SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N°42

PRÉCÉDENT

41 42 43 44 45 46 47 48 49 50

 

Janvier-Février-Mars-Avril 2014

 

Illustration BD  page 2

Patrick MERIC

JEUNES

 

Carlo, le petit lapin     page 8

JANOU

HUMOUR et PATOIS

 

Ça fait grandir tout d'un coup    page 3

Inconnu du web

Yacht ou batiau    page 3

Georges RATEL

Quinchon d’Martin et d’Martine   page 4-5

Hector MELON d’AUBIER

Pofe tiote Clémentine  page 5

Hector MELON d’AUBIER

Amuseries    page 6

Jean François & Jean Christophe SAUTIERE

ADULTES

Hommage aux Frères canadiens   page7

Roger de VILLERS

Pensée   page 8

Thérèse LEROY

Lever du jour  page 9

Nicole DUPLOUY

À Filou  page 9

Anne Marie IOOS

Le mystère d’Ursus   page 10-11

Maria-Carméla DUHIN-CARNELOS

Déserteur   page 11

Christelle LESOURD

Ma poupéeL’EGO   page 12 

Jeanne FOURMAUX  - Muriel MARIN

Le bonheur - Pensée   page 13

Gérard ROSSI - HMA

Le temps des cerises   page 14

Jean Charles JACQUEMIN

Quand je cueille la folie  page 14

SAINT-HESBAYE

Les vantards  Permettez   page 15

Muriel MARIN - Jacques LEBLANC

Soleil couchant d’Hiver - Ecriture   page 16

Bernard SIMON – Jérémy DESSAINT

A livre ouvertVoyage, voyage   page 17

Patricia LOUGHANI - Julien BURY 

Es-tu plumes ? - Maison  page 18

SAINT-HESBAYE - Thérèse LEROY

Les nouveaux vieux   page 19

Marcel LESAGE

Petits coups secsEcrire dix fées ramant  page 19

M.A LABBE -  Hertia MAY

La Gazette d’Emma     page 20

M.A LABBE

Automne novelet   page 21

Jean François  SAUTIERE

Les Pierres de lune  page 22 -23

Hertia MAY

Qui suis-je ? - Liberté    page 23

Geneviève BAILLY  - Albert JOCAILLE

C’est demain - Papillon   page 24

Henri LACHEZE - Jean François  SAUTIERE

NOUVELLES

Une bouteille à la mer    page 25-26

Yann VILLIERS

Les  Etoiles    page 27-28

Pascal DUPONT

L’espoir de nos vies  page 28

Stéphanie  BONNEVILLE

Nos Indes galantes     page 29-30

A. P. ROUSSEL

La lettre      page  31

Julien COUTANT

Infos + Concours   page 32

OMC : SALON autour du LIVRE

CONCOURS 2014

Mots Croisés   page 33

Daniel SERVEAU

Infos et abonnement    

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Editions littéraires

*  Retrouvez l’auteur dans la revue littéraire.

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BONNE ANNÉE 2014

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Carlo, le petit lapin noir de Julien

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Carlo, le petit lapin noir de Julien, est son meilleur copain. Il est tout charmant, tout mignon, il est son gentil compagnon.

Une complicité merveilleuse s’est formée entre eux, car ils se comprennent bien.

Carlo a les yeux rouges et son pelage blanc de neige, brillant et  immaculé, le fait ressembler à un gros pompon de laine soyeuse.

Tout trottinant, il suit Julien partout dans la maison, dès que l’on sonne, il est le premier à la porte.

Parfois, il est vraiment drôle, et l’on dirait qu’il est un lapin savant, lorsque s’asseyant sur son derrière il croise ses deux pattes de devant, tout en remuant son nez, faisant semblant d’éternuer, puis il fait des galipettes, se roule en boule, se couche sur le dos et attend que Julien lui caresse doucement le ventre, et sautant soudainement sur ses quatre pattes il court en tous sens, tout en faisant des bonds prodigieux.

Il est fier d’amuser son ami qui rit de bon cœur de tous ses exploits.

Lorsque la maman de Julien nettoie la terrasse, il aime patauger dans l’eau.

Il mange carottes, pissenlits, radis, betteraves, choux et pour compléter le menu, de la paille et du pain dur. Son abreuvoir est toujours plein et propre. Il raffole de gâteaux, mais attention, Carlo ne mange que les gâteaux faits maison.

Pour lui les instants les plus merveilleux sont ceux où le soir, pour se faire choyer et chouchouter, il grimpe sur les genoux de julien.

Alors il pousse tout ce qui le gêne, se blottit quelques instants dans ses bras, puis monte sur son épaule pour faire un petit câlin et recevoir quelques caresses.

Mais lorsqu’il arrive l’heure où Julien doit aller dormir, contrarié, montrant son mécontentement, il grogne, boude et son petit cœur se gonfle de chagrin.

Il sait qu’il va être enfermé au fond de la cage, remplie de sable que Julien lui a aménagée.

Car ce petit coquin qui n’aime pas être seul dans la maison, pour se venger ronge les bas de portes, les pieds des meubles, sectionne les fils électriques du téléphone, mange les plantes vertes, déchire à coup de griffes les papiers peints, creuse fauteuil et moquette.

Rassurez-vous petits amis, dès que Julien est réveillé, comme il aime son lapin et qu’il sait qu’il n’est pas fait pour être enfermé, il lui ouvre la porte de la cage, le prend dans ses bras et le tient tout contre sa joue.

Carlo est tellement content qu’il ferme les yeux et se fait tout tendre, tout affectueux.

Il est un lapin nain très heureux car il a, certes, plus de chance que ses cousins lapins fermiers dont le triste sort est de finir en civet.

 

JANOU

 

 

 

 

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Ça fait grandir tout d'un coup...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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1) appartient à une religion : un nain doux

2) n'a pas de nom : un nain porte qui

3) n'est bon à rien : un nain capable

4) qui est mort : un nain fini

5) n'est jamais sûr de lui : un nain décis

6) qui parle trop : un nain discret

7) qui est humain : un nain parfait

8) a perdu son honneur : un nain digne

9) qui montre ses fesses : un nain pudique

10) qui vient d'ailleurs : un nain porté

11) a des pensées malsaines : un nain pur

12) change souvent d'idée : un nain stable

13) fait pipi partout : un nain continent

14) n'est pas capable : un nain puissant

15) qui a un gourou : un nain secte

16) qui est handicapé : un nain valide

17) celui qui est attendu : un nain vité

18) qui n'attend pas : un nain patient

19) que l'on n'attend plus : un nain prévu

20) qui est mal élevé : un nain poli

21) Qui est stupide : un nain bécile

 

Signé : un nain connu et ...

 

 Ps :  Je ne l'envoie pas à nain porte qui !

 

 

 

 

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Yacht ou batieau

 

 

 

 

 

 

 

 

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Oscar et sin fiu Paulot sont sus l'plache ed Merlimont.

Tout d'un cop, Paulot i dit :

"Oh ! Ravise là-bos, Papa, ech biau batieau !

-Mais, min garchon, ch' n'est pont un batieau, ch'est un yacht !

-Ah ouais !... et commint qu' cha s'écrit : yacht ?

-Heu..., attind.... Nan, ch'est ti qui as raison, ch'est un batieau."

 

Traduction : Oscar et son fils Paulot sont sur la plage de Merlimont.

Tout d'un coup, Paulot dit :

"Oh ! Regarde là-bas, Papa, le beau bateau !

-Mais, mon fils, ce n'est pas un bateau, c'est un yacht !

-Ah oui !... Et comment est-ce que cela s'écrit : yacht ?

-Heu.... attends... Non, c'est toi qui as raison, c'est un bateau."

Georges Ratel

 

 

 

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Amuseries

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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J'entends passer un bruit qui court

 

Ali Baba et les quarante voleurs

Alla Baby et les quarante lovers

 

Le designer automobile a remis son projet aux calandres grecques

 

L'horloger me montre une pendule

 

Face à ce projet de loi sans cible, les dépités ont déposé une émotion de censure

 

Le boulanger cuit la nuit : c'est pour ça qu'elle est noire

 

Autrefois les Perses effectuaient leur service militaire dans les casernes d'Ali Baba

 

Les motards sont partis tôt

Les motos sont parties tard

 

Quand monsieur a le bourdon, madame a l'abeille

 

On n'a jamais vu un oiseau affamé faire la fine bouche

 

L'ouvrier est à la casquette

Ce que le coq est à la crête

 

C'est la goutte d'eau qui fait déborder la vase

 

J'ai toujours rêvé de conter les étoiles

 

Ce n'est pas une ciné-cure que de regarder cinq films d'affiflée

 

Dans la forêt mon chien est aux abois

 

L'avoir dans le baba

Le baba dans le lavoir

 

Mon dentiste est sur les dents

 

Il n'y a guère qu'à la belle saison qu'on peut ramener sa fraise

 

C'est en file apache que Cochise et ses guerriers se déplaçaient

 

Napoléon 1er a su prendre des mesures dragonniènes

 

Ce n'est pas à un vieux sage qu'on apprend à faire des limaces

 

Pour ce qui est de la lune l'astronome en connaît un rayon

 

A la campagne il fonctionne bien le téléphone arable

 

Son petit ami n'est pas assez carré : elle rompt

 

Il faut être bien mal foutu pour dormir sur ses deux oreilles

 

Tirer à pile ou face

Tirer à filou passe

 

Mourir dans nuit.

 

Jean-François et Jean-Christophe Sautière

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Hommage à nos frères Canadiens

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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1914-1945

 

Mémorial de Vimy

 

Ils ne reverront plus les grands déserts blancs

L'orignal dans les bois et le renard chassant

L'immense forêt, les lacs et les plaines

De ce pays si beau, de Maria Chapdelaine

 

Ils ne reverront plus les étendues glacées

La piste où le trappeur recherche le gibier

La blondeur des blés, des étés flamboyants

La cascade qui scintille, le fleuve mugissant

 

Qui va de roc en roc, vers l'immense océan

Ils ont quitté, joyeux, leur foyer, leurs enfants

Pour répondre à l'appel de la mère Patrie

Qu'ils voyaient tout là-bas, sanglotant et meurtrie

 

Ils ont quitté les pistes, les plaines et les monts

Ces paladins modernes, frères de Louis Hémon

Leur patrie ont quittée, pour le ciel gris des Flandres

Comme jadis, le fit leur père avant eux

 

Ils sont partis sans peur, dans un matin brumeux

Et ont offert leur vie, pour que vive la France

Dans la boue noire des Flandres, les eaux du Zuyderzei

Pour l'opaque fumée et l'enfer des batailles

 

Ils ont lutté sans trêve, sous l'affolante mitraille

Un corps à corps sanglant et Jean-Pierre est tombé

Jean-Pierre, un gars, bien de chez nous

Loin du pays natal, tu es tombé sans peur

Le sacrifice suprême, tu l'as offert pour nous

Ayant, depuis longtemps, déjà donné ton coeur

 

Tu ne reverras plus les yeux de Madeleine

Ta tendre Mouette, que chantent à perdre haleine

Toutes les mères de France, percevant sa douleur

Et ta tombe sera arrosée de leurs pleurs

 

Tu ne reverras plus cette terre canadienne

Cette terre que déjà, mon coeur a fait sienne

Tu ne reposes pas sur la terre étrangère

Mais tu dors, bercé, par les bras d'une mère

 

Tu ne reverras plus la terre des Iroquois

Que conquirent tes ancêtres, eux qui venaient de France

Pour le don de toi-même, au nom de ta souffrance

Français, ne l'oublie pas, et toujours souviens-toi !

Avril 1945

Roger de Villers

 

 

 

 

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PENSÉE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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La vie se traîne, triste, grise, morne,

Sans éclat, telle une vieille habitude, telle une routine,

Comme un repas continuellement froid,

Comme le ruban d’une autoroute qui se déroule inlassable,

Toujours pareil, plan et net, comme tranchant.

Ô vie, vieux parchemin ridé de profondes crevasses

Où dorment tes enfants

 

Thérèse LEROY

22/9/1973

Extrait de « Eclats d’Âme »

 

 

 

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À Filou

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Petite boule de poils soyeux,

Avec tes jolis petits yeux

Un peu coquins mais si doux,

On t'aimait bien, petit Filou.

 

Dans la maison, toujours à courir.

Cela ne nous faisait pas forcément rire,

Mais pour chasser les p'tits oiseaux

Fallait te voir, petit "zozo" !

 

Parmi les herbes tu jouais.

Tout, pour toi, était jouet,

Fleurs, papillons, moucherons.

Pour t'amuser tout était bon !

 

Si l'on voulait te caresser

Ou plus simplement t'embrasser,

Parfois tu t'enfuyais capricieusement.

Pour toi, ce n'était pas le "moment"

 

Mais d'autres fois, avec plaisir tu ronronnais,

Dans nos bras nous câlinais.

Le soir dans notre lit tu t'endormais,

Confiants, tes beaux petits yeux se fermaient.

 

Petit Filou, tu ne savais pas

Que pour toi, dehors, le danger était à chaque pas.

Dans notre vie comme un éclair tu es passé,

Douce tendresse trop vite effacée.

 

Sois sûr, Filou, dans notre coeur tu resteras,

Et ton souvenir toujours on gardera.

 

Anne Marie Ioos

 

 

 

 

 

 

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Lever du jour

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Il fait jour le ciel est rose

L'horizon vermeil

Quand la lune se repose

Lève-toi soleil

On entend sous la feuillée

Les oiseaux sifleurs

Et l'abeille réveillée

Dit bonjour aux fleurs

En rêvant de belle eau fraîche

Beuglent nos grands boeufs

Qui voudraient quitter leur crêche

Pour les prés herbeux

Tous les coqs du voisinage

Donnent le réveil

Sur ce gai remue-ménage.

 

Nicole Duplouy Martin

 

 

 

 

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Le mystère d’Ursus

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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- « Pour toi, si tu veux, je décrocherai la lune,

Et pour toi, seulement, j’arrêterai le vent !

Viens là, sur mes épaules, marchons sur la dune,

Ainsi, tous les deux, nous braverons l’océan ! »

 

      Comblé de bonheur, l’enfant éclatait de rire.

 

Hélas un matin, la grande Dame Infortune,

En quête d’âme, en a décidé autrement :

En l’emportant captieusement sur la lagune,

Elle parvint à rompre les cordes du temps.

 

      Envahi de désespoir, l’enfant sanglotait…

 

- « Mon pédagogue, mon précepteur de fortune,

Mon maître adulé, mon génie, le seul savant

Unique au monde, m’ayant tant promis la lune !!

Ses yeux si bleus, fermés… Je les reverrai quand ?? »

 

      Exilé dans sa détresse il serrait son père…

 

Puis s’agenouillant pour lui caresser la joue,

Applique la sienne chaude encore de larmes.

- « Il faut le réchauffer ! » dit-il furieux et fou !

Mais le trépas refroidit et tout nous désarme !

 

      Il frottait ses doigts tremblants sur les mains glacées…

 

La gorge nouée, la famille autour écoute

Gémir et hurler ce fils. Son maître si fort

Immobile ou sans vie, laisse planer le doute…

- « Lève-toi papa, nous devons partir au port ! »

 

      Son bras frêle entoure avec amour le « gisant ».

 

Les étoiles s’évanouissent le matin.

La réalité surgit quand l’espoir s’effondre :

- « Papa, ne t’endors pas ! De toi j’ai tant besoin !! »

Crie le petit continuant à se morfondre.

 

      A présent prisonnier dans sa peine profonde…

 

Se tournant vers l’assemblée muette et brisée,

Bouleversant par ses yeux voilés de tourment,

Pâle comme un linceul, les lèvres tortillées :

- « Vous l’avez fait exprès !! » lança-t-il haletant…

 

      Suspicieux et pourtant déchirant, il s’enfuit…

 

Il courut se blottir tout seul sur le balcon,

Suppliant les scintillations du firmament,

Priant le ciel, les mains jointes sous le menton…

Puis, le front sur les barreaux, glisse en s’apaisant.

 

      Coulez gouttes salées de l’ennui, mais rêvez…

Un doux effleurement parcourt son blanc visage,

Une sublime « Nova » doucement s’approche :

- « Sèche tes joues, je viendrai te voir petit Page ! »

Lui, sommeille, les poings enfouis dans les poches.

 

      Un beau petit prince sur l’océan navigue…

 

- « Viens, Ursus, suis-moi : papa largue les amarres,

Déjà, le bleu de ses yeux colore la voile !!

De nouveau tous les trois : ne partons pas trop tard.

Pour tes huit ans, la lune il t’offre et les étoiles !! »

 

      Du bout de sa manche, il frotte son nez puis court…

 

Nous sommes tous des grands enfants du clair de lune,

Tous, nous voulons garder nos astres bien-aimés

Ne faisons plus pleurer les anges blonds des dunes,

Pour qu’ils vivent heureux dans leurs contes de fées.

 

      …Car comme eux, un jour, nous courrons… à perdre haleine…

 

À mon père…

Avril 2012/Juin 2013

Maria-Carméla Duhin-Carnélos

26 Juin 2013

 

 

 

 

 

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Déserteur

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Je regarde ses yeux

Et ne le vois plus heureux.

Si petit et le voici confronté

À une réalité que tu lui as imposée.

Toi qu’il prenait pour exemple

Vois-tu aujourd’hui comment il te contemple ?

Mitigé entre amour et rancœur

Oui, tu lui as brisé le cœur.

Tu pensais qu’il ne verrait rien

Mais cette « autre » est la cause de son chagrin.

Papa déserte silencieusement la nuit

Et tu voudrais qu’il s’en réjouît ?

Du père modèle, te voici persécuteur

Cette liaison prend trop d’ampleur ?

Cet ange qui ne demandait pas à être sur Terre

Te voulait juste sédentaire.

Il te faudra faire un choix

Redevenir celui en qui il croit

Ou continuer à assumer tes mauvais pas

En perdant ton rôle de papa.

Ne perds pas tout pour une femme de nuit

C’est elle qui te cause tous ces ennuis.

Alors, pourquoi est-ce lui que tu fuis ?

Lui qui est ton seul et unique fruit…

 

Christelle Poussier Lesourd

26 ans

 

 

 

 

 

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Ma poupée

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Qu’est devenue la poupée de mon enfance,

La poupée de mes huit ans

Que m’avait confectionnée Grand-Mère

Avec tant d’amour et d’adresse !

Elle était faite de chiffons,

Avec de gros yeux ronds.

Elle était très jolie

Malgré son air un peu triste.

 

Je lui confiais mes joies, mes peines

Et lui faisais supporter mes colères.

Mes jours de gros chagrins

Je m’isolais dans le jardin,

La câlinant bien tendrement

Comme une petite Maman,

Laissant parfois couler mes larmes

Sur son paisible visage.

 

Le soir, pour m’endormir,

Je la couchais dans mon lit,

La serrant tout contre mon cœur

Pour apaiser mes craintes et mes peurs.

L’orage pouvait bien, parfois, gronder dehors,

Le vent pouvait bien souffler très fort,

Moi, auprès de ma poupée,

J’étais heureuse et rassurée.

 

Aujourd’hui je n’ai plus huit ans

Et je repense à mon enfance,

À la poupée que j’ai aimée

Et que, tant d’années, j’ai oubliée.

Est-elle dans un grenier

Ou sur un canapé ?

Est-elle au paradis

Des poupées, nos martyres ?

 

Jeanne Fourmaux

 

 

 

 

 

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L’EGO

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Adorons les éloges quand notre petite personne se sent ne rien valoir. Rien de tel pour vous remettre d’aplomb même les jours de grosse tourmente, un large sourire et une bonne parole. Il vaut toujours mieux un bon mot sur vous qu’une saleté déchirante.

Malheureusement pour notre ego, il a toujours été préférable un bon mot qu’une grosse vacherie malfaisante. Nous sommes à ce jour encore et avant tout un bon réceptacle au verbe, qu’il soit dit, écrit ou chanté, nous mette en avant, glorifiant notre ego. Mais cela ne s’arrête pas là.

Cette satanée diablesse est difficile à combattre tant elle réagit à la moindre attention comme au moindre pic. Prés des pics et des cœurs, son cœur bat la chamade. Tourmente à bord et précipice au premier reproche, l’organe émotionnel est en éveil près à hurler ou à pleurer ; difficile pour nous autres, à l’ego sensible, de ne point réagir. Le tout est de grandir rapidement, accepter de se salir un peu et d’en finir de réagir à tout ce qui peut être raconté sur notre petite personne.

Muriel MARIN

 

 

 

 

 

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Le bonheur

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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En poésie ?

 

L’écriture, c’était un petit bonheur

Que j’avais cultivé :

Comme amoureux des fleurs,

Peut être un jardinier.

 

Chaque jour avec attention, toujours bien soigné,

Pour plus tard le voir grandir,

Aussi, quand je l’ai vu partir :

Mon cœur a saigné !

 

Partir avec mon dernier poème ?

Quarante quatrième classé, sur quarante six participants !

La déception passée : on se reprend,

Et on laisse ses prétentions, en offrande de Carême !

 

Après Agésilas

Hélas !

Mais après Attila ?

Holà !

 

C’est ce que Jean Racine écrivait… hier !

A Pierre Corneille. Le reçu du message est clair !

Pour le jury des concours de Poésie :

Cela suffit, merci !

 

La Lyre Fréventine :

Bulletin numéro 33 (1er Trim. 2012)

Neuville, le 08 Mars 2012. Gérard Rossi

 

 

 

 

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PENSÉE

 

 

 

 

 

 

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Pensée pour ceux et celles qui attendent …

-         Y drache dins min coèr

-         Mé ossi su m’tiète

-         Pus cha tri-inne in langueur

-         Pus cha no-ye mé linnettes

Traduction : Il pleut dans mon cœur, mais aussi sur ma tête.

Plus ça traîne en longueur, plus ça mouille mes lunettes.

HMA

 

 

 

 

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Le temps des cerises

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Elles me narguent sur les branches.

Difficile de ne pas penser à la célèbre chanson

Le temps des cerises, on y parle du « merle moqueur »

Des merles, j’en vois tous les jours qui se moquent de moi

puisqu’ils déposent les noyaux de cerises sur ma pelouse.

 

Quand nous en serons au temps des cerises,

les belles auront la folie en tête et les amoureux du soleil au cœur.

Cependant si vous avez peur des chagrins d’amour, évitez les belles.

« Cerises d’amour aux robes pareilles, tombant sous la feuille en gouttes de sang »

Comme il est bien court le temps des cerises.

 

Que de souvenirs d’enfance quand dans un repas de famille

une parente âgée la chantait.

Souviens-toi Gérard, toi le fils d’Abraham.

Je me souviens il y a plus de cinquante ans,

il était seul dans le désert en Afrique pendant la guerre.

 

Tout à coup il entend une voix lointaine :

Je suis Jéhovah ! comme il n’y avait pas de témoins !

Je vous écoute, je suis là !

La voix ! Tu es bien le fils d’Abraham ?

Entre autres, je ne suis pas le seul !

 

Jéhovah : justement c’est un appel au peuple que je viens te lancer.

Pourquoi moi le fils d’Abraham !

Je n’ai trouvé personne d’autres

Je voudrais te mettre à l’épreuve

Comme ton père en 39-45.

 

Une histoire ancienne !

L’oubli ne s’installe pas, souviens-toi Gérard

Il est revenu le temps des cerises.

 

Charles Jacquemin

 

 

 

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QUAND JE CUEILLE LA FOLIE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Quand je cueille chaque violette du bosquet

Où résonne jusqu’au cœur le chant des chardonnerets,

Je songe au spasme du soleil pour fleurir ton visage,

En t’aimant davantage devant tout ce paysage.

 

Sur cette terre parsemée d’épines et d’étamines,

Tu me proposes l’azur en de pures églantines,

Un baiser sur le front et tu me prends la main ;

Je me souviens de ce câlin plus proche du destin.

 

Les pétales d’un jour se fanent pour la vie,

Et toi, pour toujours, comme une source d’envies

Je t’aime, et je souris, je sème, et je ris

Aux feux de l’âme qui se cache de folie

 

SAINT HESBAYE

 

 

 

 

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LES VANTARDS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Ridicules aveux d'amours en semences,

Pièges de ritournelles qui s'effritent,

De pigeons en rapaces prêts à piller les frittes,

De ces jeunes femmes aux cœurs immenses.

Mais point de mépris pour leurs regards méfiants.

 

Les hommes, cœurs lourds et légères bourses,

Sont loin de s'occuper des cours de la bourse,

Préférant se vanter encore de leurs exploits,

Auprès de leurs confrères qui, drapeaux déploient.

Mais, point de mépris pour leurs regards défiants.

 

Simple plaisanterie, difficile pour l'orgueil,

D'entendre commentaires et détails en écueils,

Femmes, silencieuses, au cœur enragé,

Par la blessure d'un secret outragé.

Mais, point de mépris pour leurs moqueries

 

Les femmes, masquées, cachées dans l'ombre,

Sont loin de s'occuper des armées de l'ombre,

Préférant se gausser des hommes aux ridicules atouts,

Auprès de leurs amies déjà prêtes à tout.

Mais, point de mépris pour leurs vives mesquineries.

 

Muriel MARIN

le 14/02/2012

 

 

 

 

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Permettez

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Permettez que ce papier

En entier soit déplié

Car, même s’il vient du cœur

Je ne le connais pas par cœur

Je ne vais pas vous faire un discours

Mais je vais tâcher de le dire court

Je ne vais pas le dire en espagnol

Là je passerais pour un guignol

Certaines déjà le connaissent

Reine, Béatrice ou même Agnès

Bref passons notre sujet à la loupe

C’est-à-dire Maria Guadalupe

Quand j’ai débarqué sans armes ni bagages

Je n’avais que mon amour en gage

Quelques effets trois fois rien

Oui mais il y avait mon petit chien

Elle qui a peur de tous les animaux

Ce n’était pas là le moindre des maux

Imaginez, un peu du caractère.

 

Jacques LEBLANC

 

 

 

 

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SOLEIL  COUCHANT D’HIVER

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

Ce soleil si bas, si frileux, si pâle.

Noyé, dans la brume immobile.

Ce soleil si fièvreux, si fébrile,

Se meurt ! Et dans un dernier râle...

 

S'en va, s'évanouissant,

A l'horizon, vers sa tombe.

Face à la nuit tombante,

Moribond, il succombe...

 

Pour ultime adieu, il inonde le ciel

D'une aquarelle aux mille tons pastel.

Tel un cerf-volant gigantesque,

Se déployant en une divine fresque.

 

De ses rayons obliques, fils d'argent vermeil.

Il tire à lui, cette toile peinte de merveilles.

Faite de cuivre, de bleu, de rouge et d'or.

Ce voile de lumière, ce fabuleux trésor...

 

De ce décor si grandiose !  si fantastique !

Subitement, tout devient gris, mélancolique...

L'obscurité tombe étalant ses ombres.  

La vie disparaît, sans bruit, dans les rues sombres...

 

<<  le plus beau tableau du monde, celui d' un coucher de  soleil  >>

Bernard SIMON

 

 

 

 

 

 

 

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Écriture

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

J'ai tout oublié

Même le mot aimer

J'ai perdu mon chemin

Que je cherchais en vain

J'ai vu disparaître

Plusieurs êtres

J'ai cherché l'inspiration

Qui a pris une grande décision

Elle m'a laissé tomber

Et s'est vite sauvée

Mais demain sera un nouveau jour

Et je lui ferai la cour

Pour qu'enfin elle revienne

Et fasse couler dans mes veines

Le merveilleux plaisir

Qu'est écrire.

 

Jérémy Dessaint,

20 ans, Caudry

 

 

 

 

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À livre ouvert

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Des mots, des graines de sens,

Sèment, à tout va, des douceurs…

Ephémère voyage, à contre-sens,

Au cœur du bonheur !

 

Magie infinie, dans l’imaginaire,

Où les étoiles telles des papillons

Sortent des pages légères

Et se nichent dans nos yeux ronds.

 

Héros grotesques, héros fantastiques,

Ou quidams, se dévoilent à nous,

Donnant à la vie d’étranges masques,

Pour nous faire virevolter comme des fous…

 

Cadeau d’enfant, trésor du passé,

Souvenir d’un moment de vie,

Le livre aux images... dévorées, 

Emporte l’ennui et à jamais nous sourit…

 

Patricia Loughani,

copyright, le 10/10/2013

 

 

 

 

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VOYAGE, VOYAGE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

L’envie me prend souvent

De partir au soleil levant

Prendre mon amour par la main

Et l’emmener loin… très loin

Là où nous pourrons profiter pleinement

L’un de l’autre tout simplement

Regarder ses yeux luire au soleil couché

Son sourire quand je lui demanderai de m’épouser

Lui faire la promesse qu’il ne manquera de rien

Et que l’on s’aimera jusqu’au petit matin

 

Nous prendrions le train de nuit

Et faire de nos corps de la folie

Je lui montrerais les étoiles

Dans le ciel, ce somptueux voile

Je l’inviterais à dîner sur la plage

Bavardant en regardant les coquillages

Il rigolerait en disant que je chante faux

Mais que c’est tellement beau

On se réveillerait dans des draps de soie

A Tokyo ou Tahiti pourquoi pas ?

 

On a tous droit à nos rêves

Le mien c’est de faire une trêve

Avec lui

Lui promettre monts et merveilles, et compagnie

Nous remonterons le Nil

Lui donnerai une rose accrochée à un fil

Je lui offrirai des bijoux par milliers

Même plus qu’il en a rêvé

Mon amour, je te promets

Qu’un jour, ce rêve sera réalité.   

   Julien Bury

 

 

 

 

 

 

 

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Es-tu plumes ?

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

Es-tu plumes de l’oiseau ou couleur univers ?

Je suis le duvet de soie saturant les airs.

Un thème de l’hiver aux sourires mortels

Etalant d’un œil ses ailes en film de gels.

 

Par les genêts d’émail où circule un dit-on

Faufilent pensives mes notes d’élégances

Qui convolent avec l’éventail des distances

Mille afféteries aux barbes d’aquilons.

 

Saint-Hesbaye

 

 

 

 

 

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Maison

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

tu chantais des rires d’enfants en cascades,

tes murs vibraient de musique et de fêtes

tes yeux s’ouvraient sur nos jeunes années

tes portes accueillaient les amis de passage

au temps joyeux de nos espoirs.

 

Bien sûr tu as pleuré sur nos malheurs et nos souffrances

mais toujours tu restais asile de fraîcheur,

rassurant port d’attache au temps de nos angoisses.

 

Et puis tu as tremblé de nos viles colères

mais toujours tu as su protéger nos mémoires

gardant nos souvenirs jalousement entre tes murs.

 

Un jour ils sont partis ne laissant que silence

et toi désemparée considères leur absence.

À présent tu t’affaisses abandonnée et vide

Et tes murs sont creusés de douloureuses rides.

 

Je voudrais reconstruire pour toi de nouveaux jours

Et panser les blessures qui déchirent tes flancs.

Serait-il encore temps aujourd’hui

pour retrouver le temps des espoirs ?

 

Thérèse Leroy

- Août 2010

 

 

 

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LES NOUVEAUX VIEUX

(Chanson)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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On n’ose même pas vous dire : « les anciens »

Tellement ils sont encore très bien.

Les nouveaux vieux.

Alors pour pas les chagriner,

On les appelle : « les aînés »

C’est beaucoup mieux.

On dit qu’ils sont du 3e âge,

Ça doit être celui des voyages,

Les nouveaux vieux.

Les Baléares, Ramatuelle,

Ils sont comme les hirondelles,

Ces gens heureux.

Ils s’en vont chercher le soleil

Le long des côtes de vermeil

En amoureux.

Parfois ils s’en vont en balade

Ils appellent ça une escapade,

Les nouveaux vieux.

Un autocar, un bon dîner,

De quoi remplir une bonne journée,

Le cœur joyeux.

Ils n’ont pas le temps de s’ennuyer

Dedans leurs clubs et leurs foyers

Les nouveaux vieux.

Pour bien occuper ses loisirs

Il n’y a pas plus grand plaisir

Que faire des jeux.

Ils ont leur université,

Les chiffres, les lettres à la télé

Et Radio Bleue.

Le secret d’une vieillesse tranquille

Savoir dire zut à sa famille

Faire ce qu’on veut.

Faire toujours des rêves d’enfant,

L’amour jusque quatre vingts ans

Plus, si on peut.

Aller ainsi jusqu’à cent ans

Là il sera peut-être temps

De dire Adieu !!

 

Marcel Lesage

 

 

 

 

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PETITS COUPS SECS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Par petits coups secs, elle taille dans la roche

En ciselant savamment les pierres moussues

Créant des espaces secrets et vermoulus

Où seuls brumes et vents aigres s’accrochent

 

Les voiles blanches dans le bleu de l’horizon

Emportent loin, tout au fond de l’immensité

Avec le ciel d’azur et les rêves éveillés

L’âme des voyageurs comme leurs illusions

 

Du haut des falaises de ces îlots poussières

Glacés, on entend hurler le vent magistère

Frissonner les arbres maigres et tourmentés

 

Pourtant les divins arpèges du chant des vagues

Poussent glorieusement vers Copenhague

La mer qui entoure les îles Féroé.

 

Marie Antoinette Labbe

 

 

 

 

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ÉCRIRE DIX FEES RAMANT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

À couteaux tirés à quatre épingles

L’emporte pièce à conviction

La mes anges bleus

Le rat dégout

L’étourneau sans-sonnet

Un nid rond d’elle ne fait pas le printemps

Allan Bic : le célèbre distillateur

Le bricoleur défaisait les vices

Les rats musclés

Déshydraté à force de boire

La colle à brûler

Le cordonnier a mauvaise haleine

L’eau-berge au bord de l’eau

 

HERTIA-MAY

 

 

 

 

 

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Automne novelet

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Mes amis, revoici l’automne

Qui fait trembler l’bas d’nos maronnes,

Et le vent gris aux notes dures

Souffèle dans les éramures.

 

Les nuages ont plombé le ciel

C’en est fini des mouques à miel !

Les feuilles volent comme saoûles :

Au soir in va minger d’lindoule.

 

Voici le temps du vague à l’âme…

Viens m’faire un tiot câlin, ma dame !

Au bois noir s’endorment les souches.

Versons-nous un bon ballon d’rouche.

 

Cher automne que j’aime tant

Tout teinté d’ors et roux tintants.

Poète, as-tu le cœur en miettes ?

In est pourtint bin al coïètte !

 

Ce soir, le jour tombera tôt :

I é tin d’ar’sortir nos minteaux.

Dans l’âtre il faut mettre une bûche

Et d’faire à l’étouffée, des truches.

 

Octobre nous prend peu à peu,

C’est pourtant bon un pot au feu.

Tu pleures le temps des griottes ?

Au fond du lit in s’ringruote.

 

Et si je conte les étoiles

Merveilles ! Les voici les toiles

D’argent que tissent les épeires

Pépères.

 

Jean-François Sautière

– 03 octobre 2012

 

 

 

 

 

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PIERRES DE LUNE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

« P….. la belle bleue ! »

« Et celle-là ? »

« On dirait qu’elle n’est pas tombée loin ! »

 

13 août 2006 : la nuit des étoiles sur le terrain de football de Béthencourt. Une manifestation publique organisée dans toute la France et les astronomes amateurs du coin se sont mobilisés comme depuis une dizaine d’années.

Par chance, les dieux sont cléments (Toutatis ?) et le ciel parfaitement dégagé. Les Perséïdes annoncées ne font pas faux bond et des dizaines de sillages lumineux zèbrent le firmament à chaque minute : du rarement vu dans notre région !

 

Les appareils sont en pose et le public est venu en nombre, les gobelets de café circulent.

« Vous allez dire que je ne sais pas grand-chose mais quelle est l’origine des étoiles filantes ? Comment sait-on que ce phénomène est visible chaque année à la même époque ? »

 

-« Les étoiles filantes sont des poussières laissées par une comète lors de sa révolution autour du Soleil ! Il y a ainsi des nuages correspondant à des dizaines de comètes : les léonides, les orionides, etc… ces petites météorites semblent provenir de diverses constellations d’où leur nom !

 

Bernard L. persista dans ses questions : « Peut-on en voir tomber sur le sol ? »

José décida de répondre : ça arrive, il existe des chasseurs de météorites qui en font le négoce. Si vous trouvez une pierre qui vient de Mars, vous pouvez devenir milliardaire ! »

 

Steve renchérit : « Parfois, des gens nous ramènent des cailloux, croyant qu’ils vont être riches mais il s’agit trop souvent de marcassite trouvée dans les falaises calcaires du Pas-de-Calais ! »

 

Un autre personnage témoin de cette rencontre astronomique intervint : « A quoi ça peut ressembler ? »

-« C’est très variable selon leur richesse en carbone ou en métal. Sa composition nous renseigne sur son origine. Il y a deux ou trois ans, un bolide a survolé le Nord, traversant le ciel du sud-est au nord-ouest. Des témoignages parvinrent de Villers-en-Cauchies, d’Aulnoye-Aymeries, d’Haubourdin, etc… »

 

Le pousse-café qui suivit eut comme grand mérite de délier les langues, de ramener à la surface certains souvenirs enfouis.

C’est ainsi que Fernantd L., retraité, nous apporta le scoop de la soirée !

« C’était dans les années 70, un dimanche de printemps, à Bertry. Nous étions à « messe » et monsieur le Doyen devait consacrer l’hostie en la levant au ciel.

Un fracas de vitres cassées suivit une énorme explosion ! Tremblement de terre, chute d’avion, explosion de gaz, tout fut envisagé sur le moment !

Dans la rue, les gens firent part de chutes de pierres : certaines avaient brisé les vitres, des toitures étaient endommagées. Elles furent ramassées, pesées et comparées chez le quincaillier du centre. Certains cailloux faisaient environ trois cents grammes.

 

Les pierres de lune, c’est ainsi qu’on les nommait à présent, firent l’objet d’articles de presse, d’enquêtes d’ufologues, d’assureurs ou de simples curieux.

Une bourse aux météorites tint place quelques jours plus tard à la salle des fêtes. Des spécialistes s’y bousculèrent, des milliers de pierres furent achetées ! »

-« Ah, quand même ! »,  intervint José.

-« Pourtant quelques visiteurs trouvèrent anormal l’aspect de certains minéraux : ils possédaient un côté étrangement plat, voire lisse !

Les gendarmes enquêtèrent dans le quartier : des dizaines de tuiles avaient été fendues : la puissance des impacts avait été exceptionnelle. C’est alors que les militaires trouvèrent dans une cour du quartier une installation bizarre.

Une échelle avait été criblée d’éclats de laiton : genre tringle à rideaux, une pierre bleue dite marbre de Bellignies servant d’ordinaire d’escalier avait explosé. Une poudre noire apparaissait par endroits aux abords de cette pierre.

 

Le rapport de la gendarmerie mit fin aux rumeurs : point de pierre de lune, mais une expérience de chimie plutôt dangereuse !

Un vieux gramophone, qui traînait dans l’atelier jouxtant le lieu du délit, fut embarqué comme pièce à conviction ! »

 

Ludo et Jef servirent un autre café aux spectateurs qui s’éternisaient. La nuit serait longue et Mario guettait. Les appareils photo classiques ou numériques n’en finissaient pas de capturer l’obscurité et ses sillages mystérieux.

 

-« Si seulement, quelques particules nous rendaient visite. Ce serait sympathique ! » Steve se mettait à rêver. Pourquoi pas cette nuit ? Le feu d’artifice céleste continuait de plus belle…

 

Hertia May

Découvrez une autre version de Pierre de Lune

Dans le livre « Mondes Etranges » de Hector MELON d’AUBIER

 

 

 

 

 

 

 

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QUI SUIS-JE ?

 

 

Je suis fille du vent, de l’alpe et de la pluie,

D’un légionnaire aussi…

Et de lui j’ai gardé mille et une moissons,

Des rêves, des chansons.

Je suis fille du Nord, duchesse du Hainaut,

Et dedans mon château

Des artistes amis viennent en farandole

Et l’humour caracole.

Je suis fille d’ici, d’ailleurs, de nulle part,

Ce n’est pas un hasard

Si j’aime les baisers, le vin, la marjolaine

Et la faridondaine,

Car Vénus, un huit Mai, penchée sur mon berceau,

M’effleura de son sceau…

Geneviève Bailly

 

 

 

 

 

 

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Liberté

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Liberté tu es nos joies

Mais aussi nos souffrances,

Et l’on ne peut rien sans toi

Quand on ne vit que d’espérance.

 

Liberté ! hymne de joie,

D’amour et de fraternité.

En nous toujours tu resteras

Celle qui nous fait chanter.

 

Liberté chérie, de tous les temps

Et de tous les peuples de la terre.

Toi qui nous donnes tant

En nos luttes guerrières.

 

Ô liberté, douce et pure

Pour nos cœurs intrépides,

Reste toujours triomphe qui dure.

Pour tout notre bonheur si cher et avide.

 

Albert Jocaille

 

 

 

 

 

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C’est demain

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Quand laissera-t-on place au grand jour pour l’amour

Et mettra-t-on enfin au banc de toute histoire,

Les aubes déchirées aux cailloux de la peur,

Les âmes lacérées par les griffes des guerres

Et ces grands yeux d’enfant qui ne savent plus rire ?

 

À quand les mains tendues qu’une autre main sait prendre ?

À quand l’espoir qu’on sème et qu’enfin l’on récolte ?

À quand les mots qu’on dit et qu’un autre comprend

Et quand l’entendrons-nous ce long chant des poitrines

D’un même peuple uni vers une même cime ?

 

Laissera-t-on demain, s’épanouir l’amour ?

Glissera-t-on enfin sur des fleuves paisibles ?

Les rires pourront-ils fuser dans les nuits claires

Et quand se fermeront les bouches des canons,

Pour laisser la parole aux lèvres amoureuses ?

 

C’est peut-être demain, si l’on rêve assez fort,

Que l’on ira cueillir des mouchoirs de nuages

Pour sécher sur les joues la rosée des douleurs.

C’est peut-être demain que fleuriront des ponts

Pour enjamber la haine en aimant d’autres rives.

 

C’est peut-être demain qu’on plantera l’amour,

Que l’on regardera ses feuillages verdir,

Que nous abriterons sous son ombre nos joies

Et que nous goûterons la gloire de ses fruits.

C’est demain, il le faut, que l’on se dira nous.

 

C’est demain, il le faut ; il reste un peu de terre,

Il reste un peu d’amour ; il faut planter, très vite.

 

Henri Lachèze

 

 

 

 

 

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Gazette EMMA

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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PAPILLON

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Un papillon rêveur sur cirse parme,

Ami des lourdes fragrances d’été

Dort, philosophe zélé sous le charme

Des arbres tendant vers le ciel bleuté

 

Vanesse des chardons ou belle-Dame

Qui n’affiche que ton fade revers,

Je connais ton endroit peint de flamme

Fauve-orangé pour le bonheur des airs.

 

Tout comme toi il faut que je m’envole

Pour offrir quelque peu de ma couleur.

Mais j’aime tant rester sur la corolle

Piquante de son cœur !

 

Jean-François SAUTIERE

 

 

 

 

 

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UNE BOUTEILLE à LA MER

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Henri se sent incapable d’entreprendre quoi que ce soit. Il dort d’un sommeil capricieux.

Levé tôt, avant même le petit-déjeuner, il retourne à ses écrits, relit les phrases rédigées la veille, corrige beaucoup. Son humeur peut changer aussi vite que la lumière du jour dans son appartement parisien. Ça, il ne l’ignore pas. Aussi insiste-t-il en forçant sa main à écrire, persuadé qu’il ne trouvera aucun bonheur hors l’écriture. Or ce jour-ci, il se met à haïr la compagnie de ses pages encore blanches.

Lorsque Liliane entre –visage de vieille dame au sourire chaleureux, imposante silhouette qu’elle déplace avec une lenteur calculée- elle lui lance de sa belle voix toujours douce, presque murmurée, son bonjour caractéristique, gai, affectueux. Comme il apprécie sa présence, justement en ce jour morose ! Celle de cette Liliane émergeant de l’époque de ses vingt ans, de Saint-Germain-des-Prés dont ils fréquentaient les terrasses et les rues, les galeries d’art et les quais de la rive gauche de la Seine !

Henri constate qu’elle est encore nimbée d’une sorte d’auréole, celle d’une existence à demi révélée qu’il ne pénétra jamais. Existence qu’elle n’évoque pas de façon explicite.

Dans le bureau, Liliane soutient son regard. Pendant un court instant, c’est comme si une claire lumière d’été traversait la pièce ; un regard qui le déroute, indéchiffrable, mystérieux. Pourquoi avait-elle choisi de lui rendre visite après une aussi longue séparation ?

Elle le connaissait tellement bien, lui qui ne parvenait pas à berner les femmes ; elle qui le comprenait instantanément. Son silence est éloquent, ne demande aucune réplique, aucun commentaire.

Liliane arpente les pièces de l’appartement, palpe un bibelot, s’arrête devant un tableautin, une partition ouverte sur le pupitre du piano droit –un piano d’étude- se penche à la fenêtre pour s’approprier l’environnement dans lequel évolue son ami Henri. Cet ami qu’elle aima sans le lui avoir jamais avoué… selon le vieil adage qu’il n’appartient pas à la femme de faire le premier pas. Elle lui pose toutefois une question qu’il n’entend pas, perdu dans ses réflexions. Il s’empare de sa main, la retient quelques instants bien ancrée dans la sienne, y dépose un baiser appuyé. Des larmes perlent aux yeux de sa visiteuse. Puis elle prend subitement congé de lui.

Est-ce prémonitoire ? En tout cas, sans trop réfléchir, il sait qu’il ne la reverra jamais.

Il se souvint longtemps de cette visite. Regrets, remords, conscience d’une fin définitive ? Il se remit à écrire ce qu’il souhaita écrire. Puis il détruisit ces pages tout aussitôt. A quoi bon tant et tout écrire, ses sentiments du moment et le fruit de son imagination sachant que ce qu’il écrirait avec le plus grand soin ne serait jamais ni publié, ni connu, ni compris par quiconque, hormis peut-être quelques proches de ses connaissances sans doute compatissantes ? Dont Jean, un garçon mince, mutique, aux cheveux noirs, au regard vif, absolument pas sycophante, un pli boudeur qui se transformait rapidement en sourire, nez étroit, menton large, un ninas fiché à la commissure de ses lèvres pâles. Oh oui ! il se souvient de Jean qui lui donna rendez-vous au carrefour Buci, près du marché aux fleurs !

Henri se revoit fort bien : il avance comme dans de l’ouate qui aurait effacé les contours de la rue. Or, il fait soleil ce matin. Mais aujourd’hui n’est pas un jour comme les autres ! La rue Saint-André-des-Arts est gaie. De cette gaieté apportée par le printemps. Il fait un peu frais en cette période où le soleil oscille entre l’hiver et les beaux jours. Le ciel du Quartier latin trimballe quelques nuages sans forme. Tout glisse sur lui, l’ignore, lui le promeneur aventuré dans un monde clos dont pourtant il ne voit pas la fin.

Henri progresse ainsi jusqu’au lieu du rendez-vous, partagé entre l’envie de le revoir et celle de s’en retourner chez lui. Hélas, personne ne l’y attend ! Il se sent seul, vraiment très seul, comme tétanisé. Il attend cependant dans l’espoir de retrouver ce visage qu’il appréciait tant. Un visage à présent inabordable, de moins en moins précis dans son souvenir. Une heure durant il demeure immobile, attitude qui intrigue la jeune fleuriste à laquelle il achète quelques tulipes pour se donner une contenance, paraître moins seul, ridicule et dépité.

-Prenez celles-ci ! Je suis certaine qu’elles lui plairont ! lui dit-elle avec un gracieux sourire.

Une fois achetées, il les contemple et les lui offre.

-Je m’appelle Jocelyne… et vous ?

-Henri…

-Merci Henri ! Je ne suis pas habituée à ce que quiconque m’offre des fleurs ! Malheureux ?

Elle s’aperçoit que ses mains tremblent, nerveuses.

-Ma sœur va me remplacer à l’étalage. Venez ! Nous allons prendre une consommation au « Mazet » !

Henri se laisse entraîner vers ce port où il retrouve le calme dans ce havre de paix, coupé de la vie extérieure, à l’abri de sa grande déception.

-Le vide, n’est-ce pas ? lui demande-t-elle en fixant son regard.

-C’est exact… Jocelyne. Vous… vous êtes très jolie… vraiment très jolie.

Puis il ajoute :

-… La plus belle fleur de tout votre étalage ! Eh oui, il n’est pas facile de vivre dans ce monde réel dont je pensais m’être retiré, me perdant en conjectures ! Perdues mes ambitions, celles auxquelles je croyais fermement, le ventre noué, le cœur battant, le sourire innocent aux lèvres, l’imagination enfiévrée de possibles !... Combien de jours de ma vie ressembleront à celui-ci ? Le savez-vous ?

-Serais-je donc incapable de vous donner un peu de bonheur ? Allons Henri, souriez-moi… mieux que cela ! Vous et moi, lorsque nous sortirons du « Mazet », nous repartirons du bon pied, fermement, certains d’avoir vécu ces instants de bonheur partagé. Car je me sens heureuse auprès de vous ! Votre désir de retraite, entre vos murs muets, ça ne me paraît pas être la solution idéale ! Pour oser sa vie, il n’y a pas de mais… ceux que je devine, prêts à sortir de vos lèvres !

-J’ignore où j’en suis… Mais ne m’écoutez pas. Je risquerais de ternir votre si joli sourire tellement lumineux. Vous êtes pour moi comme un livre ouvert. Comme la lecture est une démarche privée, silencieuse et solitaire, j’y lis ce bonheur que vous évoquez. Il en est de même de l’écriture… et j’ai hâte de semer sur le papier tout ce que je ressens en votre présence ! Jocelyne, vous êtes un ange, vous qui m’avez pris par la main, moi l’inconnu perdu dans ses pensées moroses ! Grâce à vous, peut-être que le destin me fera changer de voie et de vie ?

Jusqu’à cet instant, il lui semblait que tout ce qui avait constitué son existence était comme les galets immobiles d’une rivière dans le ruissellement des saisons. L’impression que le temps émergeait du temps après une longue plongée sous la surface des heures ; que les événements regagnaient leur place exacte en revers des blessures qui les avaient si mal portées.

Déjà Henri voit se profiler la fin de ses longues journées solitaires. L’écriture de fiction à laquelle il s’adonnait serait remplacée par une existence où il écrirait pour elle, devenue sa réalité, sa muse, le mouvement qu’elle lui apportera, une forme d’immédiateté. Ce nouveau monde serait, sans nul doute, désormais à sa portée, né ici, au « Mazet », dans ses premiers balbutiements.

-Non, cette fois je n’échouerai pas ! s’affirme-t-il. Je réussirai, bon gré, mal gré… grâce à Jean qui n’a pas tenu sa parole. Grâce à ma petite marchande de fleurs du carrefour Buci !

-… Et vous ? poursuit-il en fixant son regard. Je vois des îles ; une île merveilleuse où vous iriez cueillir les fruits d’or du jardin des Hespérides, courant sur les plages émeraudes, grises, violettes et lapis-lazuli de l’océan… Ainsi, vous avez pris le risque de vous emparer de ma main, telle une bouteille confiée à la mer qui ne demandait qu’à être sauvée des furies de Neptune ! Moi, qui suis depuis toujours atteint de la maladie des lointains : une affection particulière qui me poussait hors du réel pour me projeter dans un ailleurs où la réalité me semblait plus vraie que tout ce que j’avais connu. Le besoin de se fuir, vécu comme la tentation d’une espérance sans espoir, comme un leurre cruel. Ah ! Jocelyne… nous reverrons-nous un jour, hormis dans mes rêves où vous serez désormais omniprésente, ces rêves qui disent l’indicible ou l’impensable… parfois l’impansable ?

Dès cet instant précis, la vie d’avant lui fut l’effet d’un brouillon. Elle fut et sera sa réalité et tout ce qu’il écrivit devint sublime, digne d’intérêt… et lu ! En premier lieu par Jocelyne. Des pages qu’elle ensemença, qui ont germé dans ses songes à présent partagés, issus de l’étroite lucarne qui les répand dans le monde. Des pages vraies. « Nul ne ment autant qu’un homme indigné », écrivit Nietzsche ! Ecrire, n’est-ce pas hurler sa solitude en silence ? Indigné, égratigné, oublié, Henri ne le fut plus jamais, les yeux et le cœur dressés vers le ciel tel un tronc solidement greffé à la terre, s’affinant en s’élevant, nourri par l’amour. L’amour que Jocelyne et lui apprirent, indéfiniment… car on n’a jamais fini d’aimer ! Oui vraiment, ce jour-là, il fit soleil en ce matin de printemps… un jour qui ne fut pas comme les autres !

 

Yann VILLIERS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Les étoiles  230113

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Quand il neigeait, maman me disait toujours que c’était le ciel qui laissait tomber ses étoiles. C’était tout à fait plausible à cause de l’éclat de ces petits cristaux scintillants qui dégringolaient par vagues de nuages, en se délestant d’aise, dans notre petit chemin. Et puis, c’est maman qui le disait… 

 

Alors, j’étais partagé entre deux sentiments intenses. J’étais rempli de joie de voir toute cette neige entassée sur les trottoirs et j’avais une peur panique de ne plus jamais revoir une seule étoile, dans notre grand ciel, quand reviendrait la nuit.

 

J’imaginais les étoiles fragiles, décrochées par je ne sais quel sortilège céleste, en train de quitter leur emplacement avec le souffle du vent comme seul guide. La culbute, c’était bien le dernier trajet des étoiles filantes. Les figures imposées, leurs arabesques précieuses, avaient des insinuations pathétiques de déchues. Elles reculaient l’échéance pénible de leur abandon, en flottant quelques secondes dans l’air, comme pour crier : « Regardez-nous, regardez-nous !... C’est notre dernière mission, nous descendons du ciel pour remplir vos yeux d’émerveillement !... Avez-vous remarqué toutes les couleurs de nos mille facettes, les formes abruptes de nos angles et la légèreté de nos  démonstrations ?!... »

 

Je capturais quelques fugaces dans le creux de la main mais, comme des larmes, elles s’évadaient toujours entre mes doigts. Pourtant, je courais jusqu’à ma mère pour lui demander le nom de l’étoile captive qui battait les derniers instants de ses blanches pulsations astrales. Inlassablement, je revenais vers elle avec d’autres prisonnières éphémères. Maman en savait tant sur le ciel et ses locataires…

 

Comment les étoiles pouvaient autant briller dans la nuit et être aussi froides dans mes mains ?... Pourquoi j’étais tellement incapable d’en retenir une vivante ?... Le ciel était donc plus froid que ma main pour qu’elle ne fonde pas avant ?... Comment le ciel pouvait abandonner ses meilleures étoiles ?... La voûte céleste laissait choir les perles de sa robe de vêprée. C’était vraiment un grand point d’interrogation auquel je cherchais vainement des réponses. N’étaient-elles pas le plus beau parement de la nuit ?... 

 

Toutes ces figures astrales, ces nébuleuses, ces planètes lointaines avaient leur place dans le Ciel, elles avaient des formes de chariot, de zodiaque, de constellations et on pouvait passer la nuit à les observer. C’était des colliers brillants, des joyaux, des diamants, des saphirs, posés dans l’écrin de la nuit. Dans mes livres de conquête, on disait que les vieux capitaines et leurs bateaux suivaient les belles étoiles pour retrouver leur chemin. Et toutes les prières qui montent au Ciel pour rejoindre les étoiles de nos chers disparus retombaient alors sur la terre ?...

 

Dans ma petite tête d’enfant, c’était un embarras inextricable qui perturbait mes vérités. La rue n’était plus le rassemblement de flocons blancs mais elle était jonchée d’étoiles mortes. Et mes petites empreintes craquantes en étaient une forme de désolation sonore. Je n’osais plus les attraper pour ne pas qu’elles périssent dans la chaleur de ma main.  J’espérais même la fin de l’ondée neigeuse tellement j’étais mal à l’aise de vivre cette perte cristalline… 

 

J’essayais de me rappeler nos belles nuits d’été, celles où je m’abîmais dans leur contemplation ; je cherchais leur emplacement fidèle, leur positionnement le plus réel, pour en garder la cartographie dans un coin de ma mémoire. Parfois j’étais rassuré parce qu’il y en avait tant à regarder la nuit et parfois j’étais inquiet parce qu’elles ne sont pas inépuisables… 

 

C’est rassurant, une étoile ; c’est blanc comme la pureté, c’est tangible, c’est visible toutes les nuits pendant qu’on s’intéresse à elle. Elle est toujours là, comme une amie fidèle à qui on murmure ses aventures de gamin. Elle clignote ses approbations, toujours d’accord sur tout ; elle a même des éclats de lumière tapageuse qu’on veut éclaireurs, fascinants, enrôleurs ! Marcher à l’ombre des étoiles ou courir sur la voie lactée, c’était dans mes habitudes de gamin. Je croyais à ma bonne étoile !....

 

Maman avait semé le doute au milieu de toutes mes croyances neigeuses d’enfant avec son allégorie alarmante. J’avais vraiment peur que le ciel de la nuit ne soit plus rempli que de vide. Pourtant, le ciel retrouvait ses étoiles, toutes, quand les nuits claires revenaient dans le paysage nocturne. J’étais enfin apaisé mais j’avais l’impression qu’elles étaient autres, toutes celles qui brillaient dorénavant dans l’espace. Elles étaient plus lointaines, plus hautaines, plus blanches ou dans un ordre différent, dans mon entendement. Peut-être que le ciel recrutait d’autres étoiles après la débâcle de l’hiver. Au fur et à mesure de leur décrochage, sans doute, il venait s’en poser de nouvelles, des éternelles, comme la neige… 

 

Il n’empêche, quand j’étais gamin, le plaisir de voir tomber de la neige était largement  contrasté  avec l’angoisse de ne plus jamais revoir une seule étoile vivante dans le ciel. A l’exaltation magique succédait toujours l’abattement tragique. Je jouais différemment, mes bonhommes de neige regardaient ostensiblement le ciel comme des cosmonautes blancs avides de l’espace, je lançais toujours mes boules de neige dans les airs et je frottais mes habits avant de rentrer à la maison car maman n’aimait pas voir les étoiles s’épancher sur le parquet du salon… 

 

Aujourd’hui encore, quand il neige, quand les flocons se laissent prendre un instant dans la lumière orangée des lampadaires, je ne peux m’empêcher de scruter le ciel de la nuit pour chercher mes étoiles…

 

Pascal.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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L’ESPOIR DE NOS VIES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Sur ses ailes gravée la vie

Celle impossible à définir,

Sur mes ailes s’effacent tout,

Mais je me battrai jusqu’au bout.

 

La course vers ma destinée,

À l’arrivée la dépasser,

Vainqueur et maître de l’envie,

Bercé par les chants de la vie.

 

Grandeur tu seras souvenir,

Plus fortes les vagues s’oublient,

Se perdent sans jamais mourir.

Revient la blancheur innocente,

Pâle mais un visage d’ange,

Garde un espoir où le cœur bat.

 

Blancheur sombre et revient plus belle,

Guérie mais au mal de nos peines,

Rend à la vie un peu d’espoir.

 

Stéphanie BONNEVILLE

 

 

 

 

 

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Nos « Indes galantes »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Par une belle journée de juillet Claudia, vers la fin de l’après-midi, cheminait sans hâte au bord du Lac d’Annecy. Elle avançait à longues foulées, avec un fier port de tête.

Une chaude lumière brillait dans ses yeux bleu pervenche. Svelte, vigoureuse, sûre d’elle, sans fard et sans aucune coquetterie, son regard errait çà et là, allant des blancs voiliers aux cygnes et aux Monts Veyrier et Baron, sentinelles du lac. Elle semblait heureuse de vivre.

S’appuyant au dossier d’un banc public, elle étouffa un soupir. Inévitablement sa pensée la ramenait au passé, incapable d’échapper à la prison de sa mémoire. A mesure que s’écoulaient les jours, un chagrin secret et toujours croissant s’emparait d’elle, l’envahissait, l’accablant, la rendant nerveuse. Étrange, énigmatique jeune femme !

Lorsque je l’accostai, elle soutint mon regard et, pendant une fraction de seconde, ce fut comme si une claire lumière d’été avait traversé la distance qui nous séparait. Me voyant hésitant, elle m’invita à m’asseoir à ses côtés. L’un et l’autre, nous fixions le jeu des mouettes à la surface de l’eau. Pour éviter que le silence nous emprisonne, j’ai su qu’il me fallait agir vite, poser une question, même banale, lancer une phrase égarée dans ma mémoire, une allusion au magnifique paysage qui nous entourait. En tout cas, pas de questions la concernant directement qui auraient pour but de dévoiler ce qui la rendait à mes yeux si mystérieuse.

-Cher inconnu, je devine votre interrogation ! entama-t-elle. Je me revendique solitaire et heureuse de l’être. Solitaire, cela signifie sans compagnon ni compagne, sans pour autant faire triste mine malgré mon éventuelle apparence. Divorcée depuis… disons quelques années. Divorcée, je crus avoir soldé au destin cette dette de misères humaines que chacun contracte en naissant. Je me leurrais, apprenant que les calvaires, ceux des hommes comme ceux de Dieu, ont des stations renouvelées ! Depuis, je suis seule : pour moi, la vie est beaucoup plus facile qu’en couple ! J’étais l’épouse parfaite d’un homme qui ne me regardait pas, ne m’estimait pas. Nous formions un couple que devaient admirer, envier nos proches, alors que je m’étiolais. Cependant, du jour où j’ai demandé le divorce, j’ai su que ma route ne serait pas facile ; que j’allais me retrouver face à moi-même, sans véritable métier, sans ces amis qui gravitaient autour de nous. J’ai dû affronter le vide. Je devins la femme par excellence soumise au fatum ! Mais à présent je savoure ma solitude. Surtout ne fantasmez pas ! me lança-t-elle en souriant. Pas question de me réinstaller avec le premier venu –que vous n’êtes pas- de me perdre moi-même uniquement pour ne plus être seule ! Jamais je ne me suis sentie si bien ! Si pleine, si ouverte aux autres, aux arts ! Je n’habite pas à Annecy. Si amoureuse de ma solitude que j’ai mis une bonne distance entre le hameau que j’habite et la ville. Je vous le confie : Aviernoz, non loin de Thorens-Glières. Mon luxe ? C’est le paysage que la Haute-Savoie m’offre, tellement changeant selon les heures du jour, de la nuit et des saisons. Et ce lac qui est mon confident. Je communie ainsi avec la nature. Alors j’oublie tout, je suis sans contraintes… une vraie chance, n’est-ce pas ?

Elle poursuivit son monologue, sans doute heureuse de parler à une oreille attentive. Vraiment attentive ? Je me suis mis à réfléchir sur le peu que j’avais appris d’elle. Je ne mis pas en doute sa sincérité. Ne sommes-nous pas tous en recherche d’une telle solitude ? Mais est-il vraiment possible d’être heureux, épanouis, sans être entourés ? Ne nous mentons-nous pas à nous-mêmes en affirmant avoir choisi délibérément cette voie ? Vivre seul, se retrouver de longues heures, chaque jour, des mois et des années, face à soi-même… à moins d’avoir la vocation d ‘un trappeur du Grand Nord canadien ou d’un gardien de station météorologique de l’île Tromelin ancrée au fin fond de l’Océan Indien ? Négative, la solitude ? Elle a le goût amer qui rappelle nos angoisses d’enfant, les premiers abandons de notre adolescence. Non vraiment, je ne me sens pas capable de vivre seul ! Pourtant la vie actuelle fait que chacun de nous l’est ou le sera, de plus en plus souvent. Cette vie, qui s’est allongée, complexifiée, nous déstabilise souvent, nous force à toujours recréer notre monde personnel. Réinventer… et cela nous fait peur !

-Cher inconnu, vous me décevez, coupe-t-elle.

-Pour être moins inconnu auprès de vous, je vous confie mon prénom : Henri.

-Soit ! Je retiens Henri… Donc Henri, j’ai vu dans votre regard que je pourrais vous faire confiance. Aussi je vous ai convié à prendre place à mes côtés. Or votre esprit est ailleurs, envolé bien au-delà de ces montagnes…

 

-Excusez-moi Claudia ! Je réfléchissais à la solitude. A notre solitude, car je suis également seul. Mais pas totalement. C’est mon métier qui m’impose cette vie alors même que je suis très entouré, vivant au sein de la 2e escadre de chasse de Dijon-Ouges-Longvic. Je n’ai pas encore eu le loisir de me poser quelque part pour m’y fixer définitivement ! A vrai dire, j’ignore si j’aurais la capacité de vivre épanoui dans une telle stabilité, avec un seul conjoint, des enfants à problèmes, dans la même région et ce, jusqu’à la fin de mon séjour terrestre.

-Incapable de vivre la fidélité ? Savez-vous que le véritable amour, entre un homme et une femme, efface cette angoisse de l’infidélité ; qu’avec lui la vie n’est pas un boulet à traîner, une prison ? Encore faut-il l’alimenter cet amour, le régénérer, le rajeunir, l’émerveiller…

-Un amour qui, me semble-t-il, vous a fait défaut.

-Je le reconnais. Il ne m’a pas… divertie. En son temps Blaise Pascal pensait ceci : « J’ai découvert que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre. On ne recherche les conversations et les divertissements des jeux que parce qu’on ne peut demeurer chez soi avec plaisir. » C’est ce dont je jouis à présent, ce besoin de vivre heureuse en étant seule. Le mariage ne me procura pas ces instants de solitude pendant lesquels je me serais « divertie » pour moi toute seule. Pour ensuite réapparaître revivifiée dans mon couple. Me comprenez-vous ? Me divertir, ça n’est pas m’enivrer de loisirs, voyages, ces bruits de fond qui effacent notre malheureuse condition humaine, qui envahissent notre besoin de silence. Je reconnais que la solitude n’est pas une thérapie toujours efficace, car elle a ses langueurs, ses terrains vagues où je me sens perdue, parfois même paniquée…

-C’est ce que nous ressentons lorsque nous nous trouvons brusquement dans une situation où, après le maelström de la vie sociale, nous nous sentons seuls, sans en jouir vraiment. Lorsque nous nous interrogeons : et si je ne pouvais plus me raccrocher à quelque chose ? Et si je n’avais plus de recours en dehors de moi ? Mais aussi, quelle satisfaction de maîtriser ces moments d’angoisse et de doute !

-Question de persévérance ! Je ne suis pas prête à brader ma solitude. Je préfère m’en servir comme d’une arme, un bouclier.

-Cela mérite une explication !

-Eh bien, s’il m’arrive de pleurer –avec ou sans raison- je sais par expérience que ça ne durera pas ; qu’après je me régénérerai. En omettant de me comparer aux autres ; en ne fantasmant plus sur le prétendu bonheur d’être à deux ou en famille auprès de ceux qui m’entourent… Eux aussi ont des hauts et des bas ! Non, vous et moi, nous ne sommes pas des anomalies : mais des êtres solides, disponibles. Aux autres. Mais aussi à tout ce à quoi nous avions abandonné dans le passé, comme la musique, la peinture, l’écriture. Henri, me dit-elle en fixant mon regard, nous sommes tous les deux à bord de la même caravelle, un vaisseau insubmersible, désespérant de voir surgir de notre horizon nos « Indes Galantes » que nous rendrons bien plus vivantes et distrayantes que celles de Jean-Philippe Rameau !

Deux ans après leur première rencontre sur les rives du Lac d’Annecy, Claudia et Henri unirent leurs solitudes, heureux de se retrouver après des absences professionnelles qu’ils supportèrent de plus en plus mal. Leur véritable vie à deux débuta avec leur retraite : alors ils construisirent leurs « Indes Galantes », partageant un rêve merveilleux qu’on appelle l’amour.

 

André-Pierre Roussel

 

 

 

 

 

 

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LA LETTRE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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C’était un homme simple qui vivait seul depuis la mort de sa femme, il y a dix ans. Il était marginal depuis ce jour où  sa femme fut enterrée au cimetière non loin de l’appartement insalubre où ils vivaient. Il avait fait un enterrement très simple car il était pauvre, vivant sa misère au jour le jour ; même son métier d’artisan ne l’aidait pas à subvenir à ses besoins. Il s’en voulait de ne pas avoir une vie normale.

Un jour, Antoine, comme par hasard reçut une lettre qu’il examina pendant une bonne dizaine de minute. Puis il se décida à l’ouvrir et il aperçut en haut à droite de la lettre :

Pour M. Alpha Claude

 37 rue du Palais

 BETA-VILLE

 

Antoine fut surpris quand il découvrit que la lettre ne lui était pas destinée. Il voulut la ramener à la poste mais il changea vite d’avis lorsqu’il lut le contenu de la missive : le maire de la ville offrait une invitation à une soirée le jour même. Il se dit qu’il devrait aller y faire un tour et voir ce que cela donnerait.

 

Le soir venu, il arriva devant la porte de la mairie où plusieurs personnes se dressaient, vêtues très élégamment. Antoine avait mis le costume qu’il portait lors de l’enterrement de son épouse, dix ans auparavant. Il entra dans le hall et se dirigea vers la salle principale où se tenaient des gens fortunés ; il s’approcha d’une table où l’on avait préparé un magnifique buffet lorsqu’une personne l’interpella, c’était le maire. Ils se serrèrent la main et commencèrent à discuter. Il décida  de passer la soirée à la mairie.

 

Il causa avec un patron, un syndicat de la police ou encore avec une avocate. À la fin de la soirée, il rentra chez lui, se déshabilla et vit sur la table la lettre qui lui avait permis de passer une soirée formidable auprès de personnes fortunées alors que lui n’était qu’un petit artisan. Il se coucha et s’endormit de suite.

 

Le lendemain matin, il se leva de bonne heure pour aller chercher le journal qu’il prenait quotidiennement. Arrivé au kiosque, il fut surpris de voir que tout le monde se ruait sur les journaux alors que d’habitude il n’y avait personne. Lorsqu’il vit dans le journal que le Maire, un syndicaliste, une avocate et un patron étaient morts dans de mystérieuses circonstances, il devint blanc. Après un instant de réflexion, il prit son journal et rentra chez lui.

 

Il se demandait pourquoi la mort avait frappé ceux qu’il avait côtoyés durant la précédente soirée. Il repensa à cette fameuse lettre qui ne lui était pas adressée. Il se dit que s’il ne s’y était pas rendu, il ne se sentirait pas aussi concerné. D’un coup de rage, il prit la lettre et commença à la brûler dans la poubelle.

 

Antoine se mit alors à respirer difficilement, il sentit ses jambes trembler et le quitter. Il se sentait mourir …

 

Julien COUTANT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Zone de Texte: CAUDRY
SALON « AUTOUR DU LIVRE »
Samedi et dimanche
18 et 19 Janvier 2014
Organisé par l’Office Municipal 
de la Culture de Caudry
Salle des Fêtes du Pôle Culturel

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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MOTS CROISES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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