SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N° 5

1-2-3-4 - 5-6-7-8-9-10

 

 

Janvier-Février-Mars    2003

 

Illustration BD page 2

Patrick MERIC

Mot de Monsieur le Maire page 3

Guy BRICOUT

Evocation "Michel QUINT" page 4

Denise LEPRETRE

JEUNES

 

Quatre ans de vide page 5

Floriane KUROWIAK

Je t’aimais tant page 5

Caroline LALISSE

Le jour – la nuit page 5

Joffrey

Mars page 6

Ecole St Michel

J’aime Noël page 7

Fanny

J’ai trouvé page 8

Ecole Ferdinand Buisson

Herbe folle

 2001 – 2002 page 9

Hector MELON d’AUBIER *

LUCIOLLE *

HUMOUR

 

Un conte ed’Noël page 10

Jean-Pierre LEFEBVRE

La faute à Gaston page 11

Jemael-C

Les pastil’s toutafait page 12

Daniel CARLIER

Philos…oeufie page 13

Jean- Claude LAMPIN

Les baisses à mémère page 14

Julien VERNAGUT

ADULTES

 

Rondeau d’un nouvel an page 15

Jean-Luc EVENS

La fable du fou page 16

SAINT-HESBAYE *

Viens dans ma maison page 17

Chantal LEFEBVRE

Invitation page 18

Geneviève BAILLY

Deux petits motspage 19

Françoise LELEUX

Aquarelliste page 20

Olivier CATIEAU

Pensées page 20

René BERNARD

Acrostiches à la tendresse page 21

Monique DELCROIX

Un jour et  Goutte d’eau page 22

HERTIA-MAY

Noël page 23

Jean-François SAUTIERE *

Premier ailleurs page 24

Thérèse FABIAN

Pour toi page 25

Charly WAL

A l’encre indélébile page 25

Jean-Claude FOURNIER

Tom et Jerry page 26

Andrée COUVREUR

Intimité page 27

Jacky LEMAIRE

La prière du clochard page 28

Jean-Charles de Beaumont

Les étrennes page 29

Paule LEFEBVRE *

Un conte de Noël page 30

Denise LEPRETRE

 

 

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Editions littéraires

*  Retrouvez l’auteur dans la revue littéraire.

 

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MOT DU MAIRE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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CAUDRY le 16 octobre 2002

Madame, Mademoiselle, Monsieur

Entre vos mains vous tenez déjà le N°5 de la CAUDRIOLE, devenu en très peu de temps une véritable gazette littéraire locale qui semble avoir acquis ses lettres de Noblesse, à en juger par l' attente fébrile qui précède chaque trimestre sa parution.

Il faut saluer comme il se doit cette initiative à l'heure où nos jeunes enfants ont semblent-ils perdu le goût de la lecture qui pourtant façonne l'individu. On devient homme qu'après avoir accompli un parcours littéraire qui nous fait découvrir toutes les richesses de notre culture.

Cette période de NOËL propice aux cadeaux nous offre une formidable occasion pour fleurir de livres le pied des sapins avec les trésors de notre littérature fantastique et romanesque.

Encore bravo pour cette initiative et j'adresse toutes mes félicitations à tout ces auteurs qui chaque trimestre nous apportent la primeur de leur production artistique.

Enfin je souhaite à tous d'excellentes fêtes de fins d'années en formulant l'espoir que cette Année nouvelle vous apporte Bonheur, Santé et Prospérité.

Le Maire de Caudry,

Conseiller Général du Nord

Guy BRICOUT

 

 

 

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4 ANS DE VIDE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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 Je quitte mes 15 ans

Pour prendre mes 19 ans

4 ans où je n’existais pas

La vie je comprends pas

Je quitte l’adolescence

Jy fais ma révérence

Pour plonger là où je ne connais pas

C’est si grand je ne me trouve pas

4 ans si vite passés

Etais-je heureuse ou dépassée ?

4 ans pour une personne

A donner sans qu’elle me donne

Sortir de mes 15 ans

Attraper la vie prendre le courant

Commencer direct à 19 ans

Plonger dans les torrents

A 15 ans c’est trop facile

Pas de remous y’a tout qui brille

A 19 ans tu heurtes la vie

T’empales sur les rochers et entames ta survie

4 ans sans exister

Pour une personne à tout donner

4 ans sans exister

J’ai tout à rattraper

 Floriane KUROWIAK

 

 

P3

 

PETITE CHRONIQUE LITTÉRAIRE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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MICHEL QUINT

 Un écrivain de chez nous, un dunkerquois.

Il s'est fait connaître l'an dernier par un très mince volume : "Effroyables jardins. Quel titre allez vous penser ! Il est inspiré par deux vers d'Apollinaire :

"Et que la grenade est touchante

Dans nos effroyables jardins"

Ce petit ouvrage relate le destin d'un instituteur-clown…histoire de Résistance mi-tragique, mi-comique sur fond de procès Maurice Papon. Des événements historiques : l'attentat contre la centrale de Douai, beaucoup de fraternité…et tout ceci souvent en patois du Nord !

Et voilà que Michel QUINT récidive avec une "suite" : "Aimer à peine". Le narrateur rencontre coup sur coup l'officier allemand qui fut à l'origine de l'arrestation de son père et la belle allemande rencontrée dans une salle de bal, autrement dit, croit-il, le Mal et le Bien…sauf que rien n'est jamais aussi simple…le vacillement des certitudes est très bien retranscrit, le tout avec un sens du suspense qui fait presque de ce roman un polar…

 Denise LEPRÊTRE

Deux minces petits livres, qu'on aime relire (Editions Joëlle Losfeld, chacun 7, 50 €)

 

 

 

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J’AI   TROUVE ...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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J’ AI   TROUVE

Dans un grand magasin

Un très gros dalmatien.

Dans un sac en plastique

Un tigre mécanique.

Et au fond du salon

J'ai trouvé un bâton.

Laly Cano

J’ AI   TROUVE

 

Dans le grand beau salon

J'ai trouvé un bouton.

Dans un très grand sachet

Une petite pièce de monnaie.

Au milieu de la rue

Un petit chien perdu.

Daphnée Coustenoble

J’ AI   TROUVE

J'ai trouvé sous mon lit

Une grosse bougie.

Au milieu des melons

Poussait un gros bouchon.

Dans la boîte de collants

Une armée de cure-dents.

Sébastien Drode

J’ AI   TROUVE

Au fond de mes chaussons

J'ai trouvé des boutons.

Dans ma boîte à musique

Il y a des mosaïques.

Sous les pattes du mouton

Des papiers de bonbons.

Cachés dans la laitue

Des morceaux de tissu.

Dans le nid d'une chouette

Des gommettes violettes.

Astrid Lerouge

J’ AI   TROUVE

Dans une grosse bouteille

Une boucle d'oreille.

Dans mon sac de pique-nique

Un très gros élastique.

J'ai cueilli un bouton d'or

Au pied du château fort.

Et des pièces de monnaie

Pour faire un bracelet.

Laurie Louchard

J’ AI   TROUVE

J'ai vu un petit chien blanc

Dans un magasin très grand.

Et puis une fleur en bouton

Dans un p'tit trou de bâton.

Et une feuille argentée

Dans mon jardin enchanté.

J'ai trouvé un Père Noël

Dans une petite ruelle.

Un tout petit chevalier

Sous mon petit chandelier.

Julie Boulon

J’ AI   TROUVE

J'ai trouvé des étoiles dans le sable

Je les ai toutes mises dans mon cartable.

Dans la forêt des sapins verts j'ai croisé

De belles feuilles dorées que j'ai ramassées.

Pour pouvoir mettre dans mon cahier

Ce joli bouquet composé

De sapins, d'étoiles et de feuilles dorées,

Ma maman m'a acheté

De la colle et des paillettes dorées.

Océane Flavigny

J’ AI   TROUVE

Au fond de mon bureau de bois

Il y a beaucoup de soldats

Sous la semelle de mon chausson

De très jolis petits camions.

Sous le siège de ma voiture

Un joli bâton de mesure.

Dans la grosse laine du mouton

De très jolis petits boutons.

Et tout au bout de mon tableau

J'ai dessiné un grand bateau.

Mathieu Billoir

 

 

 

 

P5

 

 JE T AIMAIS TANT….

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Plus le temps passe,

Plus mon amour s’efface,

Il y a encore des traces,

Et une mélodie basse,

Mais loin des yeux loin du cœur,

Plus tu me manques, plus je t’oublie,

Et cela m’écœure,

Moi qui t’aimais tellement mon chéri,

C’est dommage, cela m’ennuie,

Mais nous deux, je crois bien

que c’est fini…

Caroline LALISSE

 

 

P6

 

 

LE JOUR - LA NUIT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Ce matin, le soleil apparaît à l’horizon

On dit qu’il "se lève"

Plus haut dans le ciel : on dit qu'il est

Au zénith

L'après-midi, le soleil descend.

Le soir, il disparaît à l'horizon, on dit qu'il se couche.

Pendant la nuit, on ne voit plus le soleil :

il est de l'autre côté de la terre.

Certaines nuits, on peut voir la lune et les étoiles.

JOFFREY

8ans

 

 

 

 

 

 

 

P7

 

MARS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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 Et oui, petit coquin,

Tu es le plus malin !

Avec tes pluies éparses,

Tu nous fais des farces ;

Mais avec tes giboulées,

Tu nous gèles le bout du nez.

Non, non, ne regrette rien !

Car on le sait bien,

C’est chacun son tour,

Et toi, tu as 31 jours !

Profites-en car après va-t’en !

Après FEVRIER c’est MARS

Mais attention AVRIL se prépare.

Ecole Privée Mixte St Michel de Caudry

Classe 6-8 ans

 

 

P8

 

J’AIME NOEL

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Demain, c'est Noël. Moi, j'aime bien Noël.

Papa apporte un sapin avec des boules et des guirlandes.

Soudain, on sonne à la porte, j'ouvre la porte

et je vois un panier avec un petit chat dedans !

- maman, on va le garder le petit chat ?

- demande à papa si il veut

- Oui, répond papa

- Il a froid !

- Maman, je le réchauffe,

- oui, Fanny.

- Maman, je peux lui donner un prénom ?

- Je vais l'appeler Minou.

Maintenant, je dois aller à l'école et après, je jouerai avec Minou.

Minou c'est l'heure d'aller coucher.

Maman et papa sont partis avec le taxi

pour aller faire des courses.

Fanny 7 ans

 

 

P9

 

UN CONTE ED'NOEL

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Ferdinand y'aveut pris s'n'après-midi pou aller trifouiller dins les boutiques.

In étot l'velle ed'Noël et y voulot faire inne surprise à s'finme Léocadie. Y y'aveut acaté un bé écourch'wai et un caraco brodé.

L'vindeuse aveut intortié ses cadeaux dins un papier bleu aveuc des Pères Noëls in relief, l'tout loïé aveuc un rubin guinne tout frisotté.

L'brinne al éteut quéhue et y éteut fin contint d'rintrer dins s'belle auto toute nouaive in quintint inne quinchon du timps de s'grind-mère Palmyre : Le timps des cérisses.

In rintrint à s'mason y n'd'est resté comme deux donds d'frites.

L'mason al éteut vide : pus inne cahière, pus inne tape, pus inne amelle, pus ré. Juste inne lette ed Léocadie : al expliqueut qu'a n'd'aveut marre ed li et qu'al n'arvéreut pus jomais.

Les guinmes ed Ferdinand, al z'ont flonfi et y a attrapé l'trinnette, d'autint qu'y aveut un mot d'sin binquier disint que Léocadie a y'aveut vidé sin compte. Il y resteut jusse treus mille frincs qu'y aveut muché dins l'guernier.

I n'd'arvneut pos : Léocadie qu'y aveut si cair ! A c'momint lo, l'téléphone y a sonné : c'éteut sin patron qui y'annonceut qu'y éteut rinvoyé. Rinvoyé, li, l'meilleur contremaître d'l'usine.

Tout éparvaudé y'armonte dins s'n'auto et y part à toute berzingue. Au primier virage, y'éteut tellement brouillé y rinte tout dreut dins l'mur : arnétiée, l'belle auto ! Cà c'éteut l'goutte in trop.

Comme un meu-meu, y s'met à queurir dins les rues in criint, in s'disint :

<<j'vas m'arwer dins l'canal>>.

A un tournint y s'déchoule dins queuqu'un. C'éteut un grind homme aveuc inne barbe toute blinque et un grind minteu rouche aveuc un capuchon.

<<Du que t'queurs comme ça ?>> qui l'y d'minde l'homme.

<<J'vas m'arwer dins l'canal >> Et Ferdinand y explique ses tourmints.

<<Mais, au fait, qui c'est y qu'vos êtes ?>> qui d'minne Ferdinand.

<<Mis, j'sus l'père Noël et si te veux j'peux t'faire ravoir tout çou qu't'as perdu.>>

<<Bas ouaite ! Tout ça c'est des contes>>

<<Comme té voras, salut>> et l'homme tourne les talons.

<<Attinds, t'es vraimint l'père Noël ?>>

<<Suremint, acoute ! Si te m'paie un bon gueuleton et inne monte in or, tin voeu y s'réalisera.>>

Au point qui n'd'éteut, Ferdinand y accepte.

Y acate inne belle monte in or et y s'in vont dins l'pus grind restaurint faire bombince aveuc caviar, chimpagne tout çou qu'y aveut d'pus quair.

In sortint, Ferdinand y dit :

<<J'ai fait çou que t'mas dit. Mintenint rinds me m'finme, m'n'ouvroche, m'n'auto, mes sous>>.

<<Ferdinand qué l'ache é qu't'as ?>>

<<Cinquinte chonque ins>>

<<Et à cinquinte chonque ins te creus cor au père Noël ?>>

Et y débuque in queurint. Ferdinand y sint inne suée qu'al l'invahit et y s'met à braire dins l'nuit freute et noirte.

C'est à c'momint là qui s'est sinti aloté comme un ape à prones.

C'éteut Léocadie :

<<Mintenint te brais en dormint ? Ravise te, t'es tout cru ! Te devreus t'arrêter d'tint mingé in soupint. Ca n'te réussit pos.>>

Et al éteint l'limpe ed chevet et al s'rindort in bertonnint.

JEAN-PIERRE LEFEBVRE

 

 

P10

 

LA FAUTE à GASTON

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Nous nous trouvons un beau matin à la ferme du vieux Zéphyr.

Il est 9 Heures du matin. Zéphyr attend un journaliste local qui s'intéresse au phénomène suscité par le concours de la vache qui rit.

Ah ! Le voilà qui arrive.

<<B'jour M'sieu l'journalisse !>>

<<Bonjour Monsieur Zéphyr ! Alors vous allez me livrer le secret du pourquoi la vache rit ?>>

<<Ben ouais ! Min gas. Mé faut qu'teu soche que ché la faute à Gaston chi ché vaques y ritent.>>

<<Gaston ? Qui est Gaston ?>>

<<Euch'Gaston, ché in poffe diape ! Y vient chi eum'donnin in keu d'min pou s'faire plaisir. Y la pas d'tiète. Mé teu va vire. Arwet', y lé là-bas. Appoïé sur l'barrière à raviseu ché vaques. Y l'arriv' chi à sept du matin et y s'arvat aux viapes.>>

<<Tous les jours ?>>

<<Ouais ! Tiot ! Tous les jours qu'euch'bon Diu y fé !>>

<<Mais quel rapport avec les vaches qui rient ?>>

<<Attins ! Teu va rire.>>

<<Gaston ! Gaston, viens chi vire ! Euch'l'homme chi, y voudrot vire quet'quosse.>>

<<Ouais, M'sieu Zéphyr ! Quo qu'y veut ? Si j'peux rinte service.>>

<<Tien ! Prins ch'tabouret et va trair'inn'vaque !>>

<<J'y vas tout'suite ! M'sieur Zéphyr.>>

Et en attendant, Zéphyr et le journaliste discutent du temps, des semis, des récoltes, des problèmes agricoles.

Une heure passe ainsi.

Gaston revient tout essoufflé.

<<Mé quo qu'y t'arrife ? Té tout essouffleu et teu sue des gouttes come min peuche ?>> dit Zéphir en souriant.

<<All'font quié tes vaques ! Pou lé traire cha allot. Mé l'pu dur cha été eud'les asseoir such'tabouret ...

JEMAEL C.

 

 

P11

 

LES PASTIL'S TOUT A FAIT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Bonjour mes tiots infants ! Vous allez bin j'espère ?

I m'répontent tertous "Tout à fait bin grind-père !"

V'là des mots qu'in intind du matin jusqu'au soir,

Qu'in seuche à nou mason ou bin d'sus ein trottoir.

J'parlos aveuc em feumm', ch'étot l' sémin' dernière,

In faijot su nou vies, ein tiot r'tour in arrière,

Et automatiqu'mint mi j'y donne em n'avis,

Al répond m'ravisant "Tout à fait min papy !"

Comm' cha arrif' souvint, j' discute aveuc Mimile,

In évoque el chômache, el pollution in ville,

Pis j'ajout' comarate, ej va fouir min gardin,

I m'répond s'artournant "Tout à fait min copain !"

Mais ch'est qu'ch'est contagieux, et cha gane et cha gane,

A croire eq ouai ou non i sont quaïus in panne ;

A quater vingt dij ans, al aussi, m'biell' manman,

Al m'intiqu' "Tout à fait" dins m'n'orelle in criant.

Tout à fait, sins arrêt, j'n'in peux pu, cha m'énerfe,

J'ai té à l'pharmac'rie, i-a caché dins s'réserfe,

Et i-a dit pou t'calmer, v'là ein' boîte ed cachets !

Et d'pus ch'timps là j'aval' les pastil's Toutafait.

Daniel CARLIER

 de Lambres lez Douai

 

 

 

P12

 

PHILOS....OEUFIE OU

LES BUSIACHES D'UN JONNE D'OEU

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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 Un oeu, fraîch'mint pondu, à l' coïette dins s' coquille,

S'interrogeot d' savoir, li qui n'avot rien vu,

Si l' avnir ferot d' li un garchon ou eun' fille,

Ou si i s'rot mingé, avant d' avoir vécu.

Les busiaches d’un jonne d’oeu, queut de l’ tout’ dernière ponte,

D’ un ébauche ed’ pouchin, sous s’n’ écalhe, à peine né,

Nous rappell’tent, qu’ ichi bas, depuis que l’ monte est monte,

Les gins veul’tent savoir c’ que l’ lend’main séra fait.

L’ not’ rêvot d’devénir de ch’ l’étaulette el’ ro,

Ou miux co batillard, même d’faire de l’ météo

In juant aveuc el’ vint, jouqué sur sin cloquer.

Personne n’a cru in li, n’a foqu’ un qui l’a gobé,

Li seul saura, mes gins, c’ que tertous in cachot

Qui de ch’ l’oeu ou de l’ glaine avot c’minché l’ premier.

Jean-Claude LAMPIN

Mars 2002

  

 

P13

 

LES BAISSES A MEMERE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Comm'mes parints i travaillotent

Bin! ch'est Mémère qu'alle m'a el'vé!

Ses baiss' quéotent comm' à Gravelote

Alle n'arrétot pas d'm'in donner.

 

Ché tot douch' d'êt' in sin bajoté,

S' viell' bouqu' qui faijot des lachets

Laichot à la fin del journée

Min tiot visach'tout essoilé.

 

Que régal les baisses à Mémère!

Ch'est toutpartout qu'alle m'in donnot

Et je n'pinsos mêm' pus à braire.

Heureux comm'un pichon dins l'iau

 

Dév'nu grind cha été à mi

Ed'l'imbrasser et forcemint

Comm'un coulon qui tap' à nid

Alle roucoulot ed contint'mint

 

Mes lefs barboullées d'confitur'

J'y faijot des baisses qui guilottent.

Avint d'arriver d'sus figur'

Pou s'y coller comm'des maclotes

 

Quind j'ai eu l'ache ed fréquinter

J'ai dit Mémère faut qué j'partache

T’aras pus la priorité

Ch’est pou cha qu’alle s’a mis in rach’

 

Alle m’a traité d’gind agosil’

Et ch’pindant j’n’avos rin fait d’ma

Pou inne tiot’ baiss’ fait à inne fill’

Alle étot dins tous ses états !

 

Alle me dijot j’t’ai vu l’aut’ jour

T’étos tout au bout del voyet’

Aveuqu’ des yux luijant d’amour

T’y faijot des baiss’s à bouquett’s…

 

Mémère alle étot malhéreus’D

é s’vir’ insin dépossédée

Alors j’ai dit à m’ n’amoureus’

Faut faire quét cosse pou l’consoler

 

Insenne in a été l’treuver

Et in i’a dit : in va s’marier !

Veux-tu bin mémère t’occuper

De ch’ti qui s’ra no tiot permier ?

 

J’sus d’accord qu’alle a arpondu

Mais étint donné min grind âch’

Mes tiot bradés n’attindez pus

Allez vit’ vous mett’ à l’ouvrache !

 

Mémère alle va pouvoir seurtir

Tous les baiss’s qu’alle a mis d’côté !

Cha l’impéch’ra d’trop vit’ morir

In amiclotant ch’tiot dernier.

Julien VERNAGUT

Janvier 2001

1er prix des joutes poétiques de la Francophonie des ROSATI

 

 

P14

 

RONDEAU D’UN NOUVEL AN

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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 Une étoile est née dans mon cœur

Le soir où je t’ai rencontrée,

Le soir où tu m’as démontré

Qu’il existait un vrai bonheur.

 

Je cherchais en vain l’âme sœur

Quand à des lustres de l’été,

Une étoile est née dans mon cœur.

 

Je ne sais dans quelles lueurs

Se sont dilués les baisers,

Les premiers mots enfin osés

Mais depuis ces instants de fleurs,

Une étoile est née dans mon cœur.

 Jean-Luc EVENS

Extrait de l’ouvrage " Ombres et Lumières "

 

 

 

P15

 

LA FABLE DU FOU

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Un poète ou un romancier, qui sait ?

S’évada un jour de ses Iles d’Ors

De son lointain asile d’exil

Pour épouser la vérité.

Autour de la couleur uniforme

Des dieux et des maîtres irrités,

Il compta tant de fous en uniformes

Qu’il regretta de s’être libéré.

Il parcourut des palais très hauts

Avec des croix et des toits peu courants

Où croassaient des frères corbeaux

Emmurés, déguisés en sages blancs.

Pensant que sa raison vacillait,

Il maudit leurs voix qui vénéraient

L’unicité par rites et simagrées

Qu’ils tressaient dans leur antre condamné.

Notre poète fou prit soudain peur

Devant ces gens de vertu supérieurs

Qui à la vue de son âme nue

Le rejetèrent avec des haut-le-cœur

Dans une cage d’ombres l’étiolèrent…

L’artisan littéraire

Est un fou de soleils

Il s’éclaire l’âme de ces temples de lumières

Comme un aveugle à sa muse se repère

Mais se noie en fétu têtu dans les courants

Perdus, dans les airs des amers déserts.

SAINT-HESBAYE

 

 

P16

 

VIENS DANS MA MAISON

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Si tu as froid, si tu as faim,

Viens dans ma maison,

Tu trouveras le gîte et le couvert,

Et un grand feu brillera.

Si tu as peur, si tu as mal,

Viens dans ma maison,

Tu trouveras la lumière,

Et la douleur s’apaisera.

Si tu es seul, si tu pleures,

Viens dans ma maison,

Tu trouveras une amie,

Et dans ses bras tu pleureras ;

Ma maison ouvre grand sa porte,

A toi qui souffres,

A toi qui a faim.

Si un jour, le destin

Te guide jusque-là,

N’hésite pas, franchis le pas,

Viens dans ma maison.

Chantal LEFEBVRE

 

 

P17

 

Invitation

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Amis, vous qui passez à deux pas de la ville,

Venez vers les clochers de Martine et Martin.

Notre belle cité vous prendra par la main,

Toute d’art et d’histoire, en son charme tranquille.

Régnant sur le jardin, un papillon rutile.

De rues en boulevards découvrez le chemin

D’un riche patrimoine et d’un vieux parchemin.

De légende en trésor, la moisson est fertile.

Emportés par l’attrait d’un glorieux passé,

La majesté d’un Cygne*, et du site classé,

Ici, rêvez un peu, dans les fleurs, près de l’onde.

Si vous êtes friands, là, d’une gourmandise,

Cambrai recueillera votre humeur vagabonde,

Pour vous séduire encor,

le temps, d’une bêtise…

Le Cygne de Cambrai : FENELON

Sonnet irrégulier : Sonnet qui cloche,

 Ou qui berloque ! (patois)

Geneviève Bailly – 1997.

 

 

P18

 

Deux petits mots…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Deux petits mots s’en vont chantant

Deux petits mots s’en vont dansant

Deux petits mots courent dans le vent

Deux petits mots fêtent le Nouvel An !

Deux petits mots sont à la fête

Deux petits mots dansent sous le gui

Deux petits mots chantent à minuit

Deux petits mots survolent la table de fête !

Tels deux papillons, ils s’envolent et éclosent

Sur les joues, les yeux, dans le cou, les cheveux

Remplis de souhaits, de bons vœux,

De bouche en bouche, le bonheur se pose !

Parfois discrets, sincères ou déguisés

Ils sont deux messagers uniques

Dans ce changement de chiffre…

Pour vous souhaiter : Bonne Année !

Françoise LELEUX

 

 

 

P19

 

AQUARELLISTE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

J’entre dans tes silences,

Tes souvenirs impurs,

Ces quelques confidences

Que tu accroches au mur,

J’entre dans la lumière

Qui doucement t’éclaire

Quand ton âme s’envole…

Gracieuse aquarelliste,

Nous avons en commun

Les songes de l’artiste,

Ces mystérieux parfums

Qui emplissent nos cœurs

De mots et de couleurs

Quand nos âmes s’envolent…

Ton art est un chemin

Qui mène à l’arc-en-ciel,

Jamais aucun jardin

N’aura de fleurs si belles…

OLIVIER CATIEAU

Extrait de " Des mots à contre-jour "

 

 

P20

 

PENSEES…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

L’homme est capable d’accomplir

Des choses extraordinaires, voire même prodigieuses.

Mais les plus merveilleuses se font dans l’humilité.

*****

 Par orgueil et vanité on veut atteindre

Les plus hauts sommets, on est insatisfait.

La chute est souvent très douloureuse.

*****

Celui que l’on a fait ramper toute une vie

Ne se plaint pas, car il ne tombera jamais.

de René BERNARD

 

 

P21

 

Acrostiches à la tendresse…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Grimpée, en ses bras près du feu,

Ravie assurément, contre elle,

Apprendre à lire, était un jeu :

" Ne bougeons plus ma tourterelle,

Donne ta main mon oiseau bleu ;

Mon ange, sous ton doigt épèle,

Essaye, vite, allons tu peux…

Répète, disait sa voix frêle,

En t’appliquant encore un peu…

"M’aimeras-tu toujours, quand les neiges de l’âge,

Auront de fils d’argent, envahi mes cheveux,

Ridé de fins sillons, les traits de mon visage ?

Il te faut maintenant, le dire si tu veux,

Au bas de cet autel… Ton oui ! Transport, délices,

Grise mon cœur de joie et comble tous mes vœux…

Exorde, à jamais nous vivrons, d’amour complice …

Monique DELCROIX

Spaf 2001

1er Prix Poésie Classique

 

 

 

 

P22

 

UN JOUR

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Un jour, sur la route blanche

J’ai perdu le temps,

Mes rides se sont effacées

Guéries par le vent.

Le vent a séché nos pleurs,

En même temps que nos rires

Le ciel s’est coagulé

Au dessus de nos yeux

Le monde s’est détraqué

Je l’ai cassé.

Mon cerveau génia

A brûlé la terre.

Le soleil suspendu,

J’ai regardé le jour

Se figer dans mon regard

D’homme métallique.

Mes dernières pensées ont été pour elle :

La seule fille jamais aimée par un robot.

Mais, bon Dieu…

Pourquoi m’a-t-on mal

Programmé ?

HERTIA-MAY

Mars 1973

(inspiré par les romans d’Asimov

et la musique de Pink Floyd)

 

 

P23

 

Goutte d’eau,

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Belle orpheline d’une ondée soudaine,

Ne te donne pas tant de peine

Pour paraître à mes yeux

Un diamant étincelant de mille feux

Au décor de la rose mouillée.

Le soleil ira sécher

De son haleine mortelle

La perle frêle

De ta floraison cristalline,

Mais la rose, gamine,

Restera épanouie

Au soleil qui t’a évanouie.

HERTIA-MAY

20 Juin 1969

 

 

 

P24

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

NOËL

 

L’étoile d’Orient scintille dans le ciel.

Sur le buffet verni, on a monté la crèche.

Dehors l’oiseau a froid, la neige se dépêche :

C’est Noël.

Les passants dans la rue arrêtent aux vitrines,

Sur la petite place il y a des sapins

Habillés de lumière et la lune, très loin, Se devine.

C’est Noël.

Je voudrais être un petit enfant.

A cet âge la terre est plus près des étoiles

Et le rêve doré ne connaît pas les voiles Du tourment.

Ma mère m’emmenait autrefois à l’église.

La crèche était immense avec beaucoup de paille

et les parois étaient couleur de la rocaille très grise.

Dans son lit fait de paille un tout petit enfant était couché.

Près de lui, à genoux, un homme

Et une femme avaient un doux sourire comme

Lui, dormant.

Dans le fond de la crèche il y avait un âne

Et un bœuf magnifique au large poitrail blanc.

A la pâtisserie il y en avait en Frangipane.

Que ce temps était doux ! lorsque je le revois

J’en ai toujours un peu le cœur serré ; mais j’aime

Comme hier ressentir la paix, celle-là même

Qu’autrefois. La cloche carillonne et lance au cœur du ciel

Ses notes de bonheur à travers la nuit fraîche.

Il est minuit… Les hommes prient devant la crèche :C’est Noël !

Jean-François SAUTIERE

1977

 

 

P25

 

PREMIER AILLEURS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

La poussière dansait dans les rais de soleil,

Les cigales chantaient dans les roses trémières,

Les fruits vermillonnaient dans la blanche corbeille,

Et moi je rêvassais dans un bain de lumière.

La maison était vide, écrasée de chaleur,

Le jardin pour moi seule exhalait ses senteurs,

Les bouquets fleurissaient dans ce cadre enchanteur,

Pour broder l’euphorie au gré de mes couleurs.

C’était un lieu de paix où le vent se repose,

Où l’on pouvait ouïr la chanson du silence,

Voir dans le bleu du ciel un grand marronnier rose,

Et sombrer doucement dans la tendre indolence.

Le calme était profond, tout semblait assoupi,

Le bonheur déployait ses ailes diaprées,

Déroulait ce jour là un superbe tapis,

Pour me faire oublier l’incursion de l’ " après ".

Les murs ensoleillés de belles figurines,

Se paraient, lumineux, d’un crépi virginal.

C’était le paradis, là-haut sur la colline,

Mon éden d’un été, mon éclatant fanal.

Thérèse FABIAN -

Dechy

 

 

P26

 

 POUR TOI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Je voudrais être : Le vent pour caresser tes cheveux,

Le soleil pour bronzer ton corps et dorer ton cœur,

La plus haute montagne des Pyrénées,

Pour t’élever au plus haut dans les cieux,

La mer Méditerranée pour te bercer au beau milieu de ses flots bleus,

La petite vague de la plage, pour venir mourir à tes pieds.

Je voudrais être : Le noir, pour envelopper tes rêves de nuit,

L’aurore, pour que tous les oiseaux du ciel

Puissent entamer leurs premiers chants d’allégresse,

dès l’ouverture de ta fenêtre.

Je voudrais être : Le berger des Pyrénées, là-haut avec son troupeau,

Pour découvrir à travers ces beaux petits nuages blancs,

Ta petite maison blottie au fond de la vallée.

Je voudrais être : L’aveugle, traversant cette rue, et sentir ta main

Dans la mienne, pour guider mes pas de nuit.

C’est comme cela que je voudrais être : Uniquement pour toi,

Rien que pour toi,

Pour t’aimer, te réconforter,

Et si tu le veux, pour m’aimer.

CHARLY WAL

 

 

P27

 

A L ENCRE INDELIBILE

.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Avec ses dunes d’or et ses bosquets de pin,

Ses oyats qui se prêtent aux facéties d’Eole,

Ses argousiers sauvages, ses mousses, ses herbes folles,

Ses marais et ses sources, ses garennes, ses chemins,

Ses cours d’eau paresseux, ses antiques moulins,

Ses bancs, ses gués, ses rus, ses étroites rigoles,

Ses plages infinies que ses miaules survolent,

Ses côtes, ses vallées, ses talus, ses jardins,

Ses refuges de pêche, ses anses de plaisance,

Ses coquettes villas, ses fêtes et ses danses,

Ses châteaux, ses manoirs, ses accortes maisons,

Sa mer dont nulle part on ne trouve d’égale,

Sa beauté, son renom – Perle des Quatre saisons-

C’est le suc de ma vie, à jamais, mon Opale !

 Jean-Claude FOURNIER

 "

 

P28

 

TOM ET JERRY …

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 Je revois le canal, la péniche, au mois d’août… ;

La maison où le chat se lèche à la nuit brune,

Attendant la souris inquiète au clair de lune ;

Elle ne viendra pas…, rien ne sort de l’égout.

Les matous, maintenant, ne sont plus comme avant,

Aux dires des anciens, ils recherchaient leur croûte

Et taquinaient Jerry qui courait sur la route.

Puis ils faisaient la sieste à l’abri d’un auvent.

Le brave Tom écoute un pas sur le ciment.

Ses maîtres vont rentrer… ; il va trouver sa boîte,

Une caresse en hâte au creux de la nuit moite

Et beaucoup de silence autour d’un cercle aimant.

La maligne Jerry se rend dans le vallon,

Pendant que dort le chat, les souris fraternisent.

A la cuisine, au chaud, les félins s’éternisent,

Puis vont se reposer au milieu du salon.

Si tous les chats faisaient ensemble leurs ronrons,

Si toutes les souris pouvaient faire une ronde,

Calme serait le temps et beau serait le monde,

Ainsi que les humains devenant gais lurons.

         ANDRÉE COUVREUR

         " Ombre et Lumière "

 

 

 

P29

 

INTIMITE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Derrière les fenêtres

De la ville,

Que se passe-t-il ?

Pourquoi suis-je attiré,

Ivre de curiosité,

Vers elle, je vais,

Chien errant

Tout en criant

Famine.

Derrière les fenêtres

De la ville,

Que se passe-t-il ?

Des lumières s’allument,

Une ombre se dessine,

Celle d’un enfant,

D’un vieillard,

D’une maman,

D’un clochard…

Derrière les fenêtres

De la ville,

Que se passe-t-il ?

Il sera bientôt minuit

Voici venue la nuit,

On se déshabille,

Un cœur bat,

Deux cœurs s’ébattent

Puis meurent…………

Jacky LEMAIRE

  

 

 

P30

 

LA PRIERE DU CLOCHARD

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Du fond de cette église, je viens vers toi Seigneur,

Je viens te raconter ce que j’ai sur le cœur.

La misère est mon lot, je gîte où je peux,

Je suis un pauvre hère un misérable gueux.

Et de plus, on me fuit je fais peur aux enfants,

Mais toi tu le sais, je ne suis pas méchant,

Je viens me réchauffer, car dehors, il fait si froid

Et pour te dire bonjour. Tu es là je le crois.

Chaque jour tu attends au fond du tabernacle,

Tu nous regardes tous, de ton saint habitacle.

Il m’arrive parfois d’entrer dans une église,

Sous la pluie, dans le vent et sous la bise.

Dehors, je fais la manche à ceux qui te disent

Qu’ils t’aiment : Messieurs, dames d’élégantes mises.

En somme c’est par toi, s’ils me font l’aumône

Quand ils viennent ici dès que la cloche sonne.

Mon bon Jésus, merci tu diriges leurs mains,

Ainsi je peux manger saucisson sur mon pain.

Certains viennent ici, parce que c’est l’habitude,

Et d’autres, c’est pour prier, meubler la solitude.

Moi c’est pour te parler ; te crier ma misère

A qui le dire ? Mais à toi ! n’es-tu pas mon frère ?

Pardonne au pauvre gueux, qui parfois fait effort

Pour remonter la pente, mais je retombe encore.

Tout jeune j’ai perdu ma très bonne maman,

Papa se mit à boire, j’étais seul à dix ans.

Maintenant, c’est mon tour, je bois plus qu’il faut,

Mon Dieu, je le sais bien, tout cela n’est pas beau.

Que veux-tu que je fasse ? Avec d’autres clochards

Sous le pont on partage pain, sardines, et pinard.

Ah ! que les jours sont longs ; les nuits plus encore.

Puis ça recommence, une nouvelle aurore

Paraît à l’horizon nébuleux, la grisaille

Des jours m’enlisent, vautré sur la paille.

Parfois sur un chemin, au coin d’un carrefour,

Tes mains clouées au bois, crient, clament ton amour

Pour moi. Ah ! donne moi la sainte espérance

Qu’un jour je te verrai, dans une aurore immense.

Maintenant, je m’en vais, mais à ta douce mère

Permets que j’adresse une ardente prière.

Bonne Dame, entend moi, n’es-tu pas ma maman ?

Ecoute la prière de ton pauvre enfant.

J’ai mené triste vie ; j’ai roulé dans la fange,

Mais je me souviens des paroles de l’ange.

Quelquefois dans la nuit, en mon cœur je te prie

Et comme l’ange je dis ; je vous salue Marie.

O toi, porte du ciel, Ah ! viens, viens m’accueillir.

Du grabat de clochard, dès mon dernier soupir

Ouvre moi tes deux bras, comme ton fils en croix ;

Pour me conduire enfin dans l’éternelle joie.

Lieu de paix, lieu d’amour, dans l’unique lumière

Parmi les cœurs des anges en la maison du Père.

JEAN-CHARLES JACQUEMIN

alias JEAN-CHARLES DE BEAUMONT

   

 

P31

 

 LES ETRENNES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Ce pourrait être de l’argent,

Ou des gaufrettes en dentelle,

O que nenni, mes braves gens,

Dans mon histoire, y a rien de tel !

C’était l’époque où les mamies

Se perdent un peu en souvenir,

L’époque de la nostalgie

Où le passé tue l’avenir.

Soudain, du sein du chapelet

Egrené bas, en confidence,

Jaillit, du monde des secrets,

Plus qu’un regret, une souffrance.

" Je l’ai perdu ! " crie la Mamma,

Je l’avais pourtant retrouvé,

Et puis écrit sur l’agenda,

Ce nom d’amis que j’ai aimés !

Mais l’agenda, je l’ai perdu,

Perdu le nom, perdu la tête,

Perdus les mots, oh c’est trop bête,

Et chaque jour, c’est un peu plus !

" Mais non Mémé, " dit la Mignonne,

Tendant la main, semi-fermée,

" C’est mon étrenne, je te la donne,

Voilà ton nom, je l’ai trouvé ! "

PAULE LEFEBVRE

 

 

 

P32

 

UN CONTE DE NOËL

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

      C’était un homme comme beaucoup d’hommes de ce temps-ci… Un homme qui aimait son épouse… juste assez…

Il aimait aussi ses enfants, mais il les voyait si peu !

 

En fait, IL N’AVAIT PAS LE TEMPS : il aimait surtout SES AFFAIRES… des affaires pour lesquelles il aurait voyagé jusqu'au bout du monde… Au fond, il avait découvert récemment qu’il s’aimait surtout lui-même… Et cette « solitude à deux » commençait sérieusement à lui peser !

 

      Or, ce jour-là, au lieu de monter vers le Centre des affaires – c’est là qu’il y avait la Bourse, les banques avec leur CAC 40 et leurs O.P.A – il eut comme une forte envie d’aller vers un autre pays… Qu’y avait-il là-bas ? Il n’en savait rien, mais c’était sans doute une pente intérieure qui l’y menait doucement…

 

      Pas de vitrines rutilantes, pas de déferlements de jouets plus électroniques les uns que les autres… Il fut surpris… Il entendit pour la première fois des murmures de sources, le frôlement d’un lapereau surpris, le tireli d’un froissement d’ailes, et au loin des bêlements qu’on aurait dit joyeux… Pour la première fois depuis longtemps – depuis son enfance sans doute – il se surprit à penser : « c’est vrai que c’est beau… c’est vrai que c’est bon…j’avais oublié… Noël… »

 

      Et il se trouva soudain au milieu d’un concours festif d’hommes, de femmes et d’enfants, sans savoir comment il était arrivé là… Personne ne se bousculait ; on laissait le passage aux handicapés avec leurs voitures, aux aveugles avec leurs labradors ; on rendait leurs sourires aux marmots et aux marmottes et on aidait les petits vieux et les petites vieilles à gagner quelques places pour mieux voir… voir quoi ? Il y avait au fond un jeune couple, un bébé… et malgré l’exiguïté relative des lieux, tout le monde entrait… et tout baignait dans la même lumière…

 

      Il hésita en regardant son costume de bonne coupe… c’est que la plupart de ceux qui étaient entrés étaient ce qu’il appelait, sans nuance péjorative, « des petites gens »… mais il y avait aussi quelques femmes sobrement élégantes, et un « monsieur »… « sapé » comme lui, P.D.G. comme lui sans doute… Et tous, pauvres ou riches, hommes ou femmes, enfants ou vieillards… avaient la même petite flamme dans les yeux…

 

      Alors il entra lui aussi, et dit seulement : « Veuillez m’excuser… je viens chercher ce que j’avais perdu… »

Denise LEPRÊTRE