SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N°39

 

31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 

 

Janvier-Février-Mars-Avril 2013

 

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Illustration BD page 2

Patrick MERIC

RESULTAT CONCOURS : Eloge ou Blame

 

Que vive la rose     page 3

Charles LEMAIRE de Cambrai

Sais-tu !   page 4

J-M BOUGENIERES de Caudry

Comptes à régler   page 5

Séverine JOUHANNEAU de  Busigny

Dame nature   page 4 

Gisèle HOURIEZ de Vertain

Enfants des rues    page 6

Patricia LOUGHANI de Escaudain

Spectre à la faux   page 6

 Gérard ROSSI  de Neuville St Rémy

Amour maternel    page 5

Orlane TOUPART de Ligny en Cambrésis

HUMOUR et PATOIS

L’Carette   page 7

Marcel  LESAGE

El Visite ed l’inspecteur   page 8

Georges RATEL

ADULTES

 

La Gelée   page9

Reine DELHAYE 

mon médecin, un ami   page 9

Nicole DUPLOUY

Blanche   page 10

Patricia LOUGHANI

Le vent   page 10

Jacques MACHU

Le chant de la Noël     page 11

Véronique FLABAT-PIOT

Les mariages font parler   page 12 

Jean LEDOL

Pour le petit…    page 13

Renée Van ISEGHEM –LAMBERT

Remontrance   page 13

Jérémy DESSAINT

À Lupita   page 14

Jacques LEBLANC

Papillon   page 15

Bernard SIMON

Champagne au vernissage   page 15

Muriel MARIN

Le Bestiaire de la gueule cassée page 16

Jean  Charles JACQUEMIN

Je me souviens   page 17

Albert JOCAILLE

Juste une vie   page 17

Julien BURY 

L’Herbe folle des rencontres   page 18

Henri LACHEZE

Vent   page 18

Jean François SAUTIERE

Sonate en bleu   page 19      

Geneviève BAILLY

C’est le temps - Coccinelle   page 19

SAINT-HESBAYE

Ton chef d’œuvre   page 20

Christelle LESOURD

Quand je serai bien vieille   page 20

Thérèse LEROY

Avenir   page 20

M.A LABBE

Je m’appelle Medor   page 21  

Jeanne FOURMAUX

NOUVELLES

Création    page 22&23

Hertia MAY

Plaidoyer pour Requiem   page 24&25

Pascal DUPONT

Drôle de radio   page 25

Mickael ROUSSEAU

La fille des neiges   page 26-27-28

A. P. ROUSSEL

La Gazette d’Emma    page 29

M.A LABBE

Eliade    page 30&31

Elsa HERIVAUX

Une drôle de grande tante    page 32

Jean Baptiste CUSANO

DIVERS

 

Information MDA   page 33

Harpies à caudry – Salon de l’Imagination

Infos et abonnement    

AVIS DE CONCOURS

Editions littéraires

*  Retrouvez l’auteur dans la revue littéraire.

 

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1° PRIX

 

Charles LEMAIRE de Cambrai

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Que vive la rose…

 

Celle qui t’a séduit par son teint de velours

Exposait au soleil ses appas doux et roses.

Elle se pavanait dans ses plus beaux atours,

Fière d’être admirée parmi les fleurs écloses.

 

La posséder devint un impérieux désir.

Dans l’espoir insensé d’assouvir ton envie

Tu cueillis cette belle. Hélas ! Pour ton plaisir

Tu venais de trancher et sa tige et sa vie.

 

Coupée de ses racines, elle ornait ton salon ;

Mais elle végétait de se voir en prison

Sacrifiée, assoiffée. Dès qu’elle fut fanée,

Ingrat, sans un regret, tu l’as abandonnée.

 

Surmontant ma rancœur, une supplique j’ose

Adresser à ton cœur : « Toi qui aimes la rose,

Si tu veux en jouir, longtemps, avec candeur,

Laisse s’épanouir librement sa splendeur.

 

Vois briller le matin la perle de rosée

Sur sa joue de satin furtivement posée.

Guette le court moment où le givre en cristaux

Garnit de diamants ses moindres oripeaux.

 

Contemple au fil des jours ses lèvres rougissantes

Ourlées et mordorées, de plus en plus troublantes.

Sois le témoin discret des instants merveilleux

Offerts par la nature à qui ouvre les yeux.

 

Puis, quand passe le temps, recueille pieusement

Les restes odorants dispersés par le vent. »

Par ce fervent appel, ami, je te convie

Au respect de la rose, à l’amour de la vie.

 

 

 

 

 

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2° PRIX

 

Jeanne-Marie BOUGENIERES

de Caudry

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

Sais-tu !

 

Sais-tu qu’il est revenu ?

Il est revenu puisque ce matin je l’ai vu,

Comme avant, regard bref et hautain,

Je l’ai senti dans mon cœur incertain.

Engourdi d’avoir tant voyagé,

Fugitif, n’étant pas sûr de rester.

Puis lorsqu’il a caressé ma main,

En moi a ressurgi un doux instinct,

Peu à peu dans mon corps réveillé,

Mes désirs, comme encore enneigés

Emergèrent s’excitant du plaisir

Qu’il allait faire en moi épanouir.

Puis sa douceur m’enveloppa,

Sa chaleur tout entière m’entoura,

Nos regards l’un de l’autre amoureux,

Nos deux souffles se mêlant peu à peu,

Sa caresse, devenant plus hardie,

Tout mon être en attente réagit.

Et je sus que rien n’était fini

Qu’un nouvel été allait naître en ma vie

Me laissant pantelante et ravie.

Bien plus doux que l’agneau, bien plus fort que le feu

Cet ami d’un été, ce soleil merveilleux.

Sais-tu qu’il est enfin revenu ?

Il est revenu, puisque ce matin je l’ai vu.

 

 

 

 

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3° PRIX

 

Séverine JOUHANNEAU, de Busigny

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

Comptes à régler

 

Depuis quelques années déjà, il me donnait bien du fil à retordre…

Il était si mal « éduqué », si difficile à gérer, si prompt à semer le désordre !

Je me sentais responsable, je ne cessais de me sermonner,

Je me répétais sans relâche que je finirais ruinée,

Tôt ou tard, j’allais craquer… !

« Qu’il se gère lui-même, me répétais-je, je vais cesser de m’en préoccuper !

Chaque fois que je le consulte, il m’exaspère,

Il a vraiment un don pour me mettre en colère… !

Quand, de nouveau raisonnable, la ceinture je me serre,

Lui, il prodigue à tort et à travers !

Et voici un peu pour les courses, et voilà davantage pour les factures,

Sans oublier les impôts et les frais occasionnés par la voiture !

Avec un peu de chance, il en restera un peu pour les vacances…

Ah non désolé… il y a encore à régler les assurances… ! »

Et moi dans tout cela ? Quelle ingratitude !!!

Approvisionner sans répit ne suffisait pas : je demeurais dans l’incertitude !

Mais à quoi bon se mettre ainsi en colère ?

C’est la crise, me rétorquerait-on, qui nous met dans cette galère…

Après tout, avec lui, je n’aurai jamais le dernier mot,

Tout au plus, je ne ferai qu’accroître mes maux !

Alors, je le confirme, il n’y a pas plus réprimandable, plus blâmable,

Plus détestable, plus exécrable qu’un compte bancaire !!!

 

En fin de compte, il est temps de te l’avouer…

Tu sais maintenant, mon cher Banquier,

Toi qui es, au contraire, si organisé, si économe, si sensé,

Pourquoi, un brin intéressée, j’ai finalement choisi de t’épouser !

 

 

 

 

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4° PRIX

 

Gisèle Houriez,  de Vertain

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Eloge à dame Nature

 

Tant que l’aigle royal dominera tes crêtes

Et que les blancs flocons couvriront tes arêtes,

Tant que les edelweiss orneront ton rocher

Où glisse la marmotte cherchant à se nicher,

Tu garderas, nature,

Ta superbe vêture.

 

Tant que de ton relief jaillira le torrent

Et que scintilleront tes cascades d’argent,

Tant que serpenteront tes rus de la vallée

Où s’abreuve le soir la brebis égarée,

Nous goûterons, nature,

Ton eau vive et très pure.

 

Tant que la fleur des bois s’ouvrira le matin

Où l’insecte gourmand puisera son festin,

Tant que près de l’enclos à l’herbe parfumée

Reviendra se tapir la renarde affamée,

Nous t’aimerons, nature,

Dans ta noble verdure.

 

Tant que les passereaux siffleront dans ton ciel

Sous des nuages blancs cousus d’or et de miel,

Et tant que les humains sauveront ton visage

Protégeant de tous temps ta somptueuse image,

Tu resteras, nature,

Notre riche parure.

 

 

 

 

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5°PRIX

 

Patricia LOUGHANI, de Escaudain

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Enfants des rues

 

Pauvres fanfarons qui rient en faisant des ronds,

Des bulles roses et violettes pleines de savon !

Pauvres clowns qui jouent en habits d’infortune,

Sous le regard enjoué de Dame la Lune !

 

Petits enfants sans nom et sans maison

Qui se moquent des lois et des prisons !

Petits orphelins qui ont perdu leur destin

Sur la route oubliée des crève-la-faim !

 

Comme je vous plains ! Je vous pleure,

Vous et votre vie de malheur !

Honte à ces adultes assoiffés de vices

Qui vous achètent et vous sévissent !

 

Anges si près de Dieu, sans maman,

Si seuls, dans un plastic trop grand,

Qui défient les grands sans aucun respect

Parce que la vie vous a tout défaits !

 

Allez, enfants des rues, petits fantoches,

Qui me regardez et dont l’histoire est moche !

Ces mots pour vous dire que je vous aime !

Que le vent balaie donc vos jours blêmes !

 

Pauvres pantins vivants, nés sans étoile,

Sans une lumière, au-dessus de la toile !

Je garde dans mon cœur un petit espoir

Pour qu’un jour vous puissiez y croire !

 

Pauvres êtres innocents et bafoués à tort,

Je rêve pour vous d’un autre sort

Loin de cette vie fantomatique,

L’Enfance est belle ! Elle doit être magique !

 

 

 

 

 

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6°PRIX

 

Gérard ROSSI, de Neuville Saint Rémy

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

Message perso

Au spectre à la faux

 

Toi, décideur de l’instant de notre mort !

Le faucheur de vie : accorde-toi un peu de repos,

Pour me laisser un temps, vivre encore,

Afin de ne pas voir ma vie se résumer à un coup d’épée dans l’eau !

 

Car je n’ai pas vu passer le temps

Malgré les effets de l’usure maintenant

Du poids des ans qui pèsent sur mes épaules

Et freinent toutes actions : ce n’est pas drôle !

 

Jeune, on entreprend tout

On croit toujours pouvoir aller jusqu’au bout

Sans penser que l’on puisse être rattrapé

Par l’incapacité à finir la tâche commencée.

 

J’ai 80 ans ! Merci à toi ma mort de ne pas te presser d’arriver

Ce qui me laisse le temps de me faire pardonner :

De ne pas avoir su lui dire assez de « je t’aime » chaque jour,

Alors qu’est loin d’être épuisée pour elle ma réserve d’amour.

 

 

 

 

 

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1°PRIX

Participation moins de 18 ans

 

Orlane TOUPART,  de Ligny en Cambrésis

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Amour maternel

 

Ma mère a bien du courage de me supporter. Elle mérite un enfant sage avec toute la bonté qu’elle m’a donnée. Elle a offert tout son amour pour moi et pour la remercier je ne suis pas ce qu’elle aurait souhaité.

Je suis sûre qu’elle aimerait entendre un « maman je t’aime » sortir de ma bouche mais je suis trop égoïste pour lui dire. Elle adorerait que je la serre dans mes bras. Comme elle l’a fait durant mes douze premiers mois.

Ce que j’écris c’est pour toi maman, pour te faire passer un message, pour te remercier de tout l’amour que tu me donnes, de ta gentillesse.

Et aussi pour te dire « je t’aime » au moins une fois.

 

 

 

 

 

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L’ CARETTE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

C’étot pendant la guerre : pour aller voyager,

On avot point d’essence pour faire rouler l’ s'autos,

Fallot bin s’ contenter d’une carette et d’un g'vo.

C’est ainsi qu’ sen allot François le boulanger

Pour distribuer l’ pain dans l’ village d’à côté.

Cor moins bileux qu’à ch’ theure, ce qui n’est pas peu dire,

Il perdait beaucoup de temps à blaguer et à rire.

Cette journée là pourtant, sérieux, il l’avot été

Et s’en revenait à l’ brune, au p’tit trot de s’ coquette.

Lui restait une maison, c’était un cabaret

Où y avait trois gaillards qui étaient aux aguets.

Il entre avec ses pains à la porte laissant s’ carette,

Ils l’attrapent aussitôt pour faire une tiote belote

Et deux minutes après, les cartes all s’abattotent.

Le temps d’ faire une partie, la revanche et puis la belle,

Et mon François soudain de s’ carette, y s’ rappelle ! ;

Il court à l’ porte, l’ soir était descendu

Et il faisait si noir qu’on se serait cru perdu.

Y’ entend dans le silence des pas d’ gvo résonner

Et le bruit d’une carette sur la route s’éloigner.

« Ça y est, qu’il dit, Coquette, elle est partie sans mi. »

Il ramasse sa sacoche, il s’élance dans la nuit,

Il fait cinq mètres et pan ! L’ vlà par terre assommé !

Du bruit, dans l’ cabaret, les verres en ont tremblé,

Et tous ceux qui sont là sortent émotionnés.

Sur l’ front, y a un boursot, gros comme un œuf de dinde,

Le sang coule de son nez, qu’y en perdra plus d’une pinte !

Il comprend tout doucement ce qui est arrivé :

C’est un autre équipage, qu’y avot ouïe roulé

Sa brave coquette, elle n’avot point bougé,

Et dans l’ cul de s’ carette, y étot allé se ruer !

 

Réel !

 

Marcel Lesage

 

 

 

 

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EL VISITE ED L'INSPECTEUR

 

--ooOoo--

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

  Un momint dé s' carrière qu'un clerc i n' peut poent oublier, ché l' visite ed l'inspecteur qui s' pointot souvint el lundi matin, alors qu' ech' clerc i étot incor din les vâpes (1) pour s'ête couqué(2) tard el veille.

  I tapot al porte, i inl'vot sin capiau (3) et s'asseyot din l' fond d'el classe, à côté d'ech fu à carbon (4).

Bié sûr, i v'not jamais quand ech' clerc i racontôt, à ses élèves avec leus bouques (5) overtes, l'histoire des Gauloais qui coupettent du gui sus ché quênes  (6) aveuque leus cherpes (7) in or ou chelle d'Attila et d' ché Huns qui mettètent leu viande sous leus selles pour l'attindrir avint d'el minger crue. Nin, i v'not toudis   quind ché p'tiots y faisettent, in tirant leus langues, eune page d'écriture avec leu porte-pleume, et qu'ché moïens i faisettent un exercice ed vocabulaire à tros (8), et qu ech' clerc y s'esquintot (9) à expliquer à ché grands commint on fait eun' division à tros chiffes.

  A ch' tableau, aveuque es craie dins s' man, " I o tros chiffes à ch' diviseur, ech prins tros chiffes à ch' dividente...." disot ch' mait' à ché galupiots qui n' faisotent qu'à s'artourner (10) pour raviser (11) ech' biau môssieu assis, derrière eux, sus s' cayelle (12). I s' imbrouillot forchémint (13) in sintant, din sin dos, les yus(14) d'ech l'inspecteur. Ché tout juste si n' criot poent in lévant ses bros (15) : "Eun tirez poent, j'ém rinds...."

  Dès foais, ech' l'inspecteur y s' lévot, y v'not à ch' tableau, et in deux coups d'ed' cuiller à pot, i expliquot commint i fallot faire. Ché gosses i n'comprénottent rin ! Ech' clerc non pu, mais i balanchot s' tête, din haut in bos, d'in air intindu. Forchémint, quin ech' lion i rugit, ché singes i ferment leus becs !

  Contint d' li, ech' l'inspecteur i félicitot ech clerc pour ses bons résultats, i armettot sin capiau et pis i s'in allot. La vie al povot arprinde sin train-train.

Eune quinzane ed jours après, ech' facteur i apportot ch' rapport. Contint ed' vir que s'note al avot monté comme d'habitude d'in d'mi point, aveuque es pu belle pleume, ech' clerc i arcopiot el bafouille sur sin " Cahier de rapports". I étot alors trinquille pindint troais ou  quatr' ans.

 

Georges RATEL

Croisilles (62128)

 

(1) Les vâpes = les vapeurs. (2) Couquer = coucher. (3) In capiau = un chapeau. (4) Un fu à carbon =  un feu à charbon. (5) Eune bouque = une bouche. (6) In quêne = un chêne. (7) Eune cherpe = une serpe. (8) In tro = un trou. (9) S'esquinter = se fatiguer. (10) S'artourner = se retourner. (11) Raviser = regarder. (12) Eune cayelle = une chaise. (13) Forchémint = forcément. (14) Les yus = les yeux. (15) Un bros = un bras

 

 

 

 

 

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La Gelée

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

La gelée, c'est vraiment joli,

Toute cette glace qui luit !

Ne dirait-on pas des diamants ?

Tout est si beau et si brillant !

 

La terre a mis son manteau blanc

Avec ses paillettes d'argent.

Tout semble mort,

Mais quel décor !

 

Derrière la fenêtre, chez moi,

J'admire cela et reste coi.

Il y a bien moins zéro

Mais on s'en fiche c'est si beau !

 

Puis un jour, viendra le printemps,

Plus rien ne sera comme avant,

Nos beaux diamants auront disparu

Et le manteau blanc aura fondu.

 

                                  Reine.

 

 

 

 

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Mon médecin, un Ami

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Dans sa voiture de sport

Au volant il est comme un Lord.

Il va par monts et par vaux

Pour vous guérir de tous vos maux.

Il arrive en sifflotant

Il repart tout content

D’avoir pu faire quelque chose.

Une gélule pour votre arthrose

Avec un peu de chance

Vous aurez une ordonnance.

Pour une bonne santé

Une pincée de gaîté.

Allons faites un effort

Prenez soin de votre corps.

Oubliez tous vos soucis

Elle est pas belle la vie

 

Nicole DUPLOUY-MARTIN

 

 

 

 

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Blanche

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

La nuit est mon univers blanc,

Pas besoin de lumière ni d’étoile,

J’irai là où mes rêves m’emporteront.

Mes pas vous guideront jusqu’à moi.

 

Mais ne tardez pas trop ! Non !!

Le vent est un félin qui dévore tout.

La poudre nettoyeuse fera son œuvre

Et me fera disparaître tel un fantôme.

 

En osmose avec la blancheur et le froid,

Je deviendrai un être invisible,

Un lieu infini attirant et tentant

Mais vous n’y trouverez pas refuge.

 

Vous aimerez ma beauté si fragile

Mais nos échanges seront éphémères.

La folie des hommes s’entendra

Ma belle toile glaciale sera souillée.

 

Mais rien n’y fera pourtant !

Je serai toujours la reine de Décembre,

Celle qui fait écarquiller les yeux

Celle qui donne de la magie, à Noël.

 

Patricia Loughani,

17/12/2010

 

 

 

 

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LE VENT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Chez nous, le vent n’a pas de nom :

Ni tramontane, ou bien mistral;

Pas de norois ou d’aquilon…

Notre vent est presque banal.

 

Point de blizzard gelant les eaux,

Craquant les coques des bateaux !

Pas de simoun brûlant la peau

Dans un désert sans goutte d’eau !…

 

En été, on le nomme « brise »

Quand il berce les champs de blé.

En hiver, on parle de « bise »

Quand il siffle dans les volets.

 

Parfois il se met en colère,

Cassant les murs et vieux bardages,

Coulant les rafiots dans la mer…

Il fait alors son nettoyage.

 

Mais souvent c’est un bon copain

Qui fait planer les cerfs-volants,

Tourner les ailes des moulins,

Et porte les rires des enfants.

 

Il a mauvaise réputation.

Pourtant il n’est pas bien méchant…

Il est du Nord, notre région,

Et c’est le vent… tout simplement !

 

Jacques MACHU

Septembre 2012

 

 

 

 

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LE CHANT DE LA NOEL

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

 

 

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LES MARIAGES FONT PARLER

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Pour le petit garçon ou la petite fille

que je n’ai pas encore

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Je ne dors plus

Tu n’es pas encore fait

Et déjà

Je ne peux m’empêcher

De penser à toi

Fille ou garçon

Je t’aimerai de la même façon

Je sais déjà

Que je saurai

Te donner la tendresse

Que je n’ai pas eue

Que je n’ai pas su

Donner à ton papa

Mon cœur débordera

D’amour pour toi.

Comme ton papa

J’espère que tu me confiras

Tes joies, tes peines

Le jour où tu arriveras

Ce sera

Ma 2e grande joie

Pour cela

Je remercie

Ta maman

Ton papa

Du fond de mon cœur

J’espère que ce ne sera pas la dernière

Je t’aime.

 

Renée Van Iseghem née Lambert

 

 

 

 

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Remontrance

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Ne cherche pas la fin
Elle est au bout du chemin.
Sans aucune remontrance,
Tu restes dans l'ignorance.
Ton goût pour la vie s'est vite enfui,
Restant caché dans ton nid créant à l'infini.
Tu as tué sans le vouloir,
Le doux parfum du savoir.
Tu as détruit son cœur
Qui n'était pas en meurt.
La nature t'a faite
Et, inconsciemment tu chantes sa défaite.
La laissant au dépourvu,
Tu as construit des rues
Voulant te laisser libre choix,
Tu n'as pensé qu'a toi
Laissant le soleil pénétrer.
Tu as fini par changer
Le destin d'une terre
Qui n'était que ta mère.

Jérémy Dessaint,

19 ans, Caudry

 

 

 

 

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À LUPITA

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Imaginez un peu, du caractère,

Elle doit en avoir, je pense, quelques stères

Avec son prénom Maria-Guadalupé

On ne pouvait surtout pas la louper

 

Elle ne devait pas être très sereine

Quand elle a débarqué notre Mexicaine

De la France, elle ne connaissait rien

A part deux mots qu’elle prononçait bien

 

Pour Claude, elle a abandonné sa famille

Ses parents, ses frères et les quatre filles

Et quand on dit « Famille » au Mexique

C’est quelque chose que rien n’explique

 

La langue : débarquée, sans savoir un mot

Ce n’est pas le moindre des maux

Se faire comprendre dans la langue de Molière

Sans rien connaitre, elle doit en être fière

 

Là bas, en tant que contrôleur de gestion

Elle ne voulait surtout pas rester à la maison

Comme hélas, ici, ses diplômes ne sont pas reconnus

Elle est arrivée dans le monde du travail, toute nue

 

Après le permis de conduire, passé avec un dictionnaire

Elle a réussi, non sans mal, à devenir fonctionnaire

Et Nicolas, dans tout ça, le deuxième amour de sa vie

Ce petit franco-mexicain est toujours plein de vie

 

Imaginez un peu, du caractère,

Elle doit en avoir, je pense, quelques stères

Car après la disparition de Claude, après son agonie

Elle n’a sombré ni dans la déprime ni dans la monotonie

Ensuite, c’est grâce à sa Renault, ma foi

Que je suis revenu la dépanner quelques fois

Ce prétexte me permettait de venir à Saint Pierre

Mon amour se construisait pierre à pierre

 

 

 

Maintenant je suis avec elle

Elle m’a pris sous son aile

Quand nous sommes allés à Mexico

Petit français je ne faisais pas cocorico.

 

Il fallait que je sois en bonne santé

Pour qu’à la famille je sois présenté

A Papa surtout, car ancien médecin

Il devait voir tout, sauf mes deux seins

 

Puis à ses frères et sœurs, pleins de curiosité

Je venais à Torréon, au cœur de leur cité

Je pense que cela s’est bien passé

Car je n’ai pas été tabassé

 

Son père attend notre retour

Pour un plus grand séjour

J’espère le satisfaire rapidement

Cochon qui s’en dédit si je mens

 

J’avoue qu’au départ j’avais un peu peur

Les paroles de son père m’ont fait chaud au cœur

Quand il a dit que je pouvais rester

Mais que Lupita, en France pouvait rentrer

 

Permettez que ce papier

En entier soit déplié

Car, même, s’il vient du cœur

Je ne le connais pas par cœur

Je ne vais pas vous faire un discours

Mais je vais tâcher de le dire court

Je ne vais pas le dire en espagnol

Là je passerais pour un guignol

Certaines déjà le connaissent

Reine, Béatrice ou même Agnès

Bref passons notre sujet à la loupe

C'est-à-dire Maria Guadalupe

Quand j’ai débarqué sans armes ni bagages

Je n’avais que mon amour en gage

Quelques effets trois fois rien

Oui mais il y avait mon petit chien

Elle qui a peur de tous les animaux

Ce n’était pas là le moindre des maux

Imaginez, un peu du caractère

 

Jacques LEBLANC

 

 

 

 

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Papillon

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

De ce cocon hideux,

Est née une déesse,

Un demi-dieu.

Premier envol, première prouesse

Mais déjà divine beauté.

Entre l’orchidée et la colombe adulée,

Il relie harmonie et volupté.

 

De ce vol enivrant et déroutant,

Il survole camélias, coquelicots, roses écloses.

Leurs parfums l’attirent, alors il se pose,

Etend ses voiles et butine un instant

 

Repart, voltige, effleure les choses.

La nature est si délicate qu’il n’ose,

De ses ailes immaculées, les toucher.

Des papillons l’invitent à se rassembler.

Comme par enchantement

Commence un ballet dansant

D’étoiles et de lumières,

Sur une musique pure, douce, légère.

 

Cette ode à la joie,

Cet hymne à l’allégresse

Remplissent mon cœur d’émoi

Et m’invitent à la liesse.

Comme dans un rêve,

Cette mélodie s’achève

En une traîne dentelle

Qui virevolte et s’éloigne vers le ciel.

 

Bernard Simon

 

 

 

 

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Champagne au vernissage

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Rêves étranges,

D’algues marines,

De beaux paysages,

D’émotions fines,

Bercés d’enfants sages,

Tresses, couettes et franges,

Perdus sur les rivages.

Nous ne sommes plus en âge.

Seul ou à deux, peu importe,

Peu m’importe.

Une herbe pauvre ravagée par les sables,

Près d’elle, une goutte de sirop d’érable.

Douceur des couleurs,

Rarement de peur,

Pas grande valeur,

Si ce n’est la une à la feuille

Pour si peu de douleurs,

Pour leurs portefeuilles.

Champagne au vernissage,

Flou et orangé flamboyant,

 

Muriel Marin

 

 

 

 

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Le bestiaire de la gueule cassée

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Dans la glace, son regard vachement laiteux

Renvoyait son image singement grimaçant.

Son comportement bestialement menaçant.

Il était devenu un primitif, laid, hideux.

Pourtant la nature l’avait fait diablement beau,

Au milieu de ses six frères jumeaux.

Admirable sportif, gauloisement conquérant,

Il avait tout pour lui, bigrement attirant.

 

Il se souvenait qu’avant cette guerre sauvage,

Il avait une vie chevaleresquement galopante.

Avec toutes les sensations bourdonnement piquantes,

Le bonheur d’être jeune loup fier mais volage.

Cette femme qu’il aimait bichement maquillée,

Elle avait disparu, cigognement envolée.

Depuis qu’il était apparu ogrement monstrueux,

Il était maintenant seul dans ce parc moutonneux.

 

Se souvenant qu’il était coquement fier d’avoir vingt ans.

Tout l’amour porté à sa reine, sereinement en partage.

Ce long chemin serpenté ensemble avec courage,

Ce long chemin difficile parcouru amoureusement

Au bout de cette voie ce fut la guerre,

Cette guerre ce fut l’enfer, bêtement féroce.

Qui d’entre nous, agneaux devenus loups austères,

De tuer, de détruire, le décrire je n’ose.

 

J’étais à ses côtés le jour où il fut torturé, défiguré.

Aujourd’hui je visite ces structures de gueules cassées,

Ceux qui comme toi Pierre, mon frère abandonné,

A cause de cette guerre honteusement planifiée.

Je me souviens de ce fourmillement de soldats,

Aujourd’hui de ces moments, mes nuits hantées.

Pourchassé, fauvement encerclé par des renégats.

Où sont les bons, toi le rebelle es-tu le mauvais ?

 

J’étais son frère jumeau, monstrueusement défiguré.

Je lui ressemble, aujourd’hui gueule cassée.

Dans la glace, je n’ose me découvrir sauvagement mutilé.

Ai-je besoin d’un miroir dans le regard de mon jumeau figé.

C’est vachement bête ! Qui est Charles ? Qui est Jean ?

Lequel des deux, le doute s’installe parmi les gens.

 

Charles Jacquemin,

Jean-Charles de Beaumont

 

 

 

 

 

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Je me souviens

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Je me souviens encore

Du temps passé de mon enfance.

Celui d’hier et de cet âge d’or,

Brodé de toute son insouciance.

 

Je me souviens toujours

De ces vieux bancs d’école,

Et du préau poussiéreux

Qui nous voyaient jouer les têtes folles.

 

Mais pas plus beaux moments,

Que ceux bénis de nos vacances.

Avec cet éternel émerveillement,

De tout printemps qui danse.

 

Oh non ! l’enfance de notre temps jadis

Ne peut tout à fait s’effacer

De nos mémoires, de notre vie,

Puisqu’en nous, elle est restée fidèle amie.

 

Albert Jocaille

6 janvier 1985

 

 

 

 

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Juste une vie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Caresse ta détresse

Femme, c'est ta faiblesse

Grandie en toi

Mais tu l'abandonneras

Tu n'as que dix sept ans

Il est trop tôt pour toi, maintenant

Mais tu l'aimes

De ta chair tu l'enchaînes

Tu le sens bouger

Encore une épreuve à traverser

Tu as de l'aide

Mais ce n'est pas de l'entraide

Si l'on te demande

De le donner en offrande

Tu réfléchis

Pour toi fait-il partie de ta vie ?

Il est arrivé

Et sans rien demander

En toi il est rentré

Un être qui ne demande qu'à être aimé

On te le rejette

Ils préféraient même plutôt que ça, la cigarette

Pour eux c'est un choc

Dans cette chambre style Baroque

Cet être a frappé à la porte de ton destin

Ne demandant qu'amour et bons soins

Mais tes parents t'interdisent

Ça leur semble une bêtise

C'est un projet

Qu'il valait mieux abandonner

Hommes et femmes vêtus de bleu

Qui te disent que cela vaut mieux

Il est trop tard maintenant

On vient de te retirer ton enfant

 

Julien Bury

 

 

 

 

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L’Herbe folle des rencontres

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Les années passent, le vent casse

Les herbes folles dans le vent.

 

Les racines s’attachent

Et les graines s’envolent

Et d’autres herbes follement,

Sur d’autres rives dans le temps,

Musiquent un éternel refrain

Sur la harpe du vent.

 

Qui sait ce que l’on sème

Et qui sait ce qu’on laisse

Au fil du temps et des rencontres ?

Une ride sur l’eau ?

Dans la vie un sourire ?

Un grand secret peut-être,

Que l’on n’a pas su dire,

 Ou pas compris, qui sait ?

 

Et le temps passe et casse

Même les heures les plus douces.

Il faut partir, partir toujours,

Comme un nuage dans le vent,

Vers ces lointaines plaines

Où ploient les herbes sous les pluies

Et où les heures sont si lentes.

 

Pourquoi, ce soir, pourquoi

Les longs couteaux du vent

Font-ils saigner les souvenirs

Et pleurer les rencontres enfuies ?

 

Henri Lachèze

 

 

 

 

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Vent

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Invisiblement, et sonore,

Le vent musarde avec les mots

Dont la Terre seule s’honore,

Échos infinitésimaux.

 

Voici le vent des grands matins,

Vivant divin des origines,

Souffle pur annonçant festins

Et réjouissances câlines.

 

Venu d’on ne sait quels confins,

Son sort n’en est que plus étrange,

Tout en commencements et fins,

Ami qui rassure ou dérange,

 

Vent des points quatre fois nommés,

Porte des saisons, des orages,

Porteur de desseins animés

Faisant plier arbres, bagages.

 

Mutin rêveur, moi je l’admets

Partisan bienveillant du monde,

N’en percevant que le meilleur,

Naïf d’un rêve qui m’inonde.

 

Or, paradoxe élémentaire,

En mille excès déconcertants

Le voici blackboulant, sectaire,

La Terre et tous ses habitants.

 

Pour édulcorer ses faciès

On le vêt de noms poétiques :

Katarina, Hugo, Frances,

Aux éclats pourtant véridiques.

 

Mais moi, poète de la plaine,

De ce pays calme à mourir,

Je l’estime à en perdre haleine

Et j’entends son moindre désir.

 

Alors, accompagnant nos routes,

Voici l’ample vent des grands soirs,

L’effaceur des terribles doutes

Quand tanguent les lueurs d’espoirs.

 

Brise d’azur, souffle fragile,

Imperceptible compagnon

Conseiller furtif et docile

En toi je palpe l’horizon.

 

Dans mon lit je frissonne d’aise

Quand je t’écoute aller, venir,

Et je m’endors, ne t’en déplaise,

Au souffle bleu de l’avenir.

 

Jean-François Sautière

 

 

 

 

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Sonate en bleu

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Prenez garde ô navigateurs

Quand au détour de la lagune

Une sonate au clair de lune

S’en vient jaillir des profondeurs.

 

La musique en l’onde amoureuse

Affleure et fuse crescendo

Tel un caprice, est-ce l’écho,

Le rire d’une ensorceleuse ?

 

Voiles au vent fuyez alors

Loin de l’invite en filigrane,

Les soupirs d’une courtisane,

L’enchantement de ses accords !

 

Dans la magie océanienne

Sous les yeux des requins conquis,

A son piano, quel charme exquis,

S’est installée une sirène…

 

La leçon de piano

 

Geneviève Bailly

 

 

 

 

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C’est le temps                              Coccinelle

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

C’est le temps des muses

D’une forêt d’étoiles

Les cerfs s’amusent

Levons le voile

 

Que bouquinent les lièvres

Dans la rosée en fièvre

Il s’en fut des étés

Sur la terre dilatée

 

Pour habit de feuilles

L’oiseau fuse

La lune les accueille

L’amour ruse

 

Saint-Hesbaye

 

Sous un pendant de ciel

Une joyeuse demoiselle coccinelle

Pavoise de son habit de noctuelle

Le visage d’une oasis tonnelle.

 

Dans l’écrin d’une feuille principielle

Les capricieux sourires du soleil

Etincellent l’existence de cette frêle

merveille :

Noble recluse d’une paupière aquarelle.

 

Le langage de son cœur confidentiel

Communie avec la source de miel :

Délicatesse enjouée de l’âme éternelle

Que dulcifie l’enfantine filoselle.

 

Saint-Hesbaye

 

 

 

 

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Ton chef-d’œuvre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

A peine parti

Lui, il arrive

Etait-ce écrit ?

Serais-je naïve ?

En moi, il grandit

Ne m’en veux pas,

Si je prends son parti

Mais, grâce à lui

Je souris

Si petit et si fragile

Il est déjà mon exil

Toi, mon épreuve

Lui, ton chef-d’œuvre

Dans mes yeux,

Il reste un espoir

Ma raison d’y croire

Mon cœur est amoureux

Mes mains seront son berceau

Son être, mon repos.

 

Christelle Lesourd

 

 

 

 

 

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Avenir

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Derrière moi

Le désert

Devant moi

Le désert

 

Derrière moi

La mer toute grise

Devant moi

Pas de terre promise

 

Derrière moi

Une nécropole banale

Devant moi

Une vallée des rois fatale

 

Derrière moi

Une manne en panne

Devant moi

Nulle Chanaan

 

Rêve

Réalité

Crève

Destinée

 

Marie-Antoinette Labbe

 

 

 

 

 

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Quand je serai bien vieille

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Quand je serai bien vieille le soir à la chandelle

Ressassant mon passé de souvenirs cassés

Relirai mes mémoires en forme de déboires

De mes yeux larmoyants à mon vieux chien patient

Je conterai mes plaintes sans plus aucune crainte

Je baisserai mes armes et compterai mes larmes

Grelottant sous mes draps me maudissant tout bas

Dans ce clair firmament regrettant les amants

Que j’aurais pu avoir au bout de mes espoirs

 

Et puis quand viendra l’heure d’abuser la douleur

Et qu’il faudra là-bas acheminer mes pas

Au bout du clair obscur du chemin le plus pur

J’irai le cœur léger et puis l’âme apaisée

Gardant le souvenir de ton plus beau sourire.

 

Thérèse Leroy

03/05/2010

 

 

 

 

 

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Je m’appelle Médor

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Hello, je m’appelle Médor,

J’ai un caractère en or.

Pas bagarreur pour deux sous,

J’apprécie les caresses, les bisous.

Très affectueux, farceur, bon gardien,

J’aime les enfants, mes copains.

 

Je vis en parfaite harmonie

Avec ma copine la chatte Mélanie.

Nous nous entendons sacrément bien,

J’adore ses lichettes, ses câlins.

Le soir, elle ronronne entre mes pattes,

Fatiguée d’une longue journée de chasse.

 

Je n’ai pas d’affinité particulière

Avec le matou de la fermière

Qui, antipathique, attaquant, agressif,

Dès qu’il m’aperçoit, sort ses griffes,

Me saute dessus fou furieux,

D’instinct, vise ma truffe, mes yeux.

 

L’autre jour, comme d’habitude,

S’ensuivit une poursuite dans la rue.

Subitement, j’entendis des gémissements de freins,

Ressentis une forte douleur sur mes reins.

Le choc fut tellement fort

Qu’en une seconde, je me vis mort.

 

Tremblant de tous mes membres,

N’osant faire aucun mouvement,

Apeuré, honteux, peu fier,

On m’emmena en fourrière

Parmi les chiens errants, abandonnés,

Qui aboyaient à gorge déployée.

 

Derrière mes barreaux, enfermé,

J’étais pitoyable à regarder.

Quand soudain, je vis apparaître

Mon gentil et très bon maître.

Je fus tellement heureux

Que j’en balançai ma tête, ma queue.

 

En un éclair, je fus dans ses bras

En lançant de joyeux « Ouha ».

Il m’embrassa sur le crâne,

Me donna quelques tapes amicales.

Je n’avais plus de chagrin,

J’étais le plus chanceux des chiens.

 

Jeanne Fourmaux

 

 

 

 

 

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Création

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Tonran Grands Serpents jeta une poignée de sable blanc dans le fleuve doré qui coulait devant lui, comme de l’or en fusion entre les deux petites plages étincelantes au soleil. C’était son camarade Nogan Cours d’Eaux qui l’avait créé, il y a trois ans, à son examen de nom. Tonran éprouvait maintenant une sorte de jalousie pour son ami d’enfance.

Il avait su créer, lui, quelque chose de tangible, d’éternel. Il lança une pierre de rubellite, que sa main avait dégagée dessous le sable. Le cristal rouge décrivit un arc-en-ciel rubis avant de sombrer dans l’eau, au centre d’une cible instantanée. L’amertume lui monta un peu à la gorge en repensant à son échec. Il escalada la petite colline qui surplombait le fleuve. De ce monticule, il apercevait, malgré un peu de brume, les étangs où s’était enlisé son rêve.

Les grands reptiles n’avaient jamais pu adapter leur énorme masse à la pesanteur de la planète-laboratoire. Ils s’étaient embourbés bêtement quelques mois après leur création. Grands Serpents avait décidé de créer un être intelligent. Cet être deviendrait le Seigneur de la planète-laboratoire. Redevenu confiant, il retourna au centre. La prairie verdoyait sous le soleil matinal. L’herbe déjà haute lui caressait le ventre. Un sillon quelque peu zigzagant attira son attention. Sans doute un animal créé par le Sage Majà Chien-Bleu…

Le sillon se dirigea vers lui. Une touffe blonde apparut bientôt, suivie d’une figure familière. ---« Décache-toi, Nalamô.. ». Un corps doré de jeune fille se dressa devant lui.

L’herbe qu’elle avait écrasée en rampant lui avait teint en vert les seins et les genoux. Nalamô vint se frotter câline contre son ami. –« Nurfil m’a dit que tu voulais repasser l’examen de nom.. » -« C’est vrai… Mais Nurfil n’a pas besoin de tout répéter… »

Tonran jalousait aussi Nurfil Castor. En fait, il craignait qu’il ne lui prenne Nalamô. Tonran et la fille Sans-Nom arrivèrent jusqu’au village. Ils s’arrêtèrent chez le Sage Koron Des Terrains. Il était comme à son habitude à son atelier. Lydia Rose Verte, la créatrice des fleurs s’y trouvait aussi. Elle sourit aux deux jeunes gens et la rose verte nichée dans sa chevelure blonde parut briller encore davantage. Devant le Sage Koron : un bac rectangulaire se remplissait peu à peu de poudres et de sables déversés par des flacons soigneusement étiquetés. Les flacons, le goulot en bas, se vidaient doucement, des pinces contrôlaient à volonté le débit. Le sage renversa les flacons, arrêtant ainsi l’opération, il parla pour la première fois : « Ah… voici mes jeunes amis Tonran et Nalamô… ! »

 

-« Vous voyez, Lydia et moi, procédons à une expérience révolutionnaire. Rose Verte a imaginé un nouveau processus de reproduction pour certaines plantes. Il nous faut le meilleur terrain possible pour en vérifier la réalisation… Tu venais me voir pour quel sujet ? »

Tonran serra plus fort la petite main de Nalamô.

-« J’ai pensé à une nouvelle création et je serais heureux que vous présentiez à nouveau mon travail au Conseil ».

-« Nous savions depuis déjà quelques mois que tu préparais quelconque… »

-« …Vous acceptez ? »

-« Bien entendu, mon garçon. La première fois, je t’avais parrainé avec joie et entre nous, les grands serpents n’ont pas été tout à fait un échec. Cette fois, je te conseille d’engager plusieurs assistants et de demander les Grands Ateliers ».

-« Vous croyez que le conseil des sages acceptera ?... »

-« On peut toujours essayer… Je suis sûr que les copines de Lydia te soutiendront… »

-« Je ferai tout pour en convaincre mes amies » assura Rose Verte. Un bourdonnement effrayant emplit l’air. Tonran regarda avec étonnement un nuage d’abeilles entrer dans la pièce et se poser sur Nalamô. Son corps ne fut bientôt qu’un essaim, seule la tête n’était pas recouverte. Koron et Lydia retinrent en arrière Tonran. Lola-des-Abeilles se précipita, son long manteau doré flottant derrière elle. Les abeilles s’envolèrent aussitôt, suivies par leur bourdonnement incessant. Lola était très belle. Son corps ressemblait à celle des abeilles tant elle était longiligne (ne disait-on pas Lola et sa taille de guêpe ?). Elle s’avança vers Nalamô.

-« N’aie pas peur, elles ne t’ont rien fait, elles ont été attirées par le pollen que tu as sur le corps. Tu as dû écraser des fleurs en rampant dans l’herbe. Cette manie pourrait te coûter un jour très cher ! A propos, chers collègues, que me voulez-vous ? »

Elle ondula avec frénésie pour rejoindre le Sage et Lydia.

-« Lydia a pensé utiliser tes abeilles pour la reproduction de ses nouvelles fleurs ». Durant les quelques jours suivants, Tonran se mit en quête de collaborateurs pour ses recherches ; il lui fallait des spécialistes dans plusieurs branches scientifiques. Ses travaux d’ensemble étaient très avancés. Nalamô lui était très efficace, elle avait imaginé le portrait de la femelle qu’il faudrait à l’être intelligent. Les deux jeunes gens cherchaient l’inspiration dans la forêt. Les cerisiers et les pommiers ployaient déjà sous le poids des fruits. La blonde Nalamô se grisait volontiers de ces sphères. Et le jus coulait jusque sur son ventre. Des craquements de branches leur révélèrent la présence de Moseli Cerisier-Pommier : le Sage, créateur des arbres à fruits.

-« Dis, mon garçon, est-ce vrai que tu vas créer un être intelligent ? Si tu le permets, je veux en être ».

 

-« J’en serais très flatté, Sage Moseli, mais je ne vois pas quelle aide vous pourriez m’apporter ! Cela dit, sans vouloir vous vexer ».

-« As-tu pensé au mode de distribution des aliments ? J’ai déjà résolu ce problème pour mes arbres avec la sève… »

-« …Mais Sage Moseli, mes êtres ne porteront pas de feuilles ! »

Moseli se gratta le menton pour mieux réfléchir.

-« Je peux apporter quelques retouches ».

Tonran ne put alors qu’accepter. Poursuivant leur promenade dans un sentier arrosé de clarté, trois lapins roses traversèrent la sente devant eux, bientôt suivis par un grand garçon châtain et frisé, vêtu d’un short et d’une chemisette.

Nurfil Castor sembla plus poli et moins artaban que d’habitude. Il sourit à l’adresse de Tonran. Ses lapins s’étaient arrêtés autour et fixaient les jeunes de leurs yeux verts.

-« Veux-tu me prendre comme collaborateur ? ». Tonran répondit sans attendre :

-« Avec joie… ». Nurfil s’engouffra alors dans les taillis, suivi de ses bestioles. Les jeunes débouchèrent dans une clairière entourée de chênes centenaires. Un troupeau de cerfs et biches les entoura. Sur un cerf majestueux, une jolie fille brune trônait, habillée d’un simple pagne d’herbes. Bicha sauta sur le sol avec grâce. Elle ouvrit ses longs cheveux comme un rideau, dévoilant ainsi ses jolis yeux noisette. Le soleil disparut derrière un nuage gris et Bicha fit une grimace de déception en recevant les premières gouttes d’une ondée soudaine.

-« Suivez-moi jusqu’à la cabane… Aurélia m’avait pourtant promis du beau temps ». Bicha courut à travers les arbres, suivie de ses compagnons. Nurfil et Moseli les rejoignirent peu de temps après. Tout le monde savait qu’Aurélia Nuage Blond avait des sautes d’humeur traduites par des averses imprévisibles. L’herbe haute entravait la progression du petit groupe et causa un incident. En effet, Bicha tomba dans un ruisseau transformé par la pluie en petit torrent. Ses amis ne tardèrent pas à la retirer de l’onde. Elle avait attrapé un bon coup de froid et en tint rigueur à son amie pendant plusieurs jours !

 

C’est ainsi que Tonran Grands Serpents forma son équipe. Le sage Koron Des Terrains réussit à lui obtenir les Grands Ateliers.

Dans deux boîtes en plastique : voilà où trônaient pour l’instant le futur seigneur de la terre et son épouse.

-« Je l’appellerai : HOMME » disait Tonran.

Un jour, les deux boîtes furent amenées sur le petit mont près du fleuve doré. Des milliers de fleurs nouvelles, butinées par les insectes de Lola-des-abeilles embaumaient l’air. Le conseil des sages trônait sur une estrade, sous les pommiers et les cerisiers en fleurs.

En face du conseil se trouvaient, intimidés, Tonran et Nalamô. Le porte-parole du conseil Maja Chien-Bleu adressa un discours de félicitations.

-« Nous, conseil des sages, déclarons que Tonran Grands Serpents s’appellera désormais Tonran Père des Hommes et Nalamô, la jeune fille sans-nom : Nalamô Mère des Femmes… ». Tonran ouvrit les couvercles des coffres en disant :

-« Homme, je t’ai fait à notre image pour peupler cette planète et la rendre agréable. Tu prendras nom : Adam qui veut dire premier ».

-« Femme, je t’ai faite à notre image pour porter le fruit de vos amours. Tu prendras nom : Eve qui veut dire première… »

 

Adam se réveilla le premier dans le champ de fleurs, il vit la femme qui dormait à son côté. Il vit qu’elle était belle, il sentit les fleurs et les trouva belles et odorantes. Il en fit un bouquet qu’il déposa entre les seins d’Eve. C’est alors qu’il comprit qu’ils n’étaient que deux dans ce monde fleuri.

 

Lorsque Eve ouvrit les yeux, Adam la prit par la main…  Ses premiers mots furent :

-« Que tu es belle… »

 

Hertia May

 

 

 

 

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Plaidoyer pour Requiem

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Pour tous ceux qui tentent de balbutier, de leur plume, quelques mots bleus dans tout le désordre de leur imagination, de leurs maux ou de leur Passion en feu, je vous prie humblement de leur laisser croire à la magie des phrases qu’ils viennent coller sur quelques feuilles blanches, souvent tellement accueillantes. C’est leur seule thérapie.

 

Parfois, pour accorder la rime, toute la nuit, ils planchent… ils triment… C’est leur manière à eux de s’exprimer dans un monde qui ne leur appartient pas. Et s’ils font un peu décalés, c’est qu’ils évitent les passages protégés, c’est qu’ils respectent depuis toujours les points et les virgules, les trémas et les Majuscules… Ils sont musiciens des mots et recalculent sans cesse leur partition. Ils travaillent sans le bruit, sans métronome et sans obole. Ils vivent avec le trouble et l’émoi pour seuls compagnons complices, sur leurs chemins tortueux… Ils soignent la finition… Ils vouvoient et disent encore Madame… aux dames. Ils leur prêtent des pouvoirs inconnus, en auras de charme…

 

A vous de jouer votre rôle… simples curieuses, lectrices assidues, muses éphémères ou Amour impossible ; ces lettres blanches et ces lettres noires, se donnant la main, entrelacées dans leur gamme sur un fil continu, c’est pour Vous qu’ils tentent cette audition muette. Ajustez bien, à votre diapason, quelques sourires à ces refrains languissants, à ces complaintes d’antan, à ces rumeurs de cris et de pleurs, à ces parfums de fleurs et ces ciels gris… De ces hymnes sans patrie, ils vous offrent la clé… C’est la chorale bruyante, c’est la cascade débordante de leur cœur démuselé. Accordez encore, à ces chantres de l’impossible, un brin de mansuétude fleurie…

 

Ce qu’ils voient en boucle dans leur tête trop pleine de sentiments coupants, ils l’épanchent comme une saignée, sans guérir. Ils ne sont pas déroutants, ils sont déroutés… Et les mots brisés, sur quelques brisants, se tissent d’écume brodée dans un voile de pudeur. Ils s’emportent sans gloire et sans panache vers d’autres océans de lassitude ou de tumulte, aux vents de leurs sensations exacerbées, sans île, sans repos et sans répit… Telle est leur condition, souffrir pour quelques vaines et sublimes missions…. Ne tirez pas sur ces épistoliers désarmés… Ils sont déjà tellement blessés..

 

Je sais un cœur qui saigne de sa saignée, sans rémission. La Passion n’est pas coopérante, elle ne sait pas se faire coagulante.. Dans sa glace, il croise son ombre. Elle s’habille d’un ciel d’orage et les nuages noirs font le nombre.. Alors, il tourne la page sombre mais le tonnerre le rattrape et les éclairs de déraison le frappent encore et encore… Une rime avec encore, je ne vois que la Mort ou le mauvais sort.. Je sais que l’Ennemie est là, bien en face derrière mes yeux, bien en place, en armure, en cuirasse.. pour un long siège.. Et je n’ai plus d’audace, je ne serai pas Héros.. Je suis pris au piège..

 

Depuis Elle, je connais des champs de fleurs où leurs effluves mesquines se mélangent sans cesse en outrages, des fleurs d’autel pour la Grand Messe de tous les dimanches de la semaine, des fleurs sauvages qui ne se courbent que dans le grand vent.. Je connais par cœur des chants de défaite, sans gloire, où les fleurs sont couronnes et leurs épines sont acérées pour tous leurs poèmes épiques…

 

Je connais des rivières sournoises qui serpentent mes prières inutiles dans des frondaisons propices à mes atermoiements éternels.. Et les poissons stupides peuvent bien rire de mes tourments. Laisser tomber quelques médailles sucrées les rend gourmands..

Je connais des sapins coupés, sans cadeau et sans Noël. Je sais le bruit de leur sève alanguie qui pleure ses gouttes figées..

 

Je connais la chaleur de ces yeux et la froideur de son regard, j’ai vu des esquisses de sourire se perdre dans des embryons de grimace, agacée… Je sais la douceur de ses cheveux sauvages, sans barrette mordante, sans foulard Cacharel et ils causent tant de ravages dans mon jardin secret.. Je connais dans mes rêves, encore, tous ses grains de beauté, même les plus timides et j’aime imaginer ne pas connaître leur nombre pour les recompter, les recompter, les recompter… Je connais son parfum subtil comme une barrière de corail, pour affoler quelque vieux troubadour esseulé, ridé, devant l’icône sur son vitrail ou pour stopper quelques vagues trop entreprenantes ou trop caressantes.. Je crois que je ne connais que les mots qui la font survivre dans l’idéal innocent de mon livre sans Titre.

Encore une page à la une, sur cinq colonnes, pour mon journal intime, délivrée pour l’enfermer au cachot de la déception. La Désillusion s’écrit. C’est intarissable. Où pourrais-je bien cacher mon cœur pour ne rien voir du tout ? Où pourrais-je jeter le passé pour tout oublier ? A partir de quelle ligne, je dois effacer les chapitres pour les réécrire sans me tromper ? A partir de quand, je peux croire que demain s’habille en couleurs ? Je sais qu’on peut l’écrire tout le temps, c’est ma maladie de Cœur et elle ne se guérit pas. Laissez donc au placard vos antidotes, vos remèdes et cette transfusion inutile.

 

Pascal,

28/08/2007

 

 

 

 

 

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Drôle de radio

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Monsieur Dareo était un jeune homme de 22 ans. Il vivait dans une vieille maison qu’il avait héritée à la mort de ses parents. Il travaillait dans une entreprise de textile. Un jour, lors de la brocante de son village, il décida de débarrasser son grenier des objets inutiles. Il vida quasiment la totalité de son grenier. Soudain, il tomba sur une radio, certes vieille mais qui fonctionnait encore. Il décida de la garder.

 

Quelques années passèrent. Ce jour-là, il était en route pour son boulot. Sur une route très fréquentée, sa radio se mit soudain en marche, le volume était assourdissant. C’était une musique très ancienne, il n’arrivait pas à l’éteindre. Alors, il décida de s’arrêter pour ce faire. Au moment où il se gara, la radio s’éteignit d’elle-même. Quelques secondes après, il y eut un carambolage. Il y eut quatre morts et sept blessés graves. Ensuite, il se dépêcha d’aller au boulot. Pendant son travail, il pensa à cette radio qui l’avait « sauvé » de cet accident.

 

Pendant deux mois, sa radio ne s’est pas allumée toute seule. Mais M. Dareo avait entre-temps perdu son travail : il se trouvait dans une mauvaise passe, il devait payer ses impôts mais il n’avait plus assez d’argent. Quand soudain, la radio se mit en route : on entendit la même musique que lors du carambolage. Et le volume de la télé augmenta, celle-ci disait « M. Dareo de la ville de Gofera a gagné la somme de 500 000 €, celle-ci sera versée à la banque de Paris. » Puis la radio s’éteignit et la télévision regagna sa tonalité d’origine. M. Dareo sauta de joie et alla immédiatement à la banque pour acquérir son argent. Après l’avoir reçu, il pensa à sa radio qui se mettait en route dès qu’un malheur allait se passer.

 

Il décida alors de la regarder de plus près : en cherchant bien, il vit une écriture sur la poignée. Il s’y trouvait inscrit un nom : « Algert Dareo ».

Qui était-ce ? Ce fut la question qu’il se posa. Il chercha sur internet mais il n’y trouva rien. Il regarda dans le livret de famille et il y trouva le même nom. Il y était écrit : « Algert Dareo né en 1899 et mort en 1943, il faisait beaucoup de mal à sa famille. Il ne leur apporta que du malheur. » Il trouva une lettre aussi, celle-ci était écrite par Algert : « Je suis dans les tranchées et je voudrais m’excuser pour tout le mal que j’ai fait à ma famille. Ma conscience ne sera tranquille que lorsque j’aurai aidé un membre de ma famille. » Il n’y avait que ces deux phrases de lisible sur la lettre, le reste était couvert de terre.

 

Après avoir lu la lettre, la radio se mit à grésiller et se morcela. Etait-ce son arrière grand-père qui avait accompli sa tâche ou n’était-ce qu’une simple coïncidence ?

 

Mickael Rousseau

 

 

 

 

 

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Snegourotchka (1)

ou

La fille des neiges

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Henri et sa mère s’accrochaient souvent, non pas pour des broutilles de la vie quotidienne, mais sur des sujets philosophiques, religieux, théologiques, politiques… même sur des règles de grammaire que l’un et l’autre interprétaient à leur façon, chacun d’eux étant persuadé détenir la vérité.

Or ce jour-ci, bien calé dans un fauteuil du salon, il écoute à peine le flot des paroles de sa mère qui tente de se justifier :

-Tous les enfants ont des conceptions si justes en commençant la vie, monologue-t-elle. Et aucun d’eux ne s’est jamais laissé influencer par ces idées à l’école ou ailleurs ! Quoi qu’en disent les Catholiques, on ne reste pas éternellement ce qu’on a été dans l’enfance : les convictions de l’enfance peuvent se modifier ; de nouvelles valeurs viennent s’y superposer…

Dix heures du matin en ce dimanche d’avril. Le verger et le parc ont vêtu leur parure printanière. Henri admire une telle merveille de la nature bourdonnante d’insectes besogneux tout juste nés du printemps encore tout neuf. On sonne. Les cheveux blonds soigneusement bouclés, la pâleur de son visage soulignée par la bouche avivée de rouge, ses pommettes saillantes lui donnant un type scandinave –ou slave- en tout cas un type étranger que Henri juge… intéressant : telle lui apparaît sa visiteuse, une inconnue.

Dieu sait pourtant si tout le monde se connaît dans ce bourg de l’est du Cambrésis ! Son parler est teinté d’un curieux accent, de quelques bizarreries de prononciation ou d’intonation qui intriguent l’oreille du jeune homme. Souriante, imperturbable, il lui faut bien se présenter et expliquer sa venue en cette maison ! Elle lui adresse un regard mi-encourageant, mi-ennuyé, quelque peu gêné.

-A quoi vous servirait de connaître mon nom ? Ce serait un miracle s’il était parvenu jusqu’à vous ! Mon prénom est Ludmilla… une pure Carélienne née à Petrozavodsk, capitale de la République de Carélie.

-Quelle surprise ! Entrez, je vous en prie.

Ils pénètrent dans le salon. Sans plus attendre, la maman de Henri se présente, demande si la jeune fille souhaite prendre une boisson chaude ou fraîche.

-Vous êtes très aimable de m’accepter sous votre toit, Madame, lui répond-elle. Puisque vous me le proposez, j’opte pour un thé.

De nouveau, seuls, Ludmilla engage la conversation.

-Le magazine qui m’emploie me connaît sous le nom de Natalia Bogdanov… cela fait plus russe que mon véritable nom d’origine Varègue, les Vikings à la manière russe qui vécurent en cette contrée septentrionale ! Mon père… Bref, après mes études secondaires à Helsinki, j’ai tourné mes espérances vers l’Europe occidentale considérée par les gens de l’Est comme étant le paradis sur terre. D’abord Stockholm. Puis Londres et Rome. Enfin Paris. La Sorbonne, la Cité Universitaire où je logeais, des promenades à Montsouris, au Luxembourg, aux Tuileries, aux Buttes-Chaumont… Egalement aux environs de Paris. Puis en province. Curieusement, c’est Lille qui a retenu mon attention de Nordique, car différente des autres grandes villes françaises. Toujours seule, quelque peu rassasiée de voyages, j’ai estimé l’heure venue de combler cette solitude pesante, de plus en plus étouffante. J’ai alors feuilleté l’annuaire du département du Nord, faisant confiance à Monsieur Hasard qui m’a toujours placée à l’endroit, ou en présence, de ce qui répondait à mes vœux ! C’est ainsi que j’ai découvert une ville nommée Caudry, un nom tout à fait inconnu à mes oreilles et à mes yeux ! Mes recherches m’ont appris que cette ville vivait de la dentelle, dite « de Calais ». Je fis à nouveau confiance au Hasard… Or, rien ne répondait à la personne recherchée ! J’ai ensuite utilisé le palindrome du nom de celui avec lequel je correspondais d’antan. Bien m’en a pris, car j’ai enfin trouvé ! Justement là où j’avais fait le projet de mener mon enquête… ici, à Caudry ! Mais que cachait ce palindrome ? Etait-ce vraiment celui qui hantait mes jours et mes nuits ? Etait-ce celui d’un homme jeune ou âgé, célibataire, marié ou veuf ? N’y tenant plus, j’ai pris ma décision : je me suis installée à Caudry ! D’abord pour mener à bien mon reportage consacré aux tullistes et au travail Cornely de la manufacture, destiné à mon magazine… avec l’arrière-pensée de découvrir le personnage qui m’intriguait. Un personnage que, peu à peu, j’ai fabriqué de toutes pièces, doté de qualités, toutes celles que possédera assurément le garçon qui me donnera son nom… s’il existe quelque part sur cette planète Terre !

-Vous m’inquiétez ! Certes je suis célibataire ; certes vous êtes agréable à regarder et à écouter, mais…

-Voici un mot bien français… « mais » ! Un mais qui entrave, freine toute volonté d’aller de l’avant, celui de la peur de l’avenir ! Sachez que ce mot-ci ne figure pas dans mon vocabulaire : ce qui explique mes velléités, dont celle de me « jeter à l’eau » -est-ce ainsi qu’on dit en français ?- et de faire le premier pas vers l’inconnu découvert dans l’annuaire téléphonique !

-Je ne vois pas en quoi je pourrais vous intéresser ! D’ailleurs quel est-il, votre magazine ?

-Vous ne le trouverez pas dans les kiosques à journaux français. Ailleurs il est fort lu, puisque international, diffusé en huit langues de l’Europe de l’Est, dont la mienne. Il se veut libéral, ce qui me convient parfaitement, l’ayant toujours été… un état d’esprit qui n’était pas apprécié dans mon entourage, en Carélie, tant familial qu’extérieur ! J’ai pris mon essor à Helsinki… la capitale de nos anciens occupants ! A quoi bon ressasser le passé ! Les Suédois ont, eux aussi, occupé la Russie septentrionale : à présent, les nations ont enterré la hache de guerre, la Suède allant même jusqu’à s’enfermer dans la neutralité durant les conflits du XXe siècle qui ensanglantèrent l’Europe, du Cap Nord au Caucase !

La jeune femme se lève, regarde fixement la large fenêtre aux rideaux écartés. Elle poursuit :

-Dites-moi… ce palindrome serait-il votre véritable nom ? demande-t-elle avec malice.

Henri réagit, comme pris en flagrant délit d’escroquerie. Elle attend, paraît s’amuser, son rictus formant de charmantes petites fossettes sur ses joues.

-C’est ce que j’ai supposé, continue-t-elle en vrillant son regard qu’il est incapable de soutenir. Quand j’ai appris, certes par inadvertance, que vous étiez…

-Ainsi vous avez su, vous savez ?

-Bien entendu, cher ami ! Monsieur Hasard n’a pas la faculté de tout deviner !

Pour Henri, l’énigme demeure totale. Comment a-t-elle su ? Il ne se souvient pas d’avoir commis la moindre imprudence, d’avoir confié, ne serait-ce qu’une seule fois et par sous-entendu, son nom d’emprunt. Que lui veut cette Natalia, alias Ludmilla ? Où se situe la vérité ? Pourquoi lui dévoile-t-elle ses secrets… professionnels, à lui un inconnu ? Mais l’est-il vraiment pour elle ?

Elle extrait de son attaché-case un paquet d’enveloppes entouré d’un ruban mauve. Il reconnaît aussitôt sa propre écriture : celle des lettres qu’il adressa, il y a fort longtemps, à sa correspondante finlandaise, une correspondance qui, peu à peu, périclita pour disparaître totalement.

Il l’observe attentivement. Ah ! ce regard replié dans une imperturbabilité sans faille, de type nordique, aryen !... Il allume une cigarette pour se donner une contenance, sans présenter son étui à sa visiteuse. Elle sort une cigarette « High Life » de sa pochette serrée sous son bras, l’allume à l’aide d’un briquet à gaz minuscule, en tire une bouffée qu’elle dirige vers le visage de Henri qui ne réagit pas à la provocation.

-Non vraiment, je ne comprends pas, finit-il par dire d’une voix sourde.

Il ne reçoit aucune réponse.

La mère de Henri frappe, entre, chargée d’un plateau. Elle sert le thé, consciente de la tension qui règne entre la visiteuse et son fils. Puis elle sort du salon.

-Vos lettres m’ont manqué, lâche-t-elle lentement. Terriblement. La fin de nos relations épistolaires fut pour moi ressentie comme une défaite. Qu’avais-je donc pu écrire qui puisse me valoir un tel châtiment ? Le temps a passé… pas le sentiment que j’éprouvais secrètement pour vous et qui s’est amplifié au point de me submerger… Je vous ai tellement idéalisé ! Entre-temps, vous avez changé plusieurs fois de domicile, pour finalement rejoindre le Nord. Vous imaginez le nombre d’annuaires que j’ai dû feuilleter pour aboutir au but que je m’étais fixé ! Mais peu importe : je vous ai retrouvé… malgré votre couverture, alors même que ce nom m’était inconnu !! Vous devriez vous méfier, car rien ne demeure longtemps secret dans ce pays où chacun n’ignore rien de son voisin !...

Elle explique, persuasive. Pourquoi Henri douterait-il de ses allégations irréfutables dont certains détails lui sont connus ?

Un plaisir immense remplit son cœur, mais il ne le fait pas paraître. Mué comme par un ressort –ou par le malicieux petit dieu Eros- Henri se dresse, la prend entre ses bras tout en demeurant silencieux.

Serrés l’un contre l’autre, ils ne sont conscients que de ce double aveu. L’inquiétude, la méfiance s’évanouissent, s’effondrent tel un château de cartes. Ils partagent la même certitude, la même exultation heureuse. Plongeant son regard dans celui de Ludmilla-Natalia, il y lit une grande quiétude et un semblant inattendu de timidité.

Elle lui sourit, puis se détourne de lui. Surpris, peu expert en matière de comportement féminin, il s’en inquiète auprès d’elle qui tente de se justifier :

-Excusez-moi… Je ne m’attendais pas à une évolution aussi rapide de nos… nouvelles relations, pas du tout habituée à la spontanéité latine ! Et puis… je suis en pleine confusion…

-Serait-ce celle que provoque… l’amour ?

L’amour ! Un mot qui lui fait monter le rouge aux joues et accélère les battements de son cœur.

-Je vais devoir m’interroger avant de vous répondre ! Cela me semble si beau, si imprévu, que je n’arrive pas à y croire ! Moi en tout cas.

- Moi de même !

Un silence tombe de temps en temps entre eux. Puis ils parlent avec une franchise qui ne peut se révéler que dans l’intimité d’un amour avoué et partagé, mettant ainsi en place les premières pierres, le commencement de la grande route qu’ils parcourront désormais ensemble, cœur à cœur.

A nouveau, la maman de Henri frappe doucement à la porte du salon.

-Est-ce que tout se passe bien pour vous deux ? leur demande-t-elle timidement en la considérant pensivement. Désirez-vous davantage de thé, des petits gâteaux… ?

Alors Ludmilla-Natalia et Henri se précipitent vers elle, la serrent dans leurs bras affectueusement. Henri lui glisse à l’oreille :

-Maman… je te présente ta future fille… un ange venu du Nord… du nord de l’Europe !

Un rai de soleil radieux pénètre dans la pièce.

Rien n’est fixé, définitivement résolu. Les deux amoureux n’ont aucune hâte ; ils ont désormais tout le temps devant eux pour peaufiner leur bonheur.

Après le départ de la jeune fille, Henri s’interroge. Il est en même temps l’acteur sur la scène et le spectateur dans la salle ; le bûcheron avec sa cognée à la main et l’arbre qui attend le coup fatal qui mettra fin à sa longue vie ; le donneur et le preneur. Peut-être seulement le preneur ? Il redoute de se trouver dans une situation fausse, insoluble à la Dostoïevski qui ne pourrait s’acheminer que dans la confusion. Un échec assurément.

-Je ne sais rien d’elle, ou si peu. Comment construire du solide sur du sable mouvant ? s’admoneste-t-il.

 

Leur mariage fut célébré en la basilique Sainte-Maxellende. Elle lui apporta un souffle d’air frais, une vie toute neuve, des horizons nouveaux, cette Ludmilla-Natalia engendrée par les nuits blanches de la Carélie, celles du plein été nordique, cette jeune fille tellement attrayante et amoureuse. Rien ne les sépara tout au long des années qu’ils partagèrent entre la Finlande, l’Angleterre et le Cambrésis. Ils célèbrent à présent leurs noces d’or, entourés de l’affection de la grande famille qu’ils bâtirent, la main dans la main, cœur à cœur, pierre après pierre… sous leur véritable identité.

 

(1)  Titre d’un opéra créé par Rimski-Korsakov en février 1882, à Saint-Pétersbourg.

André-Pierre Roussel

 

 

 

 

 

 

 

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GAZETTE D’EMMA

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Eliade et le royaume magique

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Eliade est une jeune fille de seize ans. C’est une excellente élève et comme toutes les jeunes filles de son âge, elle rêve de rencontrer le prince charmant. Très superstitieuse, elle croit à une légende japonaise qui dit que si l’on est toujours ponctuel, on rencontrera forcément le grand amour. Elle vit seule : elle n’a jamais connu son père et sa mère est presque toujours en voyage d’affaires, la seule chose qu’elle a de sa mère est un miroir qui se transmet de mère en fille.

 

Eliade était prête pour aller au lycée, elle se regarde un instant dans son miroir et dit :

-« J’ai une tête d’endormie ce matin. Bon, il faut que j’y aille sinon je vais être en retard et je tiens à rencontrer mon prince charmant ».

Elle sortit de chez elle et sur la route, fit tomber son miroir et une lumière éblouissante se mit à jaillir et un jeune garçon apparut. Un peu plus loin sur la route, Eliade voulut se regarder encore une fois dans son miroir et se rendit compte qu’elle ne l’avait plus :

-« J’ai perdu mon miroir ! Où est-ce qu’il a bien pu tomber ! Il faut absolument que je le retrouve ! »

Elle fit demi-tour et revint à l’endroit où son miroir était tombé et elle vit un jeune garçon d’environ dix ans habillé d’une drôle de façon qui attendait avec le miroir d’Eliade à la main. Eliade qui n’osait parler aux gens qu’elle ne connaissait pas hésita à lui parler puis regarda l’heure :

-« Oh non ! Je vais être en retard ! Tant pis pour le miroir, je ne peux pas me permettre d’être en retard ! »

Elle reprit donc le chemin de l’école et arriva en retard. Pour elle, tous ses rêves de grand amour s’effondraient. Après une longue journée de cours, il était dix-huit heures et elle rentrait chez elle lorsque sur le chemin du retour le même garçon que le matin attendait toujours avec le miroir à la main. A la vue d’Eliade, il la reconnut et il courut vers elle pour lui rendre le miroir.

« -Tiens, tu l’as perdu tout à l’heure, tu t’es enfuie mais il va falloir que tu m’héberges !

-Quoi ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Pourquoi devrais-je t’héberger ?

-Parce que c’est ton miroir et j’en sors ! De toute façon tu n’as pas le choix.

-Tu es bien arrogant pour un enfant d’une dizaine d’années à peine. Tu auras du mal à me faire croire que tu sors d’un miroir, je suis superstitieuse mais pas folle !

-Je t’assure que c’est vrai, emmène-moi chez toi et tu verras. Et d’abord je n’ai pas 10 ans ! J’en ai dix-sept mais je suis victime d’une malédiction, lorsque je me retrouve dans le noir je reprends ma taille normale mais pour un temps donné.

-Ben voyons ! Tu as d’autres histoires de ce genre à me faire avaler ? Dis plutôt que tu n’as pas de toit et que tu ne sais pas où dormir. Je veux bien t’héberger pour cette nuit parce que tu es tout choupinet* mais demain il te faudra trouver un autre foyer.

-Moi, pas de foyer ? Tu es bien drôle, je vis dans un château mais je ne peux pas y retourner tant que mon frère n’arrivera pas à inverser le sort qu’il m’a jeté. »

Le petit continuait de parler de château et de domestiques mais il ne faisait plus attention, après tout, elle préférait le laisser rêver. Ils arrivèrent chez elle, ils rentrèrent et elle fit ses devoirs lorsque le garçon l’interrompit :

« -J’ai faim ! Peux-tu faire à manger ?

-On ne t’a jamais appris la politesse ? Ça passe pour cette fois, je vais aller faire à manger ».

Le garçon repartit dans le salon sans rien dire, même pas un merci. Elle pensait au fait qu’elle se sentait idiote d’obéir à un gamin de dix ans. En faisant à manger, elle se demandait d’où il venait et même comment il s’appelait car cela faisait déjà plusieurs heures qu’il était chez elle et elle ne connaissait même pas son nom. Lorsqu’elle eut fini de faire à manger, ils se mirent à table et elle lui demanda :

« -Au fait, comment t’appelles-tu ?

-Je m’appelle Léo et toi ?

-Moi, c’est Eliade. Ce n’est pas très commun, je n’aime pas.

-C’est très joli ! Je t’interdis de dire ça !

-Dis-moi Léo, j’aimerais savoir d’où tu viens.

-Je te l’ai dit, je viens du royaume de l’autre côté du miroir et j’en suis le prince, tu sauras bientôt que j’ai raison car mon valet doit venir me donner des nouvelles. »

Eliade ne répondit rien et l’écoutait encore parler de son château, des gens qui s’occupaient de lui, le lavaient, l’habillaient, le coiffaient. Cela la ferait presque rêver mais elle savait que ce n’était pas vrai. Soudain son miroir qui, désormais, ne la quittait plus s’illumina et un homme d’une trentaine d’années apparut. Il regarda Eliade et l’environnement dans lequel il se trouvait d’un air interrogateur et se tourna vers Léo. Il lui di t :

« -Mon prince, votre frère n’a toujours pas trouvé de remède, vous serez obligé de rester ici pour cette nuit, une chance que cette traîtresse veuille bien vous héberger.

-Oui, merci beaucoup. A présent vous pouvez rentrer ».

Eliade ne comprenait plus, cet homme était sorti de son miroir, il avait appelé « Mon prince » et il l’avait appelée traîtresse pour une raison qu’elle ignorait. Léo, fier de lui, regarda Eliade et lui dit :

« -Je t’avais bien dit que j’étais le prince du royaume de l’autre côté du miroir ! »

Elle le regarda à son tour et lui demanda :

« -Pourquoi m’a-t-il appelée « traîtresse » ?

-Parce que ton ancêtre a trahi mon royaume et sa descendance est considérée en traître.

-J’ai un ancêtre qui connaissait ton royaume ? »

Eliade ne comprenait plus rien, ce miroir lui venait de sa grand-mère qui ne l’avait jamais offert à sa propre fille. Elle se dit qu’elle ferait mieux d’aller se coucher et qu’elle y verrait plus clair le lendemain. Elle emmena Léo dans sa chambre et le coucha dans son lit puis elle se coucha à côté de lui car elle ne pouvait pas laisser un prince dormir sur le sofa. Le lendemain, elle se leva et lorsqu’elle ouvrit les volets et se retourna, elle poussa un cri d’horreur. Dans son lit, il n’y avait plus de petit Léo mais un adolescent de son âge. Le cri d’Eliade réveilla Léo qui, réveillé en sursaut, lui demanda :

« -Ça ne va pas de crier comme cela dès le matin ! Qu’est-ce qui se passe ?

-Tu… tu n’es plus petit… Qu’est-ce qui t’est arrivé ?

-Je t’avais bien dit que je n’avais pas dix ans ! »

Eliade se sentit encore plus troublée que la veille. Elle se prépara pour aller au lycée mais se rappela que l’on était samedi alors elle alla préparer le petit déjeuner. Ils mangèrent en silence et Léo brisa le silence en lui disant :

« -Je t’aime ! Je veux que tu sois ma femme. »

Elle piqua un fard, certes elle l’avait trouvé séduisant après qu’il lui ait dit qu’il n’avait pas dix ans mais de là à l’épouser ! Elle ne lui répondit pas et continua à manger. Lui, scrutait ses moindres faits et gestes. Puis le valet de Léo réapparut :

« -Votre frère a arrêté le mauvais sort, mon prince, cette demoiselle va maintenant être enfermée, personne de l’extérieur ne doit connaître l’existence du royaume, cela est trop risqué.

-C’est hors de question, elle sera ma femme !

-Vous direz cela aux juges. »

Eliade était heureuse, c’était la première fois qu’on se « battait » pour elle. Soudain, elle se retrouva dans un tunnel multicolore puis découvrit un couloir où les rideaux et les tapisseries étaient brodés d’argent, tout était magnifique mais elle fut attrapée par deux hommes casqués et elle entendit derrière elle Léo qui criait. Ils l’emmenèrent dans une salle où des centaines de personnes siégeaient et dont la porte faisait la taille d’une maison à trois étages. La porte se referma et elle entendait Léo crier derrière celle-ci. Les personnes qui siégeaient parlaient entre elles et Eliade ne put comprendre qu’une seule chose : ils parlaient d’elle. Puis un homme parmi cette foule de gens lui dit :

« -Vous êtes condamnée à errer dans les tours du château sans jamais vous arrêter jusqu’à votre mort.

-Non ! cria Léo qui venait d’entrer, c’est ma femme ! »

Il lui chuchota alors :

« -Embrasse-moi sur le cœur ! »

Elle le fit et un symbole apparut sur son torse.

« -Voyez ? Ceci est une promesse de mariage ! »

Eliade le regardait incrédule et voyait l’agitation de la foule qui était consternée. Elle ne comprit encore moins comment ce symbole était apparu après son baiser. Deux femmes arrivèrent, habillèrent Eliade d’une robe dorée et la coiffèrent. Léo la prit alors par la main et ils sortirent de la grande salle et furent accueillis par tout un peuple, ils arrivèrent devant un autel et là, un homme demanda à Eliade :

« -Voulez-vous l’épouser ? »

Eliade répondit :

« -Oui… »

Léo déposa alors une couronne sur la tête d’Eliade et tout le monde jeta des rubans blancs, sûrement leur façon à eux de jeter du riz aux jeunes mariés.

Eliade se réveilla et dit :

« -Quel merveilleux rêve ! C’est le plus beau que j’aie fait ! »

Elle se leva, se prépara et alla à l’école et comme toujours, elle arriva à l’heure.

 

Elsa Hérivaux

 

 

 

 

 

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Une drôle de grande tante

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Jules Mesnard, manutentionnaire dans un hypermarché, vit une vie dépourvue de fantaisie.

Il vit dans un petit immeuble, dans une grande tour de banlieue où tout est gris et sale. Mais Jules rêve à une vie meilleure. Si seulement il avait plus d’argent, il pourrait faire des tas de choses. Il voyagerait, aurait des tas d’amis, enfin il s’amuserait car pour le moment ses modestes moyens ne lui permettaient pas de vivre comme il le voulait.

 

Un soir en rentrant de son travail, il trouva dans sa boîte aux lettres un courrier lui annonçant l’héritage d’une grande tante et pour lui cet héritage allait lui permettre de vivre comme il voulait. Sans même connaître le montant de son héritage, il décida de changer de vie. Il déménagea, acheta des meubles, il habita désormais dans un grand appartement, dans une super résidence. Il eut du jour au lendemain des tas d’amis, il fréquenta les beaux restaurants, les boîtes de nuit à la mode. Un seul problème : il acheta tout à crédit mais il ne s’inquiéta pas, l’héritage couvrirait toutes ses dettes.

 

Au bout de trois mois, enfin, le rendez-vous qui allait changer sa vie arriva. Il était fou de joie et c’est très excité qu’il se rendit chez le notaire.

Durant la lecture de l’acte, il écouta à peine, il attendit le moment où il allait connaître le montant de la somme que lui avait léguée sa grande tante et là, tout s’écroula : le notaire lui annonça qu’il avait hérité du secrétaire.

Pour lui la descente aux enfers commença. Il fut expulsé de son appartement et se retrouva avec ses vieux meubles dans une toute petite chambre dans un quartier mal fréquenté ; tous ses amis lui tournèrent le dos ; sans travail, il ne put payer ses dettes et il se retrouva dans une vie qu’il détesta. Fou de rage il se leva et se mit à donner des coups de pieds dans ce secrétaire, il ne s’arrêta que quand ce meuble fut réduit en un petit amas de bois. Soulagé, il regarda ce tas de bois et son regard fut attiré par un petit sac en velours noir, il se baissa et il trouva à l’intérieur un gros diamant.

Il ne sut que penser, était-ce un vrai ? La vie allait-elle enfin lui sourire ? Il se rendit chez un joaillier et fit estimer ce bijou.

 

Sa grande tante ne s’était pas moquée de lui, il était d’une grande valeur. Mais ses multiples déboires lui avaient servi de leçon : il paya toutes ses dettes, habita une jolie maison, mais il vécut de façon modeste. Son héritage l’aiderait à aider des gens dans le besoin, il savait trop que quand on n’a plus rien, tout le monde vous tourne le dos.

Enfin, il trouva un sens à sa vie.

 

Jean-Baptiste Cusano

 

 

 

 

 

 

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Des HARPIES à Caudry !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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C’est ce que l’on découvre dans le dernier ouvrage d’Hector MELON D’ AUBIER «  Mondes Étranges », en cet été de 2005. Le Monde Fantastique s’ouvre à nous et comme si cela ne suffisait pas on le retrouve en visite dans l’Au-delà, lors d’un retour de vacances en 2010 aux environs d’Evelle. Où suite à un accrochage la nuit, il passe deux jours dans un couvent ; puis s’aperçoit qu’il ne s’est écoulé que quelques heures entre son accident et l’arrivée des secours et que le Couvent est fermé depuis 1944.

Ensuite revient le Commissaire Jean SEKEKCHOZ, cher à HMA après « L’Homme à Abattre » son précédent ouvrage, dans l’enquête d’une maison hantée à Bugnicourt. Ce dernier n’en finit pas car on le revoit à Douchy les mines découvrir le secret du Trou aux Boches ; puis on le retrouve en Belgique suite à un crime commis à Lille, lié au vampirisme.

Ses voyages dans l’Au-delà, après le « Ressuscité », l’amènent d’abord dans l’Antichambre et une rencontre avec l’Autre. Il semble qu’HMA aime voyager dans l’Au-delà mais comme il le dit

« - Quand on y est, ou on en revient ou on y reste ! »

L’ouvrage comporte quinze Nouvelles différentes dont un enlèvement par des Extra-Terrestres à Awoingt et la chute de Pierres de Lune à Bertry.

Mais revenons à nos Harpies, ces bestioles ailées au visage accoutré d’un bec crochu, où Monsieur le Maire Guy Bricout a fort à faire avec les trois sœurs GREE qui ne possèdent qu’un œil pour elles trois et les Furies qui s’y mettent à leur tour. Finalement le calme revient dans la cité de Baptiste et Laïté, mais comment ? Seule la lecture de l’ouvrage nous l’apprend.

Hector Melon d’Aubier nous surprendra toujours car lorsque l’on connaît l’homme on ne s’imagine pas dans quelles situations ubuesques il se trouve confronté et nous y entraîne.

Le livre est disponible en librairie, maison de presse, hyper et super marché, bibliothèque au prix de 13 € pour 300 pages de lecture passionnante.

 

 

 

 

 

 

 

 

SALON  « IMAGINATION »

Centre ville de CAUDRY

PÔLE CULTUREL

 

Pour la 6ème année consécutive, la ville de Caudry

 organise en 2013 un salon

les Samedi 2 Mars et Dimanche 3 Mars 2013

de 9 heures à 18 heures