SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N° 10

 

1-2-3-4 - 5-6-7-8-9-10

SUIVANT

 

Avril – Mai - Juin  2004

 

Illustration BD page 2

Patrick MERIC

De vous à moi page 3

Paule  LEFEBVRE

JEUNES

 

Tombe l’averse page 4

Daniel JACQUEMIN

Le monde est làpage 4

6ème S.E.G.P.A   Collège Renaud Barrault

A toi que j'aime page 5

Christelle LESOURD

Age et amour page 5

Floriane KUROWIAK

Si j'étais page 6

Ecole Ferdinand Buisson

L'escargot page 7

LUCIOLLE *

Récréation sous la pluie page 7

Ecole St Michel

Le lapin page 8

Fanny CANONNE

Les pouvoirs de Laura page 8

Océane et Emmanuelle

HUMOUR

 

La consultation page 9-10-11

Paule LEFEBVRE

Ch'ti qui parlot page 12-13

Jean-Claude LAMPIN

Queuqu’Momints d’Actualités page 14

Hector MELON D'AUBIER *

ADULTES

 

Danser avec des fous page 15

Brigitte CAPLIEZ

Rêves en bateau page 15

Brigitte CAPLIEZ

Dans ma vallée page 16

Geneviève BAILLY

Tellement besoin de temps  page 17

Jean et Charles JACQUEMIN

Açvine page 18

SAINT-HESBAYE *

Sonnet  page 18

Olivier CATIEAU

Matin psychoses page 19

HERTIA-MAY

Méditerranée  page 19

Jean-Luc EVENS

Extraits de "Eclats d'âme" page 20

Thérèse LEROY

Maldonne page 21

Denise DUONG

Sans amour page 22

Auteur anonyme

Demain est un autre jour page 22

Antony CANONNE

Ode à la femme page 23

Pierre ROUXEL

Le lion et l'araignée page 24

Yann VILLIERS

NOUVELLES

 

La soucoupe volante page 25-26-27

Alfred LENGLET

Marguerite est née page 28

GRASJACQS

"la nouvelle" + palmarès  page 29

 

Vol de nuit page 30-31

 

Jean-François SAUTIERE *

Infos et abonnement    

 

AVIS DE CONCOURS

Editions littéraires

*  Retrouvez l’auteur dans la revue littéraire.

 

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P1

 

DE VOUS A MOI

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

         Vous venez de feuilleter la Caudriole n° 10… et vous n’y avez pas trouvé votre texte…

 

         Ne déprimez pas !

 

         Votre talent n’est pas en cause nécessairement. C’est qu’il y a surabondance… Les auteurs se multiplient et c’est une bonne raison de se réjouir.

 

         Patience donc… mais n’attendez pas passivement, vous vous laisseriez oublier. Continuez l’envoi de vos œuvres afin de multiplier vos chances.

 

         Courage !

         A vos plumes !

 

                                                                                              P. L.

 

 

 

P2

 

TOMBE L’AVERSE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Tombe l’averse qui perce mon capuchon,

Tombe l’averse sans cesse sur ma chanson.

Les notes qui s’envolent de la couleur

malgré tout, entre les gouttes folles

S’en vont sans se mouiller.

Un petit air de pluie

De la couleur d’été passé,

Fait que le soleil brille

Quand bien même il est caché.

Un air de fantaisie

De la couleur de ma chanson

Vient embellir la vie

Et changer la saison.

Car c’est dans mon cœur

Qu’il fait du soleil.

 

Daniel JACQUEMIN

Atelier de Thierry Méricourt

 à LE CATEAU

 

 

P3

 

LE MONDE EST LÀ

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

Le monde est là               Le monde est là               Le monde est là

Autour de moi                 Pour nous                       Simplement offert  

L’églantier                       La terre                           L’eau et les poissons

Et ses cenelles                 Et ses vers                       Les vers et les cloportes

Les usines                       La rivière                         Les marrons et les marronniers

Et les carrières                 Et ses pierres                   Les feuilles mortes tombent.

L’église                           Les haies                         Un bouquet de fleurs

Et son carillon                  Et ses fruits rouges           S’envole.

Les troènes                      Le noisetier                     Ludivine

Et ses grappes noires        Et sa pie

Le monde est là               Le monde est là                   

Et moi aussi,                   Pour qui le regarde.

Je suis là.                        Laura

Adeline

 

                                      Le monde est là

                                      L’eau et les poissons     

                                      La classe et les enfants

                                      Le pommier et ses pommes

                                      Les pierres et les vers de terre

                                      Le monde est là.

                                      Delphine

 

                                                                                        Classe de 6ème S.E.G.P.A

                                                                       (Section d’Enseignement Général Professionnel Adapté)

                                                                                  Collège Renaud-Barrault d'AVESNELLES

  

 

 

P4

 

A TOI QUE J’AIME

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

A toi que j’aime, je te dédis ce poème

Tu as illuminé ma vie

Sans aucun soucis

Tu as fait à ta guise

La pluie et le beau temps

Pour rien au monde, je n’échangerais mes souvenirs

Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai

A toi que j’aime, je te dédis ce poème

Afin qu’il puisse à l’infini

Nous ouvrir les portes du paradis

 

Christelle LESOURD de Caudry - 16 ans

 

 

 

P5

 

AGE & AMOUR

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Sans remords

Mon trésor

C’est bien toi

Et ça m’affole

Car j’adore

Caresser l’or

De l’ivresse

Et je m’envole

 

Bagarres infantiles

Chahuts matinaux

Des yeux qui brillent

L’âge ado

 

Tête-à-tête

Aux chandelles

Soirée adulte

Age mâture

 

Que dire de nous

Abolition de l’âge

C’est un rêve doux

Un beau voyage

 

                                                                                  Floriane KUROWIAK

                                                                                  29 Janvier 2003

 

 

P6

 

 

Si j'étais

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

Si j’étais un poisson

 

Si j’étais un poisson je regarderais dans l’eau

Mais je devrais faire attention au gros chat.

 

Mais si je vivais dans la mer

Je devrais faire attention au requin.

 

Si je vivais dans un seau d’eau

Je devrais faire attention à l’éponge.

 

Si je vivais dans un aquarium

Je devrais faire attention de ne pas me cogner aux carreaux.

 

Si je vivais dans un arrosoir

Je devrais faire attention de ne pas tomber.

 

Si je vivais dans une flaque

Je devrais faire attention qu’on ne m’écrase pas.

 

Si je vivais dans un robinet

Je devrais faire attention au savon.

 

Si je vivais dans un égout

Je devrais faire attention aux rats et aux souris.

 

Si je vivais dans un ruisseau

Je devrais faire attention aux cascades.

 

Mais je vis dans un grand bocal

Et je reçois à manger tous les jours

 

Et je rêve encore

De plus en plus fort.

Mathieu Billoir

 

Si j’étais un petit chien

 

Je grimperais aux arbres.

Je me baladerais.

Je mangerais des croquettes.

Je rongerais des os.

Je me méfierais des enfants.

Je jourerais avec mon papa.

Je dormirais avec mon frère.

Je jouerais à la balle.

Quentin

 

Si j’étais un escargot

 

Si j’étais un escargot

Je ferais des courses.

 

Si j’étais un escargot

Je sauterais par la fenêtre

Avec mon parachute

Que j’ai toujours sur le dos.

 

Si j’étais un escargot

Je ressemblerais à un martien.

 

Si j’étais un escargot

Je me cacherais dans la salade.

 

Si j’étais un escargot

Je chanterais dans le micro.

 

Si j’étais un escargot

Je ferais du karaté

Avec mon kimono.

 

Si j’étais un escargot

Je ramperais pour plaire aux filles.

 

Si j’étais un escargot

Je ferais du vélo.

 

Mais je ne suis pas un escargot

Et je m’appelle Hugo.

Hugo Boudant

 

Si j’étais un écureuil

 

Si j’étais un écureuil.

J’aimerais jouer dans les feuilles.

Je mangerais des noisettes.

Je chanterais à la belette

Des petites chansonnettes.

Je m’appellerais violette.

J’aurais une cousine appelée Marinette.

J’aimerais les marionnettes et les chouettes

Et j’aurais une cachette secrète

Sous ma couette.

Mais je ne m’appelle pas Violette

Astrid Lerouge

 

Classe de CE1

Ecole Ferdinand Buisson

Mme Boulin

 

 

 

 

 

 

P7

 

Récréation sous la pluie…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Tu ruisselles le long de mon visage

Pour parvenir à mon cou.

Et là, tu me chatouilles,

Tu me fais des « papouilles ».

C’est vrai, je ne suis certes

pas sage,

Eau mais je t’aime beaucoup !

 

Je te saisis au creux de mes mains,

Et tu t’échappes par un chemin :

Un petit trou improvisé,

Entre deux doigts étonnés.

Je te retrouve couchée

sur le goudron !

 

Là, c’est vraiment trop tentant,

Car je ne suis qu’un enfant

Te prouvant que je ne suis

pas un poltron,

Je bondis sur ton dos,

tel le roi lion.

 

Tu t’enfuis en mille gouttelettes,

Et je suis trempé jusqu’à la tête !

Oui, tu as encore gagné :

Je n’arrive pas à t’attraper

 

Déjà la cloche sonne,

Dans la cour : plus personne.

Au revoir ma petite pluie,

Va jouer sur les parapluies.

A demain, même heure !

Commence à avoir peur

 

Les enfants de la classe de Madame LAURENT

ECOLE SAINT-MICHEL-CAUDRY

 

 

P8

 

LE LAPIN

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Il était une fois un petit lapin qui avait une famille.

Et sa famille était ?

Il y avait un bébé qui s’appelait Coco,

un grand qui s’appelait Toto,

une grande sœur qui s’appelait Cocote

et des parents lapins.

Et un jour la famille parti en vacances à la campagne.

Et un matin la mère tomba enceinte.

Et quand le père arrive la mère lui dit : « je suis tombée enceinte ».

Et les parents réunirent leurs enfants pour leur annoncer la bonne nouvelle.

Fanny CANONNE 8ans

 

 

 

P9

 

Les pouvoirs de Laura

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Nous étions le 19 août et Laura se réveilla de bonne heure ce matin là : c'était le jour de son anniversaire !

 

Elle repensa à ce qu'il s'était passé l'année dernière quand elle découvrit qu'elle possédait des pouvoirs magiques.

 

Un jour, alors qu'elle se promenait, elle sauva une personne qui était agressée par un démon, mais elle ne put tuer ce démon.

 

Dans son grenier, elle découvrit un livre de sorcellerie. En le feuilletant, elle trouva une formule et une potion qui lui permettraient de vaincre à jamais ce démon.

 

Après avoir préparé cette potion et noté la formule magique, elle partit à la recherche du démon. Elle le retrouva qui attaquait une nouvelle personne. D'un geste de la main, elle figea toutes les personnes présentes et lança la potion en disant la formule sur le démon.

 

Dans un nuage noir, ce dernier explosa. Elle prononça une formule d'oubli et libéra les innocents.

 

En rentrant chez elle, sa famille l'attendait pour une fête d'enfer à l'occasion de ses dix ans. Fière de ses pouvoirs, elle était heureuse et espérait les conserver à jamais.

 

 

                 Océane 10 ans – CM2   et    Emmanuelle 8 ans – CE2

 

 

 

P10

 

LA CONSULTATION

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

DECOR : la salle d’attente du Docteur Lombaire, rhumatologue.

Geneviève est assise, un magazine à la main.

Jeanne entre discrètement, s’assied avec soin, et s’enquiert

 

 

J - Y ‘est-ti arriveu ?

 

G -  Ouais y’ est là. L’ daron cli-int vié d’ rintrer. Infin, inne famile, inne famile d’à ch’ t’heure, si vos véiez çoù que j’ veux dire… deux hommes quo !

 

J -  T’as mis qu’à dire ?

 

G - Ben ouais. Visite prénuptiale sins doute pou s’ faire pacser.

 

J – Vos créiez ?

G – J’ creus bé !

 

J – Mais du qu’in s’in va ?

 

G – A l’extinction dé l’ race ! Y n’aront pos d’ jonnes. Mi armarquez, cha ne m’ fait ni queu ni frod, j’ n’ai po d’infint…

 

J- Mi, si ! mais cha n’ m’arringe pos !

 

G - Pouquo ?

 

J - Coù que j’ veux dire, ch’est qu’ cha m’arringe pos d’attinne, j’ sus pressée.

 

G – Comme tous les r’traités. Mi aussi cha m’ fait boulir d’attinne. Ch’est qui nos resse moins d’ timps qu’aux eutes, nous eutes ! Et davintache ed mourron ! I feut prévoir…

 

J – Oh, si vos êtes tou seu…

 

G – Justemint, qui ch’est qui prévoira pour mi ?

 

J – Evidemmint, vu comme cha… C’est li qui vos suit l’ Dr Lombaire ?

 

G – Y m’accopane putôt. Parce qu’ pou çoù qui est du résultat…

 

J – Y n’ réussit pos à vos guérir ?

 

G – Commint volez-vous qui y’ arrife ? J’ai chossint'dix ins et cha y n’y peut ré du tout ! J’ sus rouillée d’ pas tous côtés. Y faudreut démonter tous m’ z’oches. Et m’imbrocher l’ dos et les abattis… aveuc inne garintie au moins d’ dix ins, comme in fait pou les teus dé masons.

 

J – Mi j’ pinse sérieusemint à inne prothèse de hinche.

 

G – Ah mais mi je n’ d’ai inne, à gueuche ! Et li, l’ médecin y voreut bé m’in mette inne à dreute, question d’équilipe…

 

J – Mais vos marchez au moins ?

 

G – Ouais, tout jusse !

 

J – Vos n’avez jomais été in cure ?

 

G – Si fait, inne feus !

 

J – J’ pinseus qu’ cha alleut par tros ?

 

G – J’ai arrêté à l’ prinmière, j’ai compris…

 

J – Et du qu’ ch’est qu’ ch’éteut ?

 

G – A Gréoux les Bains in 76

 

J – Hé ‘ bé ? vos t’nez l’ cop pou inne curisse d’ vingt-chonque ins !

 

G – Ouais,… ch’est d’ailleurs un bon souvenir… Je sus arrivée l dins l’ soleu, après avoir tournicoteu pindint 15 kms. Coù qu’ j’ai tout d’ suite armarqué, ch’est les tourisses… infin les malates si vos volez… Mais alors des coxalgies in reube d’ riche ! ultra-chic vraimint. Pos bocop d’hommes d’ailleurs. Surtout des finmes d’ pus chinquinte ins.

 

J – C’est normal ! in attrape l’arthrose quind in d’vient pus viux.

 

G – Pos toudis, mais souvint ch’est sûr ! Des finmes ménopausées, bocop minme. Et qui moutent tout sins s’ faire d’ bile.

 

J – Forcémint, les bains et les massaches cha ne s’ fait pos in t’nue d’ soirée.

 

G – Oh ! Si vos areutes vu l’ piscine !... l’ numéro tros, chelle d’ rééducation dins l’é aveuc des drisses. Y z’éteutent inne vingtaine collés aux quate murs, d’ l’é jusqu’à l’ poitrin-ne, heureusemint, dinsint aveuc l’é qui giclent d’ bas in heut, d’ gueuche à dreute, (elle mime) aveuc des drisses in rond dins l’ bas du dos. In areut dit qui z’éteutent in tron d’ s’accoupler sins partenaire. Et y z’aveutent l’air drôl’mint bénaches, les hommes surtout. (des périscopes à l’horizontal)

 

L’ médecin y s’amoute : pus un mot dins l’ prêche. « Ah bon, bon… tout va bien à ce que je vois… »

(Le dialogue reprend)

 

G – (d’ pus in pus énervée) Et dins la grotte ?

 

J – Que grotte ?

G – Chelle des Timpliers. Pos éclairée parce qu’ l’é à n’ fait pus d’effet à l’ linmière.

 

J- Vos éteutes là tou seu ?

 

G – Cha, aveuc un masseu, toudis aveuc des jets d’é. T’nez-vos bin, y paraît qu’à c’ t’épeuque l les masseus cha n’éteut pos des masseus. Mais y masseutent !

 

J – Ch’éteut qui ?

 

G – In n’ sait pos, des sténos-dactylos… parce qu’al sont dégoudis aveuc leu deugts peut-ête…

 

J – Mais quo qu’al fouteutent là ?

 

G – Al masseutent, j’ vos dis. Y paraît qu’ les vrais masseus y n’ poveutent po sintir l’odeur du soufe, çà les feuseut tousser.

 

J – Et po les eutes ?

 

G – Ah bin, sins diplômes, in supporte mieux, in peut tousser !

Un jour, y ‘ a inne grile d’ vidinge qui a été déplacée et inne tiote vielle al a minqué d’ête aspirée dins l’ rivière qui coule in d’sous.

 

J – Milliard d'polyte, mais c’est dingereux tout cha !

 

G – A n’ s’reut pos passée tout é oute quind minme !

Y ‘ a eu des bons momints quind j’y pinse. In rincontrot des gins habillés comme des fintômes, in pilou blinc, souvin in tron d’ rire et qui nos jueutent la farce des Timpliers aux bains…

A l’hôtel aussi ch’éteut agréape ! L’ patron y draguot ses cli-intes. Ah, à ch’ momint-là cha grinceut moins aux articulations. L’ brave homme y diseut qu’y éteut d’ gueuche mais y chouchouteut ses cli-ints chic, ginre Dassault. Y défindeut les arapes d’ Marselle mais quind y n’aveut in qui arrivot , y l’arfusot. Y mélingeut tout. Y ‘ éteut Corse.

 

J – Et bin dites donc, vos n’ d’avez vu des séquois intre deux séinces.

 

G – Y resse inne question que j’ busis d’ pus vingt-chonque ins. A la fin de l’ cure, l’ Rhumatoloque y m’a fait deux ordonninces. L’ prinmière c’éteut pou des massaches. Y ‘ a vu que j’ rassaqueus min nez. Alors, aussi sé, y’ a chiffonné l’ feule et y l’a rwé dins l’ corbelle. Pfft les massaches ! Donc cha n’ serveut à ré ? O bé c’est mi qui n’aveut pos d’importince et y n’ perdeus pos sin timps à me l’ faire comprinne.

Bah ! y’ a s’ consci-ince pour li Dr Machin, mes articulations al vos pardonnent o bé al vos r’mercient.

 

J – Dins l’ fond, cha fait du bé d’intinne vos histoire. Du qu’in s’ trouffe, à n’importe que momint y’ a toudis mo-ien d’ rire. Ch’est cha l’ bon médicamint, l’ rire !

Vos povez m’ croire, in va laisser le cher Dr Lombaire, qui nous coûte si cair, s’occuper d’ ses riches cli-ints.

 

(Ils amorcent la sortie sur la pointe des pieds).

 

Nous, in va aller dinner pis cacher un spectaque rigolo, o bé sinon in ira in boîte. Aveuc leu musique d’ sovache, la techno qu’ cha s’appelle, in intindra pos qu’ nos articulations al  couin'tent, et in n’ verra pos not’ allotache

 

(s'adressant au public)

 

Allez, v'nez vos ossi ! pus in est d'fou, pus in  RI GO LE ….

Tchao!

 

Sortie rapide et subreptice, stoppée un instant par un élancement brutal au niveau des reins…

 

Paule LEFEBVRE

 

 

 

 

P11

 

CH’TI QUI PARLOT A T’ N’ ORELLE DES CH’ FEUX

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Inn’ gins de m’n intourach’, avot par amitié

D’mandé dévant tertous, ichi, de m’ présinter.

Si j’ n’ai point l’habitut’ de m’ défiler d’vant s’aut’,

Vous convarez pourtant que ch’ n’est point là la mot’

 

D’ parler d’li à des gins qu’in n’ connot pas dassé,

Leu dir’ ed’ d’u qu’in vient et queu métier qu’in fait,

Et adérez, sans doute, vous s’rez d’avis sur’mint,

Que c’ qu’in m’ demandot là n’étot point fort malin !

 

Mais l’affaire étant faite et la caus’ intindue

De r’vénir in arrière, franch’mint, je n’ pouvos pus.

Alorsse, comm’ in marin prêt à faire in naufrach’

Je m’ sus jech’té à l’ieau et m’ sus mis à l’ouvrach’.

 

Comme’ gramint d’aut’ eq’ mi, j’ sus coéffeur ed’ métier.

Sur el’ tiête ed’ chés gins tous les jours j’ dos ouvrer,

Grimpé, tel in couvreux, tout in hiaut de s’ toture

J’ ravisse, si par grand vint, vous n’ risquez point l’ tonsure !

 

Comptant et les r’comptant comm’ Harpagon s’ n’argint,

Vos ch’feux sont plus précieux que l’or, pour mi, mes gins ;

Et quand, em’ journée faite, j’aline d’vant mi mes doupes,

J’ai bieau m’intint’ à tout, à chaqu’ fos cha m’ la coupe.

 

Des ch’feux, sans vous mintir, j’os’ros mêm’ vous l’avouer

De l’ racine jusqu’à l’ point’, j’in connos tous les s’crets,

Et si c’ qui va vénir vous fait drécher les ch’feux

Je n’ souhait’ ichi qu’inn’ coss’, tirer m’ n’épinq’ du  jeu.

 

Qui seuchent noirs, blancs ou bruns, qui grisitent ou seuch’ blonds,

Je n’fait point d’ différence, mêm’ in poil ed’ roux s’ tond.

Dins tout’ m’ vie, des caveux je n’ai vu d’ tout’ les sortes

Dénonchant l’ caractère de l’ braf’ gins qui les porte.

 

Des crignus, des teignus, parfos mêm’ des ré…tifs,

In broussall’, in batall’, fournis ou bin ché…tifs,

Des ch’feux fins, secs ou gras, trop longs pour dire d’ête courts

Ou rait’ comme la justice in baguettes ed’ tambour !

 

 

J’ai sogné d’ s’années d’ long aux extraits d’ jus d’ plantules

Les ch’feux d’un photographe qui souffrot d’ pellicules.

J’ sus su l’ point d’ treuver in remét’ efficace

Pour ceusses sur qui l’ tonsure el’ s’ vot déjà par plache,

 

Et je n’ désespère point ed’ sauver des embuches

Ceux d’in él’veux ed’ tchiens dévorés par les puches.

Qu’ vous soyez d’ par ichi, Auvergnats ou Bretons

Vos caveux m’intéressent ej’ cop’, ej’ tall’, ej’ tonds.

 

Bin qu’j’ n’euche point l’habil’té d’in merlan, loin s’in faut

Que j’ n’étos point témoin aux noces à Figaro

J’aros voulu treuver, pour l’occasion, inn’ chute

Qui seuche à la hauteur, mais m’ vielle muse défoutute,

 

M’a laiché, naufragé, lancer in « Chauve qui peut »

Dins l’espoir qu’inn’ bonn’ gins m’ tire de l’ieau par les ch’feux,

M’ juant l’ pus mauvais tour, el’ pire des entourloup’

In m’ laichant quaire tout seu, comm’ in ch’feu dins la soupe !!!

Jean-Claude LAMPIN

Février 2002

 

 

 

P12

 

DANSER AVEC DES FOUS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Danser avec des fous

Qui vous disent que c’est vous

Qui n’y êtes pas du tout !

 

Penser comme les grands sages

Qui dictent leurs messages

Au fil des grandes pages.

 

Aller comme papa,

Même si tu ne veux pas

Parce qu’on t’a appris ça !

 

T’oublier comme tout le monde,

De peur que l’on te gronde,

Pour entrer dans la ronde.

 

Et devenir banal,

Et devenir normal,

Rester dans le chenal…

 

Rêver d’être chevaux

Qui parcourent au galop

Tous les eldorados !

 

Seulement rêver…

Et puis pour oublier,

Danser !

 

Danser avec des fous

Qui vous disent que c’est vous…

Brigitte CAPLIEZ

Bonneval (28)

  

 

 

P13

 

REVES EN BATEAU

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

J’ai des rêves en bateau

Qui voguent au fil des mots

Et qui sont en partance,

Petits voiliers qui dansent…

 

Tu ne peux les saisir

Aux vagues de mes désirs.

C’est en raz-de-marée

Qu’ils viennent te secouer !

 

J’ai des rêves en avance,

Plus vite qu’on le pense !

Voguez ! voguez ! petits bateaux

Qui dansez sur mes mots !

 

Et qu’ils puissent te dire

Ce que les cœurs respirent…

Qu’ils viennent se coucher

Au cœur de tes pensées…

Brigitte CAPLIEZ

Bonneval (28)

 

 

 

P14

 

DANS MA VALLEE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Au jardin de mon cœur il est une chanson

Qui parle de l’Escaut, d’Abbaye, d’herbe tendre.

Charmante pastorale ; et revient me surprendre

L’essaim des souvenirs volant à l’unisson.

 

Lorsque le ciel, ce grand larmier, fait une pause,

Au plus bas du coteau Vaucelles resplendit,

Dans l’écrin émeraude, en un geste inédit,

Sont mille touches d’or que l’automne dépose.

 

Méandres du canal où mon regard flâneur

Déniche le héron, en attente secrète.

Le chemin du passé me mène à l’échauguette,

A Lesdain, où coulait la source du bonheur…

 

Ma vallée est de champs, broderie et dentelle,

De fouilles, de trésors : Esnes et son fier château.

J’ai tant perdu mes pas de bourgade en hameau,

Qui donc, mieux que mon cœur, pourrait vous parler d’elle ?

 

Charme d’un lieu paisible et rustique beauté ;

Soudain à court de mots je m’invente une esquisse,

Un dessin qui peut-être aurait séduit Matisse.

Peignait-il les couleurs de la sérénité ?

Geneviève BAILLY

 

 

 

P15

 

TELLEMENT BESOIN DE TEMPS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Il faisait si beau en cette matinée

Que toutes les clefs étaient parties se promener.

Nous les aînés, nous avons tellement besoin de temps pour ne rien faire, qu’il ne nous en reste plus pour travailler !

N’ayons pas peur du bonheur, c’est seulement un bon moment à passer.

Je sais que la vie sans farces, c’est un voyage sans auberge car la vie est comme une boîte de sardines, nous cherchons toujours la clef !

Le bonheur ! c’est du chagrin qui se repose.

Aimons-nous vivant avant que la mort nous trouve du talent !

Aime ton prochain comme toi-même.

Le plaisir le plus délicat est de faire celui d’autrui.

Alors faisons ensemble toujours plus pour ceux qui ont le moins.

Le devoir : c’est ce qu’on exige des autres.

Un ami : c’est quelqu’un sur qui nous pouvons compter.

Sur nous !

Ce n’est pas le bonheur de tous les hommes que je souhaite, mais le bonheur de chacun d’eux.

Ce n’est rien d’être humble quand on sait qu’on est le meilleur.

L’homme courtois évite de poser le pied sur l’ombre de son voisin.

La plupart des pères aiment à se répéter chez leurs enfants, préparer leur avenir avec du passé.

On ne peut donner que deux choses à ses enfants, des racines et des ailes.

Un jeune voit plus loin que le vieux mais il est monté sur les épaules du père !

La jeunesse sait ce qu’elle ne veut pas avant de savoir ce qu’elle veut !

Quelqu’un que vous avez privé de tout n’est plus en votre pouvoir il est de nouveau entièrement libre.

Elles sont bien noires mes pensées de mes nuits blanches. Je rêvais d’un être qui eut les plus grands dons pour n’en rien faire, s’étant assuré de les avoir.

Je sais, je sais qu’on ne sait jamais.

Je sais pourtant que la femme la plus compliquée est plus près de la nature que l’homme le plus simple. Pour beaucoup de femmes, le plus court chemin vers la perfection, c’est la tendresse.

Plus les hommes s’éloignent de Dieu, plus ils avancent dans la religion.

Dieu dans sa colère créa la femme ! Pour l’homme la solitude était belle.

Le goût fut fait de mille dégoûts. Grâce à Eve, délicieux goût…

Nous sommes ici bas pour rire. Au paradis ça ne serait pas concevable.

Ne disons pas du mal du diable,

C’est peut-être l’homme d’affaire du bon Dieu !

Et pourtant il faisait si beau que toutes les clefs étaient parties se promener.

N’ayons pas peur du bonheur.

J’ai tellement besoin de temps pour ne rien faire qu’il ne m’en reste plus pour travailler.

Charles & Jean JACQUEMIN

CAUDRY

 

 

 

P16

 

SONNET

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Le  printemps dans tes yeux a perdu ses couleurs,

Ton visage de pierre est blanchi de douleur,

Petite ombre fragile aux rêves de velours,

Tu vis comme on survit quand s’effondre l’amour.

 

Tu marchais vers le ciel en tenant par la main

Le sourire d’un ange aux habits de satin,

Puis le vent s’est levé, le rêve s’est brisé

Quand l’homme de ta vie s’est mis à te frapper.

 

Toi qui ressembles tant à ceux qui n’ont plus rien,

A ceux qui disparaissent au détour d’un silence,

Douce Marie dis-moi jusqu’où vont les souffrances,

 

Dis-moi les mots qui blessent je les ferai miens,

Je saurai t’écouter pour soulager ta peine,

Tuteur à tes côtés pour que ta vie reprenne.

 

                                                                 Olivier CATIEAU

 

 

 

P17

 

MATINS PSYCHOSES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Matin polychrome où les pixels de tes globes oculaires

Sont vite saturés par les photons d’une étoile jaune du bras d’Orion.

Matin bleuté où tu perçois pour la première fois le ciel

Par-dessus le toit de ta cuisine de ta voiture d’enfant.

 

Matin givré où les romarins à la bahote font la ritournelle ;

 

Matin rebelle où tu suis le drapeau rutilant, pointé vers le zénith.

 

Matin mutin où fripon tout fripé des affres de la nuit

Sort la tête du duvet, contemplant une belle endormie.

 

Matin… matin… matin… Soir…

Fin de mission de l’entité biologique…

 

Matin infra-rouge où tes capteurs thermiques détectent

une géante rouge à 3 minutes-lumière…

 

Soir…

 

Matin rayons gamma où…………………..etc……

 

                                                                       HERTIA-MAY

                                 2003

 

 

P18

 

MEDITERRANÉE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Je te regarderai des saisons et des lunes

Venir et repartir dans un soupir ténu,

Vague après vague, beauté sublime et nue,

Purifier la terre, les humains et les dunes.

 

J’écouterai sans fin le bruit dans la lagune

Qui vient s’approprier les silences connus,

Qui vient désensabler tous les mots détenus

Dans une mémoire sans haine et sans rancune.

 

J’humerai sans cesse les étranges parfums

Et serai transporté de joie jusqu’aux confins

Des odes marines, des grandes profondeurs.

 

Je toucherai des doigts tes embruns mystérieux

Et tu m’emporteras aux rives de ton cœur

Caresser les nymphes bleutées de tes milieux.

 

Jean-Luc EVENS

 

 

 

P19

 

POURPRE NOIRE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

L’arbre voudrait fleurir

Et les oiseaux chanter

Les bêtes voudraient sortir

Des cages longtemps fermées

L’enfant voudrait dormir

Et se mettre à rêver

Mais il entend vomir

Les armes des guerriers

Et ne peut dans  la peur

Que rester éveillé.

 

L’enfant voudrait sourire

Au soleil retrouvé

Mais il entend mourir

Le chant des prisonniers

Qui voudraient voir pourrir

Les armes des guerriers

Et enfin s’endormir

Sans être tourmentés

Libérés de la peur

Car ils sont fatigués.

 

Le soleil voudrait luire

A travers la fumée

Les fleurs s’épanouir

Sur un sol libéré

L’enfant voudrait bien rire

Et cesser de pleurer

Et les loups se nourrir

Et cesser de hurler

Et d’errer dans la peur

D’être bientôt tués.

 

L’homme voudrait s’enfuir

Oublier le passé

Mais il entend gémir

Les âmes torturées

Il voudrait voir venir

La paix tant désirée

Et pouvoir rebâtir

D’une terre blessée

L’espoir et le bonheur

D’une ère recommencée

 

Et moi voudrais mourir

Pour retrouver la Paix

Thérèse LEROY

Extrait de « ECLATS D’ÂME »

3 et 4 février 1973

 

Soleil d’automne, soleil froid, soleil glacé, soleil aveugle.

Des gens sont là rassemblés dans un nuage de poussière,

Fumées de cigarettes, brouillard laiteux, cristaux de glace figée.

Brume d’automne s’étend partout.

Les arbres pleurent : larmes de sang et d’or mêlé,

Larmes moirées, larmes changeantes.

Et je sens comme un grand vide impossible à définir,

Un grand trou noir béant dans lequel quelque chose en moi,

Mon corps, mon cœur ou mon esprit semble vouloir glisser,

Tout doucement, sans faire de bruit,

Comme une larme sur la joue d’un enfant.

 

Thérèse LEROY

Extrait de « ECLATS D’ÂME »

4 octobre 1973

 

 

 

P20

 

MALDONNE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Le papillon se désespère :

Je voletais de fleurs en fleurs,

Le ciel d’azur pour seul repère,

Avec le zéphyr, mon compère,

Et déjà voici que je meurs !

 

En son logis dame tortue

Rêve d’immense frondaison ;

En pestant, elle s’évertue

A contourner une laitue,

Son sempiternel horizon !

 

A son tour l’homme se lamente :

Seigneur, en ce triste univers

La pollution nous tourmente,

La fin du siècle est alarmante :

Hélas, tout marche de travers !

 

Le maître des cieux se torture :

En quel pays, voire en quel port,

Sans équivoque et sans rature,

Trouverait-on la créature

Qui soit contente de son sort ?

 

Et Dieu, touché par la menace

Qui pèse sur l’humanité,

Penche un peu plus sa tête lasse :

Mon fils, si tu prenais ma place ?

Propose-t-il avec bonté.

                     Denise Duong

 

 

 

P21

 

SANS AMOUR

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

L’amour sans amour

Comme un gant retourné,

Comme un animal mort,

Comme une fleur brisée.

 

L’amour sans amour

A quoi bon, pourquoi pas,

On en vient, on y va,

On en meurt chaque fois.

 

L’amour sans amour

Que tes chambres sont noires

Dans tes pâles miroirs

Et tristes tes histoires.

 

L’amour sans amour

Quelle peine est la tienne,

Quelle rose éclatée,

Saigne sur ton côté.

 

L’amour sans amour

Quelle coupe bois-tu

En chantant dans les rues

Comme un soleil perdu.

 

L’amour sans amour

C’est un feu qu’on renverse

Sur un tapis de Perse

Et du vin répandu…

 

                                                                       AUTEUR ANONYME

 

 

P22

 

DEMAIN EST UN AUTRE JOUR…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Du jour au lendemain,

Le tout peut devenir un rien.

A cause de ce Romain,

Me voilà incertain.

Grâce à ce Romain,

Me voici libre de choisir mon chemin.

Maintenant, mon destin,

C’est de ne penser qu’à demain.

La séparation de nos chemins,

Peut-être un mal pour un bien ?

La réponse ne viendra sans doute pas demain,

Mais peut-être après demain…

 

                                                                                   Antony CANONNE

 

 

 

P23

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

La femme en tous lieux apporte avec elle

La douceur, la grâce et sa touche personnelle.

Elle apporte aussi l’échange, la conversation,

C’est un vrai plaisir que sa fréquentation.

Et quand son regard interrogateur me fixe,

Je me sens soudain porté, et je deviens prolixe.

La femme possède une capacité d’écoute étonnante

Sérieuse ou souriante, elle est avant tout présente.

Rien ne lui échappe des paroles et des faits.

Elle écoute, entend, juge, trie et elle sait.

Rien à voir bien sûr, avec l’écoute masculine

Où très tôt, insidieusement l’attention décline

L’œil devient vague, l’absence cachée par un sourire

Il est déjà béat, dans ce que lui… va dire !

Mais les femmes ne sont pas que plaisantes à regarder,

Douces à entendre et agréables à fréquenter.

Elles ont d’autres atouts, leurs petits coins secrets,

Si je pouvais l’ouvrir ce coin, comme on ouvre un coffret,

Vous y verriez tant d’amour en cet endroit caché,

Caché là par pudeur, par habitude, par dignité,

Vous y verriez tant d’amour à donner, d’amour à revendre

Alors que nous Messieurs nous ne savons que prendre !

Vous y verriez aussi l’amitié, la passion, la compassion

Des sacrifices potentiels, des patiences, des pardons.

Et là, comme un bijou brillant de mille feux,

L’amour suprême, amour accordé par Dieu,

Accordé par Dieu et uniquement pour elles !

L’amour irraisonné, géant, l’amour maternel.

Oui, Dieu doit bien les aimer les femmes

Pour avoir ainsi doté et enrichi leurs âmes,

Et quelle lourde responsabilité il nous donne

D’avoir à les chérir, nous, pauvres hommes.

                                                                           Pierre Rouxel

                                                                           Septembre 2003

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P24

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

LE LION ET L’ARAIGNÉE

 

Qui périt pour la moindre affaire ?

Ce fut le moucheron

Qui, vainqueur du lion

Fut pris dans une moustiquaire :

Une moustiquaire naturelle,

Chef-d’œuvre d’art et de patience

Qu’apprit l’architecte du ciel

A la chétive et faible engeance.

Le roi des sables stupéfait,

Devant un piège si bien fait,

Fut rempli de reconnaissance,

Et puis d’envie ; et l’exigence

Dedans son cœur insatisfait

Se fit jour. Il dit à l’aragne :

-« Si tu veux être ma compagne

Je t’honorerai,

Te protègerai,

Et t’enrichirai.

Il suffit qu’avec moi tu viennes

Dans ma cour et dans mon palais,

Adroitement que tu retiennes

Mes ennemis dans tes filets. »

Ainsi fut fait : notre araignée

Tissait une toile soignée,

Barrant la route aux plus hardis ;

Plus d’un s’empêtra, s’y perdit.

Mais le temps, le temps inexorable

Aux misérables

Comme aux puissants,

Le temps

Vint à passer dans la demeure

Où régnait cet accord touchant ;

Le temps qui veut que l’on meure,

Qu’on soit brave homme ou méchant ;

Le temps qui vieillit, qui rompt la destinée,

Toucha de sa main décharnée,

Toucha le front royal, le fit déraisonner :

-« Combien, dit-il, m’a-t-on donné

Pour qu’entre ces murs je sois condamné

A végéter sans cesse ?

Partout devant moi se dresse

Un obstacle, un guet-apens,

Et même devant mon siège

Je vois un piège

Qui me tient en suspens !

Ah ! Combien je me repens

D’avoir permis que rentre

Dans mon antre

Ce fléau de ma liberté ! »

 

Croyez à la reconnaissance,

Croyez à la fidélité,

Croyez à la condescendance

Des puissants vous serez bien traités !

Yann VILLIERS

 

 

 

 

P25

 

 

 

 

LA SOUCOUPE VOLANTE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Je rentrais sur Paris, j’avais pris le TGV à Marseille, et peu après Avignon, il était environ 21 heures et la nuit était déjà bien noire, je vis deux lumières très fortes éclairer le sol à une hauteur d’environ 10 mètres, puis disparaître à une vitesse si grande qu’il ne pouvait s’agir ni d’un avion, ni d’un hélicoptère

 

J’étais à ce moment assis dans la partie du wagon qui permet à quatre voyageurs d’être en vis-à-vis. Nous avions vu tous les quatre le phénomène, chacun ayant compris qu’il venait de vivre un moment particulier. Nous sommes restés un long moment sans parler, nous regardions par la fenêtre pour voir si le phénomène se manifesterait une nouvelle fois, afin d’obtenir, peut-être, une explication. Rien ne revenait. Le premier à prendre la parole fut un homme d’environ soixante-dix ans. Il raconta avoir déjà pu observer de telles choses, ayant beaucoup voyagé dans sa vie. A chaque fois, personne, même lui, n’avait expliqué des phénomènes quelquefois fantastiques, mais il ne voulait pas croire à d’éventuels extra-terrestres. Selon lui, la nature recelait assez de ressources diaboliques inconnues et inexpliquées encore, pour nous donner en spectacle sa force, ses mystères. D’ailleurs, sans vraiment nous convaincre, il expliqua que ce que nous avions vu ce soir n’était en rien le fruit de la nature mais sans doute un hélicoptère, peut-être un peu plus rapide que les autres, un jeu de projecteurs ou encore un satellite dont nous aurions mal estimé l’altitude dans le noir.

 

Un autre homme lui coupa alors la parole et lui dit qu’il fallait rester humble face à un tel évènement. Il vécut lui-même une aventure de ce genre dont il eut rapidement l’explication. Il pouvait en rire maintenant, mais sur le coup, ce ne fut pas le cas, et malgré tout, il croyait à une intelligence différente de celle des hommes, peut-être là-bas sur une des mille étoiles du ciel. La quatrième personne qui nous tenait compagnie, un jeune homme de mon âge lui demanda s’il voulait bien nous conter son aventure. Il acquiesça et commença son récit.

 

« Je m’appelle Jean-Michel L. J’ai aujourd’hui 61 ans et je suis retraité. J’ai travaillé dans la broderie, à Bertry, un village du Cambrésis dans le Nord. En 1952, j’avais alors 22 ans, je fis la connaissance lors du bal du 14 juillet d’une jolie jeune femme, nous étions amoureux. Elle habitait Busigny, un village voisin du mien et régulièrement, après mon travail, j’allais la retrouver. C’était souvent le soir, et je n’avais qu’un vieux vélo sans lumière et sans freins.

 

Mes parents étaient brodeurs. Mon frère et moi, nous les aidions alors, et nous travaillions chacun notre tour sur le métier. Toute la famille travaillait dur pour vivre. Je n’y échappais pas. Après le travail, c’était donc presque un plaisir de me retrouver seul, pour penser, laisser mon esprit vagabonder librement, faire le point sur les idées qui encombraient quelquefois mon esprit. Le trajet était d’ailleurs très agréable et favorisait mes rêveries. Il passait par des bois et des champs. Il n’y avait pas la circulation automobile d’aujourd’hui, je n’étais que très rarement dérangé, et j’arrivais bien souvent à destination sans me rendre compte des kilomètres parcourus.

 

Un soir où j’avais travaillé plus tard que d’habitude, je me suis mis en route vers 22 heures 30. Nous étions en septembre et la saison était encore belle. Il faisait même assez chaud. D’ordinaire, c’est l’heure où j’arrivais, mais il avait fallu terminer une commande urgente. La nuit était noire, sans lune et presque sans étoiles. Je roulais vite, pressé d’arriver, et comme d’habitude, je rêvais.

 

J’avais lu depuis quelques temps de nombreux articles de presse sur les extra-terrestres. Aux Etats-Unis, des personnes étaient certaines d’en avoir vus. Je rigolais un peu de tout cela, mais au fond de moi-même, je m’intéressais presque contre mon gré à la question, un petit quelque chose me faisait y croire. Amoureux de la nature, rêveur comme j’ai déjà pu vous le dire, je regardais souvent le soir toutes ces étoiles qui brillent dans le ciel. Elles sont à des distances incroyables de notre planète, certaines brillent encore et brilleront encore très longtemps alors que le système d’où nous vient leur lumière n’existe plus. Dans cet infini, il n’y avait pas de doute pour que l’on y trouve quelque part une intelligence, une vie autre que celle des hommes.

 

Ce début de nuit était même presque étouffant, je roulais avec plus de peine, le souffle court, j’avais monté la plus importante côte de mon parcours et j’arrivais au lieu-dit « les quatre pâtures », lorsque mon cœur se mit à battre très fort. Mes pensées se mélangèrent. Une lumière assez vive, en forme de coupole, émergeait à 200 ou 300 mètres de moi, et j’avais déjà vu une photo fort ressemblante dans un magazine. Elle avait été prise à la frontière entre le Canada et les Etats-Unis. Selon le photographe, il n’avait pu être donné de signification au phénomène observé. Cela ne faisait aucun doute pour moi, je me trouvais devant une soucoupe volante. Tout tremblant, je mis pieds à terre. Mes pensées redevenaient plus nettes, je voyais passer dans ma tête les articles de journaux sur le sujet, et le côté extraordinaire d’une rencontre avec les habitants d’un monde inconnu me donnait du courage. Je me suis dit : allez tiot, vas-y !

 

Personne encore n’avait vu d’extra-terrestres, et j’imaginais déjà être le premier à le faire. Il fallait pour cela que je les approche, que je leur parle, pour peut-être en persuader un de rester dans notre monde. Quand j’y repense, c’est un peu fou toutes les idées qui traversent notre esprit dans ce genre de moment. Je rêvais vraiment tout éveillé. Mais s’ils résistaient ! Il faudrait donc que j’en capture un pour le montrer au monde entier, pour devenir célèbre et faire la « Une des journaux ». Je ne pensais plus à l’éventuel danger que je pouvais courir, je me décidais à avancer vers cette coupole lumineuse un peu extraordinaire, si troublante, elle m’attirait. Je me pinçais, je faillis crier, je ne rêvais pas, c’était bien moi, en pleine campagne, seul, loin de toute habitation. J’avançais maintenant plus doucement, mais sûrement, sans bruit. J’étais très excité.

 

Il me fallait tout d’abord remonter un petit chemin d’exploitation menant à une première pâture. Ce petit chemin longeait deux haies, et je le connaissais bien pour venir y cueillir des mûres à la saison. Un petit vent frais se levait. Il me fit du bien. Tout mon corps frissonna comme pour chasser hors de moi toute appréhension, pour me redonner confiance et m’encourager. Les caresses du vent me procuraient le calme dont j’avais tant besoin, je retrouvais ainsi tous mes moyens, toute ma lucidité. J’avançais toujours, courbant le dos au maximum comme le soldat sous la mitraille, je passais une barrière pour entrer dans une pâture. La lumière de la coupole n’était plus qu’à 50 ou 60 mètres de moi, émergeant d’un talus. L’herbe fraîche, humidifiée déjà d’un peu de rosée glissait sous mes pas, je ne faisais aucun bruit. Je ne bénéficiais plus d’aucune protection. Il n’y avait plus les haies, mais la pâture, une sorte de désert sans abris entre moi et cette chose qui continuait à me fasciner et à m’attirer. Je tremblais d’énervement et je serrais encore plus fort mon bâton. Comme dans un nouveau rêve, je me vis en première page d’un journal, fier, puis un malaise effroyable s’empara de moi et me tétanisa l’espace d’une seconde. Non ! Je ne pouvais plus reculer, il fallait avancer, voir, comprendre, pour après raconter. J’étais seul et je ne savais rien de ce que j’allais découvrir. J’avais de plus en plus peur maintenant et je n’arrivais pas à me l’avouer, mais je ne pouvais faire demi-tour. Je continuais à marcher, anxieux, la gorge nouée.

 

A trente mètres à peine de ma vision lumineuse, je faillis mourir de peur. Presque en plein milieu de la pâture, un gros lièvre au gîte fut surpris dans le début de sa nuit. Mon visage était plein de sueur : je sortais un mouchoir pour m’éponger. Le vent avait de nouveau cessé de souffler, j’avais chaud, mes yeux se voilaient légèrement, je tremblais, mon bâton tomba. Je le ramassais et poursuivais mon approche. Arrivé à peine à 20 mètres de la lumière, mon cœur s’arrêta.

 

Une forme venait de bouger et de se lever à l’intérieur de la soucoupe volante. Sans me remarquer ou sans faire attention à moi, je ne savais quoi penser, elle disparut à nouveau. Je restais immobile. Le vent se remettait à souffler un peu, il me rafraîchissait, j’en avais réellement besoin. Je titubais d’émotion. Avançant encore de quelques pas, je compris alors ma terrible méprise. Ma fameuse soucoupe volante n’était autre qu’une voiture, stationnée derrière un talus. Deux amoureux étaient à l’intérieur, et c’est l’un d’eux que je venais de voir se lever quelques secondes auparavant. En fait, la lumière du plafonnier était restée allumée, et seul l’habitacle émergeait derrière le talus. La route étant située légèrement en contrebas, je n’avais donc eu que cette vision. Je respirais beaucoup mieux, mes jambes tremblaient toujours, d’énervement certes, mais aussi de soulagement. Les amoureux continuaient à s’embrasser, ils n’avaient rien remarqué. Je repartis rapidement, sans bruit, lâchant cette fois pour de bon mon bâton. Peu m’importait en fait de ne pas être célèbre, de ne pas faire la « Une des journaux ». Je reprenais mon vélo et pour rattraper le temps perdu, la scène avait bien duré un quart d’heure, je pédalais de toutes mes forces et rigolais avec ma fiancée de mon aventure quelques minutes plus tard. Je lui en racontais les moindres détails et toutes les émotions qui avaient envahi mon esprit. Elle se moqua un peu de moi ».

 

Personne ne parlait autour de Jean-Michel L. Ce dernier sourit, s’essuya le front, il avait chaud et but une gorgée de bière qu’il avait commandée au début du voyage. Les autres voyageurs et moi le premier, nous sourîmes à notre tour.

 

Notre conteur nous précisa : « malgré cette aventure peu ordinaire et frustrante, je crois aux extra-terrestres ».

 

Je pensais en moi-même que ce Jean-Michel L., faute d’avoir assuré une liaison avec un autre monde, n’avait découvert qu’une liaison amoureuse.

 

Le TGV arrivait en gare de Lyon, à Paris

Alfred LENGLET

                                                        Saint-Martin Belles Roches (71)

 

 

 

 

 

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MARGUERITE EST NÉE

À WISSANT SUR UN PARKING

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Il était une fois deux vacanciers paisibles partis se reposer sur les plages du Nord durant les vacances de Pâques. Ils avaient réservé une location en bordure de la digue. Dans le cadre de leur contrat, il était stipulé qu’une place de parking, le numéro 21, leur était réservée…

Galère pour trouver la Résidence de la Plage ! La croix et la bannière pour identifier le logement dans cet ensemble

touffu de niches superposées. Après deux bonnes heures de prospection, grand chef Grasjacqs trouve son mini wigwam avec bien du mal.

 

Lors de sa laborieuse recherche, il avait garé sa diligence à la hâte sur le bon parking mais pas sur le numéro 21… Le 42 ferait tout aussi bien l’affaire surtout que c’est du provisoire et que pratiquement toutes les places sont libres : on ne se bouscule pas sur la côte d’Opale à cette époque de l’année ; en cinq minutes il aura trouvé le campement des Sioux et ce serait bien le diable qu’un « visage pâle », même un peu bronzé… on est là pour ça, vienne revendiquer le 42 ! Et qu’on se le dise : 42 est multiple de 21. Bien entendu Grasjacqs s’était juré, en bon citoyen, de remettre son véhicule à l’endroit adéquat sitôt les bagages rentrés au logis. La corvée de barda finie, il abandonne madame et son westie tous deux affairés aux affres de l’installation pour corriger le tir, en l’occurrence vérifier que 21 est bien diviseur de 42… Et là, petit mot gentil sur le pare-brise :

« Monsieur, vous n’avez rien à faire là ; vous êtes sur le parking privé attenant à la résidence de la plage. »

 

Un rapide coup d’œil de Grasjacqs pour voir si le râleur n’est pas dans les parages. Penaud, notre vacancier se met à la recherche du numéro fatidique. Peine perdue, les embruns particulièrement efficaces au Cap Gris-Nez ont dû l’effacer. Moment de doute :

« Et si je m’étais trompé de numéro ou pire encore de parking ? »

Retour à la location et vérification fiévreuse de la paperasse envoyée par le propriétaire :

« C’est bien cela ! »

Enquête auprès des « gens du pays » parmi lesquels se trouvait peut-être le cerbère de Wissant… sait-on jamais : il n’y a pas d’erreur d’enclos à voitures.

Début d’une correspondance épistolaire tout à fait révélatrice de la tolérance du français moyen :

« Après recherche, le numéro 21 n’existe pas. Je me suis donc installé sur le 42. Toutefois, si c’est le vôtre, je vous le rends séance tenante et me pose sur un autre numéro. »

De toute évidence, cela ne gênera personne : presque toutes les places sont libres.

« Le 42 n’est pas le mien mais le 21 n’est pas le 42. Je ne vois pas pourquoi je vous communiquerais mon numéro. Allez donc vous garer sur le 21. L’an dernier, c’était juste face à la boutique de souvenirs. » Grasjacqs fulmine :

« Quelle peau de vache ce type ! Il aurait pu me le dire avant au lieu de me laisser chercher. »

Visite éclair chez le marchand de bibelots :

« Est-ce que les deux places de stationnement en face de chez vous sont réservées ?

« Oui, la nôtre c’est celle sans numéro ; l’autre, la 23 appartient à M.C…

« Vraiment ? Je pensais que M.C… disposait du 21… »

« Oui, effectivement, l’an dernier c’était çà ; mais, après la saison, il a refait les peintures et le 21 est devenu 23 »…

Vachement organisé le proprio ! Il aurait pu corriger la photocopie…

« Je peux vous guider pour un petit souvenir de Wissant si vous le désirez ? »

La totale ! Faudrait pas prendre les touristes pour des vaches à lait !

 

Au diable l’avarice et les avaricieux : il fallait au moins le phare miniature du Cap Blanc Nez pour éclairer l’aire de stationnement. En attendant, la matinée était fichue : adieu veau, vaches, cochons, poulets.

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Vachement bien les vacances : Marguerite broutait les galets de la digue sur le parking de la résidence de la plage

GRASJACQS

de CAUDRY

 

 

 

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LA NOUVELLE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Etymologie : « noveler » raconter

 

La nouvelle est relativement brève. Elle relate une tranche de vie ; un moment particulier, une atmosphère, c’est avant tout un récit concentré (ex : une crise, une courte aventure). L’accent est mis plus sur la manière de raconter que sur l’histoire en elle-même.

 

La chute, l’effet qu’elle doit produire sur le lecteur commande cette manière de raconter : il s’agit de préparer l’arrivée de cette chute.

 

La nouvelle est fiction mais vraisemblable. Initialement : elle était ancrée dans l’histoire. Elle cherche à donner une impression de réalité. Le récit se présente comme objectif, comme un témoignage.

 

La nouvelle part du réel et peut par dérapage, passer dans l’irréel. Fonctionne avec des conventions : hasard, coïncidences. Souci de crédibilité.

 

Elle développe un ou plusieurs registres (pathétique, comique, fantastique…)

 

 

 

 

P29

 

PALMARES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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FÉLICITATIONS À NOS POETES RECOMPENSÉS !

 

 

Mme Paule LEFEBVRE en MARS 2004

Le Prix de la Nouvelle pour LE CHOUCHOU

Par les Ménestrels de France

et

Le Prix de la Nouvelle pour LA PRESIDENCE

Par les Editions SEKHMET

 

 

Monsieur Yvon OLIVIER en OCTOBRE 2003

Le Prix de la Nouvelle pour L’ENFANT TROUVE

Par la Renaissance Française

et

Le Prix de la Nouvelle pour LE POISSONNIER

Par le FLAC de Feignies

 

 

Monsieur  Jean-François SAUTIERE en AVRIL 2004

Le 1er prix Section Classique

Du concours de poésies de TROYES

 

 

Monsieur Daniel CARLIER en AVRIL 2004

Le 3ème  prix Section Classique

Du concours de poésies de TROYES

 

  

 

 

 

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VOL DE NUIT

 

 

        

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Robert venait de se réveiller. D’un geste machinal il alluma la lampe de chevet et il jeta un œil ensommeillé aux aiguilles du cadran qui égrenait ses monotones tic tac : 3h30 du matin, seulement. Il avait pris garde dans son mouvement de ne pas déranger sa femme, Marcelle, qui dormait profondément ainsi que l’indiquait sa lente et régulière respiration. Il éteignit. Les volets clos laissaient se frayer un mince filet de lumière qui provenait moins de la lune, pourtant belle, que du lampadaire situé en face de la maison et dont le globe éclairait cet endroit de la rue Lemoine à cette heure-là forcément déserte.

 

Comme il le faisait toujours quand il se réveillait la nuit, c’est-à-dire toutes les nuits, Robert écarta doucement les couvertures, se leva dans l’obscurité relative car il ne fait jamais complètement noir la nuit et, les pieds nus, traversa la chambre à coucher que rien ne troublait. Il connaissait par cœur les moindres obstacles et sans bruit commença à descendre l’escalier. Arrivé à la porte de la cuisine il ouvrit l’interrupteur et se dirigea vers le réfrigérateur pour se servir un verre de lait : la sérotonine qu’il contient est apaisante et favorise l’endormissement. Il ne mangea pas de biscuit comme hier et après avoir refermé l’interrupteur et repoussé précautionneusement la porte de la cuisine, il fit un passage par les toilettes puis remonta sans bruit et dans l’obscurité l’escalier complice. Arrivé près du lit il ralluma la lampe de chevet, pour voir l’heure ; cela aussi faisait partie du rituel : 3h45, seulement. Il se glissa dans le lit en frissonnant et dans un bâillement étouffé, éteignit.

 

Un bruit le réveilla. Un bruit lointain et proche à la fois, sonnant creux dans le froid de la nuit, incongru. Il alluma de nouveau la lampe de chevet et instinctivement regarda l’heure : 3h50, seulement. Il ne s’était rendormi que depuis cinq minutes et cela lui avait semblé une éternité. Dans un mouvement rapide il sauta hors du lit et s’apprêtait à ouvrir sans bruit un coin du volet quand un éclair de prudence lui traversa l’esprit : de nouveau éteindre, pour ne pas être vu !

 

Marcelle avait bougé et soupirait. Par le volet entrouvert il aperçut trois silhouettes qui poussaient des bacs poubelles au milieu de la rue, sans doute dans l’intention de la bloquer. Puis tout se passa très vite sous ses yeux ébahis. Pendant qu’un individu le visage cagoulé faisait le guet, un fusil mitrailleur en bandoulière, ses acolytes armés de masses se mirent à frapper violemment la baie vitrée du magasin de prêt-à-porter « Chez Pénélope » qui ne tarda pas à voler en éclats sous les coups. Trois hommes s’engouffrèrent alors dans le magasin et pendant quelques dizaines de secondes la petite place où se déroulait le méfait reprit son allure normale. La vitrine brisée ne présentait plus qu’un trou noir dans lequel il était facile d’imaginer ce qui se passait. Robert sortit de sa torpeur et d’une voix étranglée qui ne savait plus s’il fallait hurler ou chuchoter, lança à sa femme : « Marcelle, hé ! Marcelle, réveille-toi ! on est en train de voler chez Philippe ! »

 

Celle-ci fit un bon dans le lit et avant de lui en avoir dit davantage, Robert se recolla le nez contre l’encoignure du volet : un premier voleur chargé d’un sac sortait du magasin et se dirigeait vers le break 406 de couleur sombre qui était garé à dix mètres de là. A Marcelle qui s’était levée il cria : « Il faut faire la police ! » Il ramena le volet vers l’intérieur afin qu’on ne vit pas la lumière de la lampe de chevet qu’il venait de rallumer, et nerveusement frappa le 17.

 

« Allo ! Ici Robert Lapoix. Oui ! J’habite au 21 de la rue Lemoine. Venez vite, il y a un cambriolage au magasin Pénélope. Oui ! C’est Place Jules Vallès. Venez vite ! »

 

Essoufflé comme s’il venait de courir, il raccrocha.

 

-   « Alors ? » demanda Marcelle

      -   «  C’est bon. Ils viennent : Ils seront là dans cinq minutes. »

Le commissariat, il est vrai, n’était pas très éloigné et comme s’ils voulaient en quelque sorte rester maîtres d’une situation dont ils se sentaient responsables, Robert et Marcelle reprirent leur surveillance silencieuse à la fois fiévreuse et rassurée à cause de l’attente de l’arrivée imminente des forces de l’ordre.

 

Déjà une deuxième ombre sortait du magasin et comme la première transportait un sac en apparence lourd à l’arrière de la voiture. Le guetteur, l’arme au poing, tournait régulièrement et nerveusement la tête tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche de la Place qui restait pesamment déserte.

 

« Qu’est-ce qu’ils font ! » murmura Marcelle, « Ca fait au moins un quart d’heure que t’as appelé ! »

« Non, pas un quart d’heure, cinq minutes » siffla Robert comme pour se rassurer, car lui aussi commençait à être inquiet.

 

La police avait peut-être été gênée… ? Mais par qui,  par quoi à cette heure ? Car il était 4h05, déjà.

 

Maintenant le troisième voleur sortait du magasin.

 

-  « Ils vont arriver, tu vas voir ! »

« Il faut les rappeler, Robert, c’est pas normal. Ils ont bien compris ce que tu leur as dit ? »

 

 

Là c’était trop fort ! Comment Marcelle pouvait-t-elle lancer une chose pareille ? Bien sûr qu’ils allaient venir ! Il avait été on ne peut plus clair dans son explication et il n’y avait aucune raison de s’inquiéter… Cependant l’ombre du doute commençait, lui aussi, à l’envahir.

 

Et quand à ce moment précis le couple posa encore une fois le regard vers la Place Jules Vallès, l’homme au pistolet mitrailleur venait de rejoindre le break en courant et dans l’agitation perceptible même à cette distance, un claquement de portière se fit entendre. Robert, comme instinctivement, se lança vers le téléphone et seule Marcelle sidérée à la fenêtre entendit le bruit du moteur qui démarrait, suivi presque aussitôt d’un crissement pointu de pneus.

 

Le lendemain matin à 7h00 enfin, devant le traditionnel bol de café que sa femme venait de servir, Robert lut à haute voix cet article que le journal du matin affichait dans la rubrique des « faits divers », confirmant s’ils en doutaient encore ce dont ils avaient été tous deux les témoins médusés.

 

« Hier dans la nuit, des malfaiteurs cadenassent les grilles du commissariat de police avant de cambrioler un magasin de prêt-à-porter du centre-ville et d’emporter leur butin. »

 

                                                                                    Jean-François SAUTIERE