MATHIEU est un joyeux curieux jamais malheureux.

 

OCÉANE mange des bananes et joue avec son âne !

 

ROSALYNE sur la colline câline sa jolie lapine.

 

ANGÉLIQUE pique-nique avec VÉRONIQUE, c'est fantastique !

 

 

 

 

 

 

 

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Haut

 

 

 

 

 

 

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Patois : « De vrais ch’tis ? »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

Aveuc l’ sortie du film d’ Dany Boom,

in met l’ patois à toutes les seuces et toutes les fricasses.

 

L’ patois du Nord, c’est du picard. Quind in appelle quéquin « Biloute », çà a un sins fort amitieux : « Vié ci, m’ tiote biloute, m’ raconter tes misères ! ».

Diminche passé, à l’ télé, inne journalisse al saque à Dany Boom : « Vous êtes un vrai homme, vous avez des ch’couilles. ». Un ch’ti, y n’ direut pos çà mais putôt : « C’est un vrai homme, in veu qu’y n’ d’a ».

A un comarate qui a fait guince tout l’ diminche, l’ lundi, in y dira : « Tas des yiux comme des coules d’ malo ! », parce qu’y a inne sale terte aveuc des tiots yiux.

Les gins in allint vir l’ film, y vont croire que l’ patois, c’est gras. « Que nenni », dirai-je.

C’est vrai qu’ichi, in rigole bocop, in patois, d’histoires d’ fesses et d’ boisson. Parel qu’ailleurs !

Pous les infints, inne biloute c’est inne quéquette. « Veux-tu bé mucher t’ biloute au lieu de l’ moutrer à tout ch’ti qui passe ! ». In’ faureut donc pos juger trop vite et l’ Nord et l’ patois ré qu’in allint vir un film aussi agréape qu’y suche. « Pos vrai biloute ? »

                                                                  J.-P. Lefebvre

 

 

 

 

 

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DINS MIN GARDIN

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

Au printemps, ech sus bien dins min gardin, avec min t’chien

Quand, pour el première fos d’ l’année, j’arsors mes outils,

Quand ech croque, à belles dints, dins ché premiers radis

Dins min gardin, ech sus contint.

 

In été, ech sus bien dins min gardin, avec min t’chien

Quand ech sus assis su ch’ banc à l’ombe ed min peumier

Quand j’ ravise ech’ mouviar pluquer dins mes fraisiers

Dins min gardin, ech sus contint.

 

In automne, ech sus bien dins min gardin, avec min t’chien

Quand j’ ramasse mes manottes d’échalotes

Quand ech récolte des cageots d’ belles carottes

Dins min gardin, ech sus contint.

 

In hiver, ech sus bien dins min gardin, avec min t’chien

Quand el neige al brille ed sous un blanc solel

Quand même ech frod y pique à mes orelles

Dins min gardin, ech sus contint.

 

Georges Ratel

Croisilles (62128)

 

 

 

 

 

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9Dans un milieu bourgeois

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

Sketch à deux personnages

 

C’est madame la duchesse

Avec Sophie sa bonne.

Madame n’a pas eu le temps de faire ses tresses,

C’est l’angoisse, la peur que sa bonne l’abandonne.

 

- Oh Sophie ! Je ne sais ce que j’ai,

Mon ventre est dur ! Dur ! – Je sais… Je sais !

- Je ne suis pas allée à la selle depuis huit jours !

- Ce n’est rien, madame, cela vous arrive toujours !

 

Tenez baronne, un peu d’huile de ricin

Et vous verrez, vous serez soulagée.

- Mon Dieu, Sophie ! Dois-je invoquer tous les saints ?

- Mais non madame, tenez, prenez ce dragée.

 

- Mais Sophie, je n’aime pas, je n’aime pas !

- Mais si, madame, avec un bout de chocolat

Après vous prendrez votre repas.

Je descends et vous remonte votre purge au nougat.

 

- Oh Sophie, ce que c’est mauvais !

- Prenez un bout de chocolat ou je m’en vais.

Avec cela vous serez soulagée.

Lorsque la purge aura fait son effet, vous m’appellerez.

 

Quelques instants se passent.

 

- Sophie, vite ! Apportez le vase de nuit.

- De suite, madame, de suite et je m’enfuis.

L’on entend le résonnement des vents qui s’enlacent.

 

- Oh Sophie ! Sophie ! Je suis soulagée.

Mais je crois bien que j’ai encore un petit bouchon !

- Mais allez-y madame ! Avez-vous besoin d’un torchon ?

 

Et l’on entend cette déflagration de pets orchestrés,

Symphonie en raie majeur, dans la tempête.

- Oh Sophie ! Quel bonheur, c’est la santé lorsque je pète.

 

Jean et Charles Jacquemin

Alias Jean-Charles de Beaumont

 

 

 

 

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Niaiserie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

J’aurais voulu être le jour. Pouvoir embrasser la nuit sur les vagues. Pouvoir éclairer les vies, les cœurs. Pouvoir être témoin du bonheur. De Ton bonheur. Ton bonheur qui me fut longtemps refusé. Maintenant, il est à moi. Toujours à moi, à jamais. Tu auras beau te débattre comme un diable, tu ne peux échapper à l’Ange du Jour. Ange du Jour, Ange de la Nuit.

 

J’aurais aimé être l’Ange de la Nuit. Bercer l’obscurité, piqueter le ciel d’étoiles lointaines qui font rêver les fous. Voguer à bord de mon navire pour précipiter ma poussière froide dans les rues. Glisser en silence jusqu’à Ta rue. Ta maison. Ta chambre. Ton lit. Ta tête. Ta tête, Ma vie.

J’aurais souhaité être la Vie. Etre la Vie, être la Mort.

 

Assassiner.

Ressusciter.

Découper en rondelles.

Faire revenir un Ange.

Ange du Crépuscule, ange de l’Aurore. A mi parcours du Jour et de la Nuit, entre la fascination et la magnificence. Etre un Ange qui ne se voit que si on veut le voir. Presque invisible. Presque tranquille. Transparent. Ange du Milieu, Ange Fantôme. Ne plus être qu’une ombre sans bruit. Un mur discret. Un murmure étouffé.

 

Non, non ce n’est pas ça.

Je n’aurais pas voulu être étouffée. Ni discrète. Ni transparente. Ni tranquille. Ni magnifique. Ni être une tueuse. Ni être Dieu. Ni être dans ta tête. Ni nul par ailleurs. Ni être le jour.

 

Non, non, ce n’est pas ça.

Je n’aurais pas voulu être différente de ce que je suis. Quand enfin j’essaye d’être quelqu’un d’autre, je me rends compte que ce n’est pas possible. Autant être soi.

 

Mais par contre,

Ca me plairait de rencontrer le jour. La nuit. Ton bonheur.

 

Près de toi. Comme ça.

 

Ahem.

Julie Vasseur

 

 

 

 

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Ches mos d’hiver

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

Mi j’aime bin ches courts jours, et j’ vous explique pourquo :

Y’ a pus d’ corvée d’ gardin, j’ peux d’meurer bin au caud ;

Nous v’là à l’ fin OCTOPE, inn périote erposante,

Pu b’zon d’ ravetcher l’heure, ni d’ surveiller l’ tocante ;

J’ mé lièfe quand j’ mé réville, j’ prinds l’ timps d’ bin déjûner,

J’ vas acater l’ journal : j’ mé sins in vrai r’traité.

Ch’ t’alors qu’el jour s’amoute, y’ a d’el breume, des nuaches,

Pou’ mi lire les nouvelles, j’aros b’zon d’éclairache,

Mais l’ courant coûte fort querr pou’ laisser alleumé,

Ch’est du moins chu qué m’ crie min rapia d’ blinc-bonnet !

J’attinds donc l’heure dé s’ sieste et j’ laisse glicher l’ timpête,

Certain qué j’ vas pouvoir bintôt lire el gazette.

Pindant un bon momint, ej sus in himme comblé !

Quand m’ fimme quitte sin fauteul, ch’est déjà l’ soir qui qué,

J’ m’éclipse fort discrèt’mint : ch’est bintôt l’ partie d’ cartes,

J’ m’in vas r’jointe les copains, mais surtout j’ prinds bin garte

Dé n’ pas faire ed potin pou’ n’ pas intinte crier

Tout in d’vinant fort bin qué m’ vielle va m’aguiter !

J’ m’in fous ! Ch’est les courts jours ! Y’ a pas d’ouvrache qui presse,

All sait bin qu’à min âche, jé n’ queurs pus à maitresse !

J’erviens pou’ les « infos » -après, soirée télé !-

« Madame » chusit l’ programme : cha m’ plait pas ? J’ file couquer !

… NOVEMPE : v’là l’heure d’hiver : i’ faut r’culer l’horloche,

Et pindant tros quat’ jours, el monde i’ décaroche,

Midi dévient onze heures, in dot tout décaler,

Faudra pus d’inn sémaine pou’ s’y habituer ;

L’ z’idées d’ nos dirigeants sont quéqu’fos farfelues

Et mi, dins min esprit, j’appelle cha des bévues.

Bref ! Ch’est cha ches courts jours : les prémices ed l’hiver,

I’ faut cauffer l’ mason, cha aussi cha coûte querr !

… Arrife el mos d’ DECEMPE : Noël, fiète el pus gaie,

L’ réveillon, les cadeaux : ch’est l’ dinse du porte-monnaie !

Infin, courant Janvier, tertous a l’ contint’mint

D’ vir les jours rallonger, alors qué mi j’ comprinds

Qu’ min bon timps i’ est fini, et qu’i’ m’ faut r’printe courache

Pou’ rattaquer l’ gardin et tout l’ reste ed l’ouvrache,

Oublier l’ tchiot bistrot, el belote, les copains

Pis r’ caucher mes chabots jusqu’à l’année qui vient.

 

Gisèle Houriez Macarez

Vertain

 

 

 

 

Page 13

 

ÉLOGE DE L’AMITIÉ

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

)

Quittons, ami sincère,

Une contrée austère !

Par le doux vent serein,

Dans le trèfle et le thym

Allons avec bonheur

Chercher les mots du cœur.

 

Sur un autre versant,

L’amitié, cette fleur,

A de tendres couleurs.

 

Quand brûleront nos doigts

Nous reprendrons la plume ;

D’une muse complice

S’en reviendra l’humour ;

Au plus fort d’un silence

Renaîtra l’éloquence !

 

Nos barques bord à bord

Glisseront sans nuage

Loin des crues de l’amour…

 

Nous verrons refleurir

Bien plus loin que l’automne,

Dans notre âme éclairée

Cette fleur, que personne

Ne pourra nous ravir

Geneviève BAILLY

 

 

 

 

 

Page 14

 

L’égalité des sexes… tournée en dérision…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Disons que je suis Monsieur Max pour garder l’anonymat. Je suis président d’une association à but non lucratif… donc sans but… Je sais ce que vous allez me dire : « On nous demande des trucs et des machins, envoyer de l’eau à droite, envoyer du riz à gauche, alors que c’est débile. Mieux vaut envoyer l’eau et le riz au même endroit… ». Car je vous souhaite bon courage à ceux qui veulent manger du riz sec… Tu le manges, tu sues, tu gonfles, autocuiseur humain.

Alors, une association, trois lettres. Certains vont être contents, d’autres moins. Ca s’appelle la démocratie, une invention de l’homme pour que le peuple se calme et ça marche… Il s’agit du M.L.H. : Mouvement de Libération de l’Homme.

Calmez-vous, Mesdames et Mesdemoiselles. Pas la peine de s’énerver. Que les choses soient claires dès le départ. Selon les dernières expériences faites en forêt, sur des pitbulls, c’est clair, net, et définitif. Mesdames, vous êtes… plus faibles… que nous !!!

D’ailleurs, cessez d’essayer de nous démontrer le contraire, parce que ça nous oblige à prouver l’inverse et à la longue, c’est fatiguant. Je voudrais vous rappeler qu’à l’Origine, vous aviez un manque lié à l’entre deux jambes qu’on a comblé…

Vous savez qu’à cause de vos bêtises, il y a de plus en plus de « pas d’homme ». L’homme, le vrai, le tatoué de partout, il n’existe plus. Enfin, vous me direz HEUREUSEMENT. Non, c’est vrai. Avant, quand le mec rentrait chez lui, c’était « Métro, Boulot, Télé, Sexe, Manger, Football, Dodo ». Mais maintenant, c’est « Retour à pas de loup, Faux-cul, Discrétion,… ». Et après, le mec fait la vaisselle, met son peignoir, ses bigoudis et y va se coucher avec le Pèlerin Magazine. Parce qu’il ne faut pas qu’il aille se coucher avec une revue trop sexy, parce qu’il pourrait planter la tente. Et des fois, l’attente est longue, très longue. Et il n’est pas sûr que Madame lui tienne le piquet.

Comment vous dire ? L’égalité des sexes, je suis pour à 300 %. Messieurs, quand vous êtes sur l’autoroute, et que vous croisez une jolie femme en panne sur le bas côté, il faut la croiser comme vous croisez un autre homme.

Et puis, vous voulez arriver à notre rang, c’est bien. Si, c’est bien… Mais encore faut-il assumer notre rang. Parce qu’il faut tout prendre, on a un sac à dos de conneries, nous. Il y a des scènes où j’ai du mal à vous imaginer.

Vous vous imaginez vous battre pour un coup de klaxon de trop dans la rue : « Oh, j’ vais te déchirer le chignon, moi. Tu vas voir, S…pe ! » Et puis, nous, on vous regarderait sur le trottoir d’en face. Voyons, Mesdames ! Et puis, il y a pire que ça. Vous vous imaginez déclarer la guerre… C’est un truc de mec, ça ! Enfin de mec, même pas, parce que ceux qui la déclarent n’ont pas les CORONES de la faire… Pire, vous vous imaginez faire la guerre… L’avantage avec vous, c’est qu’il n’y aurait pas de morts. Non, ce serait ludique : « Prise ! Non, pas prise, c’est perché, hihihihihihihi ! » La Cisjordanie, ça se règlerait au caillou, mais pour la marelle. Ce serait plus joyeux, non ?

Alors, vous voulez arriver à notre rang, c’est bien. Nous remplacer, c’est très très bien. Mais, êtes-vous au moins conscientes d’une chose, d’une seule chose. C’est que, nous les hommes, nous ne serons jamais, mais jamais, mais j’espère vraiment jamais, capable de vous remplacer quant à la mise au monde. Et HEUREUSEMENT , d’ailleurs..

                                                                                              Anthony Canonne

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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FAUDRAIT PAS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

Faudrait pas que nos peines

Se transforment en haine

Et qu’on ne se souvienne

Qu’enfants en porcelaine

On pourrait se briser

En voulant tout casser

Et alors oublier

Tout ce qu’on peut aimer…

 

Faudrait pas que l’amour

Disparaisse toujours !

Et qu’on crie au secours !

Qu’il n’y ait aucun recours !

 

On pourrait s’affaisser

En voulant l’oublier

Et alors s’écrouler

Tout géant que l’on est !

 

Si on ne voit plus rien,

Qu’on cherche son chemin,

Qu’il vienne alors quelqu’un

Qui nous tende la main.

 

C’est pour pas que nos peines

Se transforment en haine.

Et qu’en nos cœurs l’amour

Eclabousse alentour !

 

Brigitte Capliez

 

 

 

 

 

 

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MAMAN

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Quel miracle vivant qu’une mère !

D’autres peuvent nous aimer,

Seule notre mère nous comprend.

 

Elle peine pour nous,

Veille sur nous,

Nous chérit.

 

Elle nous pardonne tout ;

Elle prie pour nous ; et le

Seul mal qu’elle puisse jamais

Nous faire, c’est de mourir

Et de nous abandonner…

 

Claude Boisse

 

 

 

 

 

 

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ALOUETTE…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Ce 32ème  jour de Juillet :

Yf – ty – ty tououi !

Grrr. Equecc – Grrrr. Equicke,

 

Tirlouïse l’alouette d’Anaïs,

Avant d’entrer dans le sérail

Où son grand nid de niid, niid,

 

Dans l’herbe sifflante, piquante

De menthe

Et d’aulx à faulx,

 

Déroule ses œufs d’yeux d’aïeux

Sur le croissant d’une plume

De paon paooooonn paooooooon,

En rupture de banc,

Trucules-tu

Sa coupure de sang !

 

Saint-Hesbaye

 

 


 

 

Page 18

 

 

A mon grand-père…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Grand-père chéri,

En ce jour tu es parti…

Regrettable… La vie est comme cela…

Adieu, je ne peux dire ce mot-là…

Pour moi, tu seras toujours ici,

Hélas, seulement dans mon esprit…

Il y a des mots que je ne t’ai pas dits,

Néanmoins, je te les dis aujourd’hui…

 

Papy, je t’aime très fort

Et je souffre de ta mort…

Il m’a manqué un doux baiser

Sur ma joue inondée…

 

Je prie pour toi tous les soirs

Jamais je ne te dirai au revoir…

 

Au plus profond de mon cœur

A jamais, tu demeures…

 

Marie Sauvage

20ans

 

 

 

 

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Automnale

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Il vente et c’est l’automne

Et la feuille s’envole et la bise fredonne.

Pour un dernier ballet, le bois se pare d’or

Et les nuages fuient, tout là-haut vers le nord.

 

Il pleut et c’est l’automne

Et l’écureuil s’empresse et le loir se tapit.

Le ciel se fait tout gris et l’oiseau bleu s’enfuit

Vers des pays lointains où l’été s’abandonne.

 

Je rêve et c’est l’automne

Et l’absence de toi en mon âme bourdonne.

Le temps vainqueur retient son souffle d’agonie

Et la mélancolie se boit jusqu’à la lie.

 

Suzy Darribehaude

 

 

 

 

 

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1968 ou l’ombre d’un drapeau

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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1968

Printemps chaud qu’on n’attend pas

Printemps de nos vies, printemps de nova,

C’était la première fois

Que nous parlions de révolution

L’école ne nous avait pas appris

Le drapeau rouge, la peau rouge, les draps bougent,

L’appeau du rouge…

Les grèves, les trêves, les rêves…

La manie des manifs, les mots qui festoient en une longue barricade.

Le début d’un débat, le bout d’un but

Les professeurs aux heures creuses, sous le préau en discussion.

Par Paris…

Voitures brûlées ou pavés dans les vitrines…

Glaces cassées… C.R.S.,  R.A.S.

Sorbonne occupée, sardane au quartier latin.

Nanterre aux étudiants non-nantis.

Néant de la terre

N’enterre pas tes cadavres

Graffitis griffés… Les murs muets se taisent…

Ce fut l’année de notre première revendication

Nous sommes allés en délégation

Chez le Maire demander un local pour les jeunes.

Hertia May

Avril 1977

 

 

 

 

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Un enfant

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Que de cris, que de larmes,

De sourires qui désarment,

De nuits blanches en pagaille,

Et le cœur qui défaille.

UN ENFANT.

Des p’tits bras qui se tendent,

Des grands yeux qui quémandent,

Plein de rires en cascades,

Des étoiles par myriades.

UN ENFANT.

C’est un feu d’artifice,

C’est caprices et malice,

Pureté, innocence,

C’est une renaissance.

UN ENFANT.

C’est magique, adorable,

Ca nous rend vulnérable,

C’est petit, mais géant,

Parfois déconcertant,

UN ENFANT.

C’est un monde irréel, un pays de merveilles,

De fées et de lutins. C’est un vrai don du ciel.

UN ENFANT.

C’est un jardin de fleurs, des rivières de miel,

Des montagnes de joie qui emplissent le cœur.

UN ENFANT.

Vous êtes son garde-fou, il attend tout de vous.

Donnez-lui sans compter, sans jamais le trahir,

Votre amour le plus fort, pour garder son sourire.

 

UN ENFANT.

 

Thérèse Fabian

Dechy

 

 

 

 

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BOULY

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Ecrit pour Julien Requirant

 

Un jour, la Maîtresse d’école amena un petit chaton âgé de trois mois, espérant qu’il trouverait parmi ses jeunes élèves une famille d’adoption.

Apeuré devant tant d’enfants qui voulaient le caresser, ce joli petit chaton de gouttière à la courte fourrure noire et grise et aux grands yeux marron, criait sa peur.

Soudain il se mit à ronronner doucement lorsque Julien, âgé de six ans, le prit dans ses bras et le caressa.

Voilà comment Bouli, qui est l’inséparable compagnon de Julien, trouva une famille.

 

Aujourd’hui,  je vais vous donner des nouvelles de Bouli.

Pour toute la famille, l’arrivée de Bouli à la maison fut, je vous assure, une nouvelle vie qui commença.

Après quelques jours un peu difficiles car il était très craintif, Bouli, mis en confiance, a fait de notre maison son royaume.

Au début je dus souvent le gronder, car négligeant sa litière, Bouli faisait pipi un peu partout dans la maison.

Lorsqu’il est l’heure de sa pâtée, il se précipite sur son assiette, puis repu et gros dormeur, il se couche à l’aise dans son panier, pour y faire une sieste.

Mais dès qu’il s’éveille, il devient turbulent, acrobate, infatigable, débordant de vie et de surprises.

Une fois sa crise passée il redevient tendre, même collant.

 

Très joueur et espiègle, il aime que je joue avec lui.

Parfois il arrive qu’il me griffe, mais il est tellement rigolo que je lui pardonne.

Déjà chasseur, tapi sur une grosse branche d’arbre, il fait des bonds prodigieux, voulant attraper les oiseaux.

Ou à l’affût, menton à terre, silencieux, immobile, la queue en balancier, il guette les souris qu’il poursuit jusqu’à leur cachette.

Il a aussi une petite copine, la chatte de nos voisins qu’il appelle, perché sur le mur du jardin.

Lorsque je rentre de l’école, il est tellement content qu’il se frotte tendrement contre mes jambes, tout en faisant de gros ronrons.

Alors je le prends dans mes bras et tout en le câlinant, je lui confie mes petits secrets.

Il me comprend car il me répond par de petits miaulements.

Sans Bouli je m’ennuierais.

Bouli c’est mon copain, mon gentil chat.

 

Jeanne Fourmeaux

 

 

 

 

 

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C’EST COMME UN SOLEIL

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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C'est comme un soleil qui vient sécher mes pleurs


C'est un arc-en-ciel au milieu de l'orage


C'est une étoile qui éclaire le ciel de mes nuits


C'est un oiseau de bonheur

 

Qui vient se blottir dans un coin de mon cœur


Un secret jalousement gardé  comme un trésor précieux


C'est comme un clin d'œil au cœur d'une tourmente


Un sourire qui fleurit sur mes lèvres  et patiente ma journée de labeur


C'est une oasis aux confins du désert


Une fleur sauvage qui s'épanouit dans les ronces de mon jardin


C'est un chant de cigales dans la fraîcheur d'un soir d'été


Une brise légère, la caresse d'un ange qui apaise mon âme.

 

Qu'importent les tempêtes, les méchants coups du sort !


Je peux continuer mon bonhomme de chemin.

Mais serait-ce l'amour que tu nous décris là ?

Que nenni ! C'est bien mieux que l'amour !


C'est plus fort, plus solide et plus léger en même temps


La certitude que quelqu'un, quelque part,
Complice de tes rêves et de tes secrets
Pense à toi sans a priori, sans contrainte

C'est tout simplement l'amitié.

Thérèse LEROY

 

 

 

 

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LA CALOMNIE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Brûlante, cuisante, la blessure échancrée

Eructe la bave qui s’écoule du mont Ragot

Entraînant tout aussi sûrement qu’un brûlot

Les mensonges sournois glissant pour supplicier

 

Mille langues ravinent la colline, venimeuses

S’insinuant au détour d’une accusation

S’infiltrant par le biais d’une machination

Erigeant d’un calvaire, les marches douloureuses

 

Souillé sous les vomissures de la perfidie

Sali dans les manipulations insidieuses

Humilié par la nauséabonde fourberie

 

L’honnête homme, torturé par la malveillance

Les reins cassés par toutes ces pratiques haineuses

Crie, la tête haute, le front pur, son innocence.

 

Marie-Antoinette Labbe

 – 2005

 

 

 

 

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Pour la fête des mamans

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Enfant, te souviens-tu, oh combien c’était beau

Cette jeune maman penchée sur ton berceau !

Qu’ils étaient doux, ses bras, et douce sa poitrine,

Quand pour te consoler, elle se faisait câline !

Rappelle-toi les heures, rappelle-toi les nuits

Prises sur son sommeil, que tu lui as ravies.

Et toutes les frayeurs, et toutes les souffrances

Qu’elle a prises à son compte bien avant ta naissance.

Et toutes tes colères, toutes tes exigences

A partager tes jeux… et toute sa patience !

Et quand tu accourais, quêtant dans son regard

Un ultime recours à l’ultime rempart

Du creux de son jupon, bien mieux qu’une compresse

La pression de ses lèvres guérissait un genou,

Ou arrêtait les larmes roulant sur tes deux joues.

Jeune homme as-tu compris cette immense tendresse

Donnée sans condition, comme elle a poursuivi

Le creuset de son ventre, te gravant son empreinte ?

Et quand tu es parti cherchant d’autres étreintes,

Elle s’est effacée à l’appel de ta vie.

Comme jadis les pains se sont multipliés,

Son cœur s’est partagé sans jamais s’épuiser.

Homme, il faut aujourd’hui dans tes deux bras, la prendre

Beaucoup la cajoler, et si tu peux lui rendre,

Seulement le centième d’amour qu’elle t’a donné,

Alors elle connaîtra… une belle journée !

 

En 1985, la médaille de la famille nombreuse fut remise

 aux mamans de quatre enfants.

 Il en fallait au moins cinq, auparavant,

d’où une fête des mères plus honorée.

Marcel Lesage

 

 

 

 

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L’éclaireur des chiffonniers

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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C’est au pays de la misère

Qu’il aura le plus voyagé

Notre pèlerin, l’Abbé Pierre,

Prônant l’amour, la charité.

 

Lui l’emblème du pauvre monde

En ces lieux nous tient à genoux !

Combien de nantis à la ronde

Se souviendront de ses courroux ?

 

Ouvre-lui les bras sans ambages

Toi que l’on nomme le Très-Haut

A ce soldat qui sans partage

Offrit son cœur et son manteau !

 

C’est au pays de la misère

Qu’il aura le plus voyagé

Notre pèlerin, l’Abbé Pierre,

Cet éclaireur des chiffonniers…

 

Geneviève BAILLY

(en souvenir du 26 Janvier 2007 à Notre-Dame de Paris)

 

 

 

 

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MALGRE LE MONDE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Croquis

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Au printemps de son art, quand tout s’éveille et bouge,

Il puisait les couleurs, pour sa palette d’or,

Au grand ciel pour le bleu, au feu vif pour le rouge

Et à ces bambous là pour le vert, vrai trésor.

 

La nature s’offrait à lui, guide mystique,

La courbe des saisons s’étirait sous sa main

Et l’amour, dessiné sur le mode érotique

Se couchait sur la toile, étranger à demain.

 

Il fut rapidement adulé comme un maître :

Quarante-cinq tableaux il fit, raconte-t-on.

Mais les trente derniers, il fallut bien l’admettre,

Etaient tout juste ceux d’un rapin en bouton.

 

C’est que le barbouilleur, ivre dans son domaine,

Se mit à mélanger sans nul goût les couleurs :

Et le bleu devint gros, le rouge de Touraine

Et le verre, versé plus vite que ses pleurs.

 

Le génie, ou sinon le talent qui opère

A besoin d’aiguillon : le vin lui en fut un.

Et il en usa tant que ce n’est pas mystère

D’affirmer que son don devint inopportun.

Pauvre peigneur de vent  que septembre émoustille !

La vie a ses gâchis comme un miroir son tain.

Sous son autoportrait on mit cette apostille :

 

« Tant vainc le vin qu’il en vint à l’art vain »

Jean-François Sautière

 

 

 

 

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Les avatars du clocher

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Il ventait. Une bise froide d’un hiver

Qui n’est pas terminé et aux pièges pervers.

A presque mi janvier, l’hiver est à moitié

Et peut-on espérer sa clémence en pitié ?

Le vent soudain rugit et crachant son venin,

Dans une folle danse, recherchait son chemin.

Sur la place de l’église pas une âme qui vive.

De temps à autre pourtant, une œillade furtive

Embrassait, angoissée, d’une porte entrouverte,

Et l’église et son coq et la place déserte.

Le vent, de plus en plus, de mille bouches crachait,

Etaient-ce les démons, ou dieu qui se fâchaient ?

Joignant les mains, priant, les fidèles à genoux

Imploraient, murmuraient : Seigneur protégez-nous !

La tempête faisait rage ; de sa froide présence,

Et dans sa solitude, le coq perdait ses sens.

Tandis qu’il gémissait, se glaçaient ses entrailles,

Il se sentit frémir loin des saintes ouailles.

A quelques mètres sous lui, la cloche vénérée,

Sans qu’aucun l’eut touchée, tintait, désespérée.

Un craquement sinistre ébranla l’édifice ;

Le clocher si solide, du souffle maléfice,

Un instant chancela, perdit son équilibre,

Mais il se redressa. On s’attendait au pire.

Depuis plus de cinq siècles il avait fière allure,

Allait-il succomber sous le vent, la torture ?

Etait-ce pénitence ? Il supplia son dieu,

Implora son pardon, formula mille vœux.

. Des ardoises voltigeaient et s’écrasaient au sol,

Les voisins stupéfiés en perdaient la parole.

Pourtant quelqu’un osa. D’une résolution subite

Il appela le Maire et lui dit : - Venez vite !

Le clocher, plusieurs fois, dans un bruit infernal

A craqué, vacillé, ceci est anormal.

Affrontant l’ouragan en ces lieux dramatiques,

Sans angoisse et sans crainte, sans la moindre panique,

Les édiles et des hommes, pour couper les passages,

Prirent dispositions, dressèrent des barrages.

Acculés, mais conscients, les élus tinrent conseil.

Il fallait aviser et rester en éveil.

Des experts alertés ont vite décidé :

Solution des plus sages, descendre sans tarder

Ce clocher impotent et cacher l’orifice.

Il fallut se soumettre, admettre le sacrifice.

 

Quelque deux ans plus tard, à nouveau on put voir,

Pimpant, majestueux, ce clocher à histoire,

Se dresser vers l’azur. Fin de ce mélodrame.

En sa cloche l’église a retrouvé son âme.

 

Francis Lesage – 1992

Fontaine au Pire

 

 

 

 

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Vivre à Caudry

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Si je suis né en Picardie

Je vis en Flandres

C’est dans le Hainaut-Cambrésis

Caudry ma ville qui peut surprendre.

 

De toutes les régions de France

On a chanté mille chansons

Qu’elles soient du Nord de la Provence

De l’Est à l’Ouest, oh ! Gai pinson

Si chacun chante ses mérites

Ils sont parfois bien outrageux

Je vous arrête tout de suite

C’est faux qu’ici, toujours il pleut !

 

Il paraît qu’à deux pas d’ici

On y fait beaucoup de bêtises

Mais Cambrai ce n’est pas Caudry

Eh ! Certes oui, qu’on se le dise

Il se dit même que de Calais

Elle est native cette demoiselle

Il faudra un jour dévoiler

C’est à Caudry, qu’y’ a la dentelle.

 

A Lille on parle du Tiot Quinquin

A Carpentras des berlingots

L’andouille à Vire, saint à Frusquin

Et gens du Nord, frites à gogo

Mais ils sont là bien de chez nous

Avec cet air si sympathique

Nos deux géants fiers et debout

Aux noms de Batisse et Laïte.

 

Devant la beauté du décor

De ses places et de ses jardins

Avec ses clubs et tous ses sports

Ma ville est toujours au Parfum

Pour le respect de ses anciens

Bâti en forme de musée

Je suis fier d’être Caudrésien

Où tout est fait pour s’amuser.

 

Après une vie de labeur

J’espérais m’en aller d’ici

Quitter la brume pour les chaleurs

Retraite à vie, dans le Midi

Pour l’amitié des gens du Nord

Et le noyau de mes amis

Pour la richesse qui vous honore

Je veux rester chez les Ch’ti’mi.

 

Si je suis né en Picardie

Je vis en Flandres

C’est dans le Hainaut-Cambrésis

Caudry ma ville qui sut me prendre

    André Noiret

 

 

 

 

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De tout mon cœur…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Pour tous les orphelins de mère…

 

De tout mon cœur,

Je t’aime de tout mon cœur.

Et de tout mon cœur

Je t’ai cherchée

Par les monts et les vallées !

Il n’y a pas un coin de mon cœur

Qui n’a retenu mes pleurs.

Et mon cœur, vaste océan de tendresse

Où se meurent les promesses

Te cherche, te cherche…

 

Le ciel ouvre ses pages,

Et comme l’hirondelle

Etire ses ailes

Pour prendre possession de son domaine,

C’est vers lui que se dirige ma peine.

Et en ce moment si cruel,

Je pense à toutes celles

Qui ont la joie, le bonheur

De voir, toucher, sourire

Chérir, aimer simplement.

Celles à qui on dit,

Comme une caresse….. « maman ».

 

Guislaine Laurent

 

 

 

 

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PAPY

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

-        Papy, papy ? Papy, papy ? 

-        Oui ?

-        Je peux venir avec toi ?

-        Oui, bien sûr. Donne-moi la main, on traverse.

-        Mais il ne passe jamais de voiture…

-        Ce n’est pas une raison.

-        Elles sont belles ces fleurs, on dirait des feux d’artifice qui ne s’éteignent jamais, je suis sûr qu’elles sentent comme des parfums, quand on s’approche plus près...

-        Ce sont les hortensias du voisin, ils se plaisent bien contre le mur mais ils ne sentent pas bien bon, tu sais.

 

-        Papy, papy ? Papy, papy ? 

-        Oui ?

-        C’est de la neige qu’on voit là-haut sur cette montagne pointue?

-        Oui, c’est la Moucherolle qui s’est endimanchée, comme nous. Elle a mis sa chemise blanche et la brume lui fait un manteau. Ferme bien ton col, il ne fait pas bien chaud. Tu vois, d’ici, on voit sept départements et pourtant, on n’entend que le cri des oiseaux, la chanson du vent dans les grands peupliers, et un peu plus bas, les poules du voisin.

 

-        Papy, papy ? Papy, papy ? 

-        Oui ?

-        C’est beau, ce paysage…

 

-        Papy, papy ? Papy, papy ? 

-        Oui ?

-        Pourtant ils font du bruit les chiens du voisin !

-        C’est parce qu’ils ne te connaissent pas… Là, c’est la bascule pour peser les charrettes de l’ancien temps. Cela fait des années qu’elle n’est plus utilisée. On a enlevé la vieille balance il y a longtemps et on a fait un abri bus à la place. C’est pour les enfants qui vont à la grande école.

-        Ha bon…

 

-        Papy, papy ? Papy, papy ? 

-        Oui ?

-        C’est quoi sous le toit là ?

-        Où çà ?

-        Là !

-        C’est un nid d’hirondelles, ce sont elles qui piaillent et qui crient le soir pour attraper les insectes. Elles vont très haut dans le ciel et elles rasent la tête quand elles s’amusent. Mais elles ne sont pas là encore, il fait trop froid. On attendra la fin du printemps pour être sûr…

 

-        Papy, papy ? Papy, papy ? 

-        Oui ?

-        C’est quoi là ?

-        C’est le monument aux Morts, pour se rappeler ceux qui sont partis sans revenir, pour défendre notre Pays. Alors, on a gravé leurs noms dans la pierre parce qu’ils ont donné leur vie à nos frontières.

-        C’est quoi une frontière ?

-        …Tu vois la chaîne entre les deux gros obus ?

-        Et bien c’est la frontière pour pas que tu ailles coller tes mains contre le monument. Et ne joue pas sur cette chaîne, ce n’est pas une balançoire, c’est très dangereux…

-        C’est quoi un obus ? Papy ? C’est quoi un obus ?

-        …C’est pour faire mal…

-         Il y a beaucoup de noms gravés Papy, il y  avait beaucoup d’obus, c’est sûr, ça fait mal... Et il y a des noms qui se ressemblent.

-         Ce sont les mêmes… Sur le monument, il y a souvent le nom du père qui est mort à la Grande Guerre et le nom du fils qui est mort à la suivante. Ce sont les enfants du village parce qu’ils n’ont jamais eu le temps de grandir…

-         Et moi, j’irai à la guerre ? Je veux défendre mon Pays à ses foncières !

-       Non, toi, tu vas à l’école pour apprendre à faire la Paix et puis, on dit des frontières même si tu n’as pas tout à fait tort… Apprivoise la colombe sans la mettre dans une cage, regarde-la s’envoler et revenir vers toi en toute liberté…

-         C’est comment une colombe ?

-           …C’est comme une tourterelle mais en plus propre, en plus blanc, en plus sauvage…  Tu vois ? D’ici, on voit l’Ardèche et tous les champs se dessinent aux couleurs des labours. Il n’y a presque pas de maisons encore…

 

-         Papy, Papy ? Papy, Papy ?

-         Oui ?

-         C’est quoi ce bruit de ronflement au loin ?

-           Mets-toi sur la pointe des pieds et regarde ce gros lézard argenté qui fonce dans la campagne sans rien voir...

-         Il va super vite ! Il brille ! Il est beau !

-           …C’est le modernisme… C’est pour aller d’une frontière à une autre, en toute liberté…                        

Tu vois cette place ? Et bien, c’est là que ta maman a appris à faire du vélo. Tu sais, ça a été difficile ! Elle ne savait pas appuyer sur les pédales et elle oubliait de regarder devant elle en même temps. Elle a souvent jeté son vélo pour rentrer à la maison et j’ai crié bien fort pour la faire revenir. Tous les voisins s’en rappellent encore…

-         Maman ne fait jamais de vélo, elle préfère la voiture.

-         Ce ne sont pas les mêmes pédales…

-         Tu m’apprendras à faire du vélo ?

-         …Demande à ta maman…

 

-         Papy, Papy ? Papy, Papy ?

-         Oui ?

-         J’ai envie de faire pipi.

-           Et bien, mets-toi contre ce mur et n’aie pas peur de défaire ta braguette. Je vais faire comme toi.     

Pisse contre le vent, tu verras c’est rigolo et tant pis si on se mouille les pieds. Tu es trop petit et moi, je suis trop vieux, on n’osera rien nous dire !

-         C’est rigolo, je dessine le mur !

-         …Et moi, je dessine mes chaussures…

-         Papy ?

-         Oui ?

-         Je suis bien…

 

-         Papy, Papy ? Papy, Papy ?

-         Oui ?

-           Tu as vu ? Il y a le drapeau bleu blanc rouge sur le bâtiment. Il claque au vent et les couleurs ne se mélangent pas. On dirait un cerf-volant attaché à sa ficelle. Il est prisonnier sans tableau.

-           C’est la Mairie, c’est là qu’on fait des papiers importants, c’est là qu’on vient voter, c’est le bureau de l’administration et les élus se retrouvent ici, de temps en temps pour parler des affaires de la commune mais ils ne s’entendent jamais. Tout le monde parle, personne n’écoute…

-         C’est quoi voter ?

-         …Tu préfères le corbeau ou la mésange ?

-           La mésange ! Elle est plus jolie, elle chante bien et elle n’est pas sauvage. Quand on jette les miettes de la table dehors, elles viennent picorer jusque devant la fenêtre et j’arrive à les additionner quand il n’y en a pas beaucoup..

-           Et bien, tu as voté pour la mésange, tu as même tenté de les compter pour en faire plus.

-         Ha, d’accord… Papy, tu votes pour qui ? Papy, tu votes pour qui ? 

-         …Tu sais, les deux ont des ailes pour aller dans le ciel mais ils ne sont pas des anges, les deux savent chanter même si ce n’est pas la même chanson, les deux savent voler aussi…

-         Papy, Papy ? Papy, Papy ?

-         Oui ?

-         Je peux faire un peu de la balançoire ?

-           Oui, bien sûr. Je vais m’asseoir un moment sous le grand tilleul et on est à l’abri du vent.

Le soleil s’amuse à cache-cache avec les nuages qui dévalent la vallée du Rhône. Les ombres courent sur le bâtiment de la mairie et dessinent dans l’espace des intentions fugaces de liberté, d’égalité et de fraternité. La plaque commémorative en l’honneur du dernier maire déchu de tant d’années de servitude garantie à la tête de ce bâtiment municipal se ternit doucement et s’auréole de vert de gris…

-         Pas trop haut !

-         T’inquiète pas Papy, j’ai pas peur !

L’église est fermée. Elle est toujours fermée. Les gargouilles sont postées dans leurs coins, prêtes à bondir sur rien du tout… La cloche tape les heures inlassablement, sans âme, pour faire passer le temps…

Que de souvenirs ici. Le présent se mélange avec le passé pour faire un futur ordinaire…

-         Tu viens ? On est presque arrivés.

 

-         Papy, Papy ? Papy, Papy ?

-         Oui ?

-         C’est pour qui ces fleurs ?

-         …Ouvre-moi le portail, il est devenu bien lourd et je suis fatigué.

-         C’est le cimetière ?

-         Oui.

-         C’est calme ici.

-         …C’est normal.

Il est bien décoré et les allées sont grandes. Papy, le gravier est tout blanc, comme une colombe mais ce sont des corbeaux tout noirs qui traversent le ciel. Il y a plein de noms ici aussi et les croix dansent sur le marbre à cause des nuages. Tu cherches ton Papa et ta Maman ?

-         …Je sais où ils sont…

-         Ha oui, je reconnais le nom…

-         Papy ?

-         …Chut…

-         Ils te manquent ?

-         …Oui. parfois.

-         Papy ? Tu es triste ?

-         …Oui, parfois.

-         Ils étaient vieux ?

-         Pas quand je vivais avec eux et pas encore aujourd’hui…                                                              

C’est parce qu’ils sont là que je suis là et que tu es là. Tu comprends ?

-         Pas tout Papy, pas tout…

 

Et mon petit fils me donna la main devant notre monument aux Morts familial. Je crois que ce fut la dernière leçon de la journée avec l’apprentissage de l’éternité comme sujet de réflexion. De sentir sa menotte blottie dans ma main dans la solennité de ce moment, je réalisais moi-même que j’avais appris cette leçon durant toute ma vie. Ce petit bonhomme plein d’allant, au volant des gènes de ses aïeux, plein de curiosité, est devenu le témoin des générations à venir et moi, je n’ai fait qu’assurer le passage. La chaîne continue…

 

-         On y va, mon petit gars ?

-         D’accord Papy, d’accord.

-           On va se faire un bon goûter et je vais gonfler le petit vélo. Sans le dire à ta Maman…            

Quelques mésanges viendront bien butiner tes miettes de pain pour que tu tentes de les compter encore…

Pascal de Hyère

 

 

 

 

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Deux exemples d’acrostiches

 

 

 

 

 

 

 

 

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MORESTEL (Isère)

 

Mélangez vos couleurs, peintres de Morestel,

Osez saisir l’instant au rythme des saisons.

Relevez votre front pour peindre notre ciel !

Et, poursuivant les rues, montez jusqu’au donjon.

Sur le sillon des champs caressez vos pinceaux,

Trempez-les dans les eaux dormantes des marais

Et, quand vous sentirez entre vos doigts le Beau,

Laissez-le sur la toile enfin se reposer

 

Hugues CHAFFARDON (Miribel – Ain)

 

MORESTEL (poème écrit de bas en haut)

 

Le miroir devant moi transforme ton image

Et la lire à l’envers me paraît surprenant.

Ton regard est le même en tous points éminent.

Seul le nom a changé, c’est sans doute dommage.

Euterpe a désiré, sans aucun passe droit,

Remettre chaque mot à leur place première

Où, poète amoureux, j’adore ta lumière :

Morestel, j’aime mieux te revoir à l’endroit !

 

                                                            Eugène GARCIA (Béziers)

 

 

 

 

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