SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N°46

PRÉCÉDENT

41 42 43 44 45 46 47 48 49 50

a

Mai-Juin-Juillet-Août 2015

Illustration BD page 2

Patrick MERIC

JEUNES

 

La fête des pères   page 3

Association ALEXIS

La fête c’est chouette   page 4

Association ALEXIS

L’anniversaire de Quentin    page 5

Association ALEXIS

Textes des enfants de l’école Jean Macé    page 6

Chloé BAngélique D – Solène H

Textes des enfants de l’école Jean Macé    page 7

Amandine GZélia FLilyes F

Le singe     page 8

Harold

Prologue  roman « souvenirs »   page 9

Skyen

HUMOUR-PATOIS

 

Contrepèteries  page 10

Gérard ROSSI

Je sus Christ   page 11

HECTOR MELON D'AUBIER

Trois petits vieux   page 20

HECTOR MELON D'AUBIER

Pensée  page 10-22-29

HECTOR MELON D'AUBIER

ADULTES

 

 

Ciel rose et les maux-mots   page 12

Hommage à M.A LABBE

Après l’amour la tendresse-Mère Poule   page 13

Jeanne FOURMAUX 

Ecrin   page 14

Patricia  LOUGHANI

Trop tard   page 14

Jérémy DESSAINT

L’Eclaireur des chiffonniers   page 14

Geneviève BAILLY

Les saisons      page 15

Floriane KUROWIAK

Ballade féerique   page 15

Julien BURY

Cela est vrai   page 16 

Jean Charles JACQUEMIN

Fée  page 16

Jean-François SAUTIERE

Yeux au plafond   page 16 

Hertia MAY

Papa  page 17

MICHELE

Faits d’hiver   page 18

SAINT-HESBAYE

Vent de novembre- J’ai vu   page 18

Thérèse LEROY

Martine   page 19

Marcel LESAGE

Dunkerque   page 19

Roger DEVILLERS

Réunis à jamais   page 20

Bernard SIMON

Pour être en paix    page20

Christelle LESOURD

 

Entrer dans la lumière… page 21

Agnès LEPAN-HERLEMONT

Impressions sur le sable  page 21

Henri LACHEZE

Respire  page 22

Béatrice VALLET

Réminiscences page 23

Maria-Caméla DUHIN-CARNELOS

Hommage aux femmes   page 23

Jean Charles de BEAUMONT

Bonne fête Maman  page 27

Albert JOCAILLE

NOUVELLES

 

Retour de perm  page 24

HERTIA-MAY

Je m’appelle Séléna  page 25

MELANIE

Les étoiles  page 26-27

PASCAL

La maison d’en haut   Page 28-29

André-Pierre ROUSSEL

Les roses rouges page 30-31

Flavien GOUVERNEUR

DIVERS

 

Mots Croisés    page 32 

Daniel SERVEAU

 

Salon du livre   page 33

LIGNY en Cambrésis

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Association ALEXIS 

 

 

 

 

 

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Association ALEXIS 

 

 

 

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Association ALEXIS 

 

 

 

 

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UN JOUR A LA MER 

 

 

 

  

 

 

 

 

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Il était une fois un jour d’été, en vacance avec ma famille au bord de la mer.

En pleine nuit un orage éclata d'un seul coup, Ma sœur toujours sur la mer

et sous l'orage . Des énormes vagues emportèrent tout suivi de ma sœur, un terrible

effondrement dans la famille .Mais à ma vue un dauphin il s’approche de plus en plus

et il ramène Laura et quel soulagement . Et on rentre à la maison tranquillement.

 Fin.

Chloé Benoit 10 ans.

 

 

 

 

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L'humain de l'esprit du chat 

 

 

  

 

 

 

 

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Il était une fois, un enfant né mais, malheur des parents qui sont liens : la mère meurt et le père aussi.

Une chatte prend le bébé et l'élève comme un chat. L'enfant devient un adulte, il se nomme Amour.

Il sait parler comme un chat, il peut communiquer. Amour maintenant se rappelle de tout.

Angélique Druart 

 

 

 

 

 

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Il était une fois 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

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Il était une fois un garçon qui était amoureux d’une belle fille.

- Maman j ai trouvé une fille !

- Oui bien sûr !

Est ce que je peux aller chez elle ?

Allez,  je vais aller dormir avec elle !

Bon je vais y aller à pied.

Soudain une dame arrive et la capture.

Bon ça va elle a réussi à s’échapper.

Elle va se marier avec Alexandre.

Puis, elle a eu des enfants qui s' appellent Alex et Kamelia .

SOLENE HOCQUET

 - 9 ANS

 

 

 

 

 

 

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Il était une fois 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Il était une fois une danseuse qui rêve de danser et elle danse et elle achète un livre.

Elle le lisait et elle découvre que ça raconte l'histoire d'une fée qui s'appelle Clochette.

Elle adore travailler c'est une bricoleuse. La danseuse a fini de lire.

La danseuse est partie au parc pour aller se promener.

Soudain, elle se transforme en fille riche. Elle est heureuse quand elle rentre chez elle.

Godrie Amandine CM2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Il était une fois 

 

 

 

 

  

 

 

 

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Il était une fois un chien qui faisait une promenade avec son maître.

C'était le mois de décembre, il faisait très très froid.

Un peu plus tard, il rentre enfin chez lui.

Une fois dans sa niche il rêva que c'était le printemps et qu'il courait dans la nature.

Zélia Fontvieille

 10 ans.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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L'histoire de…

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

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L'histoire de mon papa et son amie

Je m'appelle Lilyes j'ai 10 ans.

Mon papa aime chanter avec son amie, ils chantent plein de chansons.

Ils ont appris à chanter à 10ans car mon papa faisait de la guitare son amie chantait que des chansons. Ils ont chanté dans des concerts.

Grâce à eux j’adore la guitare.

Lilyes François

 10 ans

 

 

 

 

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Le Singe

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Cet être est seul, en pleine zénitude.

Rien ne change, même pas son habitude.

Il est poilu de la tête aux pieds.

Cibler... ses congénères l'ont ciblé.

Il a toujours un train-train quotidien.

Malheureusement, il n'a pas de gris-gris africain.

Il n'a jamais fait de chichi d'ado.

Pourtant on le néglige à cause de sa velouté.

Jusqu'à la cantine où on lui balançait des yaourts Velouté.

Sa jeunesse ne lui a pas toujours fait de cadeau.

 

Dès son plus jeune âge, il devient un peu trop pelucheux.

Pas au sens mignon mais plutôt hargneux.

On le décrit comme laid et trop animal.

Bien sûr dans son dos, bravo, en face on reste amical.

Il grimpe aux arbres et s'invente des personnages.

Comme tout bleu de son âge.

Mais les moqueries kitsch se perpétuent.

Mais qu'a t-il ce ver velu ?

En grandissant il devient moins un phénomène de kermesse.

Aux yeux des autres il s'humanise à petite vitesse.

 

La mode barbu et moustachu vient petit à petit.

Maintenant ils en veulent tous mais ils ne sont pas des sites wiki.

Il découvre par hasard comme la sérendipité de Fleming.

Ce style laineux du visage et de porter des joggings.

Ils voulaient tous des jambes frisées par la suite.

Mais ça ne colle pas sur des gens bronzés comme des Inuits.

Plus les gens grandissent plus ils se donnent plein de métissages.

Dire qu'il y a quelques années on se fichait de cet enfant sage.

A cause de son groupe ethnique méditerranéen.

Maintenant les jeunes se prétendent tous Anglais ou Algériens.

 

Au jour d'aujourd'hui il leur demande « Pourquoi j'étais votre tête de         turc avant ? »

« C'était un amalgame ! Tu es notre inspiration maintenant ! »

Peut-être leurs discours changeront.

Par contre les blessures resteront.

 

Harold

Lycée Jacquard de Caudry

                                      Dans le cadre du concours Dis-moi 10 mots

 

 

 

 

 

 

 

 

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Extrait de l’œuvre « Souvenirs »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

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Prologue

 

Je balance légèrement la tête au rythme de la musique diffusée par l'autoradio de ma vieille Volkswagen, un classique de Led Zeppelin, Kashmir.

J'appuie sur la pédale de l'accélérateur, me laissant un peu aller. Je sais que je ne devrais pas car nous sommes au mois de Novembre et au Canada, ce mois rime avec les premières grosses chutes de neige et les premiers gels. D'ailleurs, j'ai déjà dérapé sur des plaques de verglas à deux reprises. Mais il est bientôt sept heures et la lune est déjà bien haute dans le ciel. J'avais promis aux parents que je serais de retour pour le dîner et si je ne me dépêche pas un peu, je ne serai jamais à l'heure. La musique se termine et les premiers accords de Black Dog résonnent dans l'habitacle. Cela me fait sourire car c'est une de mes chansons favorites. Cela me rappelle à quel point la journée d'aujourd'hui a été bonne. Je suis partie tôt dans l'après-midi en compagnie de Thomas, mon petit copain et de Suzie et Alison, mes deux amies les plus proches. Nous sommes allés à Winnipeg, la plus grosse ville du Manitoba qui se trouve à une trentaine de minutes en voiture de River Falls, pour aller voir un film au cinéma puis Thomas a retrouvé un de ses amis et ils sont allés voir un match de Hockey sur glace tandis que nous, les filles, sommes allées faire un peu de lèche-vitrine. Sur le chemin du retour j'ai déposé mes amis chez eux et nous avons discuté un peu et voilà que maintenant, je suis en retard. Il est sept heures trois. Peut-être que si je dis que j'ai bavardé un peu avec Thomas, papa et maman ne diront rien. Ils adorent mon petit ami ! Surtout maman, elle le trouve très poli et tendre avec moi. Quant à papa, il s'est découvert une passion pour le hockey qui le lie à mon copain.

Mes phares éclairent une plaque de verglas. Je décide de faire plus attention et ralentis un peu l'allure. C'est alors que dans mon rétro, les pleins phares d'une voiture derrière moi m'éblouissent. Je plisse les yeux pour mieux voir la route et constate que je viens d'entrer dans River Falls. Le véhicule suivant le mien se rapproche d'un peu trop près. J'accélère légèrement car les deux tas de ferraille sont tellement proches l'un de l'autre qu'ils se toucheraient presque. Mon cœur se met à cogner plus fort lorsque je vois que la voiture se dégage sur la droite et me pousse à faire des écarts sur le côté. Je klaxonne et cherche à entrevoir le visage du conducteur mais dans la pénombre, je ne vois qu'une silhouette et je ne saurais dire si elle est féminine ou masculine. Je jette un œil à ma gauche et morte de trouille, j'aperçois le lac gelé à deux mètres en contrebas, bordé par quelques grands sapins d'un vert profond. Je klaxonne de nouveau mais cette fois le véhicule se plaque au mien, me faisant décaler un peu plus, le frottement des deux carrosseries émettant quelques étincelles et provoquant un son horriblement aigu. J'inspire de grosses goulées d'air et baisse le volume de l'autoradio, cherchant de la concentration. Un instant je songe à appeler la police mais lâcher le volant pour attraper mon téléphone portable posé sur le siège passager reviendrait à laisser le dangereux automobiliste m'envoyer dans le décor.

Tout à coup, les phares d'un véhicule venant d'en face me font paniquer. Je braque à gauche dans l'espoir d'éviter une collision fatale. Ma volkswagen sort de la route et je perds le contrôle, la neige ne ralentit pas la chute, loin de là, je poursuis ma course à travers les arbres, je distingue leurs branches racler le métal des portières, j'entends du verre se briser et je reçois quelques éclats qui lacèrent mon visage. Et je le vois. Le lac. La mince couche de glace ne supportera pas les six cents kilos de ferraille. Les larmes roulent le long de mes joues, brûlantes. J'appuie de toutes mes forces sur la pédale de frein et le véhicule arrive doucement sur la banquise.

L'espace d'un instant je me dis que j'aurais peut-être le temps d’ouvrir ma portière et de sortir. Mais lorsque je le fais, dans un fracas assourdissant, ma voiture s'enfonce et une vague d'eau glaciale s'engouffre dans l'habitacle et m'empêche d'en sortir. Je tente vainement de hurler. L'eau froide pénètre mes vêtements, je sens chaque muscle de mon corps se contracter au contact de cette eau gelée agissant comme mille lames de couteau me transperçant. Je pousse la portière mais l'eau a plus de force que moi. Je suis happée vers le fond, avec le véhicule. Mes poumons s'enflamment, réclamant de l'air. Ma gorge brûle de cette eau si froide qu'elle en paraît bouillante. Je n'arrive plus à bouger, paralysée par la peur et par l'hypothermie.

J'abandonne. Je clos mes paupières et ne résiste plus, me laissant flotter doucement, ballottée au gré des vagues provoquées par toute cette agitation soudaine ; je perds connaissance. Je meurs.

 

SKYEN

Lycéenne au lycée Jacquard

 

 

 

 

 

 

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Des gaudrioles en contrepèteries

pour la Caudriole de Caudry

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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ECRITURE

Si tu veux progresser en écriture,

Pour arriver à la littérature

Même si cela te semble dur,

Commence par relire tes ratures !

 

ANNIVERSAIRE

C'était celui de Richard !

Avec malice, ses copains avalant le H, à cet égard

A la bouteille, l'anis versèrent, avec JP Pernot l'invité du soir

Et au bar, il y avait tous les amateurs de Pastis et de Ricard.

 

JAMAIS CONTENT !

Râleur impénitent, jusqu'à son soupir dernier !

Un quidam attendait la mort, alité :

Moralité : même à son arrivée le mort

Râlait toujours, et encore !

 

FAC de MEDECINE

Fin d'études : la mort, thèse pour être médecin

Pour mes deux seins :

Et me sentir à l'aise,

A chaque téton, sa mortaise.

 

LE CANTONNIER

Jeter les hies, des reçues, dans le fossé

Au lieu avec, enfoncer les pavés.

C'est bien là une idée reçue

Pour sauver les chemins du Nord : c'est foutu !

 

CHIEN MECHANT

Si tu saignes trop sous sa morsure :

Hémorragie !

Et mort agit,

C'est la mort sûre.

Gérard Rossi

Neuville Saint Rémy

22 Janvier 2015 

 

 

 

 

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PENSÉE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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À ceux qui lâchent des vents.

Y a ch’ti qu’y fé du bruit et qu’y n’sint pon. Pis y a ch’ti qu’y sint mé sins feure eud bruit.

Pis li z’aute qu’y n’fé pon d’bruit et qu’y n’sint pon ! À quo qu’cha li sert eud pété alorse ???

Traduction : Il y a celui qui fait du bruit et qui ne sent pas. Puis celui qui sent mais sans faire de bruit. Puis l’autre qui ne fait pas de bruit et qui ne sent pas ! À quoi ça lui sert de péter alors ???

HMA

 

 

Dis Papy, ché quind qu’in vot la vie in rose ?

Bin min tiot fiu, ché à campter d’eul chinquintaine, et là teu vos :

« cir’Rose, ostéopo’Rose, arth’Rose, név’Rose, artériosclé’Rose,  fib’Rose, »  etc... et pou nous lé viux, cha ch’ar’Rose ! 

Traduction :  Dis grand-père, c’est quand on voit la vie en rose. Mon petit-fils, c’est à compter de la cinquantaine et là tu vois : « cir’Rose,  ostéopo’Rose, arth’Rose, név’Rose, artériosclé’Rose,  fib’Rose, »  etc... Allez les vieux, çà s'ar'Rose !          

 

HMA

 

 

Vos êtes couqueu au mitin d’in grind lit aveuc inn superpe jonne finme d’un coteu  et d’in gay home eud l’aute. À qu’y qu’ché ti qu’vos alleu tournint vo dos ?

Traduction : Vous êtes couché au milieu d’un grand lit avec une superbe femme d’un côté  et un homme gay de l’autre. À qui allez-vous tourner le dos ?

 HMA

 

 

 

 

 

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JE SUS CHRIST

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Vous en avez toutes et tous entendu parler lors de votre jeune âge. Cela faisait partie de votre éducation religieuse. Mais saviez-vous pourquoi on l’appelait Jésus CHRIST ?

C’est une vieille histoire qui date de plus de deux mille ans.

Je vais vous la conter.

 

In tiot garchon y lé né dins ché corons, du côté d’Fouquières dins lé mines. Sé parints y l’ont appelé Christ. Et in grindissint, quind ché gins l’y d’mindote sin nam, y disot : 

« Je sus Christ, fiu de Joseph et Marie Carpintier. »

Pis y grindit core, y jouot aveuc sé comarates, Pierre, André, Jacques et Jean. Pis y travailla àl’mine, mé feure eul galibot cha n’y plésot nan.

In jor y déchida infin eud partir dins inn régian à dù qu’in pourrot avir b’son d’li, s’lon in Oracle. Eul régian, all s’appelot « Lestine »

Alorse in bio matan y débuqua aveuc sé comarates Pierre, André, Jacques et Jean. Cha été inn vrai traverseu du désert ; in cours dé route y rincontra d’autes comarates : Simon, Philippe, Mathieu, Barthélemy, Thomas, Jude et l’aute Jacques. Insinne y sont arriveu eul quarintième  jors dins in coin perdu. Là, in tiot gars vint lé vir, y s’appeleu Judas. Y voudrot bin s’jointe à eusse. Christ l’y d’minne à dù qu’a s’treufe «  Lestine » ché là qu’y veul’te alleu. Judas leu dit qu’y a pas Lestine ichi. Du cop, y vont vif ichi et cha s’appellera « Palestine ».

Pis y firent insinne ché quate chint cops. Jusquà traverseu inn rivière, eul Jourdain ach’teur, a dù qu’y s’avote pied. Ché gins du coin, in tiot peu bénache n’in crut’te pon leu ziu. Christ y la d’mindé à Jean-Baptiste eud lé aidié à traverseu à leu tour. Ché come cha qu’y lé z’a baptiseu come y disot.

Pis y leu à montreu comint à Cana kinger ed  d’io in pinard et dé pichons in pon.

Mé tout cha n’plut pon à ch’Seigneur du coin, in nommeu Pilate. Y l’avot in surnam, ch’étot Ponce. Ponce Pilate qu’y disote ché gins. Y paraît qu’y frottot toudis ché tape à lé z’useu, pis après come y l’avot d’eul schiure fin-ne sus sé mains, et bin, y lé lavot.

Ché come cha qu’in jor, y donna vingt sous pou faire in francs à Judas pou l’y dénancé sé comarates. Cheu-ci furent tertous arrêteu, mé Christ prit tout su li. Sé comarates furent libéreu et li candamné à ête crucifié aveux d’autes caprons.

Christ d’minda qu’eus crox all fusse tourneu vers euch Nord, sin pays dù qu’y lé né. Là y l’arot dit : « Euch père si t’eum vos, né pon d’chagrin, y n’sav’te pon chou qu’ y font ! »

Tros jors pus tard, in catimini, sé comarates, aidié pas Minou, l’déquindirent  d’eul crox et l’im’nèrent dins sin pays natal pou l’interreu. Quarinte jors pou arriveu du côté d’Fouquières et l’interreu parmi lé si-ens. Aveuc come épitaphe «  Ci-gît Je sus Christ, in tiot d’fouquières »

HMA

 

 

 

 

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HOMMAGE à EMMA  (Marie-Antoinette Labbe)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Zone de Texte: Nous avons appris la disparition d’EMMA.

EMMA était une fidèle de la Caudriole, nous avons souvent publié ses poèmes ou extraits de ses recueils.

Elle a proposé, dans plusieurs numéros, « La Gazette d’Emma », un concentré de curiosités, d’humour, de culture.

Nous avons tenu à lui rendre hommage en diffusant deux de ses nombreux textes.

Ceux qui ont eu la chance de la croiser sur leur chemin se souviennent d’une petite dame généreuse, attachante et amoureuse des arts et des lettres.

Nous ne l’oublierons pas.

Le comité de lecture

            LES MOTS-MAUX

Écoute voir un peu

À quoi servent les mots

Si tu ne trouves pas d’écho

Écoute voir un peu

 

Si comme la feuille en automne

L’espoir ou le rêve disparaît

Si s’évanouissent les projets

Cette vie n’est plus bonne

À quoi servent les mots

Si celui, plein de courage

Qui met tout son cœur à l’ouvrage

 

 

Pauvre misérable se perd

À considérer comme normales

Les guerres inutiles

À étendre le remords social

À se perdre sous un fil

 

Comment du réel s’arracher

Pour ne pas suffoquer

De la funambulie s’échapper

Pour ne voir que sa fratrie

Arrête, arrête

N’écoute plus rien

Ne regarde plus rien

Espère, espère et considère

Qu’on ne se paie pas avec des mots

 CIEL ROSE

 

Ciel rose, ciel bleu, ciel léger

Taille mince, soigneuse, appliquée

Tu ressembles à un menuet

 

D’un même geste répété

Tes cheveux tu fais ruisseler

En un flot sombre et mordoré

 

Ton corps a d’invisibles ailes

Ton âme vole en étincelles

Comme si tu étais éternelle

  

 

 

 

 

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 Après l'amour la tendresse

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Au printemps de la vie, on s'unit

Pour le meilleur et pour le pire

On est rempli d'amour, d'espérance

On croque la vie à pleines dents.

 

Puis arrivent les enfants, les petits enfants

Qui meublent votre existence.

On est à la force de l'âge

On se donne corps et âme

 

Et sans prendre garde

Peu à peu, on prend de l'âge

On a laissé s'écouler le temps

Et s'envoler nos gais printemps.

 

Après de longues années

D'une vie largement consommée

Arrive la vieillesse

Et la solitude qui vous guette.

 

On n'a plus grand chose à dire

On a acquis une certaine philosophie

De la sérénité, de la sagesse

Et transformé l'amour en tendresse.

 

Lorsque, en fin de vie,

A tout jamais on se quitte,

Le chagrin, la détresse qui vous brise,

Réveillent mille doux souvenirs.

 

2006Jeanne Fourmaux

 

 

 

 

 

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Mère Poule

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Cui... cui... cui

Qu'ils sont jolis

Ces petits poussins

Nés l'autre matin

Suivant leur Mère

Dans la cour de la ferme

Qui toute réjouie

Montre à tous, sa famille.

Ne touche pas à mes poussins, gros chien

Car j'ai un bec qui pince.

Ainsi va chaque jour

Mère Poule

Cherchant quelques nourritures

Pour sa progéniture

Glou... glou... glou, leur dit-elle

Voilà quelques graines

Viens par ici

Toi, mon gros étourdi,

N'approche pas dame canard

Car je sais aussi me battre.

 

Tout en les promenant

Elle apprend

A ses petits

Les dangers de la vie,

Soyez obéissants et sages

Prenez garde au renard

Venez plus près de mon aile

Vous chauffer au soleil

Sauve-toi vilain matou

Car je vais te donner des coups.

 

Dès que le jour décline

Et que vient la nuit

Elle compte sa famille

Dans son nid,

Se pose doucement dessus

Tout en gonflant ses plumes

Pour les réchauffer

Prenant bien garde de ne pas les écraser

Dressant la tête au moindre bruit

Prête à combattre l'ennemi.

Jeanne Fourmaux

 

 

 

 

 

 

 

 

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Écrin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Dans mon cœur, un écrin blanc

Où ton ombre se faufile et se défile...

Je t'enfile dans mes rêves

Et file et file mon idéal volubile...

Dans mon cœur, des vœux,

Des croyances si fortes

Que se déficelleront mes envies...

 

Je veux voir des filins s'envoler,

Des bribes d'amour au loin...

Prouver par des envois infinis,

Rêveurs et transparents,

Les battements de ma flamme...

Je veux surfer au dessus de tes nuages,

Telle une plume légère et libre...

 

Peu importe les vents à contre-courant...

Peu importe les mots en suspens !

Reçois les filaments de mon âme,

La blancheur de mon souffle...

 

Je veux que mes yeux

Atteignent les tiens

Pupilles baignées dans l'acre,

Dans cet univers unique et beau

Où tu es mon seul habitant !

A jamais, suspendue en toi,

Je veux m'unir à nos deux univers !

 

Que plus rien ne caresse mes rêves,

Aussi fous soient-ils,

Sans la couleur de ton regard !

Que plus rien ne souligne mes lèvres

Sans le goût de tes baisers !

Que plus rien ne touche mon être

Sans la chaleur de ton corps !

 

Dans mon cœur, une folie

Tendre et douce sommeille...

Un murmure qui suture

Des trous manquants, dans l'azur...

Une éternelle lueur opaque,

Un berceau de douceur,

Entremêlée à ton ombre...

 

Jamais...

Oh ! Jamais, ne baisseront mes paupières !

A jamais...

Tu es dans mon ciel brodé de roses et d'océans !

Jamais...

Oh ! Jamais, ne s'effacera ce désir si profond !

A jamais, tu seras mon écrin blanc !

Patricia Loughani 

 

 

 

 

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Trop tard

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

N'attends pas le jour d'après,

Très très loin déjà je serai.

Je t'ai laissé une chance,

Tu ne l'as pas prise à l'évidence.

Je me suis sauvé

De tes bras enlacés.

La prochaine fois, serre-les très fort,

Ou c'est seul que tu regarderas l'aurore.

Moi je pars vers une autre vie,

Tant pis si tu ne m'as pas suivi.

J'ai plein de choses à découvrir,

Toi, tu préfères les fuir.

J'irai dans d'autres bras

Me réchauffer si j'ai froid.

Les tiens sont déjà réservés

A une personne que tu continues d'aimer.

Restons de simples amis

Et continuons chacun ainsi.

Ça ne me rend pas si triste,

Car sans nul doute,

Cela signifie que nos vies

Ne doivent pas être unies.

 

Jérémy Dessaint,

Caudry, 20 ans

 

 

 

 

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L’ECLAIREUR DES CHIFFONNIERS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

C’est au pays de la misère

Qu’il aura le plus voyagé

Notre pèlerin, l’Abbé Pierre,

Prônant l’amour, la charité.

 

Lui l’emblème du pauvre monde

En ces lieux nous tient à genoux !

Combien de nantis à la ronde

Se souviendront de ses courroux ?

 

Ouvre-lui les bras sans ambages

Toi que l’on nomme le Très-Haut

A ce soldat qui sans partage

Offrit son cœur et son manteau !

 

C’est au pays de la misère

Qu’il aura le plus voyagé

Notre pèlerin, l’Abbé Pierre,

Cet éclaireur des chiffonniers

 

Souvenir du 26 janvier 2007 à Notre dame de Paris

Geneviève BAILLY

 

 

 

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Les saisons

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

Entendre chanter les oiseaux

Un gazouillis si beau

Qu'on croirait rêver

Les nids sont préparés

Et les graines sont plantées

Tout est prêt à germer

 

Le soleil est déjà haut

L'arrosoir rempli d'eau

Des fleurs ont poussé

Les récoltes ont commencé

Les machines sont préparées

Tout se met à bouger

 

Les vacances terminées

Le froid et la gelée

Se sont installés

Le vent a déjà soufflé

Les feuilles ont tourbillonné

Il faut vite les ramasser

 

Les écharpes sont sorties

Les gros blousons sont mis

Il faut s'emmitoufler

Auprès de la cheminée

Le chocolat chaud est préparé

La neige va bientôt tomber.

 

Floriane Kurowiak 1994

 

 

 

 

 

 

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Ballade féerique

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

Immensité bleutée

Prenez le temps

Dame nature a des enfants

Laissez-la vous les présenter

 

Écoutez le silence

Le chant des oiseaux

Admirez comme ils volent haut

Des branches qui se balancent

 

Des ombres se dessinent

Sur l'herbe verdoyante

C'est comme une mésentente

Qui se surligne

 

Marchez à pieds nus

Sentir la terre qui s'ouvre

Elle vous montre son musée du Louvre

Elle vous salue, de sa simple vertu

 

Fermez les yeux

Écoutez les sons

La rivière qui coule au fond

Vous emportant peu à peu

 

Les oiseaux vous offrent un concert

Magique si touchant

Oubliez vos sentiments

Profitez de votre univers.

 

  Julien Bury

  

 

 

 

 

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 Cela est vrai

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Si nos épouses rayonnent dans la dentelle,

celles de nos amis de Cambrai,

aussi belles, toutes bien cambrées,

merveilleuses et désirables gazelles.

Grâce à vous, nous sommes ici-bas pour rire.

Au Paradis ça ne serait pas raisonnable,

convenable car la vie sans farces

c'est un voyage sans auberges ;

souvenons-nous de la Marjolaine.

La vie est comme une boîte de sardines

nous cherchons tous, toujours, la clef.

Pourtant il faisait si beau

que toutes les clefs étaient parties se promener.

Nous avons, nous les anciens, tellement

besoin de temps pour ne rien faire,

qu'il ne nous en reste plus pour travailler.

Car on a beau avoir une santé de fer

on finit toujours par rouiller.

Je voudrais rassurer ceux qui n'ont pas le moral,

ceux qui souffrent, ceux dans la douleur,

de leur dire, qu'être en bonne santé, c'est d'avoir mal

tous les jours à un endroit différent.

En vérité je vous le dis ! Dieu dans sa colère créa la femme.

Toi la femme, tu me tortures, mais je t'aime.

Sans vous nous sommes perdus mais parfois, cela soulage.

 

J. C. Jacquemin

 

 

 

 

 

 

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Fée

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

 

Dans la nuit les doigts d'or dorment

de la fée aux étangs bleus

et sur le front noir des ormes

s'effilochent, blancs, les cieux.

 

Lune, anneau nu diaphane,

en toi que promènes-tu,

de quel rêve qui se fane

honores-tu la vertu ?

 

Aussi rouge qu'est la crête

du coq au matin chantant

Tel est le cœur du poète

Ras d'un amour éclatant.

 

Devant cette scène immense

de doux dons et de désirs,

mots ! Que la fête commence,

et vous sons soyez plaisirs !

 

Sur le papier bleu se couchent

des vers libres comme l'air

et cette ombre sur ta bouche

affermit son timbre clair.

 

Le vent, prince en son domaine,

fait offrande de ses jeux :

bonne heure, faridondaine,

viens à moi quand tu le veux !

 

Jean-François Sautière

 

 

 

 

 

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YEUX AU PLAFOND

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

L’astuce s’évapore au creux d’un nuage.

Une rivière en coule, en pleurs de rires satinés.

J’ajoute qu’il en faut du temps pour ensemencer des plaisanteries.

Et je pense …

 

Dents toutes blanches.

Les rires fusent en dévalant des gorges déployées.

La vie roucoule autour de la fumée bleue.

J’ajoute qu’il en faut du temps pour s’accommoder d’une simple fumée bleue.

Et je pense …

 

DENTS AUX YEUX,

L’astuce s’évapore au plafond.

Une rivière de rires fuse en pleurs de nuages.

La vie coule en une fumée bleue.

 

TANIERE ROSE ET FUMEE BLEUE …

ET JE PENSE

 HERTIA-MAY

 

 

 

 

 

 

 

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 Papa

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

 

Tu étais dans ton lit

Dormant profondément

La bouche entrouverte

Sur un souffle qui s'est tu

Mes larmes sur ton front

Ne t'ont pas réveillé

J'ai voulu remonter

La couverture sur toi

Mais tu avais déjà si froid

Que ce n'était plus la peine

 

La terre de ton jardin

Est nue en cette saison

Mais dans ta serre poussent des orties

Que t'importe maintenant

Que l'horloge pour toi s'est arrêtée

Tu n'en remonteras plus les heures

Sans nous avoir prévenus

Sans bagage, tu t'en vas

Nous laissant avec notre chagrin

 

Mais ne t'inquiète pas

Arrive où il te faut

Et repose avec sérénité

Tu l'as bien mérité

 

Non ne t'inquiète pas

La terre de ton jardin

A beau être nue en cette saison

Tu y as semé de bonnes graines

Tes enfants et tes petits enfants

Fleurissent d'amour

Et te disent qu'ils t'aiment.

 

Michèle

 

 

 

 

 

 

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Faits divers

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

Journal

froissé dans un fluor

où se griffe

en larmes majuscules

la rouge aurore des guitares

et bleu hasard

 

mince la campagne comme une lame de lune

s'aiguisant doucement

au sang mauve

des brumes

 

un lys à la main

vient un amour d'étoiles

un vent d'or s'ouvre

et la grenaille de feu diapre sa romance

 

au cri bleu

de sa douleur

la sève se met des cheveux secs

au sud au nord

les soleils fondent

 

folles hachures brisées dans une mare de sel

lors sur l'humus fade

son œil insonore saigne

comme un jeune sexe

un lys à la main.

 

Saint-Hesbaye

  

 

 

 

 

 

 

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Vent de novembre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Vent de novembre, vent du soir

Dis-moi pourquoi ce mal à l'âme

Qui vient remplir mes yeux de larmes

Dis-moi pourquoi ce manque ce soir

Qui vient me barbouiller de noir

Vent de novembre si doux ce soir

Toi qui chuchotes des ries d'enfants

Dedans les arbres doucement

Pourquoi toujours partir si loin

Quand plus vieux ils se font la belle

Vent de novembre vent chagrin

Qu'as-tu appris sur ton chemin

Donne-moi de bonnes nouvelles !...

 

Thérèse Leroy

 02 novembre 2013

 

 

 

 

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J’ai vu

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

J'ai entendu le silence gémir de longs râles d’impuissance

J'ai vu le vide de l'absence crever la bulle de ma conscience

J'ai vu un arbre presque mort se pencher sur l'onde, son amie,

tendre ses longs bras décharnés pour l'effleurer une dernière fois.

Il contemplait son âme qui riait au fond de la rivière

J'ai vu un saule solitaire mêler ses larmes à l'eau tranquille

pour lui faire ses derniers adieux

J'ai vu le silence sceller les murs de ma vie,

ériger des remparts tout autour de mon cœur.

Thérèse Leroy

1er février 2012

 

 

 

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Martine (chanson 1968)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Si vingt ans, c'est bien court, quand on ne fait qu'apprendre,

que vingt ans semblent longs, quand il nous faut attendre,

quand on a terminé son plein de volonté,

quand on veut apporter sa part de vérité,

qu'on veut crier sa foi, et clamer sa raison,

jusqu'au bout de la Terre, reculer l'horizon,

quand le sang va bouillir, au fond de ses entrailles,

et qu'on veut, de sa vie, en faire une bataille.

 

Et tu avais vingt ans, en ce beau mois de mai,

et tu crus que ta vie ne serait désormais

qu'un combat sans merci, pour un monde meilleur,

qu'à lutter, toute ta vie, tu mettrais tout ton cœur.

Contre tous les abus, toutes les injustices,

tu pourrais consentir à tous les sacrifices,

à toutes les révoltes, tu répondrais : présent !

Car tu sentais en toi un cœur de partisan.

 

Mais tu ne savais pas quand tu avais vingt ans,

que vingt ans, de la vie, c'est aussi le printemps.

Quand le vent est plus doux et que le soleil brille,

la vie pour continuer, piège les jolies filles,

qu'il suffit d'un regard éperdu de tendresse,

pour que dans le lointain, s'envolent les promesses,

qu'en un autre chemin, t'attendait le destin

et que pour les Martine, il y a des Martin.

 

                        Martine, étudiante en russe, a rencontré et épousé Robert Martin.

                                                               Marcel Lesage

 

 

 

 

 

 

 

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Dunkerque

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Dunkerque, Mai mille neuf cent quarante où ils luttèrent, un contre cinquante.

Était-ce Sedan ou Waterloo ?

Où l'on mourrait, plutôt que de se rendre !

Ils préfèrent la gloire, même par le tombeau.

Ils disaient Non ! Plutôt que de se vendre.

Comme leurs pères, ils suivaient. Criant : qui sut mourir, il y a vingt cinq ans !

Que d'inconnus luttèrent avec courage, l'âme en peine, le cœur plein de rage.

Ne reculant même pas sous les stuka. Comme à Verdun, ils disaient : nous sommes là.

Simple troupier, qui remplaçait un chef.

Qui ne comprenait plus, il semblait vivre un rêve. Que dire, que faire,

c'était la destinée.

Il fallait reculer ou bien se sacrifier.

Pas de discours vain, il fallait trancher net !

Sous le fracas des bombes ennemies.

Sachant pour eux, qu'il n'y avait plus d'espoir.

Ils se sacrifièrent pour sauver les amis

Les regardant partir, le cœur au désespoir

Voyant ses camarades morts à ses côtés

Il brisa son fusil et se mit à pleurer !

 

Les hommes de Bazaine, fiers, ils pouvaient suivre,

Eux qui s'étaient rendus, parce qu'ils voulaient vivre !

                                                                                 Roger Devillers

 16 avril 1969

 

 

 

 

 

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Réunis à jamais  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

 

Mes nuits sont blanches, les idées noires

Depuis ce soir où sans crier gare,

Sans un adieu, sans un au revoir,

Tu es partie, sans vie !!

Me laissant blafard ! Anéanti !

Brisé ! Dans le désespoir...

Les beaux jours sont arrivés,

Mais tout me parait sombre

Dans notre maison tant aimée !

En vain, je cherche après ton ombre.

Alors, je m'en vais, sur ce chemin

Qui me conduit vers toi,

Prostré, le dos courbé,

Plongé dans mes pensées...

En pleurs, le cœur en émoi...

Je t'ai cueilli des roses,

Un bouquet de lilas blanc.

Sur ta tombe, je les dépose,

Les fleurs, tu aimais tant !

Tu sais ? La mort, par ses méfaits,

A tenté de nous séparer.

Mais chaque jour que Dieu fait

Nous rapproche où, allongé à tes côtés,

Nous serons tous deux, presque enlacés...

Comme des amants ! Réunis à jamais !

Bernard SIMON

 

 

 

 

 

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Pour être en paix

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

 

 

Je pensais racheter ma faute

Oublier tous ses hôtes

Trouver la paix

Même si rien n'était gai

Mais je ne suis pas à ma place

Même les montagnes se déplacent

Pour me faire entendre mon erreur

Avant que je ne sois en pleurs

Je me perdrai si je reste là

Je ne veux plus de ce choix

Même si ma tête est mise à prix

Si je suis hors tes lois

Je ferai face à ce délit

J'ai trouvé cette force en moi

Je pensais ne jamais y arriver

Mais je ne peux plus reculer

Je ne savais pas comment m'en sortir

Sans que je sois punie

Mais aucune sanction

Ne ressemblera plus à une prison

Même si j'ai peur de ta réaction

Il n'y aura aucune interdiction.

 

Christelle Lesourd

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Haut

 

 

Trois Petits Vieux

 

 

Tros viux meusieurs assis sur in binc discutaill’te trinquillemint d’eul pleufe et du biau timps !

Inn jonne fille, ben d’eus persanne, vint à passeu devint euss !

Teuille mo-yenne, seins plintureux queu laiche entervir in larche décolleteu, inn mini jupe montrint in joli fessieu !

Chti de 80 z’ins sé liève et s’met à li emboîteu l’pas, tindis qu’lé deux z’autes in restent pintois. Au bout d’dix mètes ed marche, y.l’arviant veurs sé comarates qu’y li d’minne :

- Pouquo té débuqué come cha ?

- J’eun sais pon ! Jé eu invie d’eul suife pis après j’eum sus d’mindé pouquo ? Et come euj n’avos pon d’répanse euj sus arv’nu !

- Ché dur quind in é viux ! diste el deux z’autes.

Pis y s’d’minte queul é l’âche eul pus diffichile :

- 70 z‘ins ! Ché l’âche vrémint dur, dit chti de 70 z’ins. T’as toudis l'impressian d'avir invie ed pisseu et l’pupart du timps y na rin qui viet.

- Oh, ché rin cha, dit chti qu’y l’a 75 z’ins. À 75 z’ins, té bo-yaux sont foutus. Té prinds dé laxatifs, teu minches dé fibres, teu restes assis aux tolettes pindait dé z’heuères et rin ne viet.

- Nan, pon du tout, dit l’papy de 80 z’ins. 80 z’ins, c'est vrémint l'âche el pus terripe.

- T’as dé problinmes pou ti feure pipi ? d’minne eul viux monsieur de 70 z’ins.

- Nan, nan, euj pisse tous ché matans à 6h00 pile. Aucan problinme.

- Alorse t’as des problinmes eud digestian ? inchînne l’aute ti-z’aute

- Nan, nan, euj fé tous lé matans à 6h30 exactemint.

- Ben alors, pipi à 6h00, caca à 6h30, quo qu’y é chi terripe à 80 z’ins ? ed’minne-t-ils

-Ben ! Ché qu’euj me révèle qu'à 7h00

HMA

 

 

 

 

 

 

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Entrer dans la lumière, comme un insecte fou*

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

 

"J'en ai assez, zut, vraiment assez ! Tout le monde me regarde, c'en est trop !"

Dans un soupir Fred lui répondit : "Tu es une trop belle plante ma Lily, trop belle !" Et ensemble nous  formons un beau duo, se dit la demoiselle.

"Oui, mais je ne suis pas seule, regarde les autres fleurs, on dirait qu'elles sont invisibles."

"C'est toi qui as le privilège d'être dans la lumière aujourd'hui, ne t'en plains pas !"

"Elles sont en bande et moi je suis isolée, immobile au milieu de l'étang."

"Tu exagères, Lily, tu exagères ! Si tu étais seule derrière le pont là-bas, je ne dis pas, mais ici les touristes n'ont d'yeux que pour toi"... et moi, pensa Fred.

"Je m'ennuie, je voudrais m'amuser avec mes copines... Pourquoi ces gens me dévisagent-ils ? Un bon orage les ferait fuir."

"Regarde les flashes, souris, tiens-toi immobile", je fais le show.

"Non, ça me gonfle, aide-moi Fred, s'il te plaît."

"Paris, New York, Tokyo : on nous admirera partout et ça me plaît bien..."

"Tu seras partout aussi ?"

"Oui ma Lily, à nous la célébrité !"

"Quoi la célébrité ? Ma famille tout entière est déjà universellement connue ; "Les Nymphéas" de Monet, tu as oublié ? Alors, tu sais, moi la postérité... Je veux m'amuser, dériver, danser, virevolter."

"Mais moi, je suis inconnue alors que j'aspire à être célèbre, c'est l'occasion."

"Où es-tu Fred ?"

"Regarde ce rai de lumière qui passe entre les saules, l'instant est magique !"

"Je n'y tiens plus... Sam, Sam, vite viens m'aider, pousse-moi, s'il te plaît."

"Tu parles, pensa Fred, un poisson c'est sourd."

"Fred, s'il te plaît, mets tes pattes sur l'eau, cours, ainsi Sam essaiera une fois de plus de t'attraper... et son remue-ménage me fera dériver près des autres, allez !"

"Bien, de toute façon l'orage arrive et je suis devenue célèbre ; même si Sam me gobe je suis une star. Même les enfants là-bas m'ont peinte."

"Ah, c'était donc ça !". Lily jeta un coup d’œil sur la berge, il y avait là une classe, comme très souvent à Giverny, des artistes en herbe qui essayaient à leur tour de peindre les nymphéas. Mais sur les tableaux, comme sur les photos prises par de nombreux visiteurs, au milieu de l'étang trônait un nénuphar d'un blanc immaculé surmonté d'une magnifique libellule dont les ailes irisées faisaient danser la lumière !

 

*titre d'une chanson interprétée par Patricia Kaas (paroles de Didier Barbelivien, musique François Bernheim)

Agnès LEPAN-Herlemont

                                                                                                           (texte participant au concours La Caudriole 

 

 

 

 

 

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IMPRESSION SUR LE SABLE

 

 

 

 

 

 

 

 

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La vie, la vie cruelle autant que l’est la mer

Le sable de la nuit

Passe interminablement passe entre mes doigts

 

Ô les soleils amers des sourires absents

Sur les photos lointaines

L’océan de tes yeux où se perd mon navire

 

Sur le sable des plages

Le lent cheminement

De nos années

Henri LACHEZE

 

 

 

 

 

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Respire

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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-Toc, toc, toc... Salut vieille branche ! Pouvons-nous effeuiller quelques mots ?

 

-Tu me sembles bien hardie dame Mésange,

Quel bon vent t'amène ?

 

-Je vole d'arbre en arbre mais aucun ne me convient,

Ta solidité et ta beauté ont picoté ma curiosité.

Accepterais-tu de m'héberger ?

 

-Tu n'es malheureusement pas la seule à me solliciter,

Je dois cependant faire un choix et être juste.

D'où te déniches-tu avec tant d'ardeur ?

 

-De quelques soixante arbres plus loin, le voyage a été long et pénible.

Comme tu vois, mon plumage est lumineux et mon physique plutôt agréable,

Je suis également discrète, je devrais répondre à tes attentes. Qu'en penses-tu ?

 

-Tes arguments me séduisent certes, mais je dois réfléchir.

Pourquoi as-tu quitté ton nid si inopinément ?

 

-J'ai dû m'enfuir, mon arbre n'a pas résisté à une tempête,

Il était trop frêle, mal exposé, mal situé. Bref, rien qui vaille !

 

-Tu as frappé au bon tronc, je suis un chêne âgé et robuste.

Les hommes ont déjà tenté de m'abattre en vain,

Ils nous admirent et respirent notre oxygène, néanmoins,

Dès que nos feuilles les incommodent ou toute autre chose,

Ils nous éliminent un par un sans autre forme de procès.

 

-Je comprends ton indignation, personne ne troublera plus ta quiétude,

Ils n'auront jamais ton écorce ! Parole de volatile !

 

-Tu m'as convaincu, tu peux t'installer dans mon houppier

A la troisième branche à droite, tu y seras en sécurité.

 

-Merci de tout cœur votre majesté le Chêne ! Je plane de bonheur.

Votre parure tantôt verdoyante, tantôt flamboyante et votre prestance inégalée

Sont un régal pour les yeux, je vais à coup sûr faire des envieux.

 

-Toi, symbole de la Liberté et moi, symbole de la Vie

A l'unisson allons pouvoir déplacer les forêts et graver notre amitié.

 

                Béatrice Vallet

(texte participant au concours La Caudriole 2014)

 

 

 

 

 

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Réminiscences

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

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Inspirer religieusement paupières closes,

La tiédeur d'un souffle pur et intermittent

Qui cesse parfois, pour penser à quelque chose,

Puis réactive des cimes, le bruissement.

Brise automnale, tu caresses les joues roses

Du petit qui regarde le ciel en marchant.

 

Entrouvrir le regard sur les rayons filtrés,

Voilés par des cils tremblants jusqu'à la lisière,

Rais rougeoyants tamisés dans l'écrin cilié

Vont s'éparpillant dans le ciel de Vendémiaire.

Septembre parsème ses lueurs empourprées

Par les fenêtres entrebâillées des chaumières.

 

Insatiable de nature, tête baissée,

Il écoute dans le froissement des feuillages

L'orchestration alternée des oiseaux cachés,

Trahis par leur envol au-dessus des ramages.

Lumière et son, l'enfant s'en emplit tout entier

Avant d'atteindre l'école de son village.

 

Quelques feuilles craquantes foulées sous ses pieds,

S'élevant comme des plumes, puis retombant,

Signe d'adieu, d'un au revoir plein de pitié.

Odeur de branches brûlées s'exhalant des champs,

Olfactive magie qu'il ne veut oublier.

C'était vous, c'était moi, ce petit, cet enfant...

 

Chacun se reconnaîtra...

 

Maria-Caméla Duhin-Carnélos

 

 

 

 

 

 

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HOMMAGE AUX FEMMES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

 

 

Dieu dans sa bonté créa la femme,

Aussi l’homme pour ne pas décevoir le Créateur,

Doit-il leur donner toute sa flamme

Et tous avec conviction leur souhaiter bonheur.

 

L’amitié avec la femme est possible,

Peut-être doit-elle durer toujours ?

Il n’est pas impossible,

Qu’elle se transforme en amour.

 

Elles nous donnent la chair, la parole.

Donc, comme la parabole,

L’homme doit leur supprimer le malheur,

Et leur donner tout leur cœur.

 

L’humanité le dit, elles sont toutes belles.

Aussi, avec tout notre amour

En espérant qu’il dure toujours,

Elles gagneront la vie éternelle.

 

Jean Charles  de BEAUMONT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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  Retour de perm

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Lundi matin, quai de gare à Bertry : plusieurs copains ont tenu à accompagner leurs deux amis en partance pour leur casernement. En effet, P.G. et G.S. retournaient en Allemagne après une "48 heures". Le week-end, ils avaient fait "fort" et il restait encore un peu de brume d'éthanol à éliminer !

Le samedi avait été consacré au fameux bal, suivi d'un dernier verre chez des copains. Le dimanche, on avait remis cela à l'apéro et la nuit de dimanche à lundi avait été agitée !

 

En attendant le train, ils continuèrent leurs pitreries, parfois au détriment du chef de quai. (Tas vu, il a trois étoiles sur sa casquette, comme le cognac Otard !). Ils se mirent en rond, accrochés par le petit doigt. Ils se courbèrent en faisant des vocalises à la "Dutronc".

Le chef de gare siffla enfin et agita son drapeau rouge, histoire de faire reculer les curieux ! Le convoi freina dans un bruit de tôle sciée et s'arrêta difficilement.

Sur un dernier signe à leurs copains, les deux "bidasses" embarquèrent avec leur sac marin.

 

M.G., G.F., G.T. et J.P. B. s'étonnèrent sans plus de la présence dans les voitures de dames voilées. Étaient-ce vraiment des femmes ? Peut-être le contre-jour déformait-il la réalité et voyaient-ils de simples appelés, coiffés de casquettes ou de calots ?

"Peut-être des aumônières accompagnant les militaires de l'autre côté de la frontière ?"

Ils trouvèrent avec difficulté deux petites places en face de deux religieuses et à côté de deux personnes âgées. Ils ne virent pas de jeunes soldats : peut-être étaient-ils dans un autre wagon, occupés à boire un dernier coup !

Régulièrement, un curé passait dans la travée et aspergeait le monde d'eau bénite, en chantant quelques prières. Les deux amis se regardèrent tout de même, pensant entendre plutôt des chansons paillardes ! Ce n'était quand même pas la guerre ! Il n'y avait pas de quoi prier Dieu pour un simple séjour de douze mois à l'armée ! Les prières au chapelet s'enchaînèrent par dizaines et les deux compagnons se sentirent de plus en plus mal à l'aise.

Une dame assez sûre d'elle vint leur demander de l'aide pour déplacer quelques poussettes, afin de faire de la place pour aider le passage d'un handicapé. Ils se dirent un bref instant qu'ils avaient peut-être raté la mobilisation générale et qu'il s'agissait déjà des premiers blessés d'un conflit qu'ils n'avaient pas pu suivre, occupés qu'ils étaient le samedi à picoler. Les brumes d'alcool maintenant complètement dissipées, ils se montraient si inquiets qu'ils se permirent une petite collation : un sandwich au pâté accompagné d'une canette de Seltz Braü ! Ils durent même trinquer avec leurs voisines avalant leur gobelet de café !

L'atmosphère devenait lourde, le convoi arriva à Saint-Quentin.

 

Sur le quai de Bertry, les copains virent déboîter un deuxième train, plus en conformité avec ce qu'ils attendaient d'un train militaire. En effet, de nombreuses têtes avec bérets ou képis se penchaient par les fenêtres, salués par les jeunes.

Ils comprirent assez vite que les deux bidasses s'étaient gourés de train !

Ils questionnèrent le chef de quai, qui leur répondit sur un ton péremptoire. Sans leurs moqueries à son endroit, il aurait pu les informer de leur erreur de jugement ! Leurs copains s'étaient fourvoyés et avaient emprunté le train de Lourdes !

 

J.P. B. se décida à téléphoner à son père pour lui demander son avis !

Ce dernier comprit qu'il lui restait à téléphoner à son voisin, sous-chef de gare !

Les cheminots parvinrent à faire arrêter les deux trains à Saint-Quentin pendant une petite demi-heure. Deux employés de gare, en tenue de la SNCF, montèrent dans le convoi. Ils localisèrent rapidement deux jeunes parmi un ensemble de personnes mûres, les emmenèrent rapidement en bas et leur firent traverser les voies ferrées, afin de trouver leur vrai moyen de transport !

Ils firent l'objet d'une ovation générale des autres soldats. Ils se sentirent, un bref instant, les personnalités les plus importantes de la Terre !

 

L’histoire de ce retour de perm fit rapidement le tour des cafés et autres bistrots du canton, sinon de l'arrondissement !

 

HERTIA-MAY

 

 

 

 

 

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Je m'appelle Séléna Héra et ceci est mon histoire

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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chapitre 1: commencement (suite) :

Je grandissais de jour en jour. À 4 semaines je paraissais une enfant de 5 mois. J'étais très intelligente et apprenais vite. Ça faisait peur à ma famille car ils n'avaient jamais connu ça. Même papa avec ses 200 ans de vie ne connaissait pas ce phénomène.

La journée, je ne paraissais qu'une petite fille totalement normale, mais la nuit je paraissais le plus beau bébé diabolique de tous les temps.

Pour ma dentition c'était pratique étant donné que je suis née avec toutes mes dents ainsi que mes canines. Ces dernières sont assez étranges car elles ne sortent que la nuit. La journée elles ont une apparence banale comme le reste de ma personne.

J'appris à me nourrir vers mes 1 an alors que j'en paraissais 5. Je devais sortir la nuit après ma métamorphose avec mon père. Il m'apprit à écouter les sons, les bruissements et à reconnaître l'odeur des divers animaux qui me serviront de nourriture. À mes premières chasses un lapin me suffisait mais très vite mon appétit grandit. Je devais les déterrer pour m'en trouver toute une flopée, mais ce n'était pas facile. Papa m'aida souvent et puis un jour trouvant que j'étais capable de me débrouiller seule, me laissa rentrer après avoir mangé. Depuis ce jour, il ne m'accompagna plus et... ma plus belle chasse arriva.

�.                    Papa, maman, je vais chasser!

�.                    Ne t'éloigne pas trop et rentre vite il ne faudrait pas que l'on te voit.

�.                    Oui père.

Je partis rapidement, sentant une odeur alléchante. Arrivée à son emplacement, je le vis. Il était grand et majestueux. Sa robe était d'un rare éclat et d’une beauté éclatante. Un puma.

A ma vue, il feula et montra les crocs. Je lui rendis la pareille en grognant et me mit en position d'attaque.

Il attaqua le premier certainement sûr qu'il allait me tuer. Je l'attrapai à bras le corps et le mordit en pleine gorge pile à l'endroit où le flot de sang est le plus fort.

Ce puma avait un véritable goût, le goût d'un carnivore et c'était délicieux. Je lâchai sa dépouille et rentrai. Depuis cette chasse, le puma devint mon met favori.

Mère commença a chasser seule avec moi. Je débusquais les proies et elle les tuait. On faisait une bonne équipe.

Lorsque j'approchai de la taille d'un enfant de 10 ans, mes parents décidèrent de me confier à une famille d'accueil. Je les ai entendus en parler alors que j'étais partie en chasse:

�.                    Mallie tu sais que Séléna n'est pas comme nous, elle ne peut pas continuer à vivre ici et risquer sa vie a chaque nouvelle rencontre avec quelqu'un de notre espèce. Il faut que tu me laisses gérer son avenir. Ce n'est pas comme si on ne la reverra jamais et puis on ne sait pas ce qu'elle va devenir ou même si elle est immortelle comme nous. C'est trop risqué, nous devons la mettre en sécurité.

�.                    Mais Louis c'est notre fille ! Comment peux-tu vouloir la confier à des humains! Elle n'est pas non plus comme eux ! Elle est un mélange de nos deux espèces et elle ne sera pas plus en sécurité si elle reste seule les trois quarts du temps ! Séléna est encore trop jeune, elle n'a que 7 ans! Je sais qu'elle est adulte dans sa tête et qu'elle paraît plus vieille mais je ne suis pas prête à la laisser partir maintenant!!

�.                    La discussion est finie ! Séléna ira dans cette famille et aura une vie humaine normale ! Nous la verrons la nuit de temps en temps pour voir son évolution et si je trouve que cela devient trop risqué, nous partirons et la laisserons vivre sa vie! Crois-moi Mallie ça me fait aussi mal qu'à toi mais nous n’avons pas le choix. S'il te plaît ne rends pas les choses plus difficiles qu'elles ne le sont. Attendons qu'elle revienne et nous lui annoncerons. J’étais horrifiée.

Comment mon père avait pu me faire ça ? Il avait si peur de ce que je pouvais devenir, qui voulait se débarrasser de moi... sous le coup de la colère, je voulais qu’il vienne à moi pour le taper, le massacrer, lui faire mal comme il venait de le faire. J'ai eu un flash et le temps que je comprenne, il se trouvait devant moi, complètement terrifié.

�.                    Bravo papa. Je ne pensais pas que tu étais si méchant et égoïste. Tu crois que je n'ai pas peur de mon avenir aussi ? Je ne sais même pas ce que je vais devenir ! A l'instant, je viens de découvrir en même temps que toi, que j'avais un autre pouvoir dont j'ignorais l’existence! J'aurais aimé que tu m'en parles avant de prendre une décision aussi importante pour ma vie ! Car oui il s'agit bien de ma vie et non de la tienne car tu n'en fais plus partie ! Emmène-moi là-bas qu'on en finisse !

�.                    Je suis désolée Séléna mais il le faut.

Il m'emmena auprès de ma mère. Je lui fis mes adieux en lui promettant toutefois de venir le plus souvent possible pour la voir. Elle pleura durant tout le chemin et donna ma main à cette famille qui me séparerait d'elle.

�.                    Au revoir ma fille dit mon père triste mais noble.

�.                    Je t'en veux mais nous en reparlerons.

J'avais chuchoté pour ne pas que ces nouvelles personnes m'entendent.

Je m'avançais contre mon gré pour faire connaissance avec eux.

Je pensais que cette nouvelle vie n'allait pas me plaire et j'avais raison en un sens.

 MELANIE

 

 

 

 

 

 

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Les étoiles

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Quand il neigeait, maman me disait toujours que c’était le ciel qui laissait tomber ses étoiles. C’était tout à fait plausible à cause de l’éclat de ces petits cristaux scintillants qui dégringolaient par vagues de nuages, en se délestant d’aise, dans notre petit chemin. Et puis, c’est maman qui le disait…

 

Alors, j’étais partagé entre deux sentiments intenses. J’étais rempli de joie de voir toute cette neige entassée sur les trottoirs et j’avais une peur panique de ne plus jamais revoir une seule étoile, dans notre grand ciel, quand reviendrait la nuit.

 

J’imaginais les étoiles fragiles, décrochées par je ne sais quel sortilège céleste, en train de quitter leur emplacement avec le souffle du vent comme seul guide. La culbute, c’était bien le dernier trajet des étoiles filantes. Les figures imposées, leurs arabesques précieuses, avaient des insinuations pathétiques de déchues. Elles reculaient l’échéance pénible de leur abandon, en flottant quelques secondes dans l’air, comme pour crier : « Regardez-nous, regardez-nous !... C’est notre dernière mission, nous descendons du ciel pour remplir vos yeux d’émerveillement !... Avez-vous remarqué toutes les couleurs de nos mille facettes, les formes abruptes de nos angles et la légèreté de nos démonstrations ?!... »

 

Je capturais quelques fugaces dans le creux de la main mais, comme des larmes, elles s’évadaient toujours entre mes doigts. Pourtant, je courais jusqu’à ma mère pour lui demander le nom de l’étoile captive qui battait les derniers instants de ses blanches pulsations astrales. Inlassablement, je revenais vers elle avec d’autres prisonnières éphémères. Maman en savait tant sur le ciel et ses locataires…

Comment les étoiles pouvaient autant briller dans la nuit et être aussi froides dans mes mains ?... Pourquoi j’étais tellement incapable d’en retenir une vivante ?... Le ciel était donc plus froid que ma main pour qu’elle ne fonde pas avant ?... Comment le ciel pouvait abandonner ses meilleures étoiles ?... La voûte céleste laissait choir les perles de sa robe de vêprée. C’était vraiment un grand point d’interrogation auquel je cherchais vainement des réponses. N’étaient-elles pas le plus beau parement de la nuit ?...

 

Toutes ces figures astrales, ces nébuleuses, ces planètes lointaines avaient leur place dans le Ciel, elles avaient des formes de chariot, de zodiaque, de constellations et on pouvait passer la nuit à les observer. C’était des colliers brillants, des joyaux, des diamants, des saphirs, posés dans l’écrin de la nuit. Dans mes livres de conquête, on disait que les vieux capitaines et leurs bateaux suivaient les belles étoiles pour retrouver leur chemin. Et toutes les prières qui montent au Ciel pour rejoindre les étoiles de nos chers disparus retombaient alors sur la terre ?...

 

Dans ma petite tête d’enfant, c’était un embarras inextricable qui perturbait mes vérités. La rue n’était plus le rassemblement de flocons blancs mais elle était jonchée d’étoiles mortes. Et mes petites empreintes craquantes en étaient une forme de désolation sonore. Je n’osais plus les attraper pour ne pas qu’elles périssent dans la chaleur de ma main. J’espérais même la fin de l’ondée neigeuse tellement j’étais mal à l’aise de vivre cette perte cristalline…

 

J’essayais de me rappeler nos belles nuits d’été, celles où je m’abîmais dans leur contemplation ; je cherchais leur emplacement fidèle, leur positionnement le plus réel, pour en garder la cartographie dans un coin de ma mémoire. Parfois j’étais rassuré parce qu’il y en avait tant à regarder la nuit et parfois j’étais inquiet parce qu’elles ne sont pas inépuisables…

C’est rassurant, une étoile ; c’est blanc comme la pureté, c’est tangible, c’est visible toutes les nuits pendant qu’on s’intéresse à elle. Elle est toujours là, comme une amie fidèle à qui on murmure ses aventures de gamin. Elle clignote ses approbations, toujours d’accord sur tout ; elle a même des éclats de lumière tapageuse qu’on veut éclaireurs, fascinants, enrôleurs ! Marcher à l’ombre des étoiles ou courir sur la voie lactée, c’était dans mes habitudes de gamin. Je croyais à ma bonne étoile !....

Maman avait semé le doute au milieu de toutes mes croyances neigeuses d’enfant avec son allégorie alarmante. J’avais vraiment peur que le ciel de la nuit ne soit plus rempli que de vide. Pourtant, le ciel retrouvait ses étoiles, toutes, quand les nuits claires revenaient dans le paysage nocturne. J’étais enfin apaisé mais j’avais l’impression qu’elles étaient autres, toutes celles qui brillaient dorénavant dans l’espace. Elles étaient plus lointaines, plus hautaines, plus blanches ou dans un ordre différent, dans mon entendement. Peut-être que le ciel recrutait d’autres étoiles après la débâcle de l’hiver. Au fur et à mesure de leur décrochage, sans doute, il venait s’en poser de nouvelles, des éternelles, comme la neige…

 

Il n’empêche, quand j’étais gamin, le plaisir de voir tomber de la neige était largement contrasté avec l’angoisse de ne plus jamais revoir une seule étoile vivante dans le ciel. A l’exaltation magique succédait toujours l’abattement tragique. Je jouais différemment, mes bonhommes de neige regardaient ostensiblement le ciel comme des cosmonautes blancs avides de l’espace, je lançais toujours mes boules de neige dans les airs et je frottais mes habits avant de rentrer à la maison car maman n’aimait pas voir les étoiles s’épancher sur le parquet du salon…

 

Aujourd’hui encore, quand il neige, quand les flocons se laissent prendre un instant dans la lumière orangée des lampadaires, je ne peux m’empêcher de scruter le ciel de la nuit pour chercher mes étoiles…

Pascal

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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B0NNE FÊTE, MAMAN

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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De  par le monde

Tu nous es toujours restée

Symbole de vie et de paix profonde

Par ce seul mot “Maman”,

Celui qui n’a pas changé,

De partout à la ronde

Empreint d’amour et de fécondité

 

En ce mot murmuré par l’enfant

Que tu berçais, déjà si tendrement.

Au gré des jours, au fil du temps,

Ce mot magique que l’on redit enore

Quand en nous tout espoir parait mort,

Quand au bout du voyage,

L’on a tourné la page.

 

Pour toi qui as toujours su concilier les choses de la vie,

Contre vents et marées

Malgré tous les chagrins

Malgré tous les soucis

 

Simple poème que je suis

Pour toi seule, qui as gardé l’amour

De tous ceux que tu chéris.

Je voudrais en ce jour

Pouvoir te dire tout simplement

“Bonne fête, Maman!”

bonne fête, car l’on t’aime tant!

Albert JOCAILLE

 

 

 

 

 

 

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La maison d'en-haut

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Soulages est un hameau situé dans l'Escandorgue, au pied du Plateau du Grézac et des Monts d'Orb. On y accède par un chemin vicinal qui s'amorce en dent de fourche sur la route de Lodève et qui se hisse parmi les vignes vers un mas isolé dont la toiture cache sa lèpre derrière deux micocouliers géants.

Jeune veuve de la Résistance, Béatrice sentit fondre en elle le plaisir, ce plaisir des sens oublié depuis plus de dix ans. Stupéfaite de sa réaction elle observa, contempla l'inconnu, en ce printemps de 1958 porteur d'odeurs traînantes de lilas qui pénétraient par la fenêtre ouverte. Geisha, sa chienne labrador, aboya pour la forme, instinctivement, sans agressivité envers lui. Sa chaîne, sur le gravier, imitait le doux clapotis de la source proche.

L'homme ? Un randonneur égaré, un étudiant qui préparait son doctorat de Droit à Montpellier. Ils se revirent souvent, de plus en plus souvent. L'inévitable se produisit : ils devinrent amants. Un événement qui ne passa pas inaperçu dans le village d'en bas. Pourtant, jamais on ne les vit ensemble. Ce qui n'empêcha pas les bonnes langues de se gausser à leur passage, à l'un et à l'autre, comme si l'amour était un larcin, voire un crime. Peut-être était-ce par simple jalousie, pauvres êtres – hommes et femmes – qui avaient certainement oublié ce que signifiait exactement le mot "amour" et comment il se pratiquait, de cœur et de corps ?

Peu à peu, les chuchotements se firent clameurs agressives, insupportables. Béatrice et Alain, pour les faire taire, décidèrent de se marier. Alors la rumeur s'orienta dans une autre direction, laissant entendre que Béatrice, depuis son veuvage, avait accueilli en son lit tous les mâles de Soulages... et d'ailleurs – des plus jeunes aux plus âgés – une véritable péripatéticienne qui vidait leur porte-monnaie alors qu'en réalité ces mêmes porte-monnaie se vidaient au seul profit du bistrotier local !

Face à une telle hostilité, le couple ne pouvait envisager que deux solutions. Ou bien capituler en quittant les lieux. Ou bien entrer en guerre ouverte contre le village en recourant à tous les moyens imaginables, dont les pires. La guerre ? Béatrice et Alain ne s'en sentirent pas le courage. Vaincus, ils optèrent pour la vente de la petite maison du "bout du monde", une maison qui ne trouva aucun acquéreur... N'affirmait-on pas, en bas, qu'elle était hantée par une sorcière déguisée en fée, sorte de Lorelei qui attirait les hommes pour les faire disparaître après les avoir épuisés sexuellement ?

Rapidement, la vieille demeure, qui fut celle du bonheur pour Béatrice, d'abord auprès de son mari Pierre, puis de son amant Alain, fut envahie par les herbes, les corneilles et les vipères, la transformant en un véritable chaudron de sorcières que plus personne n'osa approcher, habitée par une sœur de la Vouivre, cette créature qui fréquentait les marécages franc-comtois, défendue par une armée de serpents venimeux.

Or, bien des années plus tard, alors que la maisonnette n'était plus qu'une ruine dissimulée par les ronces, on crut entendre le bruit caractéristique d'un sécateur. Effectivement les ronces, les genêts, les hautes herbes disparurent une à une, non pas brutalement, mais durant des mois et des mois. Au point de réapparaître, coquette avec ses volets repeints, ses tuiles rondes toutes neuves et vernissées, ornée d'une vigne chasselas, de chèvrefeuille odorant et d'une glycine abondamment fleurie.

Entre-temps au village, les générations avaient roulé leur bosse, laissant dans les ornières du temps des lambeaux d'histoires locales. Ne subsistait que la légende de la "maison d'en-haut" qu'habitèrent des amants maléfiques. Qui croirait à présent que cette maison-ci, toujours apparemment inhabitée – selon le constat des gendarmes envoyés en mission pour constater le fait – pourrait être maléfique, elle si agréable à regarder, donnant envie de l'acquérir... mais auprès de quel propriétaire ? A l'intérieur, cela ressemblait à un magasin d'antiquités. On y découvrait, dans un désordre sans poussière, force objets des plus précieux, manuscrits, incunables, armures et, curieusement, un aquarium peuplé de poissons exotiques en pleine forme. Or, aucun chargement n'avait transité par la rue du village... ça se serait vu ! Aucune trace de roues de chariot ou de pneus sur le chemin menant là-haut. De ce fait, à nouveau, les langues s'activèrent bon train. On raconta, dans le détail, ce qu'on vit... Hélas, chacun ne vit pas la même chose et chacun accusa l'autre d'affabulation, de mensonge, de delirium tremens ! Deux camps se constituèrent tout naturellement : celui de ceux qui étaient persuadés d'une version et celui de ceux qui avaient été les témoins de son contraire.

L'une de ces versions affirmait avoir aperçu une femme au corps vigoureux, se déplaçant divinement, alliant à la liberté des mouvements une aisance de patricienne. Quelque chose de libéré, de sûr de soi émanait de cette présence. Ceux-ci décrétèrent d'un commun accord qu'elle n'était pas qu'une belle fille, mais une jolie femme... ses cheveux fauves, ses yeux gris de félin, le nez court, la bouche souriante lui donnaient un air de couguar. L'autre camp vit aussi une créature féminine d'un chic à la fois impeccable et sournois qui détonait en ce lieu perdu, sage et sans guinderie, d'allure austère. La Béatrice se serait-elle réincarnée en l'une de ces apparitions, peut-être une seule et même personne selon l'heure du jour où on l'observait, toujours accompagnée par un chien labrador qui serait également la réincarnation de Geisha ? Un chien dont les hurlements nocturnes faisaient penser à ceux d'un loup, voire d'un loup-garou... pourquoi pas d'une louve-garou ?

La situation empira dans le village. Ça ne pouvait plus durer ! On se réunit autour du maire pour décider de la meilleure façon et des moyens en personnel et en armes - oui, vous avez bien lu, en armes ! - qu'il faudrait mettre en œuvre pour éradiquer de la commune ce qui divisait et troublait la population qui en perdait le sommeil et le manger... tout de même pas le boire ! L'être humain étant de nature querelleuse et individuelle, on ne parvint pas à se mettre à l'unisson, et aucun document ne fut paraphé et enregistré pour être adressé au sous-préfet de Lodève.

Or, un poète qui taquinait la muse passa par là, fut fort intéressé par le problème qu'on lui exposa, certes sans aucune objectivité. D'abord incrédule, en tant qu'être humain, sa muse Polymnie l'incita à s'installer quelque temps dans ce curieux village afin, grâce à elle, de résoudre cette énigme par le biais de l'imagination, de l'irréel, du surnaturel. Aristide – c'était son nom – vêtu de la panoplie de tous les poètes romantiques, s'enhardit. Il partit seul au crépuscule, chassant de son esprit toute menace susceptible de lui faire rebrousser chemin, celle d'une Vouivre locale. Il ressentait comme une attirance impossible à contrer. Aussi se laissa-t-il aller, confiant en sa destinée.

Au village, cet Aristide curieux à diverses raisons – eh dame, c'était le premier poète qui foulait leur terre, un homme capable de vivre sans travailler la terre, uniquement en faisant des vers, comment était-ce possible ? - ne leur a-t-il pas susurré qu'il avait... "rendez-vous avec un rosier dont il croyait ses lilas jaloux" ? Personne ne retint cette phrase, a priori codée ! Eux tous auraient entr'aperçu une femme et lui, malgré leurs dires, montait pour rencontrer un rosier... personne n'en avait vu un seul là-haut, même pas un églantier sauvage ! Un rosier... ni plus ni moins qu'une plante comme des milliers d'autres nées dans la nature, celle créée par Dieu... capable de rendre jaloux des lilas !! Ah ! Ces poètes, tous des êtres qui n'ont d'humain que leur apparence ! Et chacun de rire in petto de cet hurluberlu venu et allant on ne sait où, se déplaçant sans le moindre bagage. D'où vient donc l'étrange idée de vivre sans travailler de ses mains, à la recherche de l'idéal... "pour le bien de tous" affirment ces poètes ?

Quant à Aristide il marchait, le pied et le cœur légers. Avec l'impatience d'un collégien qui se rendrait à son premier rendez-vous. Aussi avec un zeste de retenue pour faire face à toute surprise éventuelle qu'il serait amené à découvrir, dépassant les limites de son savoir.

Sirius paraissait plantée dans le ciel clouté d'étoiles palpitantes, à la verticale de la "maison d'en-haut", escortée par le superbe croissant de la lune.

Comme sortie du maquis, elle lui apparut enfin, toute dorée de lumière cosmique, une maison de fée... Blanche-Neige existerait-elle vraiment entourée de nains à sa dévotion ? Aristide s'avança sur la pointe des pieds pour ne pas attirer l'attention du soi-disant loup-garou ou de vipères sifflantes.

Le cœur battant la chamade – même celui d'un poète réagit de la sorte devant une situation pareille ! - Aristide atteignit la maison, la toucha, la caressa sensuellement pour se persuader de sa réalité.

- Les gens d’en bas ont raison, se dit-il. Il ne s'agit pas d'une hallucination collective. Je vais tenter de voir si elle est habitée.

Ce qu'il devina, dans la semi-obscurité, enchanta son âme. Elle dormait, allongée sur un lit à baldaquin à lambris dorés, enlacée au corps d'un homme, leurs jambes entrecroisées comme les racines d'un seul arbre. La jeune femme scellait sa tête à l'épaule de son amant. Leur image se reflétait dans une psyché. Un labrador, allongé en sphinx, fixait le regard du visiteur, sans bouger. Aristide se sentirait sûrement plus à l'aise s'il était transformé en ectoplasme ! Il n’osa même plus respirer.

Il s'en fut en l’aube légère, les premiers rayons du soleil rosissant la crête de la Montagne de la Celette. Autour de lui, tout lui parut non plus hostile mais complice, les fleurs des genêts, des églantiers, celles des merisiers perlées de rosée, les parfums de la garrigue, le chant du coq réveillant la nature et les villageois, l'air frais et pur pénétrant au plus profond de ses poumons... toutes ces merveilles réunies firent de lui un homme nouveau. Les vers jaillirent de sa plume, noircirent les pages de son calepin, traduisant ses impressions sensitives en rimes riches, légères, diaphanes.

A Soulages on l'interrogea aussitôt. En vain. Il garda pour lui seul ce qu'il vit dans la "maison d'en-haut", persuadé que les corps entrelacés et fourbus d'amour étaient ceux, immortels, de Béatrice et d'Alain, enfants de l'Amour éternel. Aristide poursuivit son chemin, écrivit de nombreux poèmes, essentiellement pour son usage personnel, car qui eut cru son histoire ? Tout un chacun se serait moqué de lui et l'aurait traité de fou.

Les pour et les contre s'en retournèrent là-haut. Or la "maison d'en-haut" était redevenue une ruine envahie par les ronces, les orties et les herbes folles. Avaient-ils tous rêvé ? L'énigme ne fut jamais résolue et s'amplifia dans la tête des nouvelles générations.

Seul Aristide détient la vérité : la maison, le couple enlacé, le chien, tout était bien réel. Mais il ne souhaita jamais revenir sur les lieux, par crainte d'être déçu.

Qu'importe... les légendes ont la vie dure, n'est-ce pas ?

André-Pierre ROUSSEL

 

 

 

 

 

 

 

 

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 Les roses rouges

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Tout commença un beau soir d'été, plus précisément le samedi 13 août 1991. Les rues de Noirmoutier étaient pleines à craquer : des gens venus des quatre coins du globe admiraient le superbe château qui regorgeait de monde du début à la fin de l'été.

Chaque boutique ressemblait à une véritable caverne d'Ali Baba où les touristes se précipitaient pour se procurer des souvenirs inédits. Dans cette foule estivale se trouvaient François et Elodie mariés depuis trois ans. Lui, était assez grand, de corpulence moyenne. Il portait des vêtements très chics et pour un touriste, cela n'était pas fréquent. Ses cheveux noirs et courts lui allaient bien. Le couple marchait tranquillement en direction d'un musée sur le monde aquatique qui présentait toutes les sortes d'animaux sous-marins, allant de la baleine bleue au veau marin existant dans la baie de l'île de Noirmoutier en passant par le poisson perroquet et les éponges.

Ce riche musée très fréquenté se situait au fond d'une pittoresque ruelle où les touristes français et étrangers n'hésitaient pas à se rendre toute l'année.

Quelques heures étaient passées, François proposa à sa femme d'aller dîner au restaurant, au "Duguay Trouin" un des lieux les plus prestigieux de la région. On pouvait y déguster de délicieuses huîtres, des moules de Bouchot et naturellement de l'excellent Muscadet.

Élodie se réjouit de cette proposition ; le couple partit aussitôt pour St Gilles Croix de vie, la ville où se trouvait le restaurant.

La soirée passa vite, le repas fut des plus agréables et ils rentrèrent aux environs de minuit.

James conduisait à moitié endormi, fatigué sans doute par les kilomètres parcourus à pied à Noirmoutier... Ils arrivèrent dans leur résidence secondaire de St Jean de Monts, au 35, Impasse des mimosas. Elodie alla voir s'il y avait un message sur le répondeur et effectivement, il y en avait un. C'était sa sœur, Virginie, qui résidait à Rennes. Elle lui rappelait que Maxime, son fils de 11 ans, allait venir passer une semaine chez eux comme cela avait été convenu.

 

Le Lundi matin, François était seul car Élodie travaillait. Vers 11 heures, il entendit un bruit à la porte. François regarda par la fenêtre de la cuisine et aperçut son neveu accompagné de sa mère. Il leur ouvrit la porte. Il les embrassa tous les deux et en les accueillant, leur offrit un verre de jus d'orange. Virginie déjeuna avec Maxime et François avant de repartir en début d'après midi pour Rennes.

Alors, Maxime et son neveu discutèrent longuement puis allèrent se promener sur le port. Tous deux étaient assez complices et se voyaient souvent. François aimait la compagnie de ce garçon et Maxime se réjouissait toujours de partager des moments avec son oncle. Aussi François confia assez rapidement au jeune garçon qu'il avait une « amie » qui se nommait Jessica et que le lendemain il souhaitait lui faire une surprise pour son anniversaire, sans que Elodie ne soit au courant. François ne tarda pas à demander un petit service à son neveu :

« Maxime, est-ce que tu voudrais, demain, aller me chercher un bouquet de roses rouges ?

- Oui, d'accord ! Mais… Pourquoi ?

- Parce que, si à tout hasard, ta tante voit que j'achète un bouquet de roses pour Jessica, elle risque d'en faire tout un plat.

- D'accord, répondit Maxime. »

 

Le lendemain, vers 14 heures, Maxime entra chez le fleuriste avec l'argent que lui avait donné François. Cependant, Élodie, qui travaillait à l'Office du tourisme, en face du fleuriste, fut très étonnée de voir son neveu entrer chez le marchand de fleurs et s'empressa donc de le rejoindre. Elle lui demanda avec un sourire légèrement crispé, pour qui était le magnifique bouquet et Maxime, les yeux écarquillés lui déclara avec une légère hésitation dans la voix :

« Ben……., François m'a dit de ne le dire à personne, surtout à toi mais je vais te le dire quand même, c'est juste pour une amie. »

A peine eut-il fini sa phrase qu'il s'enfuit vers la maison de son oncle qui se trouvait à environ 400 m du centre ville, laissant la jeune femme interloquée, paralysée de consternation, envahie d'un sentiment de vide et d'incompréhension. Maxime arriva tout essoufflé et expliqua à François qu'il avait croisé Élodie. François en dissimulant mal une grimace le remercia en lui donnant un billet de 50 euros et il alla cacher les superbes roses dans un endroit sûr. Pour faire passer le temps, François et Maxime partirent aux Sables d'Olonne pour acheter quelques souvenirs et assister à la marée montante, phénomène qui, ce jour-là, risquait d'être exceptionnel puisqu'on était dans les jours de haute mer avec un très fort coefficient. Maxime était tout excité, ayant déjà oublié l'incident, François, lui, tentait tant bien que mal de dissimuler un malaise désormais installé en lui depuis l'annonce de la rencontre d’Élodie et de son neveu.

Élodie, déjà à la maison depuis 19 heures, attendait François pour qu'il lui fournisse enfin des explications sur cette mystérieuse « amie » à qui il offrait des roses rouges. Elle tournait autour de la table de la cuisine au moment où François ouvrit la porte. Il était déjà 19h30.

« Où est Maxime ?

-Il est resté dehors pour jouer au foot.

-Bon…, il m’a dit que le bouquet de roses était pour une amie ; je peux en savoir plus sur cette « amie » ?

-Mais quelle amie ? Et quel bouquet ? »

François se disait que c'était la dernière fois qu'il mêlait quelqu'un de la famille à ses histoires intimes. Mais Élodie continua, élevant davantage le ton.

« Surtout, ne fais pas ton ignorant, je sais très bien que tu mens ! lui déclara-t-elle.

-Bon, d'accord, j'ai envoyé Maxime chercher un bouquet de fleurs pour Jessica, c'est son anniversaire et alors ?…

-Quoi…, tu envoies des roses rouges à Jessica pour son anniversaire !! Alors qu'à moi pour mon anniversaire, tu ne m'as rien offert me disant seulement que tu m'offrirais quelque chose plus tard !!! s'exclama-t-elle très en colère.

-Bon c'est d'accord…, tais-toi, tu cries trop fort. On parlera de ça plus tard ! répondit-il sur un ton agacé.

-Tu… n'es qu'un… qu'un… MONSTRE !, parvint-elle à dire tout en pleurant.

Élodie sortit par la porte qui donnait sur la plage et partit en courant et en continuant de pleurer. Tout à coup, le téléphone se mit à sonner, François décrocha :

« -Allô !

-Oh !! Ne crie pas si fort, c'est moi, Virginie ! Ça va ? Je pourrais venir chercher Maxime demain vers 16 heures ? C'est d'accord ?

-C'est parfait, dit-il d'un ton presque assuré. Bon, bien alors, Virginie, à demain, et il raccrocha. »

Pendant ce temps Élodie pleurait toutes les larmes de son corps, elle était allongée sur le sable que la mer mouillait à chaque coup de vague. Elle avait honte de François et de Jessica, elle était totalement submergée de chagrin.

Elle rentra, ses yeux étaient rouges mais elle essayait de le dissimuler. Le dîner se passa très calmement, le silence régnait, on entendait presque les mouvements de la mer. Le lendemain matin, Maxime commença à faire ses valises, mais ce qui l'étonna, ce fut que François était en train de faire la cuisine, ce qui n'était vraiment pas habituel.

Il préparait le déjeuner, qui se passa lui aussi très calmement. François et Élodie essayèrent en vain de paraître le plus naturel possible. Pendant que Maxime, lui, essayait de mettre un peu d'ambiance dans cette atmosphère tendue, François devinait la douleur que pouvait ressentir Élodie : quant à celle-ci, elle imaginait son mari aux côtés de Jessica et ne pouvait s'empêcher de ressentir de la haine envers Jessica.

Dans l'après-midi comme prévu, Virginie vint chercher Maxime qui fut heureux de retrouver sa maman. Celle-ci aussi trouva François très bizarre car ce fut lui qui accompagna Maxime à la voiture. Il ne proposa pas à Virginie de prendre un café. Alors les deux bretons repartirent pour Rennes, Maxime garda le silence, Virginie s'en contenta. François profita d'un moment de solitude pour téléphoner à Jessica :

« Allô, Jessica ? demanda François.

-Oui, c'est toi ?

-C'est moi, ton amour de toujours !

-Ah ! Alors tu lui as dit quelque chose ?

-Oui, allons au restaurant ce soir ?! Qu'en dis-tu ?

-Oui, bien sûr ! Où ? A quelle heure ?

-Hum…, au « Duguay Trouin » comme d'habitude, vers 21 h, ça te va ?

Le soir venu, François partit rejoindre Jessica et tous les deux se retrouvèrent dans leur restaurant préféré. En semaine, il y avait généralement peu de monde. Jessica et François mangèrent des huîtres et burent du Muscadet, il devait être 1h du matin quand ils décidèrent de partir de St Gilles Croix de Vie vers St Jean de Monts.

Élodie quant à elle était partie faire un tour pour se changer les idées. Elle aperçut François et Jessica dans son restaurant favori et vit François offrir le bouquet de roses rouges à sa maîtresse qui le remercia aussitôt d'un tendre baiser. Élodie n'en croyait pas ses yeux, son mari la trompait… Elle partit du restaurant en larmes, courant à travers les rues de St Gilles Croix de Vie.

Quant à François et à Jessica, ils roulaient paisiblement profitant de cet agréable moment ensemble quand soudain à l'entrée de St Gilles Croix de Vie, pas loin du 35, Impasse des Mimosas, quelqu'un ou quelque chose heurta la voiture, François et Jessica s’empressèrent de sortir de la voiture.

D'une voix sans timbre et sans couleur, François déclara :

« Mais… c'est Élodie »…

Flavien Gouverneur

 

 

 

 

 

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 MOTS CROISES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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