SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N°47

PRÉCÉDENT

41 42 43 44 45 46 47 48 49 50

a

Septembre-Octobre-Novembre-décembre 2015

Illustration BD page 2

Patrick MERIC

JEUNES

 

La fête des mamies   page 3

Association ALEXIS

La fête à la mine   page 4

Association ALEXIS

Le carnaval    page 5

Association ALEXIS

 « souvenirs »  chapitre 1 page 6&7

Skyen

Extrait de Green Lake, Cameryn,   page 7

Skyen

Les dessins parlent & Un richissime traînard   page 8

Harold

Si un jour on pouvait s'aimer»   page 9

Sana LEFEBVRE

HUMOUR-PATOIS

 

C’est divin  page 10

Anonyme

Lettre de l’Abbé TiseDeux petites vieilles   page 11

Hector MELON D'AUBIER

Pensée  page 7-8-20

Hector MELON D'AUBIER

ADULTES

 

DITHYRAMBES    page 9

HERTIA MAY

La bêtise de l'homme   page 12

Lhermitte Dubois Sandrine

Mon enfant   page 12

Christelle LESOURD

Nous nous sommes tant lus....page 13

Mickaël Saiu

Frères jumeaux   page 14

Charles Jean JACQUEMIN

Presbytie      page 15

Hertia MAY

VITRAIL 1959   page 16

Maria-Caméla DUHIN-CARNELOS

Solitude   page 17 

Jérémy DESSAINT

L'Ange Roux  page 17

Julien BURY

Une Grand-Mère  page 17 

Jeanne FOURMAUX 

La Vie  page 18

Floriane KUROWIAK

SALE TEMPS   page 18

M. A. LABBE

Souviens-toi   page 18

Marcel LESAGE

Épitaphes   page 19

Jean-François SAUTIERE

EMBOUCHURE   page 19

Henri LACHEZE

J'ai brisé   page 20

SAINT-HESBAYE

Chanson    page21

Thérèse LEROY

DÉDICACE … page 21

Geneviève BAILLY

J'ai un chien fou    page 22

Jeanne FOURMAUX 

Les saisons de la vie    page 22

Jean Charles de BEAUMONT

LA VIE    page 22

Albert JOCAILLE

Nuit de lune    page 23

Gérard ROSSI

DIX FEES RAMANT    page 23

HERTIA-MAY

Hommage aux premiers résistants   page 24

Roger DEVILLERS

AÇVINE 10/24   page 24

SAINT-HESBAYE

Le temps des remords    page 27

Bernard SIMON

INTIMITE    page 29

Jacky LEMAIRE

NOUVELLES

 

La dette cachée    page 25

Yannick LEONARD

Septembre  page 26-27

PASCAL

Les amants de la petite lune page 28-29

André-Pierre ROUSSEL

Montgolfière   Page 30

Annick DAANEN

Le chou vert et son petit chou de ver    page 31

Maria-Caméla DUHIN-CARNELOS

Supplique de la bulle d'air   page 32

Gérard ROSSI

DIVERS

 

Mots Croisés    page 32 

Daniel SERVEAU

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Page 1

 
La fête des mamies  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Association ALEXIS – POMMEREUIL

(Association de Lecture et d’Expression pour l’Insertion Sociale)

 

 

 

 

 

 

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La fête à la mine  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Association ALEXIS – POMMEREUIL

(Association de Lecture et d’Expression pour l’Insertion Sociale)

 

 

 

 

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Le carnaval

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Association ALEXIS – POMMEREUIL

(Association de Lecture et d’Expression pour l’Insertion Sociale)

 

 

 

 

 

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Souvenirs

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Chapitre 1

 

Un voile d'un blanc immaculé apparaît devant mes yeux, comme une lumière éclatante. Tout ce blanc qui m'entoure a le don de m'apaiser. Je me sens sereine. Un sourire étire mes lèvres alors qu'une brise tiède soulève mes cheveux cuivrés en contraste avec le reste. J'ai l'impression d'avoir dormi une éternité et de me réveiller enfin. J'ignore où je me trouve. Mais, curieusement, je ne ressens pas le besoin de le savoir.

J'avance d'un pas et me rends compte que je suis pieds nus. Mais j'apprécie cette sensation de marcher dans du coton, tout est doux et tiède, comme ce courant d'air un peu plus tôt. Ce constat me rappelle que ce n'est pas normal. Je ne devrais pas être pieds nus et je ne devrais pas non plus être vêtue de cette petite robe fluide d'un doré très clair. Je fais un pas de plus et songe que je ne devrais définitivement pas être ici. Quelque chose cloche. Je n'arrive pas à savoir quoi mais je suis persuadée que rien de tout cela n'est censé.

Au fur et à mesure que j'avance, le blanc qui m'entourait devient terne, le sol dur et froid et je ne suis plus habillée de cette jolie robe au tissu soyeux mais d'une simple chemise d'un gris bleuté. Le voile lumineux se dissipe peu à peu et cède sa place à une lumière vive qui agresse mes yeux. Une silhouette trouble se dessine au-dessus de moi. Je suis désormais allongée et je me sens engourdie, incapable de faire autre chose que battre des paupières et cela est pour moi un effort surhumain.

- Rachel ?

 

Une voix s'élève et résonne dans mes oreilles. Mes yeux s’habituent à cet éclairage nouveau et à cette situation qui m'est inconnue. Je distingue le visage d'une femme brune, elle paraît avoir déjà bien entamé la quarantaine et ses cernes ainsi que son teint blafard en disent long sur son état. Elle est épuisée. Cela se voit au premier coup d’œil. Un sourire illumine son visage. Je clos mes paupières. Les avoir ouvertes m'a demandé beaucoup de forces, tout du moins, c'est ce dont j'ai l'impression. Un milliard de questions se bousculent dans mon esprit. Où suis-je ? Qui est Rachel ? Et surtout, qui est cette femme ?

Je reconnais le son d'une porte grinçante s'ouvrant, elle se referme quelques secondes plus tard et je sens la présence de plusieurs personnes autour de moi.

J'inspire profondément et me prépare à l'effort. Je canalise toute mon énergie dans l'ouverture de mes paupières. Lorsque j'y arrive enfin, c'est comme si j'avais remporté le combat de toute une vie. Je vois maintenant un médecin et trois infirmières.

 

- Mademoiselle Larkin, vous m'entendez ?

 

Je mets un certain temps à comprendre que c'est à moi que l'on s'adresse. C'est en remarquant le regard insistant de ces inconnus que je saisis.

En guise de réponse, je me contente de hocher légèrement la tête. J'ai la bouche pâteuse et je me sens incapable de l'ouvrir pour dire un mot.

Le médecin qui avait posé la question, un homme d'âge mûr, les cheveux grisonnant et tenant un stylo et un bloc-note dans ses mains, s'approche. Il me fait toutes sortes de choses pour tester ma réactivité et parle de tests à effectuer pour évaluer les séquelles. Puis, il daigne enfin me parler directement.

 

- Pouvez-vous me donner votre prénom ?

 

Je le fixe bêtement. Mon prénom ? Je cherche inlassablement dans ma mémoire ce que pourrait être mon prénom mais je ne peux m'en souvenir. Puis je repense à cette femme qui est à ma droite, assise dans un siège et à l'air angoissé. Un peu plus tôt, elle avait prononcé un prénom : « Rachel ». Serait-ce le mien ? Le docteur n'insiste pas et pose une autre question en voyant que je ne réponds pas.

 

- Et votre nom, mademoiselle ?

Larkin. Je suis certaine que c'est cela car il l'a dit en entrant. Mais s'il ne l'avait pas fait, aurais-je su répondre ? J'en doute. C'est pourquoi je ne dis rien.

 

- Pouvez-vous me donner votre âge ? m'intime t-il gentiment.

 

Mon souffle s'accélère alors que je réalise que je ne me souviens plus de qui je suis. Une vague de panique me submerge et je sens les larmes perler au coin de mes yeux.

Une des infirmières suggère que l'on me fasse passer un scanner. Une autre souffle le mot « amnésie ». Que m'est-il arrivé ?

 

Skyen

 

 

 

 

 

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Extrait de Green Lake, Cameryn,

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

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Chapitre 11, page 76

 

Elle est incontrôlable, folle. Ses mains me propulsent en arrière, provoquant une douleur au niveau de mes épaules. Je tente de l'empêcher de m'envoyer un peu plus en arrière une fois de plus, mais je suis à bout. Je sens ses doigts m'empoigner par les épaules et me secouer en me hurlant un flot d'injures. Elle me lâche subitement et me pousse une dernière fois. Cela m'achève. Je dérape et je sens la roche se dérober sous moi. Je laisse échapper un son guttural en essayant de retrouver mon équilibre. Seul mon pied gauche se trouve vacillant dans le vide. J'aperçois Blake qui se précipite vers moi, m'attrapant le bras afin que je recouvre un bon équilibre. Tessa recule, comme choquée par ce qu'il vient de se passer. Elle prend conscience que cela aurait pu très mal tourner et je vois que cela la met mal en point. Mais je suis trop bouleversée pour prendre en compte le ressenti des autres. Je ne peux en supporter plus. Je supplie Blake de me lâcher qui ne le fait que lorsque j'ai pleinement retrouvé la terre ferme.

 

Je les regarde tous les deux, imaginant le tableau que nous formons. Tessa serait tout à gauche, blême, les yeux rouges et la lèvre inférieure tremblante. Ses cheveux blonds foncés voleraient devant son visage et ses vêtements seraient de couleur sombre. Je serais en retrait, à l'extrême bord de la falaise, des larmes roulant sur les joues, les éléments se déchaînant derrière moi. Blake, lui, se tiendrait à gauche, le bras tendu vers moi, jetant un regard furieux à Tessa, les mâchoires serrées. Nous formons un triste triangle qui se déchire.

 

Quelqu'un doit disparaître. Dans un trio il y a toujours une personne de trop. J'attrape mon gilet et m'enfuis en courant, décidant que c'est à moi de partir. Je ne peux pas rester là une minute de plus.

Skyen

 

 

 

 

 

 

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Les dessins parlent

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Je ne suis qu'un bout de papier, hélas.

Je suis créé par des gens simples, la classe.

Mais je pleure encore en plus après avoir assisté à ce meurtre barbare et ensanglanté.

Si on appelle les suspects à la barre, ils diront "ils ont dessiné les premiers"

Je pleurais parce que des cons me vénéraient, comme ils m'ont décrit.

Maintenant je pleure parce que des gens ont parlé en mon nom, comme ils ont dit.

Les pointes fines avec lesquelles ils m'ont dessinée, jamais nous les oublierons.

Aujourd'hui, les tours jumelles se sont transformées en énormes crayons.

On peut oublier en effaçant ma couverture avec un coup de gomme.

Mais aujourd'hui nous ne pouvons pas effacer les esprits des hommes.

 

Harold

 

 

 

 

 

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Un richissime traînard

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Quatre maisons, deux pavillons, plein de jambon.

J'ai tout ça et je le partage avec des gens bons.

L'argent ne manque pas du tout.

De ma poche vomit sacrément de sous.

Sol en marbre blanc et tout mon temps.

Libre comme l'air, l'argent à tout vent.

Violent ? Jamais, toujours donner.

Le bon exemple est écrit sur un tableau.

La France va en profiter.

Les habitants seront au chaud.

Bref, j'arrête de raconter cette histoire que je répète tous les réveillons.

Salut tout le monde, je retourne dormir sous mon pont.

Harold

 

 

 

 

 

 

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Si un jour on pouvait s'aimer

 

 

 

 

  

 

 

 

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Si un jour on pouvait s'aimer,

Nous nous serons déjà mariés ;

L'homme de ta vie n'est pas le premier,

Mais celui qui ne le sera pas,  le sera d'exister,

Et j'ai vu dans toutes ses couleurs du vert, du rouge, du bleu.

Et j'ai vu dans les yeux de ces femmes ces plaies si dures à cacher

Et si aujourd'hui je ne pleure pas je ne souffre pas,

C'est parce que mon si petit coeur pleure, mon coeur souffre.

Et je ne sais pas comment te le dire,

Mais je finirai par tout te dire. Si tu n'as pas peur d'aimer,

Il faut t'exprimer, exprime-toi et tu verras, tout sera mieux !!

 

Bref : de peindre ensemble c'est mieux !!!

 

Si le but de ta vie est la recherche du bonheur, alors tu es toute ma vie !!

 

Sana  Lefebvre

 

Elle court, elle court, la maladie d'amour

Dans le coeur des enfants de 7 à 77 ans.

Elle chante, elle chante, la rivière insolente

Qui unit dans son lit

Les cheveux blonds, les cheveux gris.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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DITHYRAMBES

 

 

 

 

 

 

  

 

 

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HOMMAGE

 

Réunis ce soir, amis de la Caudriole

Nous sommes venus, souhaiter nos vœux à Paule :

S’agit point de cabriole, ni de gaudriole

Nul ne se gausse, ni se tape sur l’épaule !

 

Pas question d’encenser, de porter au pinacle,

Notre aînée, l’égérie sinon notre oracle

Les thuriféraires sont partis, miracle

Avec leur dithyrambes au tabernacle.

 

Amis, nous sommes venus, présenter nos vœux :

Quelques plumitifs en quête, pour tout aveu

D’une coupe de nectar, pétillant de joie.

 

Sous l’égide d’Apollon, sous les fragons verts

Du nouvel an, célébrons sa pythie en vers

Près de l’âtre où les tisons rougeoient.

Hertia May

2010

 

 

 

 

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C'EST DIVIN

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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En 2014 après Jésus-Christ, Dieu visite Noé et lui dit :

- Une fois encore, la terre est devenue invivable et surpeuplée. Construis une arche et rassemble un couple de chaque être vivant ainsi que quelques bons humains. Dans six mois, j'envoie la pluie durant quarante jours et quarante nuits, et je détruis tout !

Six mois plus tard, Dieu retourne visiter Noé et ne voit qu'une ébauche de construction navale.

- Mais, Noé, tu n'as pratiquement rien fait ! Demain il commence à pleuvoir !

- Pardonne-moi, Tout Puissant, j'ai fait tout mon possible mais les temps ont changé :

J'ai essayé de bâtir l'arche mais il faut un permis de construire et l'inspecteur me fait des ennuis au sujet du système d'alarme anti-incendie.

Mes voisins ont créé une association parce que la construction de l'échafaudage dans ma cour viole le règlement de copropriété et obstrue leur vue. J'ai dû recourir à un conciliateur pour arriver à un accord. L'urbanisme m'a obligé à réaliser une étude de faisabilité et à déposer un mémoire sur les coûts des travaux nécessaires pour transporter l'arche jusqu'à la mer. Pas moyen de leur faire comprendre que la mer allait venir jusqu'à nous. Ils ont refusé de me croire. La coupe du bois de construction navale s'est heurtée aux multiples Associations pour La Protection de l'Environnement sous le triple motif que je contribuais à la déforestation, que mon autorisation donnée par les Eaux et Forêts n'avait pas de valeur aux yeux du Ministère de l'environnement, et que cela détruisait l'habitat de plusieurs espèces animales. J'ai pourtant expliqué qu'il s'agissait, au contraire, de préserver ces espèces, rien n'y a fait. J'avais à peine commencé à rassembler les couples d'animaux que la SPA et WWF me sont tombés sur le dos pour acte de cruauté envers les animaux parce que je les soustrayais contre leur gré à leur milieu naturel et que je les enfermais dans des pièces trop exiguës. Ensuite, l'agence gouvernementale pour le Développement Durable a exigé une étude de l'impact sur l'environnement de ce fameux déluge. Dans le même temps, je me débattais avec le Ministère du Travail qui me reprochait de violer la législation en utilisant des travailleurs bénévoles. Je les avais embauchés car les Syndicats m'avaient interdit d'employer mes propres fils, disant que je ne devais employer que des travailleurs hautement qualifiés et, dans tous les cas, syndiqués.

Enfin le Fisc a saisi tous mes avoirs, prétextant que je me préparais à fuir illégalement le pays tandis que les Douanes menaçaient de m'assigner devant les tribunaux pour « tentative de franchissement de frontière en possession d'espèces protégées ou reconnues comme dangereuses ». Aussi, pardonne-moi, Tout Puissant, mais j'ai manqué de persévérance et j'ai abandonné ce projet.

Aussitôt les nuages se sont dissipés, un arc-en-ciel est apparu et le soleil a lui.

- Mais renonces-tu à détruire le monde ? demanda Noé.

- Inutile, répondit Dieu, l'administration s'en charge.

Auteur Inconnu

 

 

 

 

 

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Lettre de l'Abbé Tise

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Après celle de l'Abbé Bête, voici un courrier de l'abbé du Mont Saint Michel... Style proche de Père Fection, très connu, on frise presque l'Abbé Hatitude !!

 

Au Père Spicace,

Un grand malheur est arrivé à l'abbaye et j'ai la pénible mission de vous en faire part.

Mardi soir, pendant que l'abbé Nédictine donnait les dernières grâces, l'abbé Quille perdit l'équilibre dans l'escalier et tomba inanimé dans les bras du Père Iscope. Les révérends pères, en perdant l'abbé Quille, perdaient leur seul soutien.

Un seul restait joyeux : le père Fide.

Quant à l'abbé Bici, il n'y comprenait rien. Il aurait bien voulu que le saint Plet l'aide à comprendre ce qui s'était passé, mais rien n'y fit. Après l'accident de l'abbé Quille, on alla chercher le Père Manganate et le Père Itoine, les deux médecins de l’abbaye.

Ils pensaient ranimer le malheureux mais leurs efforts furent vains et celui-ci décéda peu après.

Le lendemain fut donc célébré son enterrement. Chacun fut appelé à l'abbaye par les célèbres cloches du Père Sonnage. La messe fut dite sur une musique de l'abbé Thoven.

Le père Ocquet fut chargé du sermon et comme il n'y avait pas de chaire, il monta sur les épaules du Père Choir. A la fin de l'homélie, le Père Cepteur fit la quête et remit les dons ainsi recueillis à notre frère africain, l'abbé N'Pé.

Après la messe, une grande discussion s'engagea pour le transport de la bière : l'abbé Canne et l'abbé Trave voulaient passer par les champs. Le Père Clus s'y opposa.

L'abbé Casse en fut enchanté. Le Père San avec sa tête de turc ne voulait rien entendre.

Le Père Vers et le Père Nicieux semaient le doute dans les esprits.

Finalement on décida que, comme à l'accoutumée, l'abbé Taillière serait chargé du transport du corps du défunt.

Devant la tombe creusée par le Père Forateur et en l'absence du Père Missionnaire, l'abbé Nédiction donna l'absolution. Le Père Venche et l'abbé Gonia avaient joliment fleuri la tombe.

Celle-ci fut recouverte d'une belle pierre tombale préparée par l'abbé Tonneuse.

Sur le chemin du retour, le spectacle fut déchirant.

Le Père Pendiculaire était plié en deux de douleur et de chagrin. L'abbé Vitré était lui aussi plein de larmes. La Mère Cédés, invitée pour l'occasion, fermait la marche en compagnie du frère du Père Igord.

A l'arrivée, le Père Sil et l'abbé Chamelle préparèrent le repas tout en consultant les livres culinaires du saint Doux. Le Père Nod et le Père Collateur servirent à boire et chacun put se remettre de ses émotions.

 

Signé : L'abbé Tise

 

 

 

 

 

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La bêtise de l'homme

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Qui êtes-vous donc, vous qui me jugez ?

Apprenez que sur moi, aucun droit vous n'avez !

Quelle est donc cette société dans laquelle je vis ?

Cette société que l'on m'a imposée, que je n'ai pas choisie !

Moi qui ne suis rien, à qui on ne demande jamais son avis

Moi à qui, pour vivre, un rien suffit.

Je ne prête aucun intérêt à ce qui m'est dicté

Et encore moins à ce qui m'est imposé

Penchez-vous donc sur ces mots :

Pourquoi l'homme cherche t-il toujours à parfaire son ego ?

Car au fond, la vie en elle-même ne suffit-elle pas ?

Est-il besoin de tout gâcher ?

A t-on vraiment besoin de tous ces progrès ?

Quand les hommes auront compris cela,

Alors un jour peut-être une lueur d'espoir apparaîtra.

En attendant cela, je vis au milieu d'êtres humains

Car je n'ai pas d'autre choix !

L'unique compagnie de mon petit chien

Suffit à faire le bonheur de mon moi

Alors comme lui, pourvu que j'aie à boire, à manger,

Une prairie pour rêvasser,

Voilà tout ce dont j'ai besoin pour vivre en paix !

Lhermitte Dubois Sandrine

 

 

 

 

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PENSÉE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

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Contre l’alcool

Inn finme all dit à in home : Monsieu, vos devrote arrêteu d’boère ! Pinsez queu chaque anneu, l’alcool tue pus d’trinte mille frinçais ! M’in fous qu’y dit ti-z’aute mi j’sus bège !

Traduction : Une femme dit à un homme : Monsieur vous devriez arrêter de boire. Songez que chaque année l’alcool tue plus de trente mille français. M’en fous qui dit l’autre, je suis belge !

 HMA

 

 

Mi jé quer ché jux d’mots laids, cha fé du bin pou ché gins bêtes !!!

Traduction : J’aime bien les jeux de mots laids (mollets), ça fait du bien pour les gens bêtes (jambettes)

 

HMA

 

 

Pour une offre d’emploi :

In cache in électrichian pou rétablir euch’ contact inter ché gins, pis in optician pou kingeu leu regard, et in artiste pou dessineu in sourire su tous ché visaches ainsi qu’in machon pou bâtir eul paix et in gardinier pou cultiveu ch’eul pinsée et pou finir in prof ed maths pou nou réapprinne à campté eus z’in su z’autes.

Traduction : On cherche un électricien pour rétablir le contact entre les gens, un opticien pour changer le regard, un artiste pour dessiner un sourire sur tous les visages, un maçon pour bâtir la paix, un jardinier pour cultiver la pensée, un prof de maths pour nous réapprendre à compter les uns sur les autres.

 

 HMA

 

 

 

 

 

 

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DEUX PETITES VIEILLES

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

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Déeux tiotes vièles y sont assisses su in binc, à donneu des gronnes à dé tiots oziau ou bé dé miettes ed pon.

Y a inn ti-z'aute qu'y dit à l'aute :

-T'eut ramintuve quind in étot jonne, in voulot arsinner à Brigitte Bardot.

- Wai ! J'eum sovié, et bin cha y é ach'teur. Ché el qu'y nos arsinne !

In tiot momint pus tard, eul premian all s'révelle.

- Jé du m'indormir… Jé pon ranflé dé fos ?

- Ti nan ! Mé tin cul wai !

Deux petites vieilles sont assises sur un banc, à donner des graines à des petits oiseaux ou bien des miettes de pain.

L'une d'elles demande à l'autre :

- Tu te rappelles quand on était jeunes, on voulait ressembler à Brigitte Bardot.

- Oui ! Je me souviens et bien c'est elle qui nous ressemble maintenant.

Un moment plus tard, la première se réveille :

- J'ai dû m'endormir. Je n'ai pas ronflé, des fois ?

- Toi non, mais ton derrière oui !

HMA

 

 

 

 

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Mon enfant

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Un enfant est né

Celui de notre union

Celui de ma soumission

Un enfant est né

Je me retrouve seule à l’élever

Seule à l’aimer

Un enfant est né

Il ne l’avait pas mérité

Grandir sans papa

Il en pleure déjà

Un enfant est né

Né d’une mauvaise action

Mais, restant une bénédiction.

 

Christelle LESOURD

  

 

 

 

 

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Nous nous sommes tant lus...

une larme me désarme

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Elle me dit que mes mots lèvent des images

Les vôtres ne sont qu'émotions

Est-ce là la différence d'âge ?

Mes maux sonnent en mes méditations

 

Ne parlons-nous pas de semblables choses

Votre vue du coeur lorsque mes mains osent

Vous la musique posée sur mon film muet

Sur ma terre aride par magie perce le muguet

 

La femme et son jardin secret

L'âge avancé, jeune fille pleine de fraîcheur

L'homme et ses terres d'errance de l'erreur

L'âge des sols du milieu, vieillesse non sage il se crée

 

Nostalgique tous deux aimables

Songe d'Adam, rêve d'Eve

Elle ferme les yeux, frémissante en trêve

Il ouvre les siens, envahissantes sont ses larmes de sable

 

Elle le lit, le dit maudit

Il la lit, la dit en vie

Il n'est que souffrance

Elle le fut mais n'en fit pas à outrance

 

Dans sa mélodie seule une porte lui apparut

Conscient d'un choix

Le paradis réside en son coeur à rue

L'enfer siège en son mental froid

 

Lorsque nous sommes poésie

Nous vivons au printemps constant de notre vie

Parfois la prose se pose et nous repose

A l'automne de notre inspiration, demain la fleur sera éclose

 

Devant l'hortensia

Elle... dont l'or tant lui scia

Face aux dahlias

Lui... dont le coeur se délia.

 

Mickaël Saiu

 

 

 

 

 

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Frères jumeaux

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Pauvre ou riche

 

Je prends connaissance d'un pli recommandé m'avisant que j'allais être honoré de la LEGION d'HONNEUR. Décoré ? Moi le chef d'Entreprise, bénéficiant de subventions importantes de l’État.

Ceci avec mes promesses d'embauches ! A ce jour ?

C'est le désert sur le parking...

Avec mon matériel Ultra-moderne, l’Être humain remplacé par la robotisation.

Le Personnel, les Ouvriers disparus...

Comme la 7ème compagnie, plus besoin de chefs !

Tiens ! La visite de Jean, mon jumeau.

Je me souviens, mon frère qui réapparaît ?

Lui et moi inséparables, nous étions dans la même situation avant qu'il ne soit embarqué pour aller faire la guerre en Algérie, guerre qu'il ne voulait pas.

C'était lui ou moi, la chance de mon côté !

Dès son retour, lui la chance de revenir avec sa blessure, cette maudite guerre ! Depuis il a tout perdu, sa jeunesse sacrifiée, il ne reconnaît plus le pays de son enfance, il n'est plus le même, ses nuits cauchemardesques, hantées.

Aujourd'hui il se retrouve assisté, le R. M. A. Quelle injustice ! Lui un ancien de la "LEGION ETRANGERE". Étrangement moi ! Cité à l'Ordre de la "LEGION D'HONNEUR". La LEGION d'HONNEUR aujourd'hui à n'importe qui ? Pour des faits bien souvent sans valeur.

Souvenons-nous de nos derniers poilus centenaires, tombés dans l'oubli, ou trop tard honorés.

Aujourd'hui c'est légion ; l'honneur va à ceux qui gagnent des fortunes par la sueur des ouvriers ou pour un exploit sportif éphémère ?

ABRACADABRATESQUE.

Pendant cette situation, ces événements, je suis resté là, tranquille dans mes pantoufles, sans danger, à vivre dans l'abondance.

Jean vient me rendre visite, il arrive sur la pointe des pieds, il s'excuse de me déranger, il est là devant moi. Va t-il me reprocher d'avoir pris sa place ?

Pourtant Jean est de ceux-là, fin de droits, faim de vivre. Comment cette situation peut-elle me concerner, moi le P.D.G. Je sais que le système consiste à s'enrichir sur le dos des pauvres.

Aujourd'hui je suis à l'automne de ma vie. Alors j'implore Dieu ! Puisse t-il m'entendre ! Qu'il m'accorde encore beaucoup de printemps. Avec toi Jean ma mission ne sera pas terminée. Je sais que ta blessure ne sera jamais refermée. Je sursaute, le réveil sonne !... Une voix m'interpelle, celle de mon frère Jean ! Allons debout ! Il est cinq heures "Paris s'éveille". C'est l'heure d'aller au boulot. C'est incroyable la chance que j'ai. Ma génération qui n'a pas connu le chômage. Avant de partir à pas feutrés, j'entends un ronflement, celui de mon fils qui dort, mon fils de retour de la guerre, avec ses nuits cauchemardesques !

Aujourd’hui à 23 ans, demandeur d'emploi, ancien de la "LEGION FRANCAISE" et son frère Charles de la "LEGION D'HONNEUR".

CHUT ! CHUT ! Regarde son sourire attristé ! Je suis sûr qu'il rêve de sa fiancée, qu'il ne peut épouser. Aujourd'hui ! Vivre d'amour et d'eau fraîche.

C'était hier.

Charles-Jean Jacquemin

 

 

 

 

 

 

 

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Presbytie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Presbytie, conjonctivite,

Les jours passent bien trop vite

Calvitie ou cheveux gris

Un petit rien nous aigrit

 

Arthrose, sciatique

Nous avons notre lot, nous les retraités !

 

Poignets ou genoux déboîtés

Dentiers abîmés, dents gâtées

Lumbago et acouphènes

Parfois, nous avons la haine !

 

Arthrose, sciatique

Nous avons notre lot, nous les retraités !

 

Hypertension et hernies discales

Nous avons le souffle qui râle !

Parkinson et Alzheimer

Certains oublient où ils demeurent

 

Arthrose, sciatique

Nous avons notre lot, nous les retraités !

 

Cardiaque et presque sourd

Le fardeau de plus en plus lourd,

Nous traînons notre faiblesse

C'est là que le bât blesse !

 

Arthrose, sciatique

Nous avons notre lot, nous les retraités !

 

Mais nous retrouvons les amis

Leur rendre visite : c'est promis !

Certains peignent ou font du sport,

Il faut arriver à bon port !

 

La vie est rose et romantique

Nous avons notre chance, nous les retraités !

 

Copies bourrées de fautes à la clef

Travaux pratiques bâclés

Devoirs tardifs et mauvaises notes,

Le niveau prend la flotte !

 

Tout est morose sans les anxiolytiques

Vous avez votre lot, vous les non-retraités.

 

Hertia May

 

 

 

 

 

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VITRAIL 1959

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

En chœur, des colonnes de voix s'élèvent

Voulant atteindre la voûte céleste,

Quand ces regards, voilés de soleil, rêvent

A l'ange d'en haut, qui revêt sa veste.

 

Puis chaque main cadence une aumônière,

Quand l'autre, à tout vent, sème les pétales,

A la mesure des sons, des prières,

Au tempo resplendissant du métal.

 

Trompettes et tambourins glorifient

Ce jour merveilleux empli de lumière,

Pour la Procession de Sainte Marie

Où chacun des prêtres lit son bréviaire.

 

Endimanchées, les fillettes émues

Suivent le long cortège épiscopal,

Toutes bouclées, la tête dans les nues,

Le reflet d'une image virginale.

 

Les rubans de satin, glissant au pas

De la marche sacrée, puis tournoyant,

Colorent de joie cet Épiscopat

Qui vénère ce saint recueillement.

 

Plaisir et méditation en cette heure,

En ce rassemblement monumental

Où chaque âme est un maillon du bonheur,

Où CAMBRAI devient une Capitale !

 

Nos grands yeux écoutaient le catéchisme

Préparant l'aboutissement final :

Le patronage et le catholicisme

Dans notre cœur, c'était fondamental...

 

Plus de ceci, plus de cela, plus rien

Pour diriger l'enfant dans ses attentes :

Seul pour débattre du mal et du bien,

Seul pour repousser tout ce qui le hante.

 

 

Ô temps anciens de nos jeunes années,

Combien on vous aimait et attendait

Ces jeudis remplis de félicité,

Où l'on ne s'ennuyait vraiment jamais !

 

Au milieu de cette file infinie,

Du haut de mes huit ans, rose et timide,

Quand lâchant à mon tour, en harmonie,

Les blancs pétales de ma paume humide...

 

Je m'aperçois que près du but j'arrive...

Un nœud dans la gorge empêche ma voix

De chanter : mon cœur part à la dérive,

Je veux fuir, mais je sens que je me noie.

 

Au bout de ce cheminement béni,

La génuflexion devant Monseigneur,

L'Archevêque qui nous a réunis,

Telles des brebis près de leur pasteur.

 

La bonté ruisselle sur son visage,

Son sourire apaise mon inquiétude.

Assis, tout comme mon grand-père, sage,

Seule avec Lui, dans cette multitude...

 

Je me prosterne alors tremblante et frêle,

Mes yeux ne quittent pas son anneau d'or,

J'y pose un long baiser au goût de sel,

Puis je pars, imprégnée de réconfort...

 

Le voilà bien gravé dans ma mémoire

Ce merveilleux souvenir de CAMBRAI !

Il reste, pour moi, une belle histoire

De tolérance, d'amour et de PAIX...

 

Un plaisir insignifiant à l'enfant

Qui vous regarde, offre plus que tout l'or

Du monde. Je suis loin de mes huit ans,

Bien des lustres passés : j'y pense encore...

 

 

Hommage à Monseigneur Emile Guerry Archevêque de Cambrai, de 1940 à 1969.

 

Hommage spécial à Monseigneur " Guerry", personnage principal retracé dans ce souvenir, honoré par ce poème.

 

Duhin-Carnélos Maria-Carméla

Septembre 2014.

 

Séance solennelle du dimanche 14 décembre 2014 : 3e Prix de poésie. Société d'émulation de Cambrai.

 

 

 

 

 

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Solitude

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 Toutes les différences

Se cachent derrière l’ignorance.

Toutes les cruautés

Sont souillées par la vanité.

Pendant que tu tentes de refaire le monde,

D'autres le transforment en hécatombe.

Quand tu as besoin d'une épaule

Tu vois que personne ne te cajole.

Quand tu tombes au fond du trou,

Tu remarques que tout ces jaloux

Se moquent sans répit

De ta petite vie.

Mais quand tu te redresses

Ce sont eux qui s'abaissent.

Remis sur tes pieds

Tu les envois valser.

Et quand ils auront besoin de toi 

Tu ne répondras pas.

Jérémy Dessaint

 

 

 

 

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L'Ange Roux

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

Sans contrefaçon

Tu nous dis que petite on te disait

Que tu étais très jolie pour un garçon

Cette personne disait vrai

 

Ta chevelure flamboyante

Une femme si fragile

Nous, fans, nous comblerons tes attentes

Tu nous offres des Ainsi soit-il

 

Tu te dis Libertine

Nous venons te voir par milliers

Aucun pays ne fait mine

Face à ton grand succès

 

Le culte de toi-même t'est difficile

Tu es si mystérieuse

Nous on attend, sans toi ce n'est pas facile

Mais tu nous montres une mine radieuse

 

Tu nous dis que tu nous aimes

Dès qu'on te voit, on devient fou

Les jours sans toi ne sont pas les mêmes

On t'aime notre Ange Roux

 

JULIEN BURY

 

 

 

 

 

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Une Grand-Mère

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

Une grand-mère, c’est une provision de câlins

D’espiègleries, de joyeux rires enfantins

On lui parle de cœur à coeur

Sans recul, ni fausse pudeur

 

On lui confie des petits secrets

Qu’elle doit surtout bien garder

On lui pose un tas de questions

Qui restent parfois sans réponse

 

Et lorsque l’on a un petit bobo

C’est elle que l’on réclame aussitôt

Il y a aussi les bêtises, les bouderies

Qui ne font pas souvent plaisir

 

Toujours active et très disponible

Elle vous offre beaucoup de son temps libre

Une grand-mère se donne à vous sans compter

Car son cœur n’est qu’Amour, Dévouement et Bonté

 

Jeanne Fourmaux

  

 

 

 

 

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Souviens-toi…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Enfant, te souviens-tu, comme elle était jolie,

Cette jeune maman penchée dessus ton lit !

Qu’ils étaient doux ses bras et douce sa poitrine,

Quand pour te consoler, elle se faisait câline !

Rappelle-toi les heures, rappelle-toi les nuits

Prises sur son sommeil, que tu lui as ravies.

Et toutes les frayeurs et toutes les souffrances,

Qu’elle a prises à son compte, même avant ta naissance.

Et quand tu accourais, quêtant dans son regard

Un ultime recours et l’ultime rempart

Du creux de son jupon. Bien mieux qu’une compresse

La pression de ses lèvres guérissait un genou

Ou arrêtait les larmes roulant sur tes deux joues.

Jeune homme, as-tu compris cette immense tendresse

Donnée sans conditions, comme elle a poursuivi

Le creuset de son ventre, te laissant son empreinte,

Et quand tu es parti, cherchant d’autres étreintes,

Elle a su s’effacer à l’appel de ta vie.

Comme jadis, les pains se sont multipliés,

Son cœur s’est partagé sans jamais s’épuiser.

Homme ! Il faut aujourd’hui, dans tes deux bras, la prendre,

Beaucoup la câliner, et si tu peux lui rendre

Seulement le centième de ce qu’elle t’a aimé,

Alors elle connaîtra une belle journée.

Marcel LESAGE

 

 

 

 

 

 

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La Vie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

 

Ne jamais faire appel au passé

Tu pourrais te blesser

Toujours regarder le présent

C'est ta vie, c'est fascinant.

 

La drogue, l'alcool, les meurtres tu dois oublier

La joie, l'amour, l'amitié tu dois aimer

Serrer les poings, jouer des coudes

Tu dois être intelligent mais pas fou

Autant les études sont lourdes

Mais les amis sont eux, sont nous.

 

La vie est à prendre, elle n'est pas à laisser

Tu dois t'en occuper, ne la laisse pas crever

Ici on a tous besoin de toi

Si tu pars c'est le deuil qui restera

Alors... bats-toi.

 

Floriane Kurowiak

Novembre 1997

 

 

 

 

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SALE TEMPS

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

Sale temps pour tout le monde

La tempête fait rage dans le desert

Il y pleut des obus et des bombes

Qui laissent déborder toutes les douleurs

Et ruisseler les perles sauvages du malheur

 

Sale temps pour tout le monde

Un vent rebelle souffle sur babylone

Il  a grand danger pour les yeux

Le sang coule, dans le fracas des armes

Mêlé au sable de cette vallée de larmes

 

Sale temps pour tout le monde

La température monte en Mésopotamie

Il y a beaucoup de malades

A qui on trouve du pétrole dans le sang

La contagion gagne les nations

 

Sale temps pour tout le monde

M.A LABBE

 

 

 

 

 

 

 

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Épitaphes

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

 

Épitaphe d'un coliteux

 

Ci-gît Jo qui mourut en pet

Dans un épouvantable vent

Car, si d'ordinaire il sortait,

Celui-là, las ! Il fut rentrant.

 

Carpe diem

 

Dans ce trou où tout touche à sa fin

Non, il n'y a encore personne :

C'est que le baron et la baronne

Remettent toujours au lendemain.

 

Épitaphe à un versificateur

 

Ici repose un grand poète

Qui nous lègue une œuvre géante,

Lui qui ne mesurait, c'est bête,

Tout au plus qu'un mètre cinquante.

 

Gratuité

 

Ici dort Isidore

Plus riche que Crésus,

Qui acheta tout, plus encore,

Puis se paya la mort en sus.

 

Épitaphe d'un déçu

 

"J'ai écrit pour ne pas mourir"

Passant, si tu lis cette phrase

C'est que -ceci dit sans emphase-

J'ai essayé... sans réussir.

 

Épitaphe de l'arriviste arrivé

 

"J'ai fait mon trou sur cette terre.

Quel succès, quels talents : c'est fou !

L'argent, l'amour, la moindre affaire

M'ont réussi : j'ai fait mon trou."

 

Même lui

 

"Il est temps que tu t'interrompes !"

Qui l'eût cru, qu'un jour de grand vent,

L’employé des funèbres pompes

Partirait, les pieds, droit devant ?

 

Évidence

 

Ni plaque, ni fleurs, ni couronne :

Tel fut fait selon son désir.

Bien normal si nul ne s'étonne

Que sa pierre est triste à mourir !

 

Épitaphe d'un voyageur

 

J'ai bourlingué toute ma vie

Changeant toujours de place, preste.

A présent je n'ai qu'une envie :

C'est décidé, j'y suis, j'y reste.

 

Jean-François Sautière

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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EMBOUCHURE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

Trois feuilles mortes allaient lentes dérivant

Sur le fleuve boueux qui regagnait la mer

Il pleuvait il ventait il neigeait en amont

Et les feuilles allaient sur les reins des eaux troubles

Vers la mer et leur mort et leur sève nouvelle

 

Et mon regard posé sur leurs coques légères

Allait allait vers la mer enivrante

Il avait plu neigé et venté en amont

Mes années mortes allaient lentes dérivant

Vers le vertige ivoire d’un espace sans heure.

 

Henri Lachèze

  

 

 

 

 

 

 

Page 22

 

J'ai brisé

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

J'ai brisé

Des cris sur les pavés de jeunesse

J'ai cassé

Une cavatine pour une discorde rime

J'ai brisé

L'ingénuité du cristal sur les pierres des sentes

J'ai atténué

La lumière de l'âme dans l'alliance du jour solaire

J'ai brisé

L'alphabet à l'entournure des parallèles

J'ai écarté

L'affinité de l'aurore pour l'harmonie du crépuscule

J'ai brisé

La tige de sève dans le vertige d'un malaise

J'ai coupé

Le froment échaudé dans l'éclair de la faulx

J'ai brisé

L'invisible étincelle des passions du cœur

J'ai piétiné

L'insoluble matière dans l'eau dissolvante

J'ai brisé

La douceur des choses pour la douleur du climat

J'ai fondu

Le métal dans l'haleine des cavales

J'ai brisé

Le filtre naturel pour les frontières de larmes

J'ai brisé

Le diaphane des nues pour le voile de l'exil

 

 

J'ai altéré

Le sol de rouilles pour une ébauche de pastels

J'ai brisé

Les trésors de l'automne pour le plaisir de l'art

J'ai brisé

La fournaise de l'azur pour les vents de l'éternité

J'ai fouillé

La transparence des massettes dans le languide faisceau de lune

J'ai brisé

Le lien de la filoselle à l'échelle de la paille

J'ai paralysé

Les girandoles de naissances dans l'insolence des froids

J'ai brisé

La végétation des serres dans les contours figés de neige

J'ai dulcifié

Les froments publiés dans l'enfantine de l'hiver

J'ai brisé

La fatigue sauvage de l'oiseau dans la caresse du vent

J'ai troublé

Le sanctuaire du silence pour l'effeuillement du mystère

J'ai brisé

L'attente insoupçonnée sous l'impulsion d'un mirage

J'ai détourné

La concentration des cyclones dans le souffle des dieux

J'ai brisé

La plainte de l'angoisse pour l'existence d'une source.

 

Saint-Hesbaye

 

 

 

 

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Chanson

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Une ancienne chanson qui vient remuer le passé

Et c’est un appel péremptoire qui me pousse vers toi ce soir,

Aussi sûrement qu’un aimant vers son pôle.

 

Il fait froid dans ton jardin de cailloux blancs.

Il n’y pousse que des pierres muettes

Qui tentent parfois quelques prières au ciel indifférent.

 

Il fait gris au seuil des « maisonnées ».

Pas une fleur n’a survécu au triste sire Hiver.

Pas un parfum ne vient égayer l’endroit.

 

Il fait peur dans ton champ d’osselets,

Perdu là-bas entre jardins et prés.

Même les fantômes se font discrets.

 

Il fait morne ce soir.

Pas un souffle de vent ne s’infiltre dans les couloirs de marbre.

Même la pluie est en retard pour pleurer sur les dalles.

 

Je préfère quand la pluie lave la mousse desséchée sur la pierre endormie.

Je préfère quand le vent insatiable s’invite en rafales et vient lécher les larmes de la pluie.

Je préfère quand le ciel est tourmente ébouriffant ses nuages affolés si près de mon cœur en déroute.

Une ancienne chanson qui vient remuer le passé…

 

Thérèse Leroy

07 Avril 2013

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Page 24

 

DÉDICACE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

J’ai dédié ma plume à la rose

En sirotant du vin léger.

On s’enivre à petite dose

De dédier sa plume à la rose

C’en est fini du ciel morose

Et j’en reçois plus d’un baiser.

J’ai dédié ma plume à la rose

En sirotant du vin léger !

 

Lorsque sévit la fièvre verte

Seul l’encrier reste dispo

Lorsque sévit la fièvre verte

On ne goûte plus au repos.

Et si la muse déconcerte

Le vin attise les propos.

Lorsque sévit la fièvre verte

On ne goûte plus au repos.

 

Cette fleur au clair de ma plume

Grisante met en appétit.

De l’arborer c’est la coutume,

Cette fleur au clair de ma plume.

Capiteuse elle vous parfume

En un baiser qui convertit.

Cette fleur au clair de ma plume

C’est l’emblème … des ROSATI

 

Geneviève BAILLY

 

 

 

 

 

Page 25

J'ai un chien fou

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

 

J'ai un chien fou, fou, fou

Il est joueur et filou

Sans aucun doute il le sait

Que jamais je l'abandonnerai.

 

Quand ses yeux marron chicorée

Sur moi tendrement se sont posés,

J'ai lu une étincelle d'amour

Dans son regard profond et doux.

Il mit sa patte dans ma main

Pencha sa tête d'un air câlin

Me lança un clin d’œil malicieux

Lécha ma joue, agita sa queue.

En un instant, il prit mon cœur

Mon chien qui n'aime pas le facteur.

Son assiette est copieuse

Sa niche est propre et spacieuse

Attentif, aimant, très brave

Dans ma cour, fait bonne garde.

N'aboyant pas de peur, sans arrêt,

Comme le font les chiens du quartier.

Effraye mes poules, mon poulain,

S'amuse avec mon lapin nain.

Taquine ma chatte son amie

Mais poursuit celle de la voisine.

 

Il est terriblement gourmand

Vole les gâteaux des mains des enfants.

Se cache effrayé dans la brouette

Dès qu'il entend le tonnerre,

Se laisse l'hiver recouvrir par la neige

Jusqu'à en perdre haleine.

Mais lorsqu'il me regarde tendrement

Me montrant tout son attachement

Je peux lire dans ses bons yeux

Qu'il est un chien vraiment heureux.

Jeanne Fourmaux 

 

 

 

 

 

Page 26

 

Les saisons de la vie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

 

 

L'hiver est le frère de notre sœur la mort

Il est le royaume de l'immortalité.

Il est la fenêtre sur l'invisible bord ;

Le bateau qui mène à notre éternité.

 

Le printemps est soutien des espoirs enfantins.

La sève qui monte, renouveau de la vie.

La joie de notre âme en quelques clairs matins.

Il est le frêle esquif des rêves inassouvis.

 

L'été, saison de la claire lumière.

C'est l'effort, c'est la peine et les travaux ardus.

Les tracas, les soucis et les douleurs amères.

Il est le paquebot des bons désirs perdus.

 

L'automne, saison de la dernière espérance.

C'est la méditation sur les talents reçus.

La salle d'attente du bateau en partance,

Chargé du lourd fardeau de nos espoirs déçus.

 

Les saisons sont les pas de l'horloge du temps.

Elles nous emportent vers le ciel attirant,

Pour être présentées au seul Dieu immanent.

 

Oh ! Combien sont-elles, ces brebis perdues,

Qui se sont égarées sur la terre qui tue !

Oh ! Mon divin berger, porte-les en ta nue !

 

Joies, peines, misères, c'est le lot des humains

Qui, toujours, avancent vers l'éternel matin,

Vers l'ultime début du réel, du divin.

 

Jean-Charles Jacquemin

alias Jean-Charles de Beaumont

 

 

 

 

 

 

 

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Haut

 

 

LA VIE

 

 

La vie est un bien précieux

Que l’on doit de préserver,

Avec les temps heureux

Qu’elle nous a accordés.

 

La vie, si grande révélatrice

Depuis la nuit des temps,

Nous offre ses hospices,

Toujours si généreusement.

La vie, qui nous aie due,

Et qui sait apporter

Tous les signes entrevus

De notre sainte liberté.

 

La vie, source de joie,

D’amour et de fécondité,

Pour nous toujours sera

Tout le bonheur à espérer.

 

Albert JOCAILLE

Octobre 1985 

 

 

 

 

 

Page 28

 

Nuit de lune

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

 

Sur fond de halo pâle qui stagne sur le haut du vallon,

La lumière blafarde de l'astre de la nuit se détache sur l'horizon

Et en surimpression, on peut y voir ombres chinoises éphémères :

Les silhouettes de "Frou" le lièvre, et de sa hase "Mémère"

 

Venue au rendez-vous comme chaque soir ; enfin en sécurité

Maintenant, à l'heure où les chasseurs sont couchés.

La nuit sent bon le romarin et le serpolet.

Sur la lande souffle un petit vent frais.

 

Cette "image d’Épinal" que l'on trouve, ce qui fait rêver,

Dans tous les livres pour enfants, m'a toujours fasciné.

La nuit venue, j'aime me promener seul dans la campagne endormie

Le spectacle y est permanent, pour qui sait regarder sans bruit.

 

Quand soudain, dérangée par l'intrus que je suis,

A grands battements d'ailes, qui cinglent la nuit,

La hulotte apeurée s'enfuit.

Pour un instant le charme est rompu : bien pis !

 

Comme après un grand bruit, le silence vous assourdit ?

On met du temps à reprendre esprit.

Cette fois la promenade est terminée ?

Il faut rentrer et prendre un repos bien mérité.

 

Gérard Rossi

Neuville, 07 février 2011

 

 

 

 

 

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DIX FEES RAMANT

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Le sorcier vaudou adorait le veau d’or

L’année de trop, l’anneau de trait

Le goût du boulot et non le bout du goulot

Le prof de physique quantique chantait des cantiques le dimanche à l’église

Ça jasait pas mal chez les musiciens de jazz

Le fameux crachat de Bretagne

Dulcinée hallucinée

Serment d’Hippocrate et sarments d’hippocras

Que font les peintres dans leur râtelier

Ils se sont patchés

Le salon de beauté était éclairé par un plafonnier à laides

L’expo de plaies mobiles

HERTA MAY

 

 

 

 

 

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Hommage aux premiers résistants,

aux généraux De Gaulle, Leclerc,

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

A mes camarades

 

Mai 1940, les hordes germaniques

Envahissent notre sol, et nos soldats

Sous ce flot écumant, sous ces huns en délire

Courbent le dos, en luttant pas à pas

Et ces soldats, haves, déchirés, sanglants

Reculent sans trêve, vers le grand océan

Sous la mitraille, ils vont le cœur meurtri

Le ciel est sombre, l'horizon s'obscurcit

Heures des retraites et des sacrifices vains

Français, courage, une aube nouvelle se lève

Bat dans les cœurs, la tempête sommeille

Vos camarades, vos fils, seront debout demain

Et sous la botte teutonne Paris fut martelé

Les prisons se remplissent d'otages arrêtés

Qui furent martyrisés par de nouveaux Judas

Mais du chemin glorieux, à tous montrèrent le pas

 

Alors, le miracle... s'accomplit

Dans chaque maison, et puis dans les chaumières

Un gars, une fille de France, chaque matin se lève

Et embrassant les siens, part pour le maquis

On les appelle les FFI

Maquis, nom glorieux désormais, Maquis

De Corse pour chacun, tu veux dire, Vengeance

Pas de clémence, mais la lutte à outrance

Vaincre ou mourir, par le Maquis

C'est le serment des FFI

Hélas méconnus, et traqués de partout

Ils ont trouvé un refuge, en nos bois

Sous le couvert des chênes et des houx

L’œil attentif, comme la biche aux abois

Ainsi, étaient les FFI

 

Et ces jeunes imberbes, et puis les vieux briscards

Sans fusil, mais se fiant au hasard

En guenilles, en haillons, ont parcouru les monts

Échappant par miracle, aux hordes du démon

Ainsi, vivaient les FFI

Et pour qu'un jour, le pays soit plus grand

Ils ont offert sans trêve, pour la Patrie

Leurs foyers, leurs femmes, leurs enfants

Sans peur, ils ont donné leur vie.

Ils n'étaient plus que FFI

Innombrables sont ceux que la mort a fauchés

Les feuilles des bois leur servirent de linceul

Et les familles... un soir sont en deuil

Mais d'autres sont venus, le mort remplacer

Car de partout, se dressent les FFI

En guenilles et sanglants, ils harcelaient l'ennemi

Mourant de faim, de soif, tous étaient unis

Contre les tanks, ils n'avaient que leurs vies

Et chaque heure, pour eux, sonnait un hallali.

 

Ainsi, mouraient les FFI.

 

18 juin 1944

Mle 381 WO

Réfractaire au STO

 

Roger Devillers

 

 

 

 

 

 

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AÇVINE 10/24

 

  

 

 

 

  

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Veux-tu aimer avec l’amour

Des tu-m’aimes

À perdre haleine

 

Prends-tu le plaisir des songes

À l’image des sens

De nos dépendances

 

Pourrais-tu me fossiliser

Comme l’oursin de mer

Sur la plage d’un autre soleil

 

Saurais-tu revoir mille siècles après

Ma vie d’antan

Complice du temps

 

SAINT-HESBAYE

 

 

 

 

 

 

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La dette cachée

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Le soleil se levait sur la Thaïlande, comme tous les matins Ting réveillait ses deux petits frères Kham et Yai et sa sœur Mailie.

Ting était âgé de seize ans déjà et pratiquait le muay thaï un sport de combat d’une rare violence où tous les coups sont permis depuis ses 7 ans. Son père travaillait sur ses terres et sa mère travaillait comme femme de ménage chez un riche européen qui s’était fait construire une grande maison deux ans auparavant.

Après avoir déjeuné, Ting emmena ses petits frères et sa petite sœur à l’école à dos d’éléphant puis rentra car il devait, comme tous les jours, s’entraîner au muay thaï.

Alors qu’il s’échauffait, il vit son père arriver en hurlant :

- On a enlevé tes frères et ta sœur, c’est terrible !

- Comment cela s’est-il passé ?

- Je… Je ne sais pas mais je suis trop vieux maintenant, qui pourrait les retrouver, je t’en prie, aide-moi !

- Je partirai à leur recherche dès ce soir !

- Inutile, si tu veux y aller, attends demain, lui dit son père, le village est désert ce soir !

- D’accord, dès l’aube  je partirai.

Et le lendemain, Ting partit à la recherche de ses deux frères et de sa sœur. Au moment de partir, son père l’appela :

- Ting, j’ai appris que Kham, Yaï et Maillie sont enfermés chez l’européen où travaille ta mère !

- Je vais les chercher !

- Sois prudent !

Ting partit en direction du domicile de l’européen qui se trouvait à deux kilomètres de là. Quand il arriva, cinq thaïlandais armés de bâtons de bambou se tenaient là ! Ting comprit qu’il allait se battre ; sa maîtrise du muay thaï et sa volonté de retrouver ses frères et sœur le fit triompher de ces cinq gardiens de l’immense maison. Il s’y introduit, c’était une grande bâtisse, les pièces étaient immenses et décorées de statues diverses. Dans un coin sombre, il vit tout à coup ses frères et sa petite sœur attachés à de vieilles chaises ; sans faire attention, il courut vers eux, les détacha puis se retourna en direction de la porte d’entrée, un européen le menaçait avec un revolver !

Cet homme armé dit à Ting :

- C’est fini maintenant, j’avais préve… !

En un éclair, Ting saisit le bras de son agresseur et le brisa. L’homme hurla de douleur et un coup partit, la balle traversa la jambe de Ting.

Tandis que l’européen se tordait de douleur par terre, Ting ordonna à Kham :

- Va chercher de l’aide, je ne peux  bouger ma jambe !

- D’accord, répondit Kham.

 

Quelques mois plus tard, Ting est de nouveau sur pied. La balle n’avait laissé aucune séquelle, Ting pouvait reprendre son entraînement.

Un matin, Ting fut appelé par son père :

- Oui père, que se passe-t-il ?

- J'ai quelque chose à t’avouer.

- Je t’écoute père !

- Ting, te souviens-tu du moment où tu étais face à l’européen ?

- Que t’a-t-il dit ?

- Je l’ignore car comme il me menaçait avec son revolver, je ne lui ai pas laissé le temps de parler !

- La vérité est que tout est de ma faute !

- Comment ça ! Explique-toi père !

- Mes récoltes n’étaient plus assez bonnes, un jour cet homme est venu et m’a proposé son aide et j’ai accepté. Le problème est que je ne pouvais pas le rembourser alors il a commencé à me menacer de prendre les enfants et de les tuer. Mais grâce à ton courage, nous sommes sauvés, merci Ting !

 

Yannick LEONARD

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Septembre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Septembre, c’est le mois de la reddition, c’est l’ouverture du feu d’artifice de l’arrière-saison. Tout dans la Nature indique les prémisses avertisseuses de l’automne.

 

Las de ses brillances, de ses aveuglements, de ses couleurs d’intempérance, de ses brûlots incandescents, de ses images bouillantes, l’été passe la main. Son soleil a remballé ses falbalas, ses feux d’artifice, ses lumières intenses, sa débauche de couleurs flamboyantes, ses guirlandes et ses fanfreluches d’apparat. S’il a su mettre le feu aux couleurs, il s’éloigne pourtant en dardant encore des journées lumineuses. Mais on sent bien qu’il n’a plus la grandiloquence d’un Phébus exalté. Il se « cortège » d’un halo de brume matinale et, le soir, d’accommodantes rougeurs horizontales. Il s’estompe, il se raréfie, il se consume plus qu’il ne bronze à bout d’arguments de vacancier. On pourrait le regarder dans les yeux… Bien sûr, il flambe encore dans les futaies ; il « fournaise » çà et là en vaporisant les flaques d’eau du dernier orage. Révérencieuse, la terre se craquelle, elle se « vague » de croûte mais l’humidité est proche. La chaleur se supporte, elle est celle qu’on aimerait emmener pour traverser l’hiver ; si l’après-midi transpire encore, la soirée se rafraîchit quand le soleil a disparu.

 

Septembre, c’est le temps de la rosée, de cette fine pluie d’aurore, de ces perles luminescentes accrochées jusque dans les brindilles comme des colliers éphémères. C’est le temps de la pondération maligne, des accointances partiales et des manœuvres retardataires. C’est le temps des imbroglios pittoresques, des supercheries diaphanes et des embrasements polychromes.

 

Les ombres de midi ne disparaissent plus. Contagieuses, elles se lovent autour de leurs maîtres en feignant des contorsions d’amour équivoque. On dirait des danseuses orientales cherchant à subjuguer leurs cavaliers avec des arrogances de jeunes vestales. On pourrait presque les toucher tellement elles semblent apprivoisées à force du joug de l’été brûlant. Leurs maquillages se sont alourdis de trop de fard, de trop de fêtes estivales, de trop d’âge, de trop de permissions ; le rimmel coule des lisières et le mascara déborde des orées. Lascives, elles se penchent, elles s’allongent, elles se pendent, elles désorientent les cadrans solaires et les heures s’impatientent sans réel itinéraire ; elles s’écoulent en pente douce dans le sablier du Temps.

 

Septembre a sonné au clocher de l’année. Au loin, dans les cours des écoles retrouvées, piaillent les enfants en tablier, les maîtres jouent du sifflet et les cartables neufs se chamaillent pendant la rentrée. Les feuilles des platanes se collectionnent dans les nouveaux herbiers, elles se bariolent à la mesure du calendrier et, telles des Mona Lisa alambiquées, elles se laissent dessiner au bout des crayons de couleur appliqués.

Les oiseaux se cachent, leurs nids sont déserts, leurs vols sont sans arabesque. On n’entend plus leurs cris de ralliement, leurs pépiements exaltés, leurs disputes de plumes, leurs chansons de printemps, le tumulte de leurs pépiements.

Aux fils, les hirondelles se rassemblent. Elles se retrouvent, elles se mélangent, elles se reconnaissent dans une cacophonie de notes éparpillées sur la gamme électrifiée. Le vent les ébouriffe, il les resserre, il les aligne, il les recompte dans un ordre de départ prochain.

 

Septembre, c’est le temps des poètes entretenant vaille que vaille des espoirs de bluette ; c’est le temps des malentendus, des rimes assidues et des sourires perdus…

 

Les forêts se rouillent ; les jaunes se créent, les verts s’atténuent, les rouges s’insinuent, les bruns se barbouillent. Les couleurs s’assagissent en pastels indistincts, en démonstrations délavées, en parements surannés, en teintes irrégulières. La houle des frondaisons se heurte aux rochers de leurs troncs et ses jaillissements sont autant de feuilles arrachées. Celles encore attachées s’ennuient des nids déplumés, de leurs rumeurs à tire-d’aile et des courants d’air distrayants. Insidieusement, elles se rabougrissent au bout de leur tige tourniquet en regardant leurs consœurs étalées au pied de leur tuteur.

Les mirages du bout de la rivière se comprennent, les chuchotements des cascades se traduisent, les froissements des branches se répondent. Les reflets dans l’onde sont apaisants. Isatis, chamois, vaguement mordorés ou encore cuivrés, ils frissonnent ensemble quand ils tutoient un rocher affleurant, ils se mélangent au brouet du décor et ils s’atténuent noyés dans l’indigo de l’eau. L’impétuosité de l’été tourmenteur se dilue inexorablement.

 

L’automne de septembre sent bon. Les relents de moisissure funèbre sont encore de voluptueuses sensations bucoliques. La brume transporte un assortiment olfactif de fougères, de mousse, de tabac, d’herbe mouillée, avec des imprégnations étranges de champignons ; ce sont des effluves de buddleia passagers qui traversent le paysage. L’odeur des champs se confond entre la luzerne fraîchement coupée, les ballots de foin réchauffés et des remugles de terre retournée.

 

Les roses tardives déploient enfin leurs jeunes pétales. Timides, encore froissées, elles offrent pourtant leur corolle à tous les passants hâbleurs en exhalant des exorbitants effluves de flacons d’alcôve. Et ces messieurs, ces audacieux, ces acrobates d’épines, ces Courteline, tout en les lutinant, tout en les abusant, ils leur gazouillent des aventures de printemps, les coups de vent racoleurs, les pluies multicolores et les arcs-en-ciel bienfaiteurs, les chansons des merles enchanteurs et, du soleil, toute la palette des vraies couleurs. Alors, heureuses, elles s’épanouissent en délivrant leur cœur. Un matin, délaissées pour une plus belle, une plus fatale, elles pleurent leurs pétales dans un vent de valse ritournelle.

 

Septembre, c’est le mois des conclusions de l’été ; il s’y fane les dernières fleurs, il s’y fourvoie tant de couleurs, il s’y meurt tant de rêveurs… Entremetteur, messager de l’automne, menteur, il arpente les paysages avec ses discours de cicérone…

Pascal

 

 

 

 

 

 

 

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Le temps des remords

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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L’automne a pénétré mon être !

Je vais bientôt te quitter,

Mais avant de disparaître,

Le temps des remords est arrivé...

 

La tristesse est entrée dans mon coeur.

Les douleurs mon corps meurtri.

L’hiver sonnera l’heure,

De dire adieu à la vie...

 

Je n’ai besoin d’un prêtre,

Pour avouer mes péchés.

Pardonné ! C’est de toi que je veux l’être !

Ô, ma femme, tant aimée ! Mais si bafouée !

 

Insultes ! Colères ! Trahisons ! Légèretés !

Toutes ces erreurs, je les ai faites et regrettées.

Mes fautes avouées, toi seule, peux me juger!

Me rejeter ! Me mépriser ! Me condamner !

 

Mais par bonheur, tu me pardonnais !

La sérénité retrouvée, je m’en irais,

Sur ce chemin, vers ce lieu si redouté,

Libéré, le coeur léger, l’âme en paix.

Bernard SIMON

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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 Les amants de la petite lune

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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A eux deux, la Marguerite et le Victor avaient un siècle et demi. Leur âge respectif ? Ils l'ignoraient l'un et l'autre. Cependant, ils avaient pris l'habitude, à chaque Saint-Sylvestre, de vieillir ensemble de deux ans.

Cela faisait tant de saisons qu'ils vivaient côte-à-côte dans le mas ancestral de Castillon la médiévale, cette Castillon-du-Gard en cours de délabrement, abandonnée peu à peu par ses habitants, inexorablement ; ce village construit dès l'Occupation romaine avec les pierres extraites des proches carrières, du Tertiaire Tortonien, disent les géologues. Cette "castrum de Castellione", puis "Castillo", seigneurie qui appartint, au XIVe siècle, aux prévôts de la cathédrale d'Uzès, qui fut le théâtre de massacres de Catholiques - en 1570 - ; qui tomba aux mains des Huguenots du Duc de Rohan en 1626. Belvédère offrant une vue plongeante sur l'imposant Pont du Gard.

Marguerite et Victor ? Un couple modèle, sans histoires. Ils ne s'étaient jamais mariés. Néanmoins, ils avaient réalisé une telle osmose qu'ils se ressemblaient mieux qu'un frère et une sœur.

Chaque hiver les taraudait, l'un et l'autre, malmenant leurs bronches et leurs membres, leur cassant un peu plus l'échine. Les printemps les trouvaient affaiblis. Mais ils tenaient bon, s'occupant de leur petit potager, de quelques poules et lapins. La vie devint dure à vivre et ce fut presque un travail pour eux de partir du matin pour arriver péniblement au soir.

Ils ne se quittaient guère, assis sur leur banc, cramponnés à leur bâton de vieillesse en coudrier, les yeux - eux aussi de plus en plus faibles - balayant l'horizon de gauche à droite et de droite à gauche, s'arrêtant sur la tache lumineuse du Pont du Gard piquée sur un tapis de verdure comme pour s'assurer de sa présence non loin d'eux. Ils ne se séparaient que pour vaquer, l'une à la cuisine et la lessive et autres travaux ménagers, lui à la corvée d'eau qu'il puisait au puits, au jardinage, à l'entretien du mas.

Or un jour que, comme à l'accoutumée, elle était assise devant la maison, rêvassant, il s'en alla cueillir de l'herbe pour les lapins, carottes sauvages, panais, sainfoin, branches d'acacia... D'où elle était placée, elle ne le distinguait plus ; mais elle entendait le bruit de ses sabots sonnant sur la pierraille du sentier.

Elle n'aimait pas qu'il s'en allât ainsi, la laissant seule. Elle se raisonnait cependant, sachant que sa solitude ne dépasserait pas une heure de soleil. Mais ce soir-là, ce fichu soleil poursuivit sa course jusqu'à se cacher derrière la crête lointaine des Cévennes, et Victor ne l'avait pas rejointe. Dehors, c'était le silence des hommes, la nature livrant ses derniers murmures avant de s'endormir.

Marguerite s'affola. Que pouvait-elle faire, qui appeler pour lui venir en aide, partir à la recherche de son Victor ? Sa maison était trop éloignée de l'entrée du village, il faisait à présent noir, une nuit de petite lune. Elle n'y voyait plus guère et ses jambes étaient trop faibles pour qu'elle s'engageât dans une telle aventure. C'est certain : il était arrivé quelque chose de grave à Victor et il n'y avait personne pour le secourir. Désespérée, elle pleura silencieusement, pria et, lasse, elle s'endormit sur le banc.

Un berger aperçut le vieillard, allongé dans l'herbe, évanoui. Il le chargea sur son dos et, tant bien que mal, le ramena chez lui. On l'étendit sur la grande table de la salle commune et là, on constata qu'il ne respirait plus. Victor avait rendu son âme.

On se consulta et on décida de ne pas prévenir la Marguerite. A l'aube, une villageoise - la Jeannette - et le Jules - le berger - se rendirent auprès d'elle. Elle dormait sur le banc, à l'extérieur de la maison. Jeannette la couvrit d'un grand châle et n'eut pas le courage de lui annoncer la terrible nouvelle.

Dans la journée, les femmes revinrent la visiter pour lui donner de quoi se nourrir. La vieille s'était levée. Assise sur le banc de la cuisine, les coudes appuyés sur la longue table de ferme habillée d'une toile cirée fleurie, elle marmonna :

- Ah ! C'est toi Victor ?... Je t'ai entendu, au petit matin. Que t'est-il donc arrivé ? Je n'y vois plus, mais j'ai bien reconnu ton pas et ton odeur... Je t'en prie, ne me laisse plus jamais seule aussi longtemps. Ça me fait faire un sang d'encre.

La Jeannette avait donné la consigne de ne rien dire, de ne pas parler devant elle. Seul le Jules prit la parole :

- C'est moi, ma vieille, lui dit-il d'une voix mal assurée.

Elle n'ajouta rien, prenant simplement le bras du Jules. Sa respiration devint sifflante. Elle geignit.

- Ça va pas... ça va pas du tout... dit-elle haletante, cherchant son souffle.

Il en fut ainsi durant plusieurs heures. Puis elle cria :

- Où es-tu, le vieux ? Qu'est-ce que tu fais, bon sang ?

Personne n'osa lui répondre. Des curieux tentaient de voir à travers les carreaux de la fenêtre, dissimulés derrière une rangée de géraniums.

- Ah ! Mon brave Victor, dit-elle à mi-voix. C'est bien d'être revenu. La Jeannette aussi... Dis-lui de ne pas rester, de ne revenir que lorsque ça ira mieux pour moi. Je ne veux pas qu'elle me voit dans cet état. Tu me comprends, n'est-ce pas ? Question de dignité. Demain, ça ira mieux, je le sens. Demain...

Le village au complet accompagna le vieux Victor à sa dernière demeure. Il ne manquait que sa Marguerite... qui ne sut jamais.

Deux semaines plus tard, l'âme de la vieille la quitta également. On la trouva assise, recroquevillée dans un coin, hébétée, un doux sourire accroché à ses lèvres.

- Demain... demain... se répéta la Jeannette dont la conscience était torturée, se demandant si elle avait bien fait de se taire, de la laisser partir ainsi dans l'ignorance.

Sa foi tempéra ses craintes. N'est-ce pas écrit dans les Saintes Écritures que les âmes se retrouvent auprès du bon Dieu qui pardonnera sûrement leur concubinage ?

- Ah ! Ces lendemains ! se dit-elle en jetant une fleur sur le cercueil de la vieille. Il en est ainsi dans la vie : il y a toujours un lendemain où tout finit mal, et le jour de paix ou d'espoir qu'il nous arrive de vivre n'est jamais que la veille d'un autre qui apporte le malheur. D'ailleurs, lorsque le vieux Victor s'en est allé, n'était-ce pas un soir de petite lune qui, selon la légende, est méchante, qui tue par des moyens détournés tous ceux qu'elle regarde du haut du ciel ? Victor le savait : il n'aurait pas dû la narguer ainsi !

Leur disparition marqua, pour Castillon, le début de sa résurrection. Grâce à un étranger venu de Neuchâtel en Suisse, qui en tomba amoureux, restaura la ruine qu'il avait acquise. C'était en 1956. Son exemple fit tache d'huile et tout le monde se mit à l'ouvrage, des architectes de renom, tout comme les Compagnons du Tour de France. Pourtant à cette époque, lors de la mort de Victor, puis de sa Marguerite, l'état de délabrement de ce village gardois ne présageait en aucune sorte une telle résurrection.

Mais voilà, c'était sans compter sans l'amour du beau et du passé, qui ranima cet endroit rempli de mystère et de poésie ! Gare tout de même... à la petite lune méchante ! Légende certes... mais ne dit-on pas qu'il n'y a pas de fumée sans feu ?

La maison des deux vieux amants fut aussi rénovée, dans sa texture d'origine. En tendant bien l'oreille, sans doute entendrions-nous chuchoter les deux amants, ceux qu'emporta la petite lune ?

André-Pierre ROUSSEL

 

 

 

 

 

 

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INTIMITE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Derrière les fenêtres

De la ville

Que se passe-t-il?

Pourquoi suis-je attitré,

Ivre de curiosité,

Vers elle, je vais,

Chien errant

Tout en criant famine.

 

Derrière les fenêtre

De la ville que se passe-t-il ?

Des lumières s’allument,

Une ombre se dessine,

Celle d’un enfant,

D’un vieillard,

D’une maman,

D’un clochard...

 

Derrière les fenêtres

De la ville,

Que se passe-t-il ?

Il sera bientôt minuit,

Voici venue la nuit,

On se déshabille,

Un coeur bat, deux coeurs s’ébattent

Puis meurent ......

 

Jacky LEMAIRE

 

 

 

 

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 Montgolfière

 

 

 

 

 

 

 

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Vent soufflant, chantant si haut son chant, son air

Rumeur du village, oreilles assourdies, ballon d'air

Tourner comme pour nous tourne la vie, vent de nuit, nacelle de lune

A petit ou grand bruit,

Montgolfière.

 

Annick DAANEN

CALLIGRAMME PARTICIPANT

 AU CONCOURS LA CAUDRIOLE  2014

 

 

 

 

 

 

  

 

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 Le chou vert et son petit chou de ver

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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- Bonjour chou vert ! - Bonjour ver !

- J'ai perdu ma tribu, voilà que je glisse sur les perles de tes toboggans !

- Mais non c'est la rosée, tout simplement !

- Suis-je bête ! Le coq vient de chanter : c'est bien l'aurore qui sonne au clocher ??

- Tu as tout deviné ! Arrête ! Tu me chatouilles !

- Quelle position dois-je prendre ? Sans pattes, je roule, je déboule !

 

- Mets-toi au creux de mon cœur, tu auras chaud et moins de labeur.

- Merci chou vert, il y a peu de gens comme toi sur terre.

- Il faut bien y mettre du sien pour soutenir son prochain, dans l'adversité !

- Tu es la bonté même : je te remercie de ton hospitalité.

- A présent, que compte-tu faire ?

- Partir avec les miens, ou seul, rebrousser chemin…

- Dans les deux cas tu te retrouveras à cent mille lieues sous terre…

 

- C'est ma foi vrai chou vert ! Je ne peux tout de même pas devenir ton colocataire ?

- Pourquoi pas ? On s'entend très bien tous les deux ! Chez moi tu as tout ce que tu veux !

- Je suis « dans les choux » comprends-tu ! Comment te dédommager ? Je n'ai ni argent ni bras pour travailler !

- Tu me fournis ta lumière dans l'obscurité et ta tendresse pour bavarder…

- Tu croiras, un jour, que de toi je « fais mes choux gras » ?

- Pas du tout, fais-moi confiance, ton amitié sincère vaut mieux que ma solitude !

 

- Merci, mon Dieu, de m'avoir pourvu des dons du ver luisant, doublés de ta bonté !

- Vois-tu, mon petit chou de ver, sur la terre, il y a plein de gens enrichis de dons cachés qui ne trouvent pas de débouchés…

- Je pense comme toi, mon cher chou vert, « qui ne risque rien n'a rien »…

- Exactement ! Loyauté et respect réalisent toutes choses inespérées…

- Jadis, près d'une fontaine, j'ouïs dire : « Travaillez, prenez de la peine car tout travail est un trésor »… Est-ce toujours d'actualité, cher chou ?

- C'est une vérité qui tombe en désuétude : il faut lutter pour travailler…

 

Quelques jours après, dans une caisse exportée au-delà des frontières, ver et chou vert durent apprendre une langue étrangère pour ne point être exterminés.

Maria-Carméla DUHIN-CARNELOS

TEXTE PARTICIPANT AU CONCOURS LA CAUDRIOLE  2014

 

 

 

 

 

 

  

 

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Supplique de la bulle d'air

 

 

 

 

 

 

  

 

 

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"Donne-moi encore un peu d'air, mon maître !"

Dit la bulle de savon

Au jeune garçon

Qui venait par son souffle de la faire naître.

 

"J'ai envie de voler moi aussi, emportée par le vent

Comme mes sœurs le faisaient avant !

Pour le divertissement des petits et des grands.

Souffle, mon maître : le dieu Éole t'en sera reconnaissant."

 

Calligramme de Gérard ROSSI

– participant au concours La Caudriole 2014

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

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 MOTS CROISES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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