SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N° 4

1-2-3-4 - 5-6-7-8-9-10

 

 

Octobre Novembre Décembre    2002

 

Illustration BD

Patrick MERIC

Mise au point

Paule LEFEBVRE *

Palmarès 2002

XXX

Evocation "Anne CAUDRY"

Denise LEPRETRE

SPECIAL JEUNES

 

J'ai trouvé

Ecole F.Buisson de Cambrai

Ô larme

Ecole Saint Michel de Caudry

Dans la nature

Sophie CANONNE

Requiem pour le tabac

LUCIOLLE *

Au lycée

Floriane KUROWIAK

Ceux que j’aime

ANGELIQUE

ADULTES

 

La ronde

M-J WANESSE

Les petits bonheurs

Thérèse FABIAN DECHY

L’artiste de l’amour

Geneviève BAILLY

Sage résignation

Jean-François SAUTIERE *

Le grand pardon

Gisèle HOURIEZ-MACAREZ

Aux femmes courageuses

Maryse MARECAILLE

Poème sans puits

Muriel VERSTICHEL

La lune monte en lacet

Saint-HESBAYE *

Mon inconnue

Hertia-MAY

HUMOUR

 

L’histoire des dents

Henri LACHEZE

Edvinettes

Daniel CARLIER

L’z’euros

Jean-Pierre LEFEBVRE

L’suppositoire

Guy VILLE

Les gaités du téléphone

Jean-Charles de BEAUMONT

Ben mi, euch’se pas, hin !

Hector MELON d’AUBIER *

NOUVELLES

 

Vacances à la ferme

Françoise LELEUX

La Présidence

Paule  LEFEBVRE  *

 

 

Infos et abonnement    

Editions littéraires

*  Retrouvez l’auteur dans la revue littéraire.

 

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P1

 

MISE AU POINT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Aux auteurs de textes à paraître

Pour des raisons évidentes d’économie, nous procédons par photocopie. Nous retrouvons donc dans leur intégralité toutes les fautes d’orthographe, ou autres, laissées sur le papier original. L’auteur présumé en assume la responsabilité.

Si les textes sont remis à temps, il peut se faire qu’ils soient contrôlés. Dans ce cas la faute détectée peut être corrigée, mais le papier est hélas à refaire. En a-t-on le temps, la possibilité ? J’engage les auteurs à se faire contrôler par leur entourage afin de limiter les dégâts. Merci !

 

 

Aux amis qui s’intéressent à nous

 

 

J’aime à rappeler le but de cette publication.

Il serait prétentieux de vouloir avec elle former des écrivains. D’ailleurs sur quels critères ? Avec quelle formation ? Cela nous entraînerait trop loin et manquerait son but qui est, précisons le encore, de permettre et d’inciter tout un chacun à s’exprimer, à s’ouvrir à la culture, aux autres, à la discussion. La revue restera modeste mais de bonne qualité. Elle sera un lien entre les âges, entre les couches sociales, entre les lieux. Nous recrutons déjà, outre Caudry, à Douai, Cambrai, Ligny, Bertry, Clary, Avesnes, etc…

         Bienvenue à ceux qui nous rejoindront.

PAULE LEFEBVRE

 

 

 

P2

 

PALMARES  2002

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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PALMARES 2002Ont été distingués à plusieurs reprises par les sociétés littéraires suivantes :

 

 

v   Le CEPAL (Centre Européen de Promotion des Arts et des Lettres)

v   L’ALF (Arts et Lettres de France)

v   Les Rosati

 

 

 

 

Félicitations à :

 

 

Ø   Geneviève BAILLY

Ø   Daniel CARLIER

 

Ø   Gisèle HOURIEZ

 

Ø   Jean-Claude LAMPIN

 

Ø   Paule LEFEBVRE

 

Ø   Eloïse OLIVIER (Luciolle)

 

Ø   Jean-François SAUTIERE

 

Ø   Yann VILLIERS

 

 

 

P3

 

PETITE CHRONIQUE LITTÉRAIRE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Vous   souvenez-vous   d’Anne   CAUDRY   ?   ( 1957 - 1991 )

 

Mais oui... cette petite-fille du grand romancier Georges BERNANOS !...

Le plus jeune fils de Bernanos, Jean-Loup, avait épousé une Caudrésienne, Brigitte PATTE - la famille PATTE habitait dans le bas de l'avenue Jules Guesde. Notre petite ville fut à l'époque très sensible à cet heureux évènement.

 

Le couple de Jean-Loup et Brigitte eut quatre enfants, lui aussi, et Anne fut fille unique, entrourée de trois frères. Elle passe son bac, fait des expériences sociales auprès de jeunes, devient étudiante en psychologie à la Sorbonne.

 

"Belle, séduisante, toujours insoumise ou révoltée, mais aussi fragile... d'une pudeur extrême, inquiète du regard des autres"... elle ne pouvait que "tomber" dans le spectacle... Des téléfilms : "le passage du Tassili", "la métamorphose"... des films : "confidences pour confidences", "Oublier Venise"... du théâtre : "l'Arlésienne", "l'Avare" avec de Funès, "les Hauts de Hurlevent " avec Robert Hossein... Elle fut surtout inoubliable dans "Le Dialogue des Carmélites" monté pour la télévision et où elle jouait avec Nicole Courcel. Elle était Blanche de la Force...

 

Victime d'une méchante maladie, elle est partie trop tôt, ravie à l'affection de ses admirateurs et de sa famille.

 

De grands noms lui ont rendu hommage : Hossein, de Castillo, Jacques Chancel...

Pour ne pas "voler" son nom à son illustre grand-père, elle avait voulu prendre pour nom de scène, celui de la petite ville de sa maman.

 

Caudry ne l'oubliera pas...

 

Article composé à partir du cahier - Souvenir "Anne Bernanos".

D. LEPRETRE.

 

 

 

P4

 

J’ AI   TROUVE ...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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J’ AI   TROUVE

Dans une boîte à élastiques

J’ai vu des bouchons plastique.

 

Tout au fond de l’aquarium

Nageait un petit bonhomme.

 

Au milieu du grand bassin

J’ai trouvé un petit lapin.

 

Sur mon petit nid de merle

J’ai posé des petites perles.

AMANDINE   BENABBOU

J’AI   TROUVE

J’ai trouvé quatre coquillages

Sur le sable blanc de la plage.

 

J’ai vu un bouton de pantalon

Dans un gros carton marron et rond.

 

J’ai ramassé des mosaïques

Sur la table du pique-nique.

HUGO   BOUDANT

J’AI   TROUVE

Dans le lit de poupée

J’ai vu un bout de papier.

 

Sous le sac de maman

Dormait un petit chien blanc.

 

Accroché dans mes cheveux

Un tout petit chat bleu.

THOMAS   AMARA

J’AI   TROUVE

Sur une belle plage

J’ai trouvé un coquillage.

 

Dans la cheminée qui fume

Volaient deux petites plumes.

 

Et sous le grand sapin

J’ai trouvé une pomme de pin.

THIMOTHE   POTINET

J’AI   TROUVE

Sous ma p’tite assiette

J’ai vu une noisette.

 

Sous mon gros capuchon

J’ai trouvé un bouchon.

 

Au fond de ma poubelle

Une grande gamelle.

CASSANDRA   DUPONT

J’AI   TROUVE

Au fond de la boîte à gants

Une chaussure transparente.

 

Tout le long de mes cheveux

J’ai noué des rubans bleus.

 

Tout au fond de l’aquarium

J’ai r’trouvé mon p’tit bonhomme.

ESTELLE   CANO

J’AI   TROUVE

Au fond de la poubelle

Un objet de Noël.

 

Sur la branche du sapin

Une règle à dessin.

 

Dans le sac du coureur

Une très belle fleur.

JULIE   DANNOOT

J’AI   TROUVE

J’ai trouvé une pièce abîmée

Que j’ai vue dans un champ de blé.

 

J’entends le téléphone qui sonne

A côté du trombone jaune.

 

J’ai donné une bonne glace

A mon frère sur la grande place.

ARNAUD   DHUIN

 

 

 

 

P5

 

Ô LARME...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Comme une petite rivière,

 

Tu ruisselles le long de ma joue,

 

C'est vrai, je ne suis pas fière,

 

Te voilà arrivée au cou.

 

Aujourd'hui, j'ai fait des bêtises,

 

Tu tombes sur mes genoux,

 

Que veux-tu que je te dise ?

 

Te voilà par terre !

 

Petite larme, tu t'évapores...

 

C'est vrai, j'avais tort !

 

Ecole Saint Michel Caudry

Groupe 6-8 ans

 

P6

 

 

 DANS   LA   NATURE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Il était une fois dans la nature,

Il y avait plein de fleurs de toutes les sortes,

J’ai décidé d’en prendre une pour ma maman

Mais il y en avait des centaines, alors j’ai fait

Un choix pour choisir la plus belle de toutes.

 

Quand je suis rentrée chez moi, je l’ai donnée à maman

Qui était très contente.

Je lui ai dit :

- << mets la rose dans l’eau, sinon elle va faner ! >>

Maman a pris un petit vase pour la mettre dedans avec de l’eau froide.

Au fil des jours ma maman a pris très soin d’elle.

Elle changeait l’eau tous les jours pour que la rose sent très bon.

 

Un jour, maman a oublié de changer l’eau et la rose a fané…

 

Maman était toute malheureuse car c’est moi qui lui avais offert.

Je lui dis :

·        << Ne sois pas triste, j’irai t’en chercher une plus belle. >>

 

Le lendemain, j’ai été lui en chercher une plus jolie encore.

 

SOPHIE,   14   ANS

 

 

 

 

 

 

 

P7

 

Au Lycée

(parodie de Ton Invitation – Louise Attaque-)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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J’me suis r’trouvé par erreur

En cours de français

J’étais en train de pioncer

L’prof m’a crié dans les oreilles

 

J’ai pas su pourquoi

Donc j’ai l’vé les bras en l’air

J’me suis fait jeter dehors et

C’était du pareil au même

 

Alors j’me suis tiré en perme

Et là j’ai foutu l’bordel

J’y ai laissé un goût amer

Et j’me suis r’trouvé par terre

 

Alors comme j’avais la dalle

J’allais au distributeur et

Il m’a bouffé cinq balles

Et m’a r’craché un Snickers

 

Toudoudoudou Toudoudoudou

 

Après la sonnerie d’récré

J’ai été r’trouver mes potes

Alors on a joué à draguer et

On s’est pris un tas de carottes

 

Alors on a été boxer

On s’est fait ratatiner

Ils étaient beaucoup plus nombreux

On s’est tiré comme des bleus

 

J’me suis r’trouvé par erreur

Au milieu d’une baston

Autour d’un tas de boxeurs

Assis par terre j’avais l’air con

 

Toudoudoudou Toudoudoudou

 

J’me suis r’trouvé par erreur

Au milieu de la cour

Avec une tâche sur mon jean

Assis par terre j’avais l’air couche

 

Toudoudoudou Toudoudoudou

 

Après m’être caché

Je suis r’tourné en français

Et le prof m’a bien mâté

Parce que bien sûr j’écrivais

 

Et le prof m’a bien mâté

Parce que j’foutais pas l’bordel

j’venais d’me prendre la risée

Alors je travaillais nickel

 

Mais le lycée c’est trop mortel…

 

Floriane Kurowiak

Décembre 1998

 

 

P8

 

CEUX QUE J'AIME…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

LE MĒTRONOME

 

Cours, cours, ne t'arrête pas

Vois tous ces gens

qui t'encouragent

 

Cours, cours, et pas à pas

Tu es l'emblème du courage

 

Va, va, cherche la victoire

J'entends au loin

ton cœur qui bat

 

Va, va, rempli d'espoir

Mon frère, je suis auprès de toi

 

Et dans les derniers mètres, l'apothéose

Tu franchis la ligne d'arrivée

 

Sur le podium, vainqueur,

tu prends la pause

C'est pour courir que tu es né !

 

 

PETIT BONHOMME.

 

Il est Cinq heure petit bonhomme

Lève-toi…

 

Prépare ses lignes et son casse-croûte

Et puis s'en va…

 

En sifflotant tout doucement

Le cœur léger

 

Petit bonhomme tranquillement

S'en va pêcher

 

Assis au bord de l'eau

Les yeux plein de malice

 

Même s'il ne fait pas beau

Les poissons sont complices

 

Avec sur sa tête

Toujours sa casquette

 

Jamais il ne s'arrête

Pour lui, c'est une fête !

Angélique

 

 

 

P9

 

 

LA    RONDE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Ronde la bouille du bébé, de l'enfant qui grandit,

qui s'affinera peu à peu au fil des ans,

faisant de cet être un adulte et qui mis au défit,

se verra peut-être obligé, si ce n'est pas suffisant,

comme la lune, parfois n'être qu'un croissant !

 

Ronde, aussi la danse dans la cour de l'école,

où on se donne la main en toute amitié,

sur des musiques sorties de notre folklore,

maladresse émouvante des gestes d'un enfant

rempli d'une envie de vivre, dont il peut être spolié.

 

Ecoutons les messages comme ceux de Monsieur JACKSON,

qui donnent aux gens de bonne volonté, d'ethnies

et de races différentes, l'envie de faire que la vie

entre nous tous, soit générosité, compréhension et bonne.

 

Ronde aussi, la terre, superbe de paysages : la planète bleue,

celle sur laquelle nous vivons, mais qui ne sera pas à eux,

ceux qui n'ont pas compris qu'il ne faut pas abîmer,

parce que d'autres aussi, avec leur petite bouille ronde

auront envie de respirer, de voir, apprécier et aimer

ce que DIEU a mis entre nos mains : LE MONDE.

 

MARIE - JOSE    WANESSE

 

 

P10

 

LES   PETITS   BONHEURS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Le sourire d’un enfant, qui vous ouvre son cœur,

Des perles de rosée, sur la reine des fleurs,

BONHEUR !

 

La saveur d’un fruit mûr, l’odeur du pain doré,

Un ciel pur bleu d’azur, un courrier espéré,

BONHEUR !

 

Le téléphone qui sonne, l’amitié que l’on donne,

Un livre qui étonne, la chanson qu’on fredonne,

BONHEUR !

 

Une main qui se tend, juste au bon moment,

Un silence sans reproche, disant que l’on comprend,

BONHEUR !

 

Une pluie bienfaisante, des senteurs odorantes,

Un chaton qui ronronne, les couleurs de l’automne,

BONHEUR !

 

Un chagrin apaisé, la douleur qui s’arrête,

La douceur d’un baiser, le chant de l’alouette,

BONHEUR !

 

Ces mille petits que l’on dit « riens »,

Sont des divins présents, offerts au quotidien.

Chez moi la porte est toujours grande ouverte,

Pour faire entrer à flots cette manne d’amour,

Gracieusement offerte,

CHAQUE JOUR, CHAQUE JOUR, CHAQUE JOUR……..

 

                      THERESE    FABIAN

DECHY

 

 

P11

 

L’ARTISTE    DE    L’AMOUR

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Qui possède la clef de nos attentes vaines,

Eveillant les échos d’inédites chansons,

Et qui nous magnifie en ondes souveraines,

Dans un bain de frissons ?

 

Qui se livre en artiste à de tendres rapines,

Tour à tour baladin, brigand, prince consort,

Et de plages en monts par des luttes mutines,

Investit notre corps ?

 

Qui renoue avec art les brisures de rêve,

En parure, en bouquet, puis d’un souffle enivrant

Rallume le brasier d’un été qui s’achève ?

… C’est… l’éternel amant !

GENEVIEVE    BAILLY

 

 

 

P12

 

SAGE   RESIGNATION

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Comme un pur soleil dont l’absence

Ne réchauffe que le regret

Ainsi, fluide évanescence,

Votre amour, pour deux sous, pas prêt.

 

Et voyez-vous, je le déplore,

Moi qui n’envisageais que vous…

Cette grâce qui vous honore

Présageait tant de vos atouts !

 

J’ai rendez-vous, douce rengaine,

La nuit, en rêve, entre vos bras.

Mais j’ai le cœur en quarantaine

A force de n’y être pas.

 

Si peu de ciel à ma fenêtre

Manquait pour éclaircir mon jour !

Vous seule auriez été, peut-être,

Le bleu promis à notre amour.

 

Hélas ! l’histoire est sans parole

Et sans cet humour décalé

Dont seul, peut-être, je rigole

Mon espoir s’en serait allé.

 

Ah ! sourirez-vous, indécise,

Si je vous déclare à présent

Que, plus fort que la tour de Pise,

J’avais pour vous un vrai penchant ?

 

Cependant, trop fou ou trop sage,

J’accepte de marquer le pas :

J’attendrai donc votre message

Que j’espère, avant le trépas.

 

Qu’importe, distante ou distraite,

Je vous laisse la liberté

Dont je veux, fût-elle imparfaite,

Jouir aussi, sans aparté.

 

JEAN - FRANCOIS    SAUTIERE

 

 

P13

 

LE   GRAND   PARDON

                  (Vers  libres )

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Jadis, les demoiselles portaient de blancs jupons,

Et puis un balconnet, voilant leurs seins menus,

Et quand elles valsaient dans les bras des garçons,

Elles baissaient les yeux, pudiques ingénues.

Et puis avec le temps, s’étant émancipées,

Les filles supprimèrent ce soutien superflu,

Jugeant ce voile austère, cachant la vérité,

Elles se libérèrent, exhibant leurs seins nus.

Les jouvenceaux, dès lors, goûtèrent le bonheur

De tenir dans leurs bras ces merveilleux joyaux ;

Ils glissèrent leurs mains doucement sur ces cœurs,

Ces fruits de la nature, sans pépins ni noyaux…

Alors, s’enhardissant, jouvencelles grisées,

Otèrent le jupon, se trouvant plus à l’aise ;

Les jeunes gens ravis, et quoique médusés,

S’empressèrent d’aider ces filles aux yeux de braise.

Bientôt l’on entendit, dans les sous-bois feuillus,

Des cris et des soupirs, puis des mots insolites,

Que toutes ces jeunettes, sans plus de retenue,

Prononçaient dans l’ivresse de plaisirs illicites.

Face à cette débauche de luxure éhontée,

De nombreux nouveaux nés pleurèrent en ce temps ;

Dieu envoya sur terre des étuis de dragées

Afin de limiter ce peuple en excédent.

- Dragées pour jeunes filles, à croquer chaque jour,

- Etuis pour jeunes gens, moulants et bien lustrés,

Obtinrent grand succès dans les jeux de l’amour :

Il y eut moins de pleurs dans les maternités…

Et Dieu, dans sa clémence, ne put que pardonner :

- Songeant qu’Adam et Eve, il y a très longtemps,

Au plaisir d’être nus n’avaient pu résister -

Il modifia le texte des dix commandements.

 

GISELE    HOURIEZ - MACAREZ     VERTAIN 

             Extrait de « L’AUBE  DES  POETES »

                                                     2ème prix néoclassique 1999

 

 

 

P14

 

AUX   FEMMES   COURAGEUSES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Vous qui élevez vos enfants

En les aimant tant

Vous avez tant à leur offrir

Et vous faites ça avec plaisir

 

Seules c’est très dur

Surtout après une rupture

Les enfants ne comprennent pas

Quand on leur explique cela

 

Ils voudraient savoir pourquoi

Leurs parents ne sont plus sous le même toit

Malgré les explications qu’on leur dit

Ils ne comprennent plus leur vie

 

Malgré nos ennuis et soucis

Jour et nuit nous voici

Après tous nos doutes

Nous continuons notre route

 

On se bat tous les jours

Pour qu’il reste de l’amour

Car nous avons été abandonnées

Sans pouvoir s’expliquer

 

On nous dit souvent

De prendre notre temps

Mais les années passent

Et il y a un vide qui se place

 

MARYSE    MARECAILLE

 

 

P15

 

POEME   sans   puits

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Il n’y a pas de puits

Que les naseaux des bêtes habitant l’abreuvoir

Que les jours de pluie dans la rumeur insaisissable

Entrecoupée de terre brune appelant le soc

Que le porteur de seaux affairé dans son pas

Que les portes cochères dissimulant la source apprivoisée

Pour qu’une femme joue

Que l’enfant qui se baigne dans marelles d’eau

Que l’écrivant qui fait de l’aube une margelle

Que son sourire humide que sa soif étanchée par la parole fluide

MURIEL   VERSTICHEL

 

 

P16

 

LA   LUNE   MONTE   EN   LACETS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

La lune monte en lacets

Vagabonde et nue

Pour partir

 

Œillets de lettres

Elle ne paie pas son poids

Quelle ironie !

 

Un œil de noix lunaire

Dans la vaisselle

Des spéroïdes

 

Et la bille somnambule

Monte sans culture

Ni gage ni fortune

 

Une franchise désarticulée

Aux nuances d’étoiles

S’aliène d’affliction

 

Elle danse comme un bibelot

Dans un chemin bavard

Sans domicile ni vide

 

Et rode dans les maisons

Entre les rideaux de trèfles

Avec sa malice fécondée

 

La lune monte en lacets

Elastique et nue

Pour revenir.

SAINT – HESBAYE

 

 

 

P17

 

MON INCONNUE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Les matins bleus d’impatience

Tremblent à la lumière des blés fauchés

Les vents coulent, longues processions, dans les torpeurs blotties

Les buissons ont peur au pays où je crève pour toi :

 

Mon inconnue fragile

 

La ville rit impudique, néons étoilés

Rivière de lumières où les gens s’agitent dans leurs terriers

Les trains s’enfoncent dans une nuit fumeuse

Colonnes d’espoir disparaissant dans le brouillard des songes

Les chansons s’étouffent vite au pays où je crève pour toi :

 

Mon inconnue adorée

 

Les fleurs troublées par leurs derniers instants,

Oublient de pavoiser

Les images se gèlent dans un dernier concert d’éclaboussures

Sur le chagrin irisé

Les chiens se font écraser au pays où je crève pour toi

 

Mon inconnue adolescente

HERTIA - MAY    1975

 

 

P18

 

L’HISTOIRE   DES   DENTS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Comme il est doux, l’âge sans dents !

Et tendre ! Et tête-lait ! Tout de gencives roses

Et d’amour sans paroles !

Bien peu à dire, il est si court !

 

Puis vient celui des cris perçants,

Age de chute et de repousse,

De souris grises qui commercent

Un tout petit ivoire sur le seuil de leur trou !

Sourires ébréchés, gros chagrins édentés,

C’est l’endiablé printemps des dents !

 

Ah ! Qu’il est fou,

Qu’il est tout fou, qu’il est chien fou,

Cet âge des canines !

Age de viande crue et d’amours mors aux dents,

De crocs pointus et de passions ébouriffées !

Ah ! Qu’il est fou ! Qu’il est fou !

 

Trop tôt, un peu sournoisement peut-être, arrive,

L’âge des appétits carrés,

Des caries solidement assises.

C’est l’âge du dentiste et celui des molaires,

Des amours digestives et des dents grisonnantes ;

C’est le temps des combats et des belles carrières,

Du rire triomphant, quelquefois un peu jaune !

 

Puis sages, trop sages,

Voilà nos dents qui se déchaussent,

Pour ne pas déranger,

Comme des pas au seuil de quelque temple !

Chut ! C’est l’âge de sapience,

Celui de la tendresse et des petits enfants,

Mais aussi, parlez bas ! C’est celui des dentiers !

 

Enfin, lentement, sur la pointe des pieds, vient,

Un âge de mâchoires canoniques

Qui craquent et grignotent

Des amours émoussées,

Entre des souvenirs sans dents.

Chers ancêtres chenus ! Que tendrement vous bercent,

Vos beaux jours de jadis à l’ivoire éclatant !

HENRI   LACHEZE 

           - 1998 -

 

 

 

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 EDVINETTES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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1     I-a six grosses mémères qui s’ mettent in d’zous d’un tout tiot parapleufe et, i n’ n’a pas inne ed                  fraique. Pourquo ?

 

2     Quo qu' ch'est qui pind, qui perlipind, qui tape du cul pour rintrer d' dins ?

 

3     Combin qui mesure el diamète d'inne boudenne ?

 

4     Inne Francaisse sans poitrine in dit : ch'est inne planque à pain ! Et pour inne Algérienne, quo qu'in dit ?

 

REPONSES

 

1     pace qui n' pleut pas !

2     un siau dins ch' puche !  (puits)

3     ch'est un tro d' vingt ! (d' vinte, ventre))

4     ch'est inne planque à voile !

 

DANIEL    CARLIER

de LAMBRES - les - DOUAI

 

 

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L’EURO...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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TOUDIS  L'EURO

 

Alors et l'Euro ? Jouque vos vos in sortez ? Dins les boutiques in fait la queue, aveuc tous les gins qui païtent cor aveuc d'l'argint frinçais et à qui y feut rinne ed s'euros.

L'eute jour j'aveus jusse un journal à païer. Pas d'vint mi, inne finme, pou régler ses commissians al a posé su l'tapis un moncheu d'pièches ed chonque et dix cintimes frinchais ! L'caissière, oh pardon j'm'escuse, in dit "hôtesse de caisse" ça fait pus distingué ! Comme y n'd'a inne qu'al m'a dit : "j'ai quingé d'nom mais au bout du meus je n'd'ai pos d'pusse dind min porte-monno !" Du qu'je n'd'éteus ? Ah ouais, l'caissière al feuseut inne dreule ed terte. Y'a fallu qu'al compte les pièches et pas d'sus le marché al deveut les r'compter au soir avint d'rinne es caisse à sin patron !

A vir les billets d'chonque cints frincs qui arriv'tent dins les boutiques in peut croire qui n'd'aveut d'intassés dins les bouleuses dins certains guerniers. C'areut été pus simpe, comme in Allemane, d'décider qu'à partir du 1er jinvier in n'poveut pus païer qu'in euros. Coù qu'y a d'imbétint c'est qu'quind in n'a pos ses linnettes c'n'est pos facile d'lire les chiffres su les nouvelles pièches, surtout qu'des pus tiotes al val'tent queuques feus pus cair qu'des pus grinnes !

 

L'ZEUROS SONT A-RRIVÉ-É-ÉS

 

Pou bocop d'gins in Europe, mais pos pou l'z'inglais bé sûr. Non seulemint y roul'tent à geuche in pusse y beutent du thé à plouque ,y ming'tent de l'vinne bouillie aveuc des dreules ed seuces, in n'veul'tent pos compter aveuc el systinme métrique… Alors pou abindonner leu monno !! Y fara bé qui z'y vi-inn'tent !

Din l'fond çà n'est pos pus compliqué qu'aute quose. Y feut quind minme faire attintian. J'aveus acaté eul trinte et un décimpe de l'vi-inne et inne paire ed saquos al boucherie. Je n'daveus pou dins les deux cints frincs. Je n'sais pos  çoù que l'boucher y'a patriqué à s'machine à carte bleue. Mais y m'a débité pou 1700 frincs su min compte. Y'aveut tapé 200 et des euros à l'place ed des frincs. Çà feuseut cair l'kilo d'rosbeef. In pusse y n'a pos su annuler l'erreur. In pusse y'a oublié de m'rinne em'carte bleue !

Sin vosin qui tié un bistrot y'a débité tout l'journée des cartes bleues in euros au lieu d'frincs. A çoù qui paraît qui feut qui rimbourse pus d'dix mille frincs à ses cli-ints ! Batisse, li, comme y alleut à l'école dins les courts jours, y mélinge tout. Non seulemint y'a fallu y'acater inne machine pou savoir cobé çà fait in inciens frincs parce qu'y n'a jomais voulu compter in nouvé frincs ! Je n'vos dis pos l'ouvroche !! Y finira bé par y'arriver comme tout l'monne !

Jean-Pierre LEFEBVRE

 

 

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L'SUPPOSITOIRE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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V'là huit jours, ej'souffros d'inne assez forte angine

J'sus allé consulter min viux méd'cin traitant

Qui, tout in souriant, m'ausculte et m'examine

Pis, pindant qu'je m'rhabill', me dit in écrivant :

"Cà s'guérit en moins d'deux. Je vais t'prescrire… écoute

Un'fois tout's les deux heures un'pulvérisation ;

Trois ou quat'fois par jour, dans le nez, quelques gouttes

"Ah, non je n'saros pas mette in suppositoire

Ch'est-i l'tro qui est trop p'tit ? l'suppositoire trop gros ?

In tout cas, à chaqu'fos, Docteur, j'vous prie d'm'croire

Avant d'trouver ch'passache, i est fondu dins mes dogts !

Pourtant qu'i m'dit ch'méd'cin, il faut qu'tu persévères,

C'est, contre les maux d'gorge, un bon médicament.

Aussi je te conseill' de l'mettre au frigidaire

Pour le rendre bien ferme, une heure avant l'trait'ment.

Le moment arrivé, afin que la chose puisse

Entrer sans obstruction dans le précieux canal

Tu mettras un peu d'huile autour de l'orifice

Et je te garantis qu'le succès s'ra total !"

L'praticien m'donne congé sur ches bielles parol's

Après m'avoir serré, bin sûr, inne peugnée d'main

"Allez, arvoir, merci, Docteur, que j'dis à ch'drôle

j'm'in vas essayer chà et j'vous dirai quoi d'main !"

L'lind'main, ch'méd'cin vot v'nir vot'serviteur, livid'

J'avos l'air misérape et in arrièr' j'penchos.

Min mintiau boutonné, mais aveuc inn'manch'vide

In arot vraiment cru, qu'j'étot dév'nu manchot !

Mais que se pass't-il donc, tu fais un'de ces têtes ?

Le trait'ment qu'j'ai prescrit ne t'a donc pas fait d'bien ?

Ah non, eq'j'i réponds, j'l'ai suivi à la lette

Mais j'cros bin qu'vous allez m'imm'ner au chirurgien !

Pour l'avoir bin suivi, à ch't-heur' j'in ai inn'bonne :

J'ai eu bin des misér's à mett'min pardessus.

Et m'femm' n'a mêm'pas su arboutonner m'maronne !

Heureus'mint qu'elle a pu mett'mes bertell's aud'ssus !

Comm'vous m'l'avez d'mindé, j'ai tout imbibé d'huile

J'ai pris l'suppositoire dins l'réfrigérateur.

Tout étot bin glichant comm'el piau d'inne anguille

J'ai attaqué m'n'ouvrach'in mettant tout min cœur.

J'ai arpéré sans mau el'mitant d'min derrière

Et… Flouc ! j'ai fait rintré ch'bazar du premier cop

Seul'min, ed pus ch'temps là, à caus'de m'chevalière

Qui est bloquée à l'sortie, j'peux pu r'saquer min dogt !

GUY VILLE

 POÊTE VALENCIENNOIS

 

 

 

 

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LES   GAITES   DU   TELEPHONE             

( SKETCH A DEUX PERSONNAGES )

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Ou la mésaventure de Monsieur Dubois qui demande des nouvelles de sa femme qui vient d'être opérée dans une clinique.

- Allo --- Allo --- c'est bien la clinique ?

- Oui Monsieur !

- Docteur Dupont ?

- Lui même !

- Ici Monsieur Dubois. Comment cela s'est-il passé ? J'ai hâte de le savoir.

Au même instant, par suite d'une erreur de la standardiste, Monsieur Dubois se trouve en communication avec un garagiste qui était lui-même au bout du fil avec un client.

- Allo, Monsieur vous écoutez ?

- Parfaitement !

- Et bien on vous la ramène à domicile demain matin.

- Oh alors on a bien réussi ?

- Oui mais quelle corvée !...

- Nous avons démonté l'intérieur, il y avait des organes en mauvais état qui auraient pu vous occasionner des embêtements, elles est comme neuve, dès demain vous pouvez vous en servir.

- M'en servir !??

- Sans crainte, je crois que vous en serez content, nous lui avons diminué le trou d'administration qui était trop fort sans doute.

- Mais Monsieur !!!

- Oui il n'y a aucun doute, l'usure de ses parois nous le prouve, vous devriez la graisser d'avantage.

- Ca c'est trop fort !!!

- Et puis je vais vous dire, votre piston est usé, il ne vaut plus rien, alors vous comprenez, nous lui avons introduit un piston plus gros que le vôtre et nous avons été émerveillés du résultat.

On a également dégagé le trou de sortie qui était lui, trop étroit.

- Le trou de sortie !!!

- Oui par où s'échappent les gaz, il était complètement bouché, nous y avons passé un fil de fer et maintenant vous m'en direz des nouvelles. C'est un plaisir de l'entendre pêter.

- Mais Monsieur !!! enfin Monsieur !!!

- Il faut la ménager.

- Allo --- Allo --- Allo --- je ---

En tout cas elle va bien pour le moment, je l'ai essayé moi-même hier soir, elle a très bien rendu.

Ce matin nous sommes montés à cinq dessus et elle s'est très bien comportée.

- Allo--- Allo--- vous m'écoutez ! Allo--- Allo--- Monsieur ?

Mais Monsieur Dubois n'écoutait plus, il avait perdu connaissance, et il fallut par la suite le transporter dans une maison de santé. Vous en comprenez la cause ?

 

JEAN - CHARLES  JACQUEMIN

alias  JEAN - CHARLES DE BEAUMONT

 

 

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VACANCES  A  LA  FERME

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Une relation privilégiée et étrange peut exister entre certaines personnes et les animaux, les plantes, la nature et les objets.

 

C'est accompagnée par le chant des oiseaux, depuis mon jardin, que je vous narre ces souvenirs d'enfance. Il y a 5O ans, le mot vacances, même pour un jeune enfant, avait une connotation différente de celle d'aujourd'hui.

 

A l'âge de 5 ans, mes parents déménagent ; aussi je suis confiée pour quelques jours à ma famille paternelle à Ecoivres, hameau du célèbre Mont-St-Eloi, où les vestiges de l'abbaye assiégée pendant la guerre tournent vers le ciel leurs deux tours endommagées.

Dans ma valise m'accompagne le premier animal important de mon enfance : un chat noir de chiffon soyeux réalisé par ma grand-mère.

Réalisé avec amour, cet ancêtre des doudous actuels a été un fidèle compagnon durant de nombreuses années et aussi un grand confident ; ma grand-mère Berthe, très habile  de ses mains, me confectionnait des vêtements comme à ses autres petites filles et notamment le dernier cri : un petit bonnet aux oreilles de chat. C'était sans doute la période "chat", sur les bavoirs, les parures de lit  etc, etc, etc ...

 

Dans ces années d'après-guerre, les fermiers assuraient la nourriture et le quotidien de la famille.

Dans toutes les fermes, il y avait une activité en attente pour chacun. Pour ma grand-mère aux doigts handicapés par l'arthrose, c'était tous les matins la corvée d'épluchage des légumes, fait méthodiquement et lentement au couteau économe. J'étais donc mise à contribution pour équeuter les montagnes de haricots verts et écosser les pois qui, souvent rebelles, jouaient à cache-cache sous la table. Les fèves représentaient un défi supplémentaire pour mes petits doigts.                                 

La période de la moisson occupait des journées entières dans les champs avec pique-nique de sandwichs au pâté, fromage et confiture, afin de ne pas perdre une minute. La moisson obéissait à de nombreux critères météorologiques : degré de maturité et d'humidité du blé, séchage, pour être ensuite rentré et engrangé. Le battage aurait lieu, un peu plus tard dans la grange, réveillant les nombreuses musaraignes dans leur paradis jaune.

 

Mon travail de petite fille était de glaner les brins de blé oubliés par la faucheuse et d'en confectionner des mini-gerbes destinées aux nombreuses poules qui partageaient leur festin avec quelques oiseaux. C'est aussi le souvenir de jambes saignantes car écorchées par les fétus de paille fraîchement coupés.

 

Souvenirs délicieux perpétués encore aujourd'hui par la cueillette des mûres sur les talus pour confectionner tartes et confitures ; mûres que l'on dégustait sans contrôle parental. Celles-ci finissaient aussi souvent dans le ventre que dans le panier, ce qui nous laissait d'énormes moustaches indélébiles jusqu'au retour à la maison. Il est évident que le soir, la soupe aux légumes passés et le gâteau de riz jaune vanillé avec pruneaux cachés, très appétissants, n'avaient guère de place dans ces petits estomacs d'enfants !

 

D'autres jours étaient réservés à des taches particulières, comme "faire le beurre" le vendredi avec soin et hygiène, rigueur pour le poids dans la baratte. Le lait écrémé tournait lentement, quand il se collait sur l'oeil de sécurité transparent, c'était le signe que la transformation du lait en beurre était à point. Le côté artistique consistait ensuite à mettre celui-ci dans un moule, de presser et de sortir une sorte de lingot orné en relief d'une vache mâchant un brin d'herbe. Hormis cet effet décoratif, elle était un repère pour les rations culinaires. Le milieu du corps représentait 250 grammes, l'extrémité de la tête 50 grammes. Cela représentait des repères malins pour une petite fille qui savait à peine compter.

 

Il y avait aussi les jours de fabrication de la bière de ménage. Un petit sac de jute contenait le mélange maison d'orge, de houblon, de frênette et en dernier lieu de levure de bière. La journée y était consacrée  nettoyage et égouttage des bouteilles, puis il fallait siphonner le tuyau pour attirer le liquide et le pincer quand celui-ci était à quelques centimètres du goulot.

 

Dans mes souvenirs d'enfant le samedi reste un jour particulier, car il terminait une semaine de labeur aux champs et annonçait la pause dominicale obligatoire, à l'exception de la traite des vaches et de l'alimentation du cheptel.

 

Donc, le samedi, tout était lavé à grande eau. La maison, mais aussi la cour pavée, au grand dam des poules et canards douchés par la même occasion. L'eau de l'abreuvoir du cheval était changée. Celui-ci était très exigeant pour la propreté de son bac. Même les moustiques étaient interdits de baignade.

Afin de me rendre utile, à l'aide d'un balai de paille, je poussais l'eau qui courrait le long du caniveau tel un petit ruisseau, et qui, une fois les obstructions ôtées, continuait sa course rapide chez la voisine. Celle-ci, à son tour, continuait le nettoyage de sa portion de trottoir. Une odeur forte de grésil accompagnait cette eau qui ne connaissait pas le tout à l'égout. Avant la fin de matinée toute la rue était rutilante.

 

Une fois l'opération propreté terminée, je me suis aperçue que ma copine surnommée "Zoé" avait été oubliée. Alors, munie d'un seau et d'une brosse, je me suis dirigée vers elle, lui ai parlé, lui ai dit qu'il n'y avait qu'elle qui était encore sale, et que je l'aimais mieux dans sa robe rose propre, son nez gris, sa truffe et ses soies brillantes au soleil.

Que s'est-il passé pendant ce dialogue ? Docilement après caresses sur les oreilles, la truie s'est couchée, s'est laissée brosser avec des petits grognements de satisfaction... Spectacle  surveillé de loin par la tante Marie qui considérait les caprices un peu saugrenus de cette enfant et en est restée bouche bée. La première moitié du corps était aussi rose que celle d'un nouveau-né. Après nouveaux compliments et à l'aide d'une pomme de terre, Zoé a accepté de se relever, puis de se coucher de l'autre côté pour continuer sa toilette.

 

Mais l'ironie de cette histoire, c'est que cela se passait au bord d'un tas de fumier. Nouvelle pomme de terre en récompense pour sceller la fin des ablutions et remise en position debout. Stupeur, Zoé, surréaliste, un côté propre, un côté à nouveau très sale, émit des grognements éloquents de reconnaissance qui m'ont déclenché une grosse crise de larmes quand je me suis rendue compte que tout était à recommencer !

 

Mais le fou rire de toute la famille avec félicitations pour ce chef d'oeuvre qui, à sa manière, avait une ressemblance avec un tableau impressionniste, a vite ramené le sourire.

 

Il reste aujourd'hui encore un souvenir heureux.

FRANCOISE    LELEUX

  

 

 

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LA PRESIDENCE .

 

-" Le jeu est là !"

Péremptoire, le Petit Fernand en martelant le deuxième et le quatrième mot !

C'est que la chose est d'importance et les conseilleurs se pressent.

-" Pointe !"

-" Tire, c'est le jeu !"

-" Et s'il s'en va ?"

Clac ! il est parti, le petitou. Et la boule avec lui. N'importe, c'était le jeu. Avec ses immm…pondérables.

Cette partie-là, c'était hier. Aujourd'hui, le Petit Fernand est mort. Effondré entre les brancards de sa charrette. Un cœur fragile, et qui se plaignait depuis longtemps. Ca aussi, c'était le jeu !

Oui mais, ce joueur là, il était président de son club de pétanque. Il allait falloir le remplacer.

Ah diable!... Qui ?...

Le Maxou ? Un peu jeunet.

Et l'autre Fernand de Cratoule ? Trop dur, un adjudant de quartier !

Le Benoît ? Hé hé ç'aurait eu été – sic – mais il est tellement pipelette qu'on lui a fait un jour une sacré farce : on lui a écrit une lettre signée Le Midi Libre qui l'engageait comme correspondant de presse pour le hameau. Il y est couru. Furieux le Benoît ! Nous autres, il a fallu se tenir…

Et le Constant ? aurait proposé le Petit Fernand, dubitatif. Le Constant, si mal nommé, qui aime les filles, le vin, le travail aussi, la vie quoi ! Ca ne fait pas trop sérieux un Constant président.

-" Pardi si ! Il joue bien, on l'aime bien, il est drôle, avec lui pas d'histoires,

la rigolade quoi !"

-" Boudi non, que je serai pas président ! j'sui-t-été libre toute ma vie, c'est pas pour m'empapaouter maintenant !"

Un roc, ce Constant, haut, large, solide, avec des yeux bleus qui font des bulles, et si bon enfant que c'est merveille de le voir tout comprendre, tout expliquer, à sa manière, et tout accepter avec une indulgence qui n'est même pas naïve, car il peut être roublard, le Constant ! D'ailleurs, il est riche.

Ce serait bien pourtant.

Et voilà que les copains "attaquent" sournoisement. "tu serais… ce serait… réfléchis…."

Et c'est l'érosion. Doucement le titan oscille sur sa base qui se fêle, et clac ! Comme une boule de pétanque bien touchée, il explose !

-" Et bé oui ! Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?"

Et c'est la capitulation bruyante, qu'on célèbre aussitôt dans d'euphorisants pastis !

Aujourd'hui, 14 juillet, on reprend… la Bastide ! La quadrette de Louis contre celle du Constant.

Ca discute ferme. Et je te mesure, et je te remesure, accroupi sur les talons, au milieu d'un cercle de cous tendus.

Un joueur s'achemine au point de lancer.

-" Dans le rond !" rugit le Constant, pointilleux.

-" Y avait l'idée" opine gravement la partie adverse, faussement bienveillante.

Un car       reau ! C'est fini !

Non seulement le Louis l'emporte, mais le Constant embrasse Fanny !

C'est peut-être le jeu, mai d'aucuns le prennent mal. Le grand vaincu attire ses boules, une par une, lentement, avec un gros aimant, la haute silhouette presque droite, et commente, solennel :

-" y a des choses à mettre au point, faudra revoir tout ça. Un tireur, ça tire, un pointeur, ça pointe, tout est là !"

Le regard vire au vert nazi, la voix martèle et scande.

Un môme à son papet :

-" Qu'est-ce qu'il a le Constant ? Il embrasse pas les fesses ?"  ( Il s'agit du postérieur en carton de la dénommée Fanny ).

-" Non, pas l'air !"

-" Pourquoi ?"

-" Il est président !"

-" C'est quoi, président ?"

-" C'est le pouvoir !"

-" C'est grave ?"

-" Les présidents le croient…En tout cas, ça les change !"

Paule LEFEBVRE