SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N°56

PRÉCÉDENT

51 52 53 54 55 56 57 58 59 60

a

Septembre – Octobre – Novembre – Décembre 2018

Illustration BD page 2

Patrick MERIC

Centenaire 1° Guerre Mondiale 11 Novembre

 

Onze Novembre   page 3

Geneviève BAILLY

Aux combattants des guerres   page 3

SAINT HESBAYE

N’oublions pas   page 4

Jacques MACHU

Hommage     Page 5

Claude BOISSE

HUMOUR-PATOIS

 

Amuserie   page 6

Jean François & Jean Christophe SAUTIERE

J’ai compris, A l’gare, Chacun sin gout     page 6&7

Léonce BAJART

Dieu sait zou  page   7

Marc VINCENT

La pompe à bras  page 8    

Gina Mario FRANCISTINEL

Le Plaisir d’essence    page  8

Inconnu

Pensée  page 9-13-21

Hector MELON D'AUBIER

ATELIERS ECRITURE MUSEE ADULTES

 

Comme ton champ d’espérance   page   9

 

ADULTES

 

Inspiration   page   10

Patricia LOUGHANI

La Paix    page 10

Reine DELHAYE-BURLION

L’été 2013  page 11

Gérard ROSSI

Le Voyage Fervent  page 11

Geneviève BAILLY

Maléfices   page  12

Thérèse LEROY

Comme un froissement  page 13

Jean François SAUTIERE

J’avais un camarade   page 13 

Albert JOCAILLE

L’Automne   page 14

Marcel LESAGE

Mes roses  page 14

Roger DEVILLERS

Le Mur - Toi  page 15

SAINT-HESBAYE

Déserteur    page 16 

Christelle LESOURD

OVNI    page 16

HERTIA-MAY

Tenir la main   page 17

Julien BURY

L’Abandon    page 17

Bernard SIMON

Les Forêts de septembre  page 18

Henri LACHEZE

AÇVINE 22-23-24    page 15&18

SAINT-HESBAYE

VIVALDI    page 18

BADAR

MAI   page   19

Maria-Carméla DUHIN-CARNELOS

Pensées Romantiques Nuptiales   page 19

André l’Ecrivain

Critique   page  25

Thérèse LEROY

NOUVELLES

 

HYPNOSE    page 20&21

SKYEN

La deuxième Arche de Noé    page 22&23

HERTIA-MAY

La poussière   page 24&25   

PASCAL

Mademoiselle CHLOÉ   page -26-27- 28

YAN VILLIERS

Parties de Chasse   page 28

Hector MELON d’AUBIER

DIVERS

 

Salon des Arts   page 31 

OMC

6° SALON DU LIVRE DE CAUDRY

OMC

 

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Centenaire 1° Guerre Mondiale 11 Novembre

 

" Le vrai tombeau des morts,

c’est le cœur des vivants"

(Edouard Herriot) 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Voici quatre vingt dix ans c’était la Première,

D’une Guerre Mondiale ; Horreur pour nos poilus.

Chacun disait alors : "Ce sera la dernière"

Quatre ans de lourds combats ; combien sont revenus?

Vingt et un ans plus tard s’annonçait la Seconde,

Plus meurtrière encore où régnaient  les nazis.

Les scènes de terreur faisaient frémir le monde,

Et d’en revoir le film, l’angoisse nous saisit !

Aujourd’hui si la Paix semble de porcelaine,

L’Europe a commencé sa marche vers l’espoir.

A ceux-là qui sont morts sous les feux de la haine

Chantons la Liberté, et l’amour du terroir.

De Geneviève BAILLY

CAMBRAI (59)

 

 

 

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Centenaire 1° Guerre Mondiale 11 Novembre

AUX COMBATTANTS DE GUERRE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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 Pensons à tous ces hommes

À ces combattants de l’oubli

Pensons à ceux que nous honorons ce jour,

Ce jour qui leur est destiné.

Pensons à ceux de toujours, et pour toujours,

Petits sans grade, héros d’un jour.

Pensons à ceux qui ont laissé leurs vies ;

Pour la mère Patrie.

Pensons à ceux qui ont subi l’humiliation et l’horreur

Pour un drapeau de cœur.

Pensons aux anonymes qui nous ont précédés

Pour la paix et pour la liberté.

Gardons en mémoire

L’action fraternelle de tous ces soldats

Que nous n’avons pas connus,

Nous leur disons qu’ils ne sont pas morts

Pour rien, mais qu’ils nous ont transmis

L’Amour de la vie …

De SAINT-HESBAYE

BERTRY (59)

 

 

 

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Centenaire 1° Guerre Mondiale 11 Novembre

N’OUBLIONS PAS …

 

 

 

 

 

 

 

 

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 Toi, le Poilu de « la der des ders »,

Et toi qui as dû combattre Hitler

Repose en paix, dans ce lieu sacré

Où, un jour, le destin t’a frappé

Tu rêvais de bonheur près des tiens ;

Tu étais père, enfant ou cousin …

Et tant d’hommes ont fini comme toi,

Allongés sous une petite croix.

Combien de larmes, combien de souffrances

A-t-il fallu pour sauver la France ?

Repose en paix, valeureux soldat :

Nous ici … on ne t’oubliera pas.

                     de Jacques MACHU

                           Noyelles sur Escaut (59)

 

 

 

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Centenaire 1° Guerre Mondiale 11 Novembre

 

HOMMAGE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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"Ceux qui reviennent"

"Ceux qui ne reviennent pas"

 

Sur ces tombes, messieurs,

Où passe aujourd'hui

Comme un frisson de gloire,

Recevons les leçons

Qu'elles nous donnent.

 

Soyons unis dans la vie

Comme ceux-là l'ont été dans la mort.

Oublions !

Nos querelles anciennes

Et nos divisions stupides.

 

Et sur cette terre rougie

De notre sang,

 

Où l'on entend

"Comme un cristal par un écho de bronze !"

Comme un accord de harpe

"Après des airs guerriers !"

 

Où l'on voit

"Comme un lys qui sans bruit

Tombe sur des lauriers !"

 

"Comme régnera la paix

Que Dieu donne aux peuples élus"

 

Qui rend les victoires fécondes et

Qui réalisera dans la justice et dans la liberté

Les droits imprescriptibles

De la civilisation.

 

Claude Boisse

 

 

 

 

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Amuseries

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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C'est poivré ? Oui, ça l'est.

En voyant arriver l'orage le cheval a pris la foudre d'escampette.

Scandale : le professeur de skate-board a roulé un patin à une élève.

Il est allé au concert, Tino.

Quelle jolie petite fille vous avez là, madame Estézy. Comment se prénomme-t-elle ? Anne.

Tonton Bouctou et tata Ouine.

Après être monté dans l'avion avec sa classe, le maître décolle.

La planète préférée des astronomes belges est Jupiler.

Méfiez-vous, ce bœuf a l'air d'en avoir deux !

Il était tellement affamé qu'il tomba d'animation.

Un seul hêtre vous manque et tout est déboisé (devise de l'Office National des Forêts).

La terre noire est déversée dans les bennes.

Les habitants du Népal ont rarement le nez rouge.

L'héroïne a pris du crack.

Le moral du receveur est au beau fixe.

Demain tu verras ta tata et ton tonton.

Cannage et rempaillage sont les deux assises de la France.

La femme de l'électricien est prise.

Il est parti faire ses achats, Guitry.

Se sentant le cœur d'un poète Paul, valet, rit.

Ce lait est bien beau.

Vous sers-je Serge ?

 

Jean-François et Jean-Christophe Sautière

 

 

 

 

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J'ai compris

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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In cinsier iaveut in varlet qu'iéteut inne miette tournis, in peut même dire qui n'd'aveut in gron !

In jour qu'el varlet iaveut été au bal, v'là ti po qui s'amourache d'inne tiote gadrouillette qu'al fait si bé d'ses pieds, d'ses mons et pi d'ess bouque, tell'mint qu'al l'imbrasseut, qu'au bout d' huit jours i s'metteutent à l'affiche pou s'marier.

I feut bé croire èqu' pouleur tout i marche à l'estricité : treus meus après l'marioche, jour pour jour, ess' fimme al metteut in infint au monne !

Tout nunu qu'iéteut l'varlet i n'd'aveut quind même été estomaqué. Avoir in infint au bout d'treus meus d'marioche, ça l'iaveut sinné inne miette dreule et i n'arrêteut pos d'busier.

In bé jour, n'y t'nint pus, i s'in va vir sin visin, tiot Hinri mo d'el crimpette, pou li raconter s'n' avinture. I li dit qu'iaveut toudis intindu parler qui folleut neuf meus pou acater in infint.

Tiot Hinri, qui n'voleut pos brouiller l' minnoche, i li d'minne :

- Ia combé d'timps qu' t'es marié ?

- Bé, qui répond l'varlet, ça fait jusse treus meus.

- In bé, qui dit Hinri sins béguer, ça fait ti pos l'compte : ia treus meus qu' t'es aveuc ett' fimme… treus meus qu'ett' fimme al est aveuc ti, ça fait six… et pi treus meus qu'vos êtes insinne… ça fait ti pos les neuf meus !!!

- Ah bé, qui dit l'varlet, feut i qu'èj' suche bête… j'ai compris à c' t'heur.

Et d'puis c'timps-là, vos m' crérez si vos volez, pou indormir l'infint, c'est li qu'iallotte el berce à tirelarigo !!!

Léonce Bajart

 

 

 

 

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A la gare

 

 

 

 

 

 

 

 

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In viux cheminot, in marté d'inne mon, inne linterne ed l'eute, i tape su les reues d'in tron qu'i est in gare.

- Eh l'homme, i a longtimps qu' vos tapez comme çau su les reues ?

- J' creus bé, i a pus d' quarinte ins.

- Et pourquo qu' vos tapez d'sus ?

- Acoutez, qui répond, j'ène sareus pos vos l' dire. J'el saveus quind j' sus intré au qu'min d' fer, mais vos comperdez, d'puis si longtimps… j' l'ai oblié !!!

 

 

Chaquin sin goût

 

Diminche passé, Frinçois i va à mo tiot Quinnette, dins l' rue Quinnonne, li d'minder s' fille in marioche.

- Bé sûr, qui dit Quinnette, mais… as-tu vu m' fimme ?

- Aai, j'el l'ai vue, qui répond Frinçois, seul'mint… j'ai pu cair ett' fille !!!

 

Léonce Bajart

 

 

 

 

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Dieu sait zou :

Deuxième extrait de Marc Vincent

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Quand on est demi nu,

On n'est pas si démuni.

 

Les pluies diluent Vienne.

 

Le croque-mort reste de marbre

Avant de prendre une petite bière.

 

Le cantonnier part au travail :

« Le devoir ? Ma pelle. »

 

Puis je vais, amusé,

Au musée pour muser

Et ne pas trop m'user.

 

César a versé ses arrhes

Avant de sarcler seize ares.

 

Je roulais à vélo sur l'avenue ; un flic,

Fièrement, m'a crié : « 22 ! » C'était ma vitesse

Contrôlée par son radar.

 

Après janvier, les fèves riaient.

 

Mal attifée, elle n'a pas dessous de bons sens.

 

Quand on lui a ôté les menottes,

Il s'est retrouvé avec deux moignons.

 

C'était un cerisier

Qui portait la guigne.

 

C'est un alcoolique invertébré.

 

Le buveur de Ricard est tête anisée.

 

Sortie du lavomatic :

Au-delà de cette limite

Les billets ne sont plus lavables.

 

Il n'arrête pas de boire

Pour oublier ses déboires.

 

Promotion : le chef de rayon

Est nommé chef de diamètre.

 

Noyés dans le rhum, les babas coulent.

 

 

 

 

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La pompe à bras

 

 

La chanson « La pompe à bras »

 a été interprétée par Andrex 

)

 

 

 

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Chez nous, pour faire l'exercice

Les pompiers se réunissent

Et s' font la chaîne sans malice

Ils discutent à tour de bras

Poumpapa poumpapa

Poumpapoum comment qu' ça va ?

 

Mais l'autre jour, à la fontaine

L' caporal Bouju s'amène

Et leur dit : La s'maine prochaine

On aura une pompe à bras

Poumpapa poumpapa

Poumpapoum pompe à bras.

 

Quand la pompe fut arrivée

Chacun se dit : Je m' demande

Maintenant comment faut s'y prendre

On n' sait pas la faire marcher

Poumpapa poumpapa

Comment qu' ça marche, ce truc-là ?

 

Et vive les pompiers de chez nous

Et leur chef convaincu

Le caporal Bouju

Et les gars qui en fichent un coup

Et vive les pomp'

Et vive les pompiers de chez nous.

 

Mais voilà une ferme qui flambe

Et les pompiers, à toutes jambes,

S' mettent à galoper ensemble

 

En traînant la pompe à bras

Poumpapa poumpapa

Pompe à hue et pompe à dia.

 

Mais Bouju dit : Ça m' consterne

Y a pas d'eau dans cette citerne

Ma foi, dans c'te pompe moderne

C'est du lait qu'on y mettra

Poumpapa poumpapa

Du lait dans la pompe à bras.

 

L'caporal empoigne la lance

Et tout l' monde pompe en cadence

Ils ont mis tellement d'ardeur

Qu'ils ont fait trente kilos d' beurre

Poumpapa poumpapa

Du beurre dans la pompe à bras.

 

Et vive les pompiers de chez nous

Qu'ont fait griller un soir

Le patelin au beurre noir

C'est parce qu'il leur manquait surtout

Le mode d'emploi

Pour faire marcher la pompe à bras.

 

Mais si vous passez par chez nous

N' les vexez pas

N' leur parlez pas

D' la pompe à bras

Ils n'aiment pas ça !

 

Gina Mario, Francis Linel

 

 

 

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Le plaisir d'essence

 

 

 

 

 

 

 

 

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Qu'en termes bien choisis ces choses-là sont dites !…

Il y a des poètes sur tous les sujets, même les plus… inattendus :

 

Dans ce monde de brut de moins en moins raffiné, nous passons Leclerc de notre temps à faire l'Esso sur des routes pour, au Total, quel Mobil ?

On se plaint d'être à sec, tandis que le moteur économique, en ce temps peu ordinaire, est au bord de l'explosion, dans un avenir qui semble citerne.

Il conviendrait de rester sur sa réserve, voire jauger de l'indécence de ces bouchons qu'on pousse un peu trop loin.

Il y a des coups de pompes ou des coûts de pompe qui se perdent.

La vérité de tout cela sortira-t-elle du puits de pétrole ?

Qu'en pensent nos huiles ?

Peut-on choisir entre l'éthanol et l’État nul, voilà qui est super inquiétant !

C'est en dégainant le pistolet de la pompe qu'on prend un fameux coup de fusil.

Je vous laisse réfléchir sur cet axe-là ou sur ces taxes-là…

Bonne route !

 

 

 

 

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PENSÉE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Étint tiot, j’allos aveuc min grind-père ach cim’tieure. In jor, j’y d’min-ne : mé quo qu’y n’a d’écrit su ch’eul plaque, su l’crox du Christ. Y m’dit ! : ché écrit INRI et y s’met à rire, pis mi ossi du cop. Inn vielle finme, all nos ingueulle et dit qu’cha s’fé nin d’vint inn crox.Inn s’monne pus tard, in n’y artourne et quo qu’in vot d’écrit : « INRI. » Min grind-père y n’riot pon. Pouquo qu’in n’rit pon aujord’hui ? T’as pon lu ! Ché marqueu d’sus. « INRI point » !!!

Ché ch’eul vielle qu’a la du mette in point pace qu’y n’avot pus d’plache pu l’écrit in lette.

Traduction : Étant petit, j’allais au cimetière avec mon grand-père. Un jour, j’y demande : qu’est ce qu’il y a d’écrit sur la plaque sur la croix du christ. Il me dit : c’est écrit INRI et il se met à rire, moi aussi du coup. Une vieille femme nous dispute et dit que cela ne se fait pas devant la croix.

Une semaine plus tard, on y retourne et qu’est-ce qu’on voit d’écrit : « INRI. » Mon grand-père ne riait pas. Pourquoi qu’on ne rit pas aujourd’hui. Tu n’as pas lu ! C’est marqué dessus. INRI point !!! c’est la vieille qui a dû mettre un point parce qu’il n’y avait plus de place pour l’écrire en lettre.

HMA

 

Pensée

 

Pour une petite poitrine

- Mé quo qu’y là, euch viu meusieu là, à raviseu aveuc insistince, eum poitrin-ne come cha ?

-Y fé come ti, y cache apreu té sins !

Traduction : Mais qu’est-ce qu’il a ce vieux monsieur là, à regarder avec insistance, ma poitrine comme ça ? Il fait comme toi, il cherche après tes seins !

HMA

Pensée

 

Et …

Le seigneur regarda

notre travail !

Cela lui plut beaucoup.

Il demanda alors,

à voir notre salaire!

Il se retourna

et …

se mit à pleurer...

HMA

 

 

 

 

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Comme ton chant d'Espérance

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Le cœur lourd, je me balade tristement dans les rues de notre ville si belle. J'ai besoin de lumière. Et par un pur hasard, comme guidée, mon âme égarée se retrouve devant notre musée, à contempler un « Jardin des Merveilles ».

 

Une tendre dédicace, vivante et pleine de grâce spécialement imaginée pour toi. Toutes ces beautés, ces dentelles travaillées tout en douceur plongent mon être dans un profond émoi.

 

Les nuances de chaque saison, les fleurs qui dansent au diapason et ces odeurs du temps allant de la rose au jasmin, chantent à ma mémoire tes notes estivales, que je partageais avec lui sous un arbre, comme un doux refrain.

 

En flânant discrètement parmi ces magnifiques créations, j'admire les aquarelles. Leurs teintes lumineuses me font rêver… Avec elles, Tu me transportes vers l'un de tes merveilleux arcs en ciel entouré d'oiseaux heureux de liberté. Les échantillons de dentelles quant à eux, soulignent la délicatesse de tes bourgeons odorants qui vibrent au vent et s'épanouissent dès le jour levé. Toute cette richesse caudrésienne s'allie à la tienne, nous offrant ainsi une promenade aux mille et une couleurs dont la sérénité nous allège et nous berce sous un somptueux coucher de soleil.

 

En cet instant, Tu es si présente dans mes pensées. Et lui aussi : Lui, que j'aime tellement lire bien installée sur ton plaid de verdure, blottie contre toi. Qu'allons-nous faire sans nouvelle de lui ? Pour réponse, comme par magie, une robe m'attire et illumine mon cœur.

 

Sous une clarté printanière, de superbes fleurs accompagnées de feuilles colorées, valsent ensemble sur le bustier. Puis, des perles de broderie glissent lentement avec complicité et bonheur. Cet herbier si élégamment décoré m'entraîne dans mes souvenirs d'enfance et Tu m'envahis alors d'une apaisante chaleur.

 

Pourtant en ce début de décembre et avec son départ, mon esprit marche mollement dans la neige heure par heure. Mais tes secrets murmurent en moi comme un chant d'Espérance. Et grâce à Toi je m'aperçois que rien ne s'éteint vraiment jamais, que ton univers est immense. Dans ton monde végétal, tout peut s'arrêter une fois, mais dès que ta force et tes trésors réapparaissent, la vie fait loi.

 

Tu tourbillonnes dans ma tête comme une fête en larmes. Ces moments de bonheur, ces midis d'incendie que j'ai vécus avec lui, maintenant je le sais, resteront gravés dans mon souffle et dans mon audace.

Je quitte ce jardin en te remerciant, Toi, oui Toi, car tu nous prouves que la vie est un perpétuel renouvellement et que chaque arôme a sa place. Nos douleurs, nos peines, rien ne les efface mais avec Toi, nous allons de l'avant, doucement mais sûrement. Avec toute ta générosité, on peut renaître en souriant.

 

Au revoir et merci

 

à toutes les plumes amoureuses de la nature

à l'Immortel monsieur Jean d'Ormesson

(Participant concours du Musée)

 

 

 

 

 

 

 

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Inspiration

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Souffle le vent, dans mon corps dément !

A jamais dans l'infini de l'avant,

Feuilles et poussières s'étalent

Dans l'air des survivants...

 

Femme-enfant, fille du silence,

Vêtue de tes mots, sans non-sens,

Couvre le monde d’innocence !

Oublie les sauvages et l’invraisemblance....

 

Femme-sœur, fille de cœur,

Dénudée des apparences en fleur,

Crie ton amère rancœur

Et pointe les hommes sans cœur...

 

Souffle sur les larmes des enfants !

La lune pleure les draps blancs.

Dieu n'a jamais voulu la mort des sourires !

Dieu n'est pas responsable du pire !

 

Femme-poète, fille qui pleure !

Porte ton manteau aux belles couleurs.

Dessine avec tes mots, une vie plus belle !

Gomme la guerre et la grisaille sur les ailes....

 

Femme-créatrice, fille d'un autre temps !

Arbore tes rêves, tel un étendard cinglant,

Donne de la lumière aux chimères !

Eclipse la Haine et la Guerre !

 

Patricia Loughani,

copyright, le 02/10/2013

 

 

 

 

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La paix

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Pourquoi  toujours de la violence ?

Rien ne vaut une belle alliance.

On en a assez de ces guerres,

Assez de toute ces colères.

 

Peu importe la couleur de la peau,

Nous méritons tous d’être égaux.

Si tous les hommes pouvaient se donner la main,

Et marcher ensemble sur le même chemin.

 

Se laisser vivre sans avoir peur,

Aspirer à une vie meilleure.

Pour vivre heureux à chaque seconde,

Et pouvoir voyager dans le monde.

 

Picasso a peint un tableau parfait,

Celui de : La colombe de la paix.

Cet oiseau symbolise la pureté,

Et surtout LA PAIX pour l’éternité.

 

Reine DELHAYE-BURLION

 

 

 

 

 

 

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L'été 2013

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Vingt et un juin : on vient de passer,

En cette année deux mille treize, du printemps à l'été.

Sans regrets, car la saison écoulée

Des plus agréable, pour son climat, n'a pas été !

 

Sans réel beau temps depuis la sortie de l'hiver,

A l'image de la vie actuelle : le temps a ses revers !

Mais comme la nature, pour son réveil

Nous les humains, pour sourire, nous avons besoin de soleil !

 

Beaucoup : poètes ou chansonniers, ont chanté l'été

« Soleil, plages de sable et crustacés ! »

Il semble que ce soit là des souvenirs du passé ;

Pour le moins, concernant notre littoral Nord, cette année !

 

Et pourtant ! Il y a à peine dix ans, en effet,

La région a même connu… la canicule !

Et personne, vu de maintenant cela semble ridicule,

N'était préparé à en subir les effets.

 

La faculté de l'homme est de s'adapter

A notre climat dont les saisons ne sont plus tranchées !

Tout le monde en parle ! On y perd un peu ses repères.

Mais faut-il vraiment en faire toute une affaire ?

 

En attendant, on écoute Evelyne Delhiat

Qui nous présente les prévisions Météo.

« Nous subissons les effets de la perturbation : il ne fera pas beau ! »

Cela nous fait passer le temps : c'est toujours ça !

Gérard Rossi

 

 

 

 

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LE VOYAGE FERVENT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Sur les sentiers de la vie

la pente est dure.

 

Mais lui, en dépit de son grand-âge

et de son veuvage,

veut repartir à l’aventure

là où tous deux,

d’un pas complice,

en pèlerins, vers la Galice,

avaient vécu d’intenses heures.

 

Comme une promesse

c’est l’adieu au Puy- -en – Velay,

l’ultime périple vers la lumière.

 

Si sa besace pèse un peu

son bâton semble avoir des ailes

sur les chemins de Compostelle…

 Geneviève BAILLY

 

 

 

 

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Maléfices

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Lune ronde et large s’étale dessus l’horizon

 

Méfie-toi de la lune ronde

quand elle brille à nouveau sur le monde.

 

Lune inconsciente s’égratigne accrochée dans les branches

 

Méfie-toi de l'astre moqueur

quand il joue à t'induire en erreur.

 

Lune sanguinole sur le bord de la route

 

Détourne-toi de sa froide lueur

sa lumière ne te réchauffera pas le cœur.

 

Lune s’écarlate et puis soudain s’élève, mauvaise conseillère

 

Elle te fera prendre des chemins détournés

qui te perdront dans des voiles d'obscurité.

 

Lune maudite exacerbe nos sens

 

Mystérieuse,

malicieuse,

méfie-toi de ses maléfices

quand elle baigne dans un halo de tranquillité.

 

Lune sournoise exaspère nos nerfs et bouscule notre perception

 

Prends garde à elle quand ses yeux te regardent

elle te fera perdre la tête si tu n'y prends garde.

 

Lune méchante embrouille notre esprit

 

Un peu sirène, un peu sorcière,

complice attentive du poète

qui lui adresse ses prières.

 

Lune ricane, triomphante, se moque de nos bévues et des cœurs chamboulés

Éblouissante,

fascinante,

Lune se rit de notre infortune.

Aussi sournoise que belle,

elle est perfide et cruelle.

 

Lune satisfaite se dore dans sa poussière d’étoiles.

 

Thérèse

 

 

 

 

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Comme un froissement…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Comme un froissement de murmures

En la nuit du bois étoilé

Le parfum chaud des mûres mûres

S’offre au vent noir immaculé.

 

Choisis ta route vagabonde

Riche en verdure et en chansons

Et fais tien le souffle du monde

Pour en accueillir les leçons.

 

Le temps de mouiller l'ancre est : Terre !

Arbres, hissez vos grands pavois !

L'apesanteur de l'atmosphère

Transforme en silence les voix,

 

Les voix du temps, les voix de l'âme,

Bonheur spiritualisé.

La paix du cœur s'est faite flamme

Et te voici tout embrasé.

 

Jusqu'au nu de la feuille glabre

L'amour a posé ses trésors.

Pour moi, je vais le pas retors,

Priant Saint Benoît-Joseph Labre.

 

Jean-François Sautière

 

 

 

 

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J'avais un camarade

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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J'avais un camarade

Venu de sa proche Picardie

Faire la guerre, non par bravade,

Mais pour défendre sa patrie.

 

J'avais un camarade

Ardent et généreux

Au seuil de ses vingt ans,

Et qui semblait heureux.

 

Pourtant le feu et la mitraille

Ne nous épargnaient point,

Et nos cœurs meurtris par l'effort qui tiraille

De repos seul avaient besoin.

 

Au cœur de la bataille,

Quand vers nous le Boche affluait,

De l'Argonne à Montmirail

Et de la Somme jusqu'à Givet,

C'est la peur et la mort en nous qui rôdaient.

 

Je le revois encore du fond de la tranchée

Attendant sans impatience le signal,

Avant de pouvoir s'élancer

Superbe comme vers un idéal.

 

Pourtant un jour il est tombé !

C'était à l'aube d'un clair matin,

Et sans un cri il m'a quitté.

Semblant encore me tendre la main

Pour toute une éternité.

 

Il repose à jamais maintenant

En ce grand cimetière,

Auprès de ceux de son régiment

Fauchés un jour par la sale guerre.

 

Non, plus jamais il ne reviendra

Lui le meilleur de l'escouade,

Mais en moi son souvenir toujours restera

Albert Jocaille

 

 

 

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L'automne

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Après l'été, voici l'automne,

La vie devient plus monotone,

Le soleil fait grasse matinée ;

Le soir, il rogne les journées.

 

La terre a donné sa moisson,

Elle s'ouvre à de nouveaux sillons ;

Les hirondelles sur les fils

Nous disent : « Au revoir en avril ».

 

Les bois se couvrent de dorure,

Avant de perdre leur parure ;

Les derniers vols des martinets

Dansent la valse des regrets.

 

Après l'été, voici l'automne,

J'espère qu'il ne manquera personne

Autour des tables retrouvées

Du jeune foyer des aînés.

 

Qu'importe ce qui nous réunit :

Cartes, tricots ou bavardages

C'est d'abord notre compagnie

Qui nous met la joie aux visages.

 

Nous allons revoir nos amis,

Leurs yeux remplis de sympathie ;

Parler de nos petites misères,

Des personnes qui nous sont chères.

 

Nous avons vécu notre été,

De notre vie, voici l'automne

Aux souvenirs du temps passé

Il ne faut pas qu'on s'abandonne.

 

Les jeunes continuent de changer

La terre que nos pères ont laissée,

Gardons-nous de les critiquer,

C'est nous qui avons commencé.

 

Nous avons chacun notre tour

Connu la joie et la souffrance,

Il nous faut apporter toujours

Beaucoup d'amour et d'espérance.

 

Car jamais le temps ne s'arrête :

Pensons à ceux qui ne sont plus,

Comme à tous ceux qui n'ont pas su

Nous rejoindre en ce jour de fête.

 

Après l'été, voici l'automne

C'est tout mon cœur que je vous donne.

Marcel Lesage

 

 

 

 

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Mes roses

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Ma fille, de ses menottes roses,

Dans le jardin, avait cueilli

Dans un panier toutes mes roses,

Les belles, comme les défraîchies,

Car dans la candeur de son cœur

N'étaient-elles pas toutes des fleurs…

 

Légère… gracieuse… elle allait

Regarde papa, me disait-elle

Mes roses, comme elles sont belles…

 

Et un nouveau bouton cueillait,

Rejoignait l'autre dans le panier.

Sanglantes, ses petites mains étaient

Par les épines des rosiers.

 

Elle vint vers moi et puis me dit :

« Ne dis rien, ne gronde pas,

N'est-ce pas ta fête, mon papa ! »

Je ne dis rien, mais je fis Oh !

 

Et le vallon se fit l'écho,

L'écho de ma grande surprise

Car dans ce merveilleux panier

Qu'elle m'apportait dans un sourire

Elle avait mis, grand Dieu ! mes Roses,

Ma collection, toute ma joie, ma fierté !

En moi-même, je dis « Petite rosse ! »

 

Ma joie, ces fleurs… Ô fatuité !

Ma joie, n'était-ce cette poupée

Qui, dans sa naïve candeur,

Avait mis dans le panier

Son petit cœur.

Roger Devillers

1944

 

 

 

 

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MUR

 

 

TOI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Tu es là,

A vingt mètres

A dix, peut-être,

A quelques pas encore

Vague contemplation !

 

J'entends

L'archet d'une voix

Qui s'impose être toi.

J'emporte confidentiel

Le regard de ta personne

Dans l'étincelle de mes yeux

Sur la berge d'innocence.

 

L'amour de toi dans la caresse de nos doigts,

Un mur nous sépare,

Un sillon nous cicatrise peut-être la pensée,

Ce mur patrie

Ce mur timidité

Ce mur tant haï et à haïr

Ce mur anfractuosité :

Cette cloison n'a plus recul ni frontières.

 

La marée noie mes pensées.

Je ne me situe plus sur cette terre.

J'ai dépassé ce monde paupières

Où une vie m'eût suffi.

Saint-Hesbaye

 

 

Rien, non, rien

Que trop aimer emporte

Suave symphonie.

 

Trop, oui, trop

… Et je cherche mon âme

En regardant tes yeux ;

 

Monde déliquescent

Par trop inexprimable,

Je te pressens sans rien comprendre

 

Oh mes joyaux de larmes

Que j’aime la nuance de l’univers aimé

Qui se veut être TOI…

 

Saint-Hesbaye

 

 

 

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Déserteur

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Je regarde ses yeux,
Et ne le vois plus heureux.
Si petit et le voici confronté
A une réalité que tu lui as imposé.
Toi qu'il prenait pour exemple
Vois-tu aujourd'hui, comment il te contemple?
Mitigé entre amour et rancœur
Oui, tu lui as brisé le cœur.
Tu pensais qu'il ne verrait rien
Mais, cette "autre" est la cause de son chagrin.
Papa déserte silencieusement la nuit
Et tu voudrais qu'il s'en réjouisse
Du père modèle, te voici persécuteur
Cette liaison prend trop d'ampleur?
Cet ange, qui ne demandait pas à être sur Terre,
Te voulait juste sédentaire.
Il te faudra faire un choix
Redevenir celui en qui il croit
Ou continuer à assumer tes mauvais pas
En perdant ton rôle de papa.
Ne perds pas tout pour une femme de nuit
C'est elle qui te cause tous ces ennuis.
Alors, pourquoi est-ce lui que tu fuis?
Lui qui est ton seul et unique fruit...

Christelle Poussier Lesourd
26 ans

 

 

 

 

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OVNI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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J’étais sur mon tracteur, je labourais mes champs

Lorsque dans la nuit noire, je vis un drôle d’engin

Je m’approchai un peu pour voir ce que c’était

Je me demandais ce qui allait se passer.

 


C’était dans la nuit noire, ça je vous le jure

C’était une drôle d’histoire, ça je vous le jure

 

Je vis quatre étrangers sortir de la soucoupe

Je n’ai pu m’enfuir et je fus enfermé

Une fille aux cheveux blancs vint me retrouver

Je compris alors ce qu’il fallait lui faire

 

C’était dans la nuit noire, etc.

C’était une… etc.

 

Elle me reconduist en dehors de l’engin

Et ils partirent, me promettant de revenir

Depuis, je les attends la nuit sur mon tracteur

Fixant le ciel et les étoiles, en rêvant d’elle.

 

C’était dans la nuit noire …

Hertia May

 

 

 

 


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Tenir la main

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Tenir la main

De l'être aimé

Suivre son destin

Et pour l'aider

Même si son âme

Se fâche

Même si sa flamme

Se cache

Vous brûler d'espoir

Au creux de l'écrin

Une seule envie, le voir

Il faut lui tenir la main

 

Ne pas vivre cacher

Voir un sourire

Il faut l'aimer

Un amour qu'il faut écrire

Même si cela choque

Et se construire

Une armée de blocs

Eviter à tout prix de souffrir

Le temps le dira

A qui fait le malin

Elle vous punira

Il faut lui tenir la main

 

Mais qui s'acharne

Enivrant ma haine

Tous la même hargne

Soufflant sur mes peines

Un combat à deux

Laissant libre cours

 

Refermant mes yeux

La peur pèse si lourd

A travers les âges

Evoluer au sein

D'une société sans partage

Pour cela, il faut lui tenir la main

 

Dans l'âme de cet homme

Voilà une envie folle

Qui veut qu'on lui pardonne

Sur ses pages blanches, se collent

Les écritures incertaines

D'un destin prometteur

Il ne veut plus de peines

Je calmerai ses ardeurs

Une épine crève

Je me fâche en vain

Qu'on fasse une trêve

Il faut lui tenir la main

 

Rêve de luxure

Un monde plein de raison

Sans haine, ni démesure

Ne résistons pas aux tentations

Un mot, une larme

Des cœurs écœurés

Ce rêve qui me charme

N'arrivera t'il jamais ?

Surtout ne pas lâcher

Ce conte de jasmin

Pour votre bien aimé

Surtout, il faut lui tenir la main

Julien BURY

 

 

 

 

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L’ABANDON

 

 

 

 

 

 

 

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À pigeon vole, notre grand amour s'envole.

Touché en plein vol, le corps vacille et s'affole.

<< Pourquoi tant de haine ? Moi, j'ai le cœur qui saigne. >>

À tire d'aile, sous mes pieds mon corps chancelle.

La vie est bien trop belle, alors je fais appel !

<< Pourquoi me condamner ? Je dois être acquitté... >>

À pigeon vole, tous mes beaux rêves s’étiolent.

Alors je survole et fuis cette chose folle.

<< Pourquoi blasphémer ? Nous nous sommes tant aimés... >>

À tire d'aile, nul bonheur n'est éternel.

Ni peine cruelle, que la grâce soit belle !

<< Pourquoi t'enfuir ? De ce mal, je veux tant guérir... >>

Bernard SIMON

 

 

 

 

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Les forêts de Septembre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Chœurs du soleil, harpe du temps, vent musicien !

Que j'aime les forêts lorsque Septembre vient,

Quand l'été finissant allume les merveilles

Des feuilles hésitant au seuil des morts vermeilles !

 

Forêts déjà d'automne où je m'en vais laissant

Les foules et l'angoisse et marche sur la mousse,

N’éveillant nul écho, paisible et lent passant,

Sous les grands dômes d'ombre où ma fuite me pousse !

 

Ah ! Courir, le matin, d'épais sous-bois mouillés,

Soulever du bâton fougère et herbe folle

Et débusquer le cèpe et l'or de la girolle,

Dans un parfum d'humus et de saison rouillés !

 

Ou suivre du regard, vagabond de l'instant,

Ces vaisseaux lourds de pluie dans leur lointain voyage

Et ces vols d'oiseaux blancs laissant dans leur sillage,

Cette plainte, ce cri, que longtemps l'on entend !

 

Ô forêts de Septembre et orgues de lumière,

J'aime perdre mes pas en vos halliers secrets,

Sentir la vie, soudain, jaillir de sa tanière,

Monter comme une sève, et la boire à longs traits.

 

Henri Lachèze

 

 

 

 

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V I V A L D I

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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C'est une belle explosion
L'éclatement des bourgeons.
Regarde Dame Nature
Ô tendres couleurs si pures !
Leur beau manteau de rosée
Fait un printemps enchanté.
C'est le printemps.

Approche-toi de la fleur,
Hume les bonnes senteurs,
Tel Matisse et ses couleurs.
Peins ce doux tapis velours...
L'oisillon va s'envoler.
Magique été parfumé.
C'est l’été.

Les champignons voient le jour,
C'est le moment des labours.
Pommes, prunes sont cueillies.
Les feuilles font un tapis,
L'hirondelle se fait la belle 
Et l'automne sort ses ailes…
C'est l'automne.

Magique, cet habit blanc !
J'entends le cri du faisan.
Douce odeur de cheminée,
J'aime m'y chauffer les pieds,
Fredonnant ma ritournelle,
C'est le moment de Noël.
C'est l'hiver.

La Badarine
Tiens ! étonnant bilan :
Printemps, j'étais naissant,
Été, j'étais puissant,
Automne, j'étais tout blanc,
Hiver, je suis prudent.
Ô comme l'homme ressemble à Dame nature !


Respectons-la, chérissons-la et ensemble,
Laissons donc à notre chère progéniture,
Une terre "Amour et Paix" au ciel toujours bleu. 

BADAR

 

 

 

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MAI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Comme un vol d’hirondelle

Mes vingt ans sont partis

Des chœurs de ritournelles

Pleins de Fa Sol La Si…

 

Courant sur l’herbe molle

À travers les cités

L’alouette grisolle

Sans même être effrayée.

 

Gaîment nos vocalises

Mêlées aux gazouillis,

Emmenées par la brise

Allaient prier Marie

 

Fillettes, garçonnets

À l’heure à la chapelle

Où Monsieur le Curé

Nous donnait le Missel.

 

Mais voilà ma jeunesse

Ainsi que mon enfance

Sans signe de détresse

M’ont laissé leur silence.

 

Mai parfumé de fleurs

Cultive mes pensées,

Ce mois fleurit mon cœur

Que je sens se faner…

 

Maria-CarmélaDuhin-Carnélos

Décembre 2017

 au gré de mes souvenirs…

Bribes en escapades

 

 

 

 

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PENSÉES ROMANTIQUES NUPTIALES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Je me souviendrai toute ma vie, du jour et de l’heure

Où mon regard, tu croisas, trouvant ton bonheur.

Au point, de déverser, un torrent de pleurs.

Je ressuyais tes larmes, avec de jolies fleurs.

Chacun oeuvrant, suivant les pensées de son cœur

Pour quand Amour, rester digne de ses valeurs

Contre moi, très fort je t’ai serrée, et pris tes mains

Espérant te faite oublier ce gros chagrin

Mon amour pour toi, je l’ai de suite idéalisé

Ne restait qu’à nous deux, à le réaliser.

Tu allais devenir mon beau soleil.

A te contempler, je m’émerveille,

Pour preuve, j’essaie d’arrêter les heures du jour

Pour vivre pleinement, notre histoire d’amour.

Au point que si devant nous, un mur se dresse.

Pas grave ! J’y taguerai le mot « Tendresse »

Et que j’adore très fort, ma petite princesse.

Car à toi, je ne fais que penser sans cesse.

Que si un jour de ma vie, tu t’égares, envoie un sms

Je t’imagine lire et relire ce poème, dans ton coin

Comme l’impression, que je t’invente du baratin

Mais c’est ma pensée de toi, j’en suis certain et sûr,

Et sur mon honneur, je te dis qu’elle est sincère et pure.

Union de Christophe et Halina

2013   André Ecrivain

 

 

 

 

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Critiques

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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De critique coup de lance en vexation coup de poignard

mots douleur comme une pierre qui coule à pic.

 

Des mots jetés comme bouteille à la mer

des mots écrits comme un cri dans le désert

des cris muets qui résonnent dans le vide

vide vertige ouvert sur un abîme d'incompréhension

des mots lancés comme un point d'interrogation

des phrases qui courent comme caillou qui ricoche,

le ventre noué par l'angoisse dévoreuse.

 

De petits grains en petits grains qui s'amassent en tas de poussière,

de caillou blanc en caillou gris qui s'amalgament en blocs,

de minéral en pierre tombale qui s'assemblent et s'entrechoquent,

de petits mots aiguisés en longues phrases douloureuses

qui s'enroulent dans les méandres de mon esprit,

s'érigent en un mur de larmes et de lamentations

dans un silence assourdissant.

 

Thérèse

 

 

 

 

 

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Hypnose (suite)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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19 Octobre

 

Tic tac, fait l'horloge. Cent quatre vingt. C'est le nombre de « tic tac » que j'ai entendu et que j'ai commencé à compter il y a environ deux ou trois minutes. Deux ou trois minutes… Ce temps a largement été suffisant pour permettre au tireur d'assassiner Gabriel Vasseur et Karen Deveaux. Je les connaissais tous les deux. Gabriel était un camarade de classe. C'était un type drôle, soucieux de bien faire, il s'amusait toujours à me piquer mes affaires et les cacher. Sous son faux air de garçon désinvolte se cachait un être sensible. Quant à Karen… C'était ma meilleure amie depuis près de six ans. Nous avons partagé tant de choses ensemble. Elle était toujours souriante. Certes elle avait quelques défauts, mais je l'aimais quand même. Elle était comme une sœur pour moi. Il m'a fallu un petit moment pour saisir qu'elle était partie et ne reviendrait pas. J'ai eu le déclic durant l'enterrement. D'après les enquêteurs, ce fut la première à être assassinée. Pourquoi ? Il y a forcément une raison à cette fusillade.

- Agathe, vous souvenez-vous de ce dont vous discutiez avec votre amie, devant les casiers, peu de temps avant la fusillade ?

Madame Roland, la psychologue, attend patiemment une réponse. Mais je n'en donne pas. Croyant certainement que je ne l'ai pas entendue ou que je suis perdue dans mes pensées, elle agite sa main devant moi afin que je réagisse. Oui, je me souviens. Je ne pourrais pas oublier ses derniers mots, notre dernière conversation. Cependant, je n'ai pas envie d'en parler. Peut-être devrais-je, pourtant. Elle pourrait m'aider, m'écouter. C'est son travail, après tout.

- Écoutez Agathe, il y a une option possible pour que vous retrouviez la mémoire. C'est important, vous avez peut-être vu l'assassin, mais votre mémoire aura décidé à votre place de l'occulter. C'est une possibilité. Auquel cas, si vous arriviez à vous remémorer, les enquêteurs pourraient mettre le criminel derrière les barreaux. Je suis persuadée que c'est tout ce que vous souhaitez. Et pensez aux parents de la victime. Les forces de l'ordre se reposent sur votre témoignage, l'enquête est au point mort, vous êtes leur dernière chance.

Je songe à ce qu'elle me dit. Mais si elle se trompe ? Si je n'ai pas vu le tireur ? Alors je serai obligée de vivre avec ces moments gravés dans le marbre de ma mémoire. Ce sera insupportable. Depuis que je ne suis plus dans le déni, j'ai peu à peu repris une vie normale mais si tout me revient, je n'aurai plus qu'à recommencer de zéro. Je pense également aux parents de Karen. Et à mon envie de connaître la vérité.

- Pourrais-je savoir quelle est cette option ? la questionnai-je timidement.

La psychologue prend quelques notes, ce qui a le don de me mettre mal à l'aise. Que marque-t-elle ? A-t-elle senti que je suis sur le point de céder ? Est-ce cela qu'elle inscrit dans son cahier ?

- L'hypnose, annonce-t-elle calmement, ses yeux noisette plongés dans les miens.

Je pousse un long soupir, tiraillée entre l'envie de savoir la vérité et la peur de ce qu'elle pourrait être. Mais ma curiosité s'avère être plus forte que ma frayeur. Je décide d'accepter. Sans attendre, madame Roland me fait allonger dans un divan à la housse d'un vert délavé très laid. La psychologue me demande si je suis prête. Je lui affirme que oui puis elle m'ordonne, d'une voix douce mais néanmoins ferme, de me détendre. Je clos mes paupières tandis qu'elle abaisse les stores de la pièce pour faire un peu d'obscurité. Elle se met à égrener les secondes en partant de cent-vingt. A soixante, elle me demande de chercher après cette sensation de flotter lorsque l'on est sur le point de s'endormir. Mes muscles se détendent petit à petit et autour de moi se dessinent des murs. Je me retrouve au lycée, presque un mois plus tôt.

- J'étais frigorifiée, tu vois, et il m'a donné son blouson puis m'a embrassée en me disant qu'il m'aimait comme un fou. Il était tellement mignon ! Tu te rends compte Agathe, lui, Hugo Klein, le plus beau, le plus populaire, il m'a embrassée !

Une jalousie dévastatrice m'envahit soudain. Sans réfléchir je plonge la main dans mon sac de cours. Je frôle un objet en métal, dur, froid, menaçant. Le couloir est désert, la sonnerie annonçant le début des cours a sonné depuis déjà plusieurs minutes, Karen et moi sommes en retard. Ses paroles et son sourire radieux tournent en boucle dans ma tête. Il m'appartient. Hugo m'appartient. Je pointe le canon sur Karen et tire, sans hésiter. Je n'ai même pas le temps d'apercevoir l'expression fugace d'horreur se dessiner sur son visage. Rien. Je ne lui en ai pas laissé le temps. Je réalise mon geste monstrueux alors que ma meilleure amie se vide de son sang sur le carrelage en damier du couloir, avachie contre les casiers gris ferraille. Je cours, paniquée, faisant comme tous les élèves qui se sont mis à courir dans tous les sens, sortant des salles de classe malgré l'ordre de rester, donné par les professeurs. Je me réfugie dans les toilettes, terrorisée et prise par une émotion enivrante, un bien fou, une délivrance.

J'ai pris ce revolver dans la vitrière de mon père, il s'en sert pour le tir, son activité favorite. Je me sentais observée et je recevais des messages étranges. Cela m'a poussée à devenir paranoïaque. J'avais la sensation d'être épiée en permanence et il y a trois jours, alors que je rentrais du lycée, une personne m'a prise par surprise, me bâillonnant d'une main, m'empêchant de parler et de respirer. Dans la rue il y avait quelques personnes et un homme s'est rendu compte que quelque chose n'allait pas et est venu vers nous pour m'aider. L'inconnu s'est enfui. J'ai donc volé ce revolver pour me défendre, j'avais peur que cela se reproduise. Ce n'était pas avec l'intention d'ôter la vie pour de la jalousie à l'état pur. Quelqu'un frappe à la porte de la cabine où je suis. La voix de Gabriel résonne dans la pièce.

- Agathe ? C'est moi, Gabriel. Laisse-moi entrer… On peut parler, tu n'as pas voulu le faire, c'était irréfléchi, je le sais.

J'ouvre la porte de la cabine, le revolver là, juste sous mon sweat gris et rose à capuche. Je le pointe à la hauteur du torse de Gaby et tire. Il m'avait vu. Gabriel était malade le 21 septembre. Il était sorti de cours avec une envie de vomir. Il se dirigeait vers les toilettes lorsque le coup est parti. Il était un témoin gênant. Il aurait pu détruire ma vie, m'envoyer en prison. Pour toujours. Je n'aurais pas pu revoir Hugo. Il fallait qu'il parte, que Gabriel s'écarte, me laisse passer, tout comme Karen, il prenait trop de place. Passée l'enivrante sensation d'être puissante et d'avoir le pouvoir, je me sens affreuse, déprimée. En un mot : Mal. Je me mets à courir, passant devant les casiers. Karen est là, au sol. Mais je l'ignore. Je ne veux pas la voir. Mes jambes flageolent, tout mon corps est épuisé. Je m'affale contre la rangée de ferraille, inconsciente. Tout va très vite, la police, les ambulances… J'oublie. J'oublie que j'ai tué deux personnes ce 21 septembre.

- Agathe ? Mademoiselle Wagner ? Il est temps de sortir de vos souvenirs. Je pense que nous devons discuter.

Je me redresse, ébahie, troublée par cette vague de flashs qui me submerge. Des émotions diverses m'atteignent. J'ai peur. Je me sens comme une criminelle en cavale. Je ne comprends pas mon geste. Qu'est-ce qui m'a pris ? La psychologue me jauge. Dans ses yeux, je lis une peur innommable. Alors qu'elle se lève et se dirige vers le téléphone posé sur son bureau, je comprends. Elle m'a fait parler. Je lui ai raconté ce que j'ai fait. Instinctivement, je me lève brusquement et me précipite sur elle.

- Si vous osez dire, ne serait-ce qu'un seul mot, à propos de ce qu'il vient de se passer, à qui que ce soit, vous finirez comme eux, la menaçai-je.

Sa main se retire du combiné, elle la pose sur le coin du bureau. Je soutiens son regard, sûre de moi. Je ne veux pas la tuer, je veux seulement qu'elle se taise. Si elle a compris cela, alors elle ne dira rien.

- Il semblerait que quelqu'un vous attende, avance madame Roland, pâle comme un linge, en désignant l'encadrement de la porte contre lequel il est appuyé.

J'esquisse un sourire. Je le reconnaîtrais entre mille. Ses yeux bleus ombrageux, les courbes de sa bouche rouge… Hugo. La raison de mes actes. Je le rejoins. Il m'enlace tendrement. Depuis la fusillade nous nous sommes énormément rapprochés. Il a perdu la fille qu'il aimait, moi, ma meilleure amie. Nous avons fini par tomber amoureux l'un de l'autre. Rectification, il a fini par tomber amoureux de moi. Car en ce qui me concerne, il paraît évident que c'était déjà fait.

- Tout va bien, mon ange ?

- Oui, je me disais simplement que, pour toi, je ferais n'importe quoi, articulai-je dans un souffle.

- Figure-toi que moi aussi, parce que je t'aime comme un fou.

fin

Skyen

 

 

 

 

Page 33

 

La deuxième arche de Noé – suite

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

 

 

M.V. et sa guitare se virent happés par une « tornade » blanche, près des remparts de St Malo. De rares témoins se souvinrent d'une sphère grise, bizarre, un peu plus grosse que Vénus, s'éloignant vers le large !

St H. rentrait de Belgique après une entrevue avec son éditeur. Il profitait de cette sortie extra-territoriale pour faire un crochet et proposer des textes de chansons à de jeunes artistes francophones. Pris dans une véritable purée de pois (smog), son moteur tomba en panne. Il se retrouva entouré de petits personnages frappant à ses portières ! Il perdit connaissance.

 

La navette

Le réveil fut particulier ! Un sentiment d'abandon, d'incompréhension semblait les tarauder. Ils étaient assis ou affalés sur des banquettes d'un plastique confortable. Ce matériau moulait parfaitement leur corps. Aucun mouvement ne les affectait dans cette salle demi-circulaire, la cloison courbée luminescente semblait se poursuivre par une coursive. Les prisonniers se présentèrent tour à tour : une première constatation se fit jour ! Ils étaient tous français ! Comment s'organiser ? Qui parlerait pour le groupe ? Avaient-ils un point commun ? Les deux ufologues connaissaient indirectement le chanteur breton, les poètes et l'astronome. De la musique leur parvint de partout et de nulle part ! Ils reconnurent « Across the universe » des Beatles, « Eight miles high » des Byrds, « 50 000 miles beneath my brain » des Ten Years After, « 2000 light years from home » des Rolling stones, « Space oddity » de David Bowie, « I should turn to the moon, turn the tide » de Jimi Hendrix. Se pourrait-il que nos gardiens aient capté nos émissions des années 60 et 70 ?

« Nous sommes confrontés à un parfum d'éternité, de spiritualité proche du ciel ! Les yeux tournés vers les étoiles, nous sommes sûrs maintenant de faire partie d'un tout ! » Le journaliste scientifique se lâchait à coups de phrasés, de traits de philo ! O.I. s'extasiait ! Le poète St.H. intervint à son tour : « Car l'homme vert a confiance, ce que les hommes blancs, noirs, rouges ou jaunes n'ont pas. Peut-être parce qu'ils ignorent Le Grand Soleil Rouge ». Le chanteur M.V. vérifia sa guitare et décida d'entonner l'histoire de la planète « Fadidouda ». Était-ce une réponse à leurs efforts : de la musique plus contemporaine leur fit écho ! Ils reconnurent « Sweet lullaby ». Ce qui fit intervenir F.N. : ils nous connaissent, ils ne nous ont pas abductés par hasard ! Les ufologues en convinrent. Le disc-jockey spatial leur expédia alors : « Starway to heaven » de Led Zeppelin. Ils connaissent au moins un bon répertoire ! Espérons qu'ils ont prévu la « bouffe » ! Un écran tactile fit son apparition sur une paroi : des aliments variés s'affichaient ! Les compagnons d'infortune testèrent avec plus ou moins de succès les propositions alléchantes ou non du tableau. Une table vintage des années 60 sortit du mur et toutes leurs commandes s'étalèrent ! « Attaquons ! A notre premier repas interplanétaire ! » Cette désinvolture feinte tendait à rassurer les deux jeunes qui restaient prostrés dans leur coin malgré les plaisanteries et les chants lancés par leurs aînés. Un poulet-frites bienvenu apparut, arrosé de bière (Jenlain !) et de cidre pour le chanteur breton. Le dessert choisi à l'unanimité satisfit les plus difficiles : de la mousse au chocolat ! Les ufologues affirmèrent qu'ils voyageaient dans une sorte de « navette » chargée de les « translater » dans le vaisseau-mère. Le journaliste haussa les épaules : il ne trouvait rien à y redire ! Le disc-jockey interstellaire lança sur la « platine » un nouveau tube : F.N. annonça machinalement : « Dark Side of the Moon » du Pink Floyd. Le morceau suivant balançait plutôt : « I'm gonna change the world » des Animals. « Un café pour tertousse ? » intervint H.M.d'A. « D'accord, mais avec un pousse-café ! De la mirabelle par exemple ! » rétorqua D.O. « Vaut-elle celle qu'on nous sert au club astro ? » « Il va quand même falloir que nous réfléchissions à notre situation ! », proposa K.N.C., tout en lorgnant vers les jeunes, évitant de les déstabiliser. « Qu'attend-on de nous ? Qui nous a abductés ? Et pourquoi ? Sommes-nous une sorte de zoo interplanétaire où des « dieux » nous élèvent dans un but non avouable ? Charles Fort se demandait si des entités plus avancées que nous ne pêchaient pas des créatures inférieures ! Y a-t-il un conservatoire des êtres vivants de la galaxie ? Une sorte de musée, d'Arche de Noé ? »

St H. leva les bras avec véhémence : « Il faut s'organiser ! »

F.N. et les jeunes firent l'inventaire de la salle afin de découvrir des capteurs, des commandes de fonctions. Cet exercice leur prit plusieurs heures avant de tomber sur un cadran muni de multiples touches lumineuses. Les jeunes, férus de jeux vidéo, firent apparaître des images au milieu de la pièce circulaire. Un hologramme de vaisseau se révéla au centre de la pièce ! « Notre vaisseau ! »

D'autres corps firent leur apparition : le soleil, la terre, Mars, etc. puis la ceinture d'astéroïdes ! Une représentation de notre système planétaire prit place au milieu du groupe !

« C'est bien une navette, notre carrosse se dirige vers le vaisseau-mère. Ribes avait montré, dans son livre, que les envahisseurs s’installaient d'abord dans la ceinture d'astéroïdes de l'étoile convoitée, puis envoyaient des navettes ou vaisseaux d'exploration vers les différentes planètes appartenant à la zone habitable » intervenait K.N.C. « Les entités atterrissent ensuite... »

En jaune, notre taxi se mouvait sur un fond étoilé, dans le plan écliptique ! Dans un chaos peuplé d'astéroïdes, se distinguait, en bleu, un immense cercle : notre but. Le vaisseau-mère possédait une taille un millier de fois plus vaste que notre canot interplanétaire ! Mais surtout, voilà que figuraient sur cette fresque étoilée des dizaines d'engins roses qui convergeaient vers le vaste engin ! Des milliers de personnes s'étaient fait « pêcher » comme nous, d'autres régions de la terre. Toutes ces sélections, ces échantillons convergeaient vers un point de cette carte spatiale !

 

Le vaisseau-mère

Le mouvement se fit plus irrégulier, comme hésitant. Des bruits emplirent notre univers cloîtré. Notre petite "embarcation" sembla s'immobiliser dans une sorte de hangar, bien que nous ne percevions de l'extérieur qu'une vague lueur jaunâtre. Les parois de notre "taxi" devinrent transparentes, nous pûmes ainsi admirer les cohortes de petites navettes se rangeant dans des cases de l'immense garage qui se déroulait devant nous jusqu'à des milliers de mètres ! C'est alors que nous vîmes pour la première fois notre guide ou mentor ! Personnage d'un mètre trente, il se tenait dans une combinaison gris-sombre, son visage restait humain, malgré son nez très effacé, sa bouche réduite et ses yeux très étirés et noirs. Les ufologues murmurèrent d'une voix à peine audible : "Les voici donc, ces fameux gris !" Le journaliste scientifique se coupa d'une belle envolée : "L'homme est d'autant plus grand devant l'adversité qu'il admet son humilité !" St.H. répondit : La rencontre vaut bien un poème en vers ! "et une chanson à la postérité", compléta le troubadour ! Le guide les conduisit sur une esplanade où un rayon blanc sorti de nulle part les aspira ! Cet ascenseur était en pure lumière : leur poids était neutralisé et ils voyaient l'immense gare sous eux : aucun bruit ne leur parvenait, aucune impression de chaleur aussi ! Le rayon-ascenseur les conduisit dans une vaste salle en forme d'amphithéâtre où des milliers de délégations se pressaient à leur place. Ils se trouvèrent assis sur un matériau à mémoire de forme qui épousait parfaitement leur corps. "Ce tube de lumière blanche fait penser au conduit d'air comprimé qui transportait les fameux "pneus" entre les différents bureaux des anciennes administrations ! Il s'agirait d'un "guide d'onde", ajouta le journaliste.

« Ils savent donc manœuvrer la lumière, intervenir sur sa vitesse et sur sa direction ! Ils possèdent pas mal de décennies d'avance sur nous ! » Dans leur navette, ils s'étaient largement exprimés sur ce phénomène lumineux ! Comment un champ d'ondes électromagnétiques peut-il influencer la masse ? Était-ce vraiment de la lumière ? N'étaient-ce pas plutôt d'autres bosons que les photons ? On connaissait depuis peu le boson de Higgs qui transmettait la masse aux particules classiques. N'y aurait-il pas un boson qui annulerait cette masse et permettrait aux corps de s'affranchir de la pesanteur ? Un autre avait remarqué que si la masse disparaissait, les corps devraient se dissocier ! On en était revenu au même point ! Quelqu'un avait même avancé l'idée d'autres bosons : les gluons ! Les gluons, d'après certaines théories, se trouvaient au sein des fermions : tels les protons et les neutrons.

Ils seraient responsables de la cohésion de ces particules, base de la matière que nous connaissons. D. intervint : « Dans certaines brochures physiques, on évoque la notion de laser d'atomes froids ! Les atomes sont refroidis et font appel au principe du condensat de Bose-Einstein ! Ce laser peut être manipulé comme un faisceau lumineux, séparé, réfléchi mais avec l'avantage de la matière classique, confiné dans un champ électromagnétique ! Ne me demandez pas plus de détails ! »

Le lieu tenait de la salle de boxe, avec une estrade entourée de gradins. Le réflexe de regarder vers le haut se traduisait par un sentiment de malaise ! On n'y voyait aucun plafond. Un éclairage furtif, sans origine connue, plongeait l’ensemble dans une lumière blanche uniforme. Quelques personnages, ou plutôt leur hologramme ?, se tenaient sur la scène. Deux types d'êtres purent être distingués : des grands et minces aux pommettes saillantes, leur chevelure étant plutôt blonde ; les autres étaient nettement plus petits, aux yeux en amande très étirés, au nez presque absent, à la bouche fine. Deux personnages étaient du premier genre et quatre du second.

A suivre

Hertia-May

 

 

 

 

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La Poussière

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Depuis que tu es partie, le dessus est dessous, le haut est en bas, les abscisses sont des ordonnées, elles sont désordonnées ; les points de repère sont flous, les distances sont chimériques, l’heure est inutile, les desseins sont sans avenir, les couleurs sont aléatoires. Il n’y a que mes rêves qui soient à peu près réels et encore, l’aube est sentencieuse au gibet des furieux cauchemars redondants.

 

Comme seule véritable amie, il me reste la Poussière ; elle donne du volume au Temps, de l’emphase au motus. Quand, vers dix-sept heures, le soleil de la véranda la fidélise dans le trouble de ses rayons de lumière, elle prend des formes bizarres de princesses tourbillonnantes. C’est fou comme son pouvoir est grand. J’aime bien la regarder. Elle déniche les ombres, les décadentes, les peureuses, les obséquieuses, elle les anime avec des reflets d’or et d’argent. Comme des oiseaux de paradis, elle s’envole au moindre courant d’air mais elle se pose sur les bibelots d’interlude en les recouvrant avec ses caresses adipeuses.

 

Provocante ou pour faire table rase, elle voudrait bien que je l’entreprenne, que je la maltraite à coups de balai, avec une éponge humide, un torchon virevoltant. J’en connais, des preux, des méticuleux, des pugnaces, qui la combattent pour reculer ses échéances d’envahissement. L’aspirateur en bandoulière, le chiffon à la main, ils guerroient dans les coins, derrière les meubles, sur les étagères. Ils ménagent, ces déménageurs, ils cirent, ces valets ; ils astiquent, ces « encaustiqueurs », ils shampouinent, ces chafouins, ils frottent, ces fantassins ; finassiers, ils la refoulent hors de leur foyer comme on boute l’ennemi hors de ses frontières. La sueur au front, l’âme proprette, tout auréolés de leur victoire passagère, narcissiques, ils s’observent dans la brillance de leur propreté éphémère en secouant leur chiffon à la fenêtre, comme s’ils l’avaient définitivement répudiée.

 

J’aime bien ma poussière et ses effets de nymphe maquillée ; c’est un vrai tintamarre multicolore aux myriades de particules disparates. Ici et là, j’y imprime mes empreintes pour qu’elle les comble et je mesure le temps incertain de ses finitions cabalistiques. Quand je m’assois, je la pousse de la chaise avec des gestes d’éventail ; jamais elle ne s’éloigne, elle est grégaire. Elle sait son importance de passagère clandestine dans ma maison.

La poussière est ensorceleuse ; elle s’accapare de ses sujets et les recouvre de son linceul de poudre aux yeux. Sur la table, avec un doigt promeneur, je trace une route illusoire ; avec un autre, mélancolique, j’imprime des initiales de vieux souvenirs ; avec un autre, rédempteur, je les efface pour ne laisser nul témoignage de cette faiblesse passagère.

 

A l’heure du couchant, quand le soleil abandonne ses compétences d’enlumineur, la poussière retombe dans l’oubli, elle se tasse dans l’anonymat, elle disparaît des incertitudes avenantes et se recouche dans l’ombre revenue. La poussière, c’est l’or des pauvres et à cette heure de couperet, je suis misérable.

 

Les toiles d’araignées m’accompagnent au quotidien. Grises, blanches, poivre, elles sont comme des oriflammes de malveillance aux courants d’air de mes éternelles balades de somnambule. L’Ennui est vertébré ; il est l’alter ego des silences, la sentence des malentendus, le trophée des maladresses, et mes quelques vérités d’ascète sont des mensonges de solitaire. Je survis dans un sablier de sortilèges et la poussière m’ensevelit jour après jour.

Ici, le Hasard est sans envergure. Il est relégué aux choses du dehors. Les jours se ressemblent tellement qu’il me semble que je vis toujours le même ; c’est affreusement sécurisant, cette lancinante ambition de statue. Heureusement que la poussière moutonnière s’incruste partout pour m’indiquer l’avancement du temps.

 

Cette condition d’esseulé est sans avenir, mais qui a de l’avenir, ici-bas ? Pourtant, elle ne manque pas de piquant ; j’abuse sans façon du pinard, du sucre, du sel et de tout ce qui fait normalement mal. C’est presque bon d’en finir à petit feu ; c’est un pied de nez lancé à l’Adversité, une rigolade de dompteur de camouflet, un tour de magie de collectionneur de photos ratées. La vie, c’est une croisière en solitaire sur un frêle esquif, entre les tempêtes insatiables, les escales coupe-gorge, les récifs acérés, et gare aux sirènes…

 

La déréliction est hallucinante ; les vessies deviennent des lanternes, les enfoncements du canapé sont des formes allongées invisibles, les tremblements du frigo sont des frissonnements de cuisine, les craquements du plancher sont des constats de présence. La chasse d’eau des chiottes est franchement fuyante. Elle a sculpté une stalactite de calcaire d’une étonnante fabrication. Selon les moments de la journée, comateux, j’y perçois une figure de proue, un rostre d’animal mythique, une œuvre d’exalté, une montagne à la neige éternelle. Un jour, il faudra bien que je l’ascensionne à coups de piolets…

Le vent dans les volets a aussi son bruyant tempo pendant ses chansons d’automne ; les rideaux dansent ! Il soulève ma poussière ! Un jour, j’attraperai le fantôme qui rôde dans la maison ; j’ai vu ses traces de doigt dans la vitre de la fenêtre, des miettes de pain illicites, les marques de ses pas dans ma poussière. Je suis sûr qu’il m’observe quand je me regarde dans la glace de la salle de bain.

 

Le soir, dans un coin du salon, bouge une image ; je n’arrive pas à me concentrer sur la moindre histoire cathodique. Il me semble qu’on ne me serine que des conneries sidérales. Les publicités sont mensongères, les minois sont hypocrites, la météo est malveillante, il n’y a que la poussière qui soit véritable. Elle est rassurante. Dans la cuisine, elle se caramélise ; dans la chambre, elle somnole ; sur les photos, elle cache les rides ; sur les ampoules, elle rend l’ambiance opaque. Sur la table basse, les pétales du bouquet de fleurs se sont noircis à force d’accoutumance. Je n’arrive pas à me résoudre à les jeter tant elles me rappellent encore l’été. La poussière les vampirise avec son opiniâtre linceul d’Éternité. L’Ennui et la poussière vont bien ensemble ; ils se complètent. Moi, quand je veux me réchauffer d’une compagnie, j’allume le radiateur et la poussière a même son parfum.

 

Dans la rue, des ombres s’activent à de vagues besognes ; avec cette lumière blafarde, on dirait des poissons rouges pris dans la nasse de leurs obligations. Ils sont visqueux, ils sont glauques, ils ricochent, ils glissent le long des fenêtres en respirant la poussière du quartier. Aujourd’hui, le temps malmène ma piteuse œuvre d’existence. Plus rien n’a d’importance que de soupirer aussi vite que les battements de l’horloge. Sans toi, là, dans l’opacité galactique, j’apprends à vieillir. Bientôt, moi aussi, je deviendrai Poussière…

Pascal

 

 

 

 

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Mademoiselle Chloé

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Elle doit avoir dans la quarantaine, peut-être un peu moins. Elle raccourcit ses longs cheveux et porte des tailleurs que certaines citadines qualifieraient de stricts, surtout les habitantes de la petite ville de Die ; petite mais néanmoins la capitale du Diois et du Pays de la Clairette. Selon les anciens, Die eut sa comtesse. Une coquine à ce qu'il paraît. Mais jusqu'où allait cette coquinerie dans l'esprit de ces Diois bien pensants, sans doute jaloux de ne l'avoir pas connue ou de n'avoir pu succomber à ses charmes ?

Faut dire que, sous le Glandasse, on y est plutôt joyeux. Tout y est prétexte à s'amuser, tant à l'occasion des fêtes religieuses – comme la Fête-Dieu – qu'à celles du pays, tels les feux de la Saint-Jean et la fête de la transhumance lorsque les brebis traversent la ville avant de monter dans les drailles.

Coquine, libertine cette comtesse ? En tout cas appréciée par les Diois qui lui ont érigé une statue, sous la forme d'un buste drapé à la grecque, curieusement installée sous le jaillissement de la fontaine, au mitan d'une vasque.

« J'étais pourtant en grand'folie

Au lit comme toute vêtue, »

confessait-elle, toute aussi pétillante que son vin renommé de Clairette, indispensable accessoire à l'amour… sans omettre les ravioles, petites pâtes fourrées de fromage et de persil tant agréables au palais !

Ah l'amour ! Ici, il pénètre l'âme, comme à l'Abbaye cistercienne de Léoncel – fondée en 1137 par des moines venus de Bonnevaux – qui surgit entre le col de Tourniol et celui de… Bacchus, toute proche du hameau appelé… « La Vacherie »… l'éternelle lutte entre Dieu et le Diable ! Également les corps, n'est-ce pas chère et tendre comtesse coquine ?

Cette autre et encore jeune personne frisant la quarantaine, les intimes et le voisinage la surnomment « Mademoiselle Chloé ». Pourquoi Chloé, qui n'est pas son vrai prénom ? Nul ne saurait l'expliquer.

Bien que née Dioise, elle ne parle pas le patois local. Aussi, lorsqu'on lui demande :

- Ça va Mademoiselle Chloé ?

Elle répond :

- Ça va, ça va… Je vais faire un tour pour m'aérer…

...comme si elle avait besoin de s'extraire de la petite ville et de ses habitants pour respirer, penser librement, retrouver la nature dont elle se sait être une fille, partie intégrante de ces paysages de plaines et collinaires, tous aussi extraordinaires les uns que les autres ! Inlassablement, jamais fatiguée, elle parcourt à cheval un lacis de chemins, parfois abrupts et vertigineux comme le sont ceux du proche Vercors. Elle encourage sa monture à grands claquements de joie que lui renvoie l'écho, active sa jument qui semble toujours prête à galoper jusqu'au bout du monde.

Quelle est la réalité ? Pourquoi court-elle ainsi après des chimères, s'accroche-t-elle à cette histoire comme à une bouée de sauvetage dont dépendrait sa vie ? Quelle histoire ?

Dans sa chambre-belvédère, papiers, coupures de journaux, lettres, cahiers s'étalent sur le plancher en un désordre, pour elle ordonné.

- Demain, je ferai un grand nettoyage, se commande-t-elle.

Un nettoyage qui ne se produisit jamais. Chacun de ces documents représente pour elle comme de vieilles cicatrices. Un tremplin qui devrait la lancer, tête baissée, à la conquête de la seconde partie de son existence.

Ces papiers et photographies, doit-elle les détruire pour effacer le gâchis que furent ces presque quarante années passées, ou bien les entasser dans un placard comme de précieuses reliques ?

Assise en tailleur sur le parquet, « Mademoiselle Chloé » s'interroge sur sa vie, une fatalité, une quelconque hérédité maladive chronique qui lui fait traverser l'existence sans jamais y trouver sa place, sans que personne ne s'intéresse à elle en tant qu'être humain, en tant que femme. En feuilletant des magazines, elle y voit des couples qui étalent leur amour – peut-être factice ou de circonstance – Tout de même leur amour. Pour elle l'amour, même factice, ne s'est jamais soucié d'elle. Pourquoi, puisqu'elle est jolie, intelligente, possède une demeure héritée de ses grands-parents maternels, ses parents ayant été stupidement tués lors du déraillement de leur train près de Manosque ?

Intelligente ? Nous y sommes ! Voilà ce qui est intolérable, tant pour les hommes qui pensent avoir la suprématie en cette matière, que pour les femmes qui imaginent en elle une rivale potentielle, elles qui ne possèdent pas tous les atouts de « Mademoiselle Chloé ».

Intelligente ? C'est indéniable. Aussi psychologue, car elle lit sur les visages, sur les lèvres, la vérité que cachent de douces paroles, miellées de phrases acérées de lames mortelles. C'est à cause de cela qu'on se méfie d'elle, cette « Chloé » que personne ne réussit à leurrer. Il en a toujours été ainsi, dès le pensionnat des religieuses de Valence où ses parents la firent entrer, tout comme parmi ses compagnes infirmières militaires lors de la seconde campagne d'Indochine. Bien sûr, elle aima. La guerre ne favorise-t-elle pas de telles amours alors que la mort frappe à tout instant, en tout lieu ? Lieutenant saint-cyrien, il paraissait sincère, fortement épris. Tous deux bâtirent de beaux projets qu'ils mettraient en œuvre dès leur rapatriement en Métropole. Un presque voisin, puisque originaire de Roussillon, dans l'Isère. Hélas, deux grammes de métal y mirent fin, non pas au combat, mais tout bonnement sur un marché de Tourane, rayé du monde des vivants par un éclat de grenade viêt.

A son retour elle s'installa dans la propriété dont elle était l’héritière universelle… et le petit dieu Éros ne s'intéressa plus à elle dont le cœur demeurait toujours disponible. Seule sa jument lui donnait sans compter de l'affection, sûrement davantage, écoutait attentivement sa maîtresse tout en la fixant de son bon regard.

Jusqu'au jour où, par hasard, elle décide d'assister à la messe dominicale de Chatillon-en-Diois. Toute imprégnée en sa prière fervente, dédiée aux siens et à celui qu'elle aima en Annam, le Malin pénètre son cœur. Non pas de façon fracassante, mais tout doucettement, subrepticement selon sa stratégie habituelle.

L'Abbé Marie-Joseph Cambert devient alors, pour elle, l'objet de sa joie et de son amour, emplissant de bonheur ses pensées. Mais la vie continue, avec ses merveilles, ses déceptions et humiliations gratuites et quotidiennes. Mais aussi avec ses promesses qui seraient peut-être, un jour, tenues. Pourtant elle ne se fait guère d'illusion. Comment le Seigneur pourrait-Il les lui accorder, elle la pécheresse dont le but inavouable consiste à séparer un prêtre de sa vocation, à le faire renoncer à ses vœux normalement immuables ? Au contraire, ne devait-elle pas s'attendre aux pires maux, à une punition fatale ? Pour l'heure, l'amour est le plus fort, efface d'éventuelles représailles du Ciel jaloux et vengeur.

Des questions se bousculent dans la tête de « Mademoiselle Chloé » auxquelles elle ne sait répondre autrement qu'en s'accusant de perversion. Devant son indécision – car elle n'a pas encore confié au prêtre les sentiments qu'elle éprouve pour lui – elle s'installe à nouveau dans une routine qui lui donne l'impression de la stabilité.

Le temps passe, les saisons, sans savoir comment il lui faudrait procéder pour atteindre cet homme indifférent aux battements de son cœur qui s'accélèrent chaque dimanche. Elle n'a pas le courage d’abandonner la messe de Chatillon-en-Diois, au profit de celle de Die ou d'ailleurs. D'une semaine à l'autre, sa vie s'en va ainsi en fumée, s'éloignant imperceptiblement de son idéal, de cet amour qu'elle voudrait tellement concrétiser, car unique selon elle. Pourquoi l'Abbé ne lit-il pas dans son cœur, ne comprend-il pas que cette paroissienne-ci ne se déplace que pour lui, non pas pour son prêche ? Ah ! Cette voix qui la retourne, qui s'enfle, s'élève haut sous la voûte de la nef que les rayons du soleil irisent en traversant les vitraux des bas-côtés ! Sa voix seule compte, l'envahit toute entière. Au point de ne pas remarquer cet homme, élégamment vêtu, qui ne cesse de l'observer, messe après messe. Lorsque le sermon se prolonge, il penche la tête en arrière pour aussitôt fixer son regard sur cette jeune femme distinguée et inconnue. Osera-t-il l'aborder ex-cathedra ? Il n'en a jamais le temps, car elle repart immédiatement vers Die dans son cabriolet. C'est vrai, il est tenté de la suivre : ce serait grossier, indélicat et lui ferait perdre toutes ses chances auprès d'elle. Il choisit de demeurer discret, attendant la messe du dimanche de plus en plus anxieux, à bout de patience.

« Mademoiselle Chloé » ne revint plus jamais à Chatillon-en-Diois. Elle n'assista plus à l'office en la cathédrale de Die. Désormais on ne l’aperçut que rarement, le visage dissimulé derrière un voile de tulle, portant une robe lèche-bottes mauve. Sourde aux bonjours qu'on lui adressait. Statue mouvante, elle ne s'animait qu'au crépuscule, partant à cheval parmi les collines du Diois. Alors, on se désintéressa d'elle. Elle n'intriguait même plus.

Par la suite, plus personne ne la revit. Ni elle, ni sa jument. Nulle gazette locale ne cita sa disparition, aucune tombe de Die ne porta son nom. C'est ainsi que débuta la légende de « Mademoiselle Chloé », cet esprit fait femme qui s'en retourna au Ciel en éperonnant son cheval ailé, tel Pégase. Toutefois, on la croit toujours présente dans l'air de Die, surtout dès qu'un fait divers anormal ou répétitif inexpliqué se produit. Serait-elle une sorcière, comme celles qui hantent nos campagnes, ou bien une fille de Dieu, pourquoi pas de Lucifer, l'un et l'autre se disputant les âmes ?

A. P. Roussel (Yann Villiers)

 

 

 

 

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