SOMMAIRE DE LA CAUDRIOLE N°62

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Janvier – Février– Mars – Avril - 2021  a

 

Illustration BD    page 2

PATRICK  MERIC

POESIES  ENFANTS

Je t’écris de la lune   page 3

ENFANTS CM1-CM2-CE1

HUMOUR-PATOIS

Hommage  page  4&5 

Marcel LESAGE

La Cigale et la Fourmi  page  3 

Jean de la QUARANTAINE

Plein le C  page  6 

Monsieur PANNEAUX

Le Sceau Royal   page 6 

Colette P.

El Téléphone   page  7 

Léonce BAJART

Pensée  page 10-12-14-18-21

Hector MELON D'AUBIER

ADULTES   et  CONFINEMENTS

Maman   page  7

Claude BOISSE

CHAMBARDEMENT    page 8&9

MARICARMELLE

Loin des vieux livres de grammaire   page 9

Anonyme

Lettre à Personne  page 10

Gérard ROSSI

Même Effacée   page  11

Patricia LOUGHANI

FIGE     page  11

Pluies Neuves

ROSEInterlude - CHANCE     page  11-12-28

Thérèse LEROY

La faute aux gros Maux   page  12

DUHIN MARICARMELLE

Woman-Sex   page  13

Julien BURY

Requiem pour une autre Vie    page 13

HERTIA-MAY

PLUIE   page 13

Saint HESBAYE

Fêter NOËL   page 13

Reine DELHAYE-BURLION

Epitaphe à   Page 14

Jean-François SAUTIERE

Personne à Aimer   Page 14

Christelle  LESOURD

L’Homme devenu sage   Page 15

Bernard SIMON

Le Temps d’Autrefois   Page 15

Albert JOCAILLE

C’est Demain    page 16

Henri LACHEZE

Indifférent    page 16

Roger DEVILLERS

Caudry au Septentrion    Page 17

Joël HERBIN

Rêve de voyage   Page 17

Elisabeth MONTAY

À mon Ami canadien    page 18

Jacques MACHU

Ode à la lune   page 19

Sophie LACAM

Le Grillage est posé   page 19

ANONYME

Ceux-là   Page 19

Jean-François SAUTIERE

Le Piano   Page 19

Luc PIPART

Le petit Prince et le BUZZ   page 21

Isabelle PUDLO

NOUVELLES

 

COVID       page 20&21

PASCAL

Paranormal sisters    page 22/23/24

Martine GRASSARD-HOLLEMAERT

Une vie de Chien     page 25/26/27

HERTIA-MAY

DIVERS

Les Enquêtes de l'Inspecteur SEKEKCHOZ   page 32

HMA

Le petit monde de Brassens    3°de couverture 

Marc VINCENT

* Retrouvez l’auteur dans la revue littéraire

RETOUR MENU 

Zone de Texte: 2021 

LE COMITE DE LECTURE DE LA CAUDRIOLE

ET L’OFFICE MUNICIPAL DE LA CULTURE

VOUS PRESENTENT LEURS MEILLEURS VOEUX

DE SANTE POUR LA NOUVELLE ANNEE

 

 

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HOMMAGE à MARCEL LESAGE

Décédé ce 25 Août 2020

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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C’est mon dernier poème, car la grande Faucheuse

Va bientôt arrêter l’horloge de mon cœur.

Elle m’a laissé, quand même, une vieillesse heureuse ;

Décéder à mon âge n’est pas un grand malheur !

Vais-je enfin découvrir le mystère de la vie !

Que je n’ai pu saisir, tout au long de mes ans,

Ou bien, à tout jamais, sombrer dans le néant !

Au sujet de la mort, Victor Hugo écrit :

« Ainsi tombe la nuit, lorsque le jour s’en va ».

C’est, pour moi, le voyage dont on ne revient pas,

C’est le volet baissé au bord de notre rue,

Ou le vieux laboureur qui range sa charrue,

Encore, le mulquinier qui a fini sa toile.

J’espère que ma nuit sera remplie d’étoiles :

Tous ceux que j’ai aimés, et qui ont dû partir,

Leur esprit revenant nous voir et nous chérir.

Comme sur internet, pouvant communiquer,

Voyager dans le monde, ou alors se fixer

Pour une vie nouvelle, sur quelque nouveau-né !

Je vous parais, peut-être, totalement débile,

Mais comprendre le monde est vraiment difficile !

Si je reviens un jour, je serai un oiseau :

Goëland, tourterelle, brave petit moineau !

Je vous ai, sur la terre, causé joies et tourments,

Mais tout ce que j’ai fait, c’était en vous aimant !

Je remercie le Ciel de vous m’avoir donnés ;

C’était un beau présent, car c’était l’Amitié !

Marcel LESAGE

 

 

 

 

 

 

 

 

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Concours d'écriture enfants 2019

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Lune de miel – CM1

 

Oh ma chère lune d’or

J’aimerais tant te rejoindre

Y a-t-il du monde là-haut ?

J’ai envie de découvrir tous tes secrets

J’adore tes reflets couleur de miel sur les mers

Donne-moi toute ta magie

Tu sais que le soleil t’admire

Oh ma belle lune

Tu brilles dans mon petit cœur

Ta face cachée m’attire vraiment

Oh ma belle lune tu es plus jolie qu’une étoile venant de naître

J’aimerais découvrir les diamants qui t’entourent et t’éclairent

Oh lune rouge j’admire les constellations habillant l’univers

Tu évolues autour de ma terre

Tu scintilles de mille feux aux étoiles du soir

Imagine à quel point de mon sol je désire t’émouvoir

Regarde-moi je suis cachée dans le noir.

Oh belle lune ! CM2

 

Lune rousse illuminée de soleil

Tu pétilles de mille feux

Tu éclaires nos visages à la nuit venue

Tu nous apportes le sommeil, des rêves et des merveilles.

Tu brilles d’une blancheur exceptionnelle dans le ciel annonceur de nuit

J’envie le premier pas qui fut posé sur toi

J’ai besoin de te parler et songer à tes étoiles que tu offres en collier.

 

CE1

 Je t’écris de la lune des mots qui éclaireront ton cœur.

De l’astre de la nuit noire, j’aimerais bien te voir sur la terre illuminée par le jour.

Et de nos astres parallèles nous trouverons l’amour de nos propres ailes.

 

 

 

 

 

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La cigale et la fourmi

 

 

 

 

 

 

 

 

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La Cigale, s’étant déconfinée tout l’été,

image006Se trouva fort dépourvue

Quand la 2e vague fut venue.

Pas un seul paquet

De pâtes ou de papier cul.

Elle alla crier famine

Chez la fourmi sa voisine,

La priant de lui prêter

Quelques masques pour se protéger,

Jusqu’à la fin de ce bordel.

Je vous paierai, lui dit-elle,

Avant Noël, foi d’animal,

Intérêt principal.

Mais la fourmi n’est pas prêteuse ;

C’est là son moindre défaut.

« Que faisiez-vous au temps chaud ?

Dit-elle à cette emprunteuse.

-Nuit et jour, à tout venant,

Je me collais, je sortais, et me joignais aux foules.

-Vous vous colliez, sortiez et vous alliez dans les foules ?

J’en suis fort aise…

Eh bien, toussez maintenant

Jean de la Quarantaine

 

 

 

 

 

 

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Plein le cul !!!

 

 

  

 

 

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Je vous le dis, on n’est pas sortis de l’asperge. Ce que j’ai à vous dire ne casse pas trois briques à un canard mais il faut avouer qu’on ne fait pas d’omelette sans cligner des yeux.

Alors, même si je n’ai pas inventé la machine à courber la banane, j’affirme qu’une goutte d’eau peut mettre le feu aux poutres, et j’ai une idée de génisse !

Mais une question me turlutte…

Peut-on vendre la peau de l’ours avant d’avoir tué le bœuf ? Parce que plus on est de fous, moins y a de riz !

Même si la bite ne fait pas le moine, chassez le naturiste, il revient au bungalow. Alors, avant de passer du coca light, pour certains, c’est l’hôpital qui se fout de la charcuterie…

Mais ne mettons pas la charia avant l’hébreu ! Parce que donner c’est donner, mais repeindre ses volets !

Parfois c’est un peu comme chercher une anguille dans une meute de chiens, mais vieux motard que jamais.

S’il vous plaît, ne le prenez pas au pied de la lèpre car un clavier azerty en vaut deux.

N’oubliez pas, il ne faut pas pousser mémé dans les orgies !

 

Sélectionné par Monsieur Panneaux

 

 

 

 

 

 

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Le SCEAU ROYAL

 

 

  

 

 

 

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Deux hommes discutent ensemble.

L’un d’eux dit à l’autre : Tu sais moi je descends du comte Ladislas de Phorenville !

L’autre : Moi, lui dit–il, je descends de Louis XV. J’en ai pas le titre, ni l’argent !

Mais j’ai retrouvé son Sceau Royal !

 

- Ha bon, répond le premier.

- Tu veux voir ?

- Oh que oui !

L’autre repart chez lui, puis revient 2 mn plus tard  avec un pot de chambre.

- Voici le seau royal !!!!!

 

Colette

 

 

 

 

 

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El téléphone

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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-C’est ti Hinri, rintre.

-Bonjour Batisse. J’ passeus par ci, j’vié vir si tin minnoche i va miux.

-Justemint m’ fimme al n’est po là, nos porons d’viser comme nos vorons.

Comme t’el sais, d’puis qu’ Laïte al est dins sin r’tour d’oche, j’ène l’erconneus pu. Pou ré a s’met in décadince, a m’ déchoule, et j’ t’el dis à ti, j’ai eu pu d’in co d’équimmette. Jusqu’à no quié, Mirza, qui s’infute in brayint pa d’zou l’amelle, quind nos disputons.

-Et alorse…

-Pindint longtimps Hinri, j’ème su d’mindé sou qu’ j’alleus faire. Et in bé jour, in ravisint l’ journal, v’là ti po qu’èje veus qu’ les russes pi l’ z’américains laveutent monté un téléphone rouche !

Ialleutent toudis s’erwer l’in su l’eute et pi quind in creut qu’ tout i va s’épotrer, iattrapent el’ téléphone… Allo, allo, c’est ti Zamirof, doucemint, doucemint, vas-y mollo. Et Zamirof i répond à Peterson : C’est bo, c’est bo ti, va-t-in pu lon, ett’ halonne al’ sint l’ mazout ! Et l’ tour iest jué !

J’ème su dit, nondégueu, v’là m’ n’affaire. Pourquau qu’avec Laïte nos n’poreutent po avoir aussi l’téléphone ? Nos n’ sont tout d’ même po pu bêtes èque leusses !

-Iest d’fait, Batisse, qu’i n’a ré d’pu trisse, après quarinte ins d’marioche, d’ess disputer pou des bernoules.

-Surtout Hinri, qui feut vir Laïte quind al est in colère : ess minne al s’ersaque, al blinquit, sin mintan ia l’trinnette et al ouvert ses yux grinds comme des pièces chon frincs. Acoute Hinri, a m’ fait peur.

Seulemint j’ai mis du timps pour mi comprinne. Sou qui feut Hinri, quind in dispute, c’est d’ène po ête trop près d’ l’inne l’eute parce que si n’d’a in qui print l’équimmette, l’eute iatrappe el ramon pou taper et ça tourne au vinaique. Au téléphone in est lon, in n’ess veut po et c’est çau l’principal.

-Aai mais , qu’min qu’ vos faites ?

-Vié vir Hinri. J’ai fait monter in téléphone quinne, c’est l’ couleur pou les minnoches. Quind l’ dispute al monte trop fort, èje dis : marchons au téléphone… Laïte al est dins l’ caimme ed pa d’vint, in frimme el porte d’inter-deux, et mi j’sus dins l’caimme ed par drère.

-Et vos s’ parlez au téléphone…

- Bé sûr pour qu’mincer al m’agonit cor mais j’ fais l’ pilate. J’li dis qu’èje l’ai toudis cair, j’ li parle ed sin quié qui brait et, au bout d’in momint, quin j’l’ai bé raflattée, ça s’ermet. Et quind nos r’v’nons al cuisine, Mirza al seute à nous d’ contintemint, nos buvons in tiot verre pou arrouser l’ raccomodoche et… ça fait cor in co d’ passé.

-Batisse, èje su bé contint pour ti et pou Laïte ; et pi aussi d’vir qu’in poreut avoir la Paix pa tous côtés aveuc el téléphone. Nos sont pire qu’ ed z’infints. In crie souvint après l’ progrès mais, si in saveut bé s’in servir, Batisse, ça ireut boco mieux !

 

Léonce  Bajart

 

Au daron votoche. Poldine, avez-vous voté pour mi au moins ?

-Acoutez, non Tiodore, j’ène veux po vo mintir.

C’éteut marqué su l’bulletin : Conseiller sortant.

Et j’ème sus dit, si iest sortint, c’est qui n’veut pu ête conseiller… Alorse !...

LB

 

 

 

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Maman

 

 

 

 

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Un enfant a toujours besoin de caresse et d'amour.

Quel miracle vivant qu'une mère !

D'autres peuvent nous aimer,

Seule notre mère nous comprend.

Elle peine pour nous, nous chérit.

Elle nous pardonne tout,

Elle prie pour nous.

Le seul mal qu'elle puisse nous faire,

C'est de mourir et de nous abandonner.

        

Claude Boisse

 

 

 

 

 

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Chambardement

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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L’ours blanc supplie sa banquise

La souris verte devient grise

L’air suffoquant fait une halte

Plus de pas d’humain sur l’asphalte.

 

L’aigle royal a beau planer

Partout des bêtes consternées

Attristent son regard perçant

Sous un soleil de plomb glaçant.

 

En Orient aux premiers froids

Il arrive bien des fois

Qu’on rencontre un singe égaré

Ce n’est pas le cas cette année.

 

Au pays du Soleil Levant

Tigre ou lion commence l’An

Ce n’est pas le cas aujourd’hui

Un malin enfielle la vie.

 

Même les chiens sont étonnés

De voir les hommes muselés

C’est un dimanche des Rameaux

En messes et maux à huis clos.

 

Les flots bleus du Yang-Tseu-Kiang pleurent

Le destin noirci de malheurs

Par une arme à double tranchant

Qui détruit un peuple et son sang.

 

Jonques et sampans immobiles

Un deuil à l’encre indélébile

S’inscrit dans la fleur de Lotus

Contaminée par ce virus.

 

Essaimé dans le monde entier

Il s’attaque à tous sans pitié

Il est puissant car invisible

Il fait de quiconque sa cible.

 

Quand enfin la potion miracle

Soulage à l’Est le dur spectacle

C’est le covid qu’on extermine

Alors qu’en France on l’examine.

 

Des Gaulois indisciplinés

Un orchestre désaccordé

C’est vraiment « le coche et la mouche »

Avec en plus des escarmouches.

 

C’est la résignation totale

Face à l’hécatombe virale

L’on croise les doigts ou l’on prie

Pour que soit détruit l’ennemi…

 

L’attente est longue et le chemin

Difficile sans lendemain…

On en oublie le nom des jours,

Des mois, des saisons de l’Amour…

 

Le temps s’est figé mais pas l’heure

Dont le tic-tac tourne en terreur !

L’on sait que ces instants perdus

Ne se rattrapent jamais plus.

Certains sont claustrés d’autres sortent

Font la queue sur le pas de porte

Des visages sans expression

Tous en point d’interrogation.

 

Plus de baisers plus de câlins

Et non plus de poignée de mains

Chacun reste enfermé chez soi

Tous les Terriens sont aux abois.

 

Sur la route des tourterelles

Marchent pour reposer leurs ailes

C’est un tableau déconcertant

Vu des vitres de l’habitant.

 

Il n’y a plus que les étoiles

Qui ne revêtent pas de voile

Qui clignent de l’œil à la lune

Face à cette immense infortune.

 

Dans le silence dominant

C’est sa couronne que Satan

Jette sur la population

Pour enflammer son tourbillon.

 

Cet invisible ennemi brûle

Le globe de ses tentacules

Etouffant sans distinction d’âge

Comme pour faire un grand ménage…

 

De Dieu la création s’étiole

Dans l’Arche plus que des lucioles

On a bien la potion miracle

Qui pourrait stopper la débâcle.

 

Hélas le Maître de céans

En a décidé autrement

Plus personne à la chasse aux œufs

Des enfants prisonniers chez eux.

 

Plus de lapin en chocolat

On a ralenti les achats

On a mis en berne la joie

Tristes sont les petits minois.

 

La Pâque et la Miséricorde

Sont passées sans liesse et sans horde

Le commerce et les traditions

Punis comme des trublions.

 

On s’accroche à son existence

Car on n’en avait plus conscience !

La routine absorbante efface

La valeur des printemps qui passent.

 

C’est la mise au point idéale

Contre un chambardement astral,

Qui démarre un nouveau destin

Dans cette année deux mille vingt…

 

Maricarmelle

Dimanche 19 avril 2020

Dimanche de la Sainte Miséricorde (Pleine lune).

 

 

 

 

 

 

 

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Loin des vieux livres de grammaire,

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Loin des vieux livres de grammaire,

Ecoutez comment, un beau soir,

Ma mère m’enseigna les mystères

Du verbe être et du verbe avoir.

 

Parmi mes meilleurs auxiliaires,

Il est deux verbes originaux.

Avoir et Être étaient deux frères

Que j’ai connus dès le berceau.

 

Bien qu’opposés de caractère,

On pouvait les croire jumeaux,

Tant leur histoire est singulière.

Mais ces deux frères étaient rivaux.

 

Ce qu’Avoir aurait voulu être,

Être voulait toujours l’avoir.

À ne vouloir ni dieu ni maître,

Le verbe Être s’est fait avoir.

 

Son frère Avoir était en banque

Et faisait un grand numéro,

Alors qu’Être, toujours en manque,

Souffrait beaucoup dans son ego.

 

Pendant qu’Être apprenait à lire

Et faisait ses humanités,

De son côté sans rien lui dire,

Avoir apprenait à compter.

 

Et il amassait des fortunes

En avoirs, en liquidités,

Pendant qu’Être, un peu dans la lune,

S’était laissé déposséder.

Avoir était ostentatoire

Lorsqu’il se montrait généreux,

Être en revanche, et c’est notoire,

Est bien souvent présomptueux.

 

Avoir voyage en classe Affaires.

Il met tous ses titres à l’abri.

Alors qu’Être est plus débonnaire,

Il ne gardera rien pour lui.

 

Sa richesse est tout intérieure,

Ce sont les choses de l’esprit.

Le verbe Être est tout en pudeur,

Et sa noblesse est à ce prix.

 

Un jour à force de chimères

Pour parvenir à un accord,

Entre verbes ça peut se faire,

Ils conjuguèrent leurs efforts.

 

Et pour ne pas perdre la face

Au milieu des mots rassemblés,

Ils se sont réparti les tâches

Pour enfin se réconcilier.

 

Le verbe Avoir a besoin d’Être

Parce qu’être c’est exister.

Le verbe Être a besoin d’avoirs

Pour enrichir ses bons côtés.

 

Et de palabres interminables

En arguties alambiquées,

Nos deux frères inséparables

Ont pu être et avoir été.

Oublie ton passé,         Qu’il soit Simple ou Composé,

Participe à ton Présent pour que ton Futur soit Plus-que-parfait…

 

 

 

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LETTRE À PERSONNE ?

 

 

 

   

 

 

 

 

 

 

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J’écris : tout le monde m’encourage mais personne ne me lit !

Cela me fait de l’ouvrage en attendant, pour tuer l’ennui.

 

Quand on arrive à quatre-vingt-neuf ans,

Il devient grand temps de faire le bilan…

D’une vie, même si jugée somme toute bien ordinaire !

Une dérision bien souvent que ce retour en arrière.

 

Avec des grands « A » : Attirance, Affection, Amour… avec le temps ?

« J’aurais pu, j’aurais dû ? » pas de regrets : ce n’était pas le moment !

Ce n’est que bien plus tard que l’on entend

Ce que cela voulait faire comprendre tellement !

 

Avec son « Ne la réveille pas quand tu vas rentrer »,

Le merci qu’on lui doit, pour le naufrage évité

De l’autre : la sensibilité émotionnelle,

Malgré une sensualité corporelle bien réelle.

 

Le poids des mots ! comme dans les dialogues au comptoir

Du cinéma d’Audiard : « des mots qu’on aimait aller voir »

Les parenthèses sont toujours géniales 

Quand elles ne s’appuient pas sur des thèses banales ;

 

On a tous une prière qui n’a pas été exhaussée !

Mais honnêtement, l’avons-nous mérité ?

Et devrions-nous contenter : « le monde a sa musique à lui ! »

Comme Sardou en chanson de « cinquante-cinq jours et nuits »

 

« Le bon temps : c’est quand ? » Quand sur ta vie, le soleil luit !

Mais on ne peut toujours repousser les nuages de pluie.

Contre l’adversité, nous ne disposons que de bien peu d’armes

Pour éviter à nos yeux d’être envahis par les larmes.

 

Un jour d’hiver !

En regardant les cols-verts

Sur l’étang bordé de pieds de thym

A Thun Saint Martin

 

Le 21 Novembre 2019

Gérard Rossi

 

 

 

 

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image012Même effacée

 

  

 

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Même effacée, je marquerai l'ombre et la lumière..

A jamais dans le cœur de l'Antre, je crierai mes mots.

Et en dépit de tout, je vociférerai pour les élever jusqu'à l'ultime !

Oubliée ou évincée, je me battrai pour exister

 et pour dénoncer l'amertume de mon âme !

Que Mes mots Beaux ou aigris se détachent de mon encre

 et qu'ils passent le flambeau au nom du Respect !

Patricia Loughani

 copyright 10/10/2013

 

 

 

 

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FIGÉ

 

 

 

  

 

  

 

 

 

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Vers quels sommeils nouveaux nos corps en armures émigrent-ils ? Serait-ce que la lenteur de la mort à ce point n’attend plus rien de nos déraisons anciennes pour ne plus s’en souvenir ou est-ce le vide qui s’effondre, n’osant plus paraître et dépassé par la violence de nos sens qu’on croyait engourdis ?

 

Certains matins, on croirait encore posséder notre destin comme un joujou appuyé au balcon d’un orgueil fort mal placé puisqu’il nous a fait croire avec une facilité déconcertante, qu’une pichenette suffisait à renverser le désordre établi du hasard. Nous découvrons, de l’aube au crépuscule, à chaque clignement de nos yeux, de vastes étendues ainsi que leur écho ne cessant de rebondir de souffle en souffle. Si les yeux sont une chambre noire, il s’y développe un panorama de sens et de fébrilités insondables. Ce que j’en vois ne ressemble à rien de ce que j’ai cru comprendre hier, m’indiquant ainsi chaque jour une météo improbable.

 

Ce qui demeure figé ne nous ressemble pas, il n’y a jamais rien de figé nulle part, ni pour personne, ni pour quelque raison que ce soit. Pour autant, la répétition est un poison violent. Il faut éprouver parce qu’on ne refait pas. Ou alors, c’est la tristesse du monde qui devient insondable.

 

Pluies neuves

 

 

 

 

 

 

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Interlude

 

 

 

 

 

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Par la fenêtre de ma chambre, j'écoute le vent dans la nuit

comme un murmure qui court à travers les champs et les prés,

comme des vagues revenantes sur une plage de galets.

Des bribes de mots comme un doux chant qui se veut rassurant

et vient caresser les herbes folles, il court d'arbre en arbre,

chuchote dans les ramures, fait tinter les feuilles affolées

et vient chanter à mes oreilles attentives une ancienne comptine.

J'entends les feuilles éparpillées qui s'enfuient et crépitent

sur le chemin de campagne en emportant mes plus chers souvenirs.

 

Thérèse L.

 

 

 

 

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La faute aux gros maux

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

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Un mot ! Rien qu’un seul mot

Si fragile et si beau,

Un de plus à la fois

Car il deviendra roi !

 

Lui, le Maître des livres

Des peines te délivre

Lâche des mots en l’air

Bruinant sur la terre.

 

Pluie tes gouttes glacées

Ont encré mes papiers !

Des mots en flocons blancs

Mouillent les joues d’enfants…

 

Leurs yeux vifs étincellent

Leur poème a des ailes,

L’arbre essouffle sa rime,

L’oiseau chante à sa cime !

 

Ce vieil air fredonnant

Des vocables d’antan,

La poésie des mots

Viendra panser tes maux !

 

Ecoute le silence

Ton âme est là qui pense

Puis au fil des idées,

Laisse ton cœur parler…

Duhin Maricarmelle

 14.04.2018

Mes quatre saisons

 

 

 

 

 

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PENSÉE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Mi, jé in surmi. Du ceup, ti, t’as in surti. Y l’a in sursi. Nos avans in surnos. Vos aveu ins survos. Y z’ont in sureuss. In é tertous ché minmes, in a in surin.

 

Traduction  Moi, j’ai un surmoi. Et du coup, toi, tu as un surtoi. Il a un sursoi. Nous avons un surnous. Vous avez un survous. Ils ont un sureux. On est tous les mêmes, on a un suron.   

HMA

 

 

Eul hintisse ed min grindpère a toudit éteu eud terminant eus vie come in légeume. Et in c’sins, y l’a éteu exauseu pusqu’y l’a fini come in fruit. Y lé tombeu  d’in pommieu.

Traduction :La hantise de mon grand-père a toujours été de terminer sa vie comme un légume. Et, en ce sens, il a été exaucé puisqu’il a fini comme un fruit. Il est tombé d’un pommier ! . 

HMA

 

 

Mi, j’eun mets pon tous ché cans dins l‘minme sacleu. Euj fé come pou ché z’ordures, euj trille. Ché sacleux maufes pou ché pauv’cans, ché sacleux guinnes pou ché sale cans et ché sacleux verts pou ché viu cans. Pou ché gros cans, j’attind eul cherviche d’inlièv’mint dé z’incambrints !

 

Traduction : Moi, je ne mets pas tous les cons dans le même sac. Je fais comme les ordures, je trie ! Les sacs mauves pour les pauv’cons, les sacs jaunes pour les sales cons et les sacs verts pour les vieux cons. Pour les gros cons, j'attends le service d'enlèvement des encombrants

HMA

 

 

Vérités

Euch’ti qu’y n’écrit pon, y n’feu jimeus eud féote d’orthografe. Ed minme qu’ ech’ti là qu’y n’perle pon eun dit jinmeu eud canneries.

 

Traduction : celui qui n’écrit pas ne fait jamais de faute d’orthographe. De même que celui qui se tait ne dit jamais de conneries !

HMA

 

 

La pizza 

Queu paradoce ! Feure inn pidza rande, eul mette dins inn beote carreu et eul copeu in triinge !

Traduction : Quel paradoxe ! Faire une pizza ronde, la mettre dans une boite carrée et la couper en triangle !  

 HMA

 

 

Dins ché z’iles Canaries, y n’a pon eud canaris. Ché pareul dins ché z’iles Vierges y n’a pon …nan pus… eud canaris

Traduction  Dans les Iles Canaries, il n’y a pas de canaris. C’est pareil dans les Iles Vierges ….. il n’y a pas … non plus… de canaris !

HMA

 

 

 

 

 

 

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Rose

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

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Dans le fond d'une alcôve,

Deux chaises, tout chose,

Rêvaient dans un sourire

Leurs lointains souvenirs.

 

Dans la touffeur enclose

D'une douce quiétude,

Le voilà à l'étude

D'une nouvelle rose.

 

Bouton de rose

Rose douceur

Tendre rose

Couleur de fleur

Rose bonbon

Dans une pause

Mais c'est si bon

Et c'est l'entracte

Rose profond

Au prochain acte

Rouge à son front

Rose fané

Dans un théâtre

C'est suranné.

 

Dans le fond d'une alcôve,

Délaissée, une rose

Rêvait dans un sourire

Ses lointains souvenirs.

Thérèse L.

 

 

 

 

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Woman Sex

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Lampadaires éclairant

Un trottoir si troublant

Une jeune femme aguichante

Dans les années, même pas trente

Talons aiguilles

Femme fragile

Manteau de fourrure

Et un travail tellement dur

Une femme si divine

Mais des clients pas tellement ''clean''

Elle discute le prix

Qui permettra de vivre sa vie

Une chambre d'hôtel

C'est limite un bordel

Des extases

Des fantasmes

Elle retient ses larmes

Parfois se menace d'une arme

Sado maso

Peut-être un peu trop

Coups de fouets

Aime faire saigner

Des clients pas très 'gay'

Elle remplit son porte monnaie

Elle finira poignardée

Sur ce trottoir, plus éclairé

C'était la vie non déclarée

D'une prostituée

Julien BURY

 

 

 

 

 

 

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Requiem pour une autre vie

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Je ne vous parle pas de mes souvenirs

Je vous cause d’une autre vie

Chatoyante, miroitante, scarabée au soleil

Des mots-clefs des champs tarabustent le lecteur aux aguets.

Je ne veux pas les canuler pourtant.

Je place ma camelote, au premier cambiste venu.

Ce sont des mots, du vent qu’on vend à la criée…

Je hais les matins crispés

En du cristal de nuit.

J’encourage les lutins

Dans leur besogne lénifiante,

Redécouvrant à rebrousse-temps

Une vie passée et pourtant nouvelle,

Bâtissant à l’emporte-pièce à conviction

Le monde du TEMPS-BLEU

J’attends les matins parés de délicatesse,

La douceur des midis orangés,

La lune des ténèbres, enrubannée de souvenirs…

AVRIL 1977

 Hertia May

 

 

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Fêter Noël

.

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

Bientôt, ce sera Noël,

On prépare tous les cadeaux,

Qu’on achète en ribambelle,

Du plus petit jusqu’au plus gros !

 

On mettra les petits plats dans les grands,

Et ensemble, on se réunira,

Pour profiter de tous ces bons moments,

Et de tous ces mets si délicats !

 

Les yeux des enfants seront pétillants !

Au pied du sapin très bien décoré.

Comme toujours, ils seront très impatients !

De pouvoir ouvrir tous les beaux paquets.

 

Ce sont des instants merveilleux !

Beaux moments d’amour à partager,

Avec les jeunes et les plus vieux,

En attendant la nouvelle année.

Reine DELHAYE

 

 

 

 

 

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PLUIE

 

 

 

 

 

 

Haut

 

L’onde s’ennuie dans un ferment

De ciel

Elle n’a d’horizon que l’oiseau pour gazouille

Quand le chant-bleu s’embrouille

Tout esseulé dans l’air

 

Joyeuse, elle se frange comme la larme

D’un feu tout tiède de couleur

Qui germe fermement

Et vient au vent-tourbillon

Caresser le sommet si vert, si aérien, si tendre

De chaque grelot végétal

 

Comme l’onde s’empourpre

D’un soleil d’osier

Elle n’a le songe que d’aimer

Son ciel parfumé.

Saint Hesbaye

 

 

 

 

 

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Épitaphe à un mari fêtard

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Toujours en quête d'aventure

Tu m'as causé bien des ennuis !

A présent une chose est sûre :

Je sais où tu passes tes nuits.

 

Épitaphe au temps

 

Un peu plus tôt ou un peu plus tard, l'heure sonne.

Pour moi elle a sonné à cent quatre printemps.

«Ô temps, suspends ton vol! » Oui, mais pas si longtemps :

A mon enterrement il n'y avait personne !

 

Épitaphe du test

 

Afin d'en ressentir l'effet

Sur ma future sépulture

A la Toussaint, je vous l'assure,

J'ai déposé un gros bouquet.

 

Épitaphe d'un voyageur

 

J'ai bourlingué toute ma vie

Changeant toujours de place, preste.

A présent je n'ai qu'une envie :

C'est décidé, j'y suis, j'y reste.

Jean-François Sautière

 

 

 

 

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Personne à aimer

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

Tout ce monde qui se plaint

Tous ces gens qui dans leurs mains

Détiennent leurs destins

Ont peur d’un rien

À force de chercher une trappe

Tout leur échappe

Tout leur est amer

Pourtant, rien n’est plus cher

Que ce que l’on a

Mais que l’on ne voit pas

Des brebis égarées

À qui on ne peut pardonner

De croire que tout leur est octroyé

Car ils l’ont décidé

Mais ces enfants trop gâtés

N’ont vraiment rien à envier

Car leurs vies semblent mutilées

Vu qu’ils n’ont personne à aimer.

 

Christelle Lesourd

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L'HOMME DEVENU SAGE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

Pour une origine, une idéologie,

Au nom de qui et de quoi ces vils génocides ?

Au nom de quels drapeaux ces guerres fratricides ?

Au nom de quelle ethnie, ôter toutes ces vies ?

Au nom de quel Dieu ? Tous ces pays de misère,

Où pauvreté et faim font côtoyer l'enfer...

À quand ce monde sans barrières, ni frontières ?

Au nom de quels prétextes ces longs murs de pierres ?

D'où vient cet odieux fanatisme religieux ?

D'un héritage convoité par des aïeux,

De frères déviant les pensées spirituelles

De leur prophète en faits abjects et criminels.

Ne nous voilons pas les yeux, l'enfer est sur terre.

Les religions sont ces grands pourvoyeurs de guerre.

Puis elles s'érodent et nous offrent le bien,

Porteuses d'espoir envers l'homme et son destin.

Tourmenté, l'humain a ce besoin permanent

D'une éventuelle protection divine.

Mais avec le temps tout ira s'amenuisant,

Croire en Dieu ne sera plus que douce doctrine.

Peu à peu, nous apprendrons à nous respecter.

Ayant annihilé ces vils instincts guerriers,

Dans ce monde devenu sage et apaisé,

Le bonheur à chacun de nous sera donné...

Dès lors cette grandiose et sublime planète,

Ce diamant bleu aux mille et une facettes,

 

Dans cet océan d'étoiles, majestueux !D'éclat brillera pour l'éternité des cieux.

(Dans deux mille ans peut-être ?)

 

Bernard SIMON

 

 

 

 

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Le temps d’autrefois

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

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Tu éparpilles au vent

Tous tes rêves de jeunesse.

Ceux qui un jour t’ont pris vingt ans,

Et tes bouquets de caresses.

 

En semant toute la nostalgie,

Tant de choses pourtant

Sont encore en ta vie,

Mais si loin des printemps.

 

Les tourbillons de joie

Ont cessé de valser.

En ton cœur bien trop las,

Des si folles chevauchées.

Non ! il ne reviendra plus

Tout ce temps de l’ivresse.

Du vrai bonheur perdu,

Fabriqué ainsi de tendresse.

 

Il ne reviendra plus,

Tout ce temps d’autrefois.

Car ils ne te seront plus

Tous ces jours qui faisaient tant sa joie

Albert Jocaille

 

 

 

 

 

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C’est demain

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

 

 

Quand laissera-t-on place au grand jour pour l’amour

Et mettra-t-on enfin au ban de toute l’histoire,

Les aubes déchirées aux cailloux de la peur,

Les âmes lacérées par les griffes des guerres

Et ces grands yeux d’enfant qui ne savent plus rire ?

 

À quand les mains tendues qu’une autre main sait prendre ?

À quand l’espoir qu’on sème et qu’enfin l’on récolte ?

À quand les mots qu’on dit et qu’un autre comprend

Et quand l’entendrons-nous ce long chant des poitrines

D’un même peuple uni vers une même cime ?

Laissera-t-on, demain, s’épanouir l’amour ?

Glissera-t-on enfin sur des fleuves paisibles ?

Les rires pourront-ils fuser dans les nuits claires

Et quand se fermeront les bouches des canons,

Pour laisser la parole aux lèvres amoureuses ?

 

C’est peut-être demain, si l’on rêve assez fort,

Que l’on ira cueillir des mouchoirs de nuages

Pour sécher sur les joues la rosée des douleurs.

C’est peut-être demain que fleuriront des ponts

Pour enjamber la haine en aimant d’autres rives.

 

C’est peut-être demain qu’on plantera l’amour,

Que l’on regardera ses feuillages verdir,

Que nous abriterons sous son ombre nos joies

Et que nous goûterons la gloire de ses fruits.

C’est demain, il le faut, que l’on se dira nous.

 

C’est demain, il le faut ; il reste un peu de terre,

Il reste un peu d’amour ; il faut planter, très vite.

Henri Lacheze

 

 

 

 

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Indifférent

 

 

 

 

 

 

 

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Si sur son corps de femme

Ton œil, longuement, s’égare

Ne sois pas distrait par le charme

De ce corps digne de Carrare.

Souviens-toi du serment d’Hippocrate

Reste indifférent à jamais

Et insensible à son attrait.

Ne laisse pas ta chair tressaillir

Ferme ton cœur à ce désir.

Même si c’est un nouveau Tantale

Résiste ferme à la Cabale

Et soignant cette femme, dis-toi

« C’est ma mère, ma sœur, que je vois… »

1974

Roger Devillers

 

 

 

 

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Caudry au Septentrion

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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C’est de Caudry que je t’écris, j’aurais pu, si j’étais snob, t’expédier ce courrier de Saint Tropez, de Rocamadour ou de Monaco mais je préfère cette petite ville des Hauts de France où il fait bon vivre.

Contrairement à ceux qui ne sont jamais venus dans le Nord-Pas de Calais et dépeignent nos départements avec un horizon tout triste, gris, pluvieux, évoquent les terrils, les corons, des usines abandonnées, des routes pavées, je n’ai pas d’idées préconçues. Rejette tous ces clichés et viens visiter quelques-uns de nos sites enchanteurs : Le Touquet, Stella, Bray dunes, Arras, Lille, Calais, à bicyclette dans ce « plat pays » vallonné.

Fi des propos misérabilistes, la cité de la dentelle a quand même attiré Buitoni, l’Oréal et plein d’autres entreprises industrielles.

Mon épouse et moi t’invitons à manger dimanche prochain pour midi dans notre belle ville, perle dans un écrin de verdure. Après le repas, si tu le veux bien, nous nous rendrons à pied dans le grand parc arboré avec ses trois étangs et ses sentiers ombragés qui accueille les citadins et leurs enfants. Nous pourrons aussi visiter la basilique Sainte Maxellende ou nous rendre au cinéma ou au théâtre municipal où se joue actuellement une pièce en chtimi.

Tu verras, le Nord est un aimant particulier, il n’attire pas mais il retient. Ici, tu connais tes voisins, des gens chaleureux avec qui tu peux échanger des propos enrichissants, en dehors des banalités et des futilités.

J’ai découvert ce grand village, par hasard, lorsque mon entreprise m’a nommé ici, j’y ai rencontré Morgane. Nous nous sommes installés dans cette maison et nous ne le regrettons pas. Pour Morgane et moi ce fut le coup de foudre mais ce fut pareil pour Caudry. Voltaire disait qu’il faut cultiver son jardin. Figure-toi que, derrière la maison, se trouve un grand jardin. Nous faisons partie de l’association « Échange de savoirs », je donne un coup de main en électricité et je reçois plein de conseils avisés d’un retraité.

Régulièrement, nous nous rendons à la bibliothèque où nous trouvons d’excellents ouvrages, parfois à la piscine. Tu vois, on ne s’ennuie pas en province. Ici nous ne rencontrons jamais de problème pour nous garer. Côté ravitaillement, nous avons le choix entre des commerces de proximité, plusieurs supermarchés et même une grande zone commerciale.

Chaque matin, nous mangeons du pain frais, croustillant, odorant, avant de partir travailler à pied. Non, je ne regrette pas Paris et la foule. J’ai trouvé le calme, la sérénité, l’air pur et une autre qualité de vie.

J’ai hâte de te faire partager mon bonheur et peut-être de t’attirer dans le Nord, alors à dimanche prochain à Caudry.

Amicalement

.Joël HERBIN

 

 

 

 

 

 

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Rêve de voyage

 

 

 

 

 

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Je t’écris de la lune, cet astre merveilleux qui éclaire mes insomnies et illumine les nuits.

Quand beaucoup rêvent de la décrocher, moi j’ai choisi de m’y reposer.

Assise au bord d’un cratère, je regarde la terre qui s’agite et se détruit, alors qu’ici tout est calme et reposant.

Je ferme les yeux et je me laisse bercer par le vent léger, et la douce musique d’un astéroïde qui passe, ou d’un satellite qui gravite dans ce ciel sans fin et sans nuage.

Pauvre lune. Que de vertus on t’attribue, que de maléfices aussi.

Que de serments d’amour échangés sous ta clarté. Que de poings levés.

Mais le temps passe, il faut déjà que je songe à rentrer.

Alors que je m’apprête à plonger dans le vide, vers la planète bleue, je m’éveille dans mon lit.

Je me lève et ouvre la fenêtre ! Elle est là, comme un clou lumineux planté dans le ciel.

image022Plus je la regarde, plus j’ai l’impression de voir le visage d’une femme à la chevelure d’étoiles, qui m’observe et me sourit.

Était-ce un rêve ? Y suis-je vraiment allée ?

C’est sûr, cette nuit ou une autre, j’y retournerai.

 

Elisabeth Montay

 

 

 

 

 

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A mon ami canadien,

 

  

 

 

 

 

 

 

 

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C’est de Caudry que je t’écris, de cette petite ville où nous avons vécu nos belles années d’enfance et d’adolescence. C’était il y a… cinquante ans !!

Te souviens-tu des glissades que nous faisions en hiver dans les caniveaux gelés, et de cette magnifique piscine où nous avons appris à nager ?... Il y avait aussi l’élégante église dont le clocher dominait les maisons du haut de ses 70 mètres ; et puis la Salle des Fêtes, les cinémas de quartier (le Palace, le Kursaal et le Rex). Nous avions fait l’ouverture du « lycée » composé, à cette époque, de 3 bâtiments préfabriqués dans lesquels on transpirait en été, tandis qu’il fallait garder nos manteaux dans les classes en janvier… Dans les rues, jour et nuit, résonnait le rythme éternel des métiers à tisser… Il y avait partout de petites boutiques ayant pour noms : Coutellerie, Mercerie, Quincaillerie, Epicerie, Bazar… Et puis, te rappelle-tu encore de cet horrible égout à ciel ouvert qu’on appelait « Le Riot » !!...

C’était le Caudry de notre jeunesse, lorsque circulaient ces autos baptisées Frégate, Dauphine, 2 et 4 Chevaux, Aronde, 203, DS 19… Nous écoutions alors « Salut les Copains » à la radio…

 

Aujourd’hui, si tu revenais du Canada où tu es installé depuis tant d’années, tu ne reconnaîtrais plus la petite ville que tu as quittée. Car ici, tout a changé, tout s’est transformé, embelli, je dirais même « magnifié » !! Caudry est devenue moderne, propre ! Elle s’est épanouie !!

Ainsi les caniveaux restent secs maintenant depuis que les eaux usées sont drainées jusqu’à la station d’épuration. Enterré depuis longtemps, l’égout a fait place à une immense base de loisirs au milieu de laquelle des étangs poissonneux font le bonheur des pêcheurs. L’église a été élevée au rang de basilique en tant que lieu de pèlerinage (celui des aveugles). La Salle des Fêtes est devenue un superbe Théâtre relié, par le Pont des Arts, à un important Pôle Culturel. « Notre » lycée a été rasé, et reconstruit un peu plus loin dans les normes HQE (Haute Qualité Environnementale). La piscine d’été est définitivement fermée, tandis qu’un admirable Espace Nautique est apparu en périphérie de la ville. Dans les usines tournent encore les métiers à tisser : beaucoup ont disparu, mais ceux qui restent fabriquent une dentelle désormais mondialement connue. Et nombre d’habitants écoutent aujourd’hui Radio BLC (Batisse et Laïte Caudry) ce couple géant de tullistes, symbole de la Cité.

 

Je pourrais encore te parler des Ateliers Culturels, de la gare rénovée, de la grand-place entièrement refaite, de la zone commerciale, des équipements sportifs, du nouveau cinéma « Le Millénium », de l’Espace de Vie Historique, du Musée Caudrésien des Dentelles et Broderies… Tu vois, mon ami, Caudry est toujours là, mais a bien changé dans le meilleur sens du terme. Elle est même classée 3 fleurs (sur 4 possible), soulignant ainsi l’intérêt permanent qu’elle porte au cadre de vie !

Je termine donc en te rappelant sa devise : « Dynamisme et Qualité ». Jamais ville ne pourra mieux traduire cela !!...

 

Transmets mes amitiés à tous les Canadiens.

Je t’embrasse affectueusement.                                                                            Jacques MACHU

 

 

 

 

 

 

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Ode à la lune

 

 

 

 

 

 

 

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Longtemps, j’ai attendu

Avant que tu ne daignes te montrer.

 

Derrière ma fenêtre,

J’ai admiré ta lente ascension,

Ponctuée par le tic-tac de l’horloge.

Tu es la seule dominante du ciel,

Luisante parmi ce champ de constellations.

Nulle ombre ne voile

Tes rondeurs parfaites et ton teint opalescent.

Tes rayons argentés ont béni mon jardin

Et tout s’est enchanté.

De la fine poussière argentée flotte çà et là

Faisant pétiller les pétales de fleurs.

Ta lumière laiteuse donne un nouveau souffle à la flore.

Un hibou hulule, prêt à se mettre en chasse.

Une vie calme et douce s’annonce.

Ce soir-là, j’ai fait un pas vers toi

Mais je ne parviens pas à te rejoindre.

Chaque année qui s’écoule

T’éloigne un peu plus de nous, te poussant dans l’infini cosmos.

 

Pourtant, l’humanité a déjà accompli l’invraisemblable :

Des explorateurs ont marché sur ton corps.

Pour eux, tu étais un impossible rêve.

Pour moi, depuis toujours,

Tu es la sœur du soleil.

Sophie LACAM

 

 

 

 

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Le grillage est posé

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Qui l’eut imaginé

Qu’après autant d’années

Il fût enfin changé

La clôture en béton

Se dresse fièrement

Derrière notre maison

Majestueusement

Les voisins nous observent

Mais ne nous voient plus

Alors ça les énerve

Le contact est rompu

Enfin chacun chez soi

Et vivement les beaux jours

Qu’on sorte le minois

À l’abri des vautours

Un vent de liberté

Souffle sur la terrasse

Il tourne puis me soustrait

Du flot de mes angoisses.

 

Anonyme

 

 

 

 

 

 

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Ceux-là

 

 

 

 

 

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C'était un froid de très grand froid.

Les mots morts gelaient sur nos lèvres

Et seul, porcelaine de Sèvres,

Glissait l'air pur entre nos doigts.

 

La beauté est-t-elle où l'on croit

Telle en ces photos un peu mièvres ?

Rude à en décoller les plèvres

En voici l'envers de l'endroit :

 

Pour nous demeurés dans la rade,

S'achève ici la promenade,

Nous finirons le jeu au chaud

 

En oubliant le sort immonde

De ceux-là qui sont sans réchaud ...

Ainsi va le péché du monde.

Jean-François Sautière

 

 

 

 

 

 

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Le piano

 

 

 

 

 

 

 

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Le piano faisait vibrer ses notes blanches

À l’intérieur de la pièce et dans mes oreilles

Ma mère se penchait pour arroser les fleurs

Un instant de passé remontait lentement

 

Le temps du souvenir sonnait au carillon

Ma montre électronique me grattait le bras

Comme un furoncle qui pourrit le sang du monde

Et le piano continuait sa magie

 

Cet instant de passé s’éclaire maintenant

Du soleil qui est le souvenir de l’enfance

Quand je me souviens de n’être jamais allé

À travers ces chemins des romans de Pagnol

 

Dans ce décor dansant d’un tableau de Chagall

Les murs je crois tournaient autour du piano

Et à travers la pièce dans les mains de ma mère

L’arrosoir répandait toujours son élixir.

Luc Pipart

 

 

 

 

 

 

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Covid-19  180320

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

  

 

Voilà revenu le temps des prédicateurs de tout poil ; apôtres de la fin de monde, preuves irréfutables en main, ils ont leurs vérités accablantes, leurs exemples formels, leurs documents indiscutables.

Zélés journalistes relayant le chaos, ils sont les garants de l’holocauste, les superviseurs du dernier jour. Ils vous parlent de la fin du monde, de la fin de l’humanité entière comme s’ils en étaient les garants, comme si c’était quelque chose de normal ; mieux, comme s’ils n’allaient pas finir, comme nous, broyés dans le grand maelström. « Le Coronavirus a envahi le monde !...  Cloîtrez-vous dans vos masures !... La peste moderne frappe à vos portes !... Repentez-vous !... », crient-ils, d’une même voix. Ha, s’ils pouvaient brûler quelques sorcières. Ils en trouvent ! Ils ont un président et un gouvernement à mettre sur leurs fagots… 

 

Avez-vous remarqué ? Cela rassure les hommes de prévoir ; combien de fois ai-je entendu de « Je l’avais dit ! » et de « J’en étais sûr ! ». N’est-on pas le maître du monde quand on connaît l’avenir ? Plus que des lanceurs d’alerte, ils sont les missionnaires d’un monde qui s’écroule ; ils seraient même déçus si ce monde faisait relâche. Depuis toujours, les ignorants sont sûrs alors que les érudits s’interrogent.

Nous, pauvres petits moutons égarés, nous errons dans des prospectives sans futur. On voudrait un peu d’optimisme, un peu de ciel bleu ; dans ce tunnel sans fin, on cherche une lumière, une issue favorable, de quoi discréditer tous ces doctrinaires sataniques. On se rattache à ce qu’on peut, à Dieu et à toute sa tribu. On appelle sa famille lointaine ; on s’inquiète sans vraiment se tracasser. À cette heure de naufrage, c’est chacun pour soi et le bon Dieu pour tous.

Vaccin disponible ailleurs, arme bactériologique suprême, hôpitaux surchauffés, personnel soignant sur les rotules, ministre de la Santé sur la sellette, appareils respiratoires en manque, le Coronavirus fait les choux gras, la une de tous les journaux. Bible journalière, c’est pain béni pour remplir les articles en caractères gras et on s’arrache le baveux comme s’il ne divulguait que la bonne parole.

Dans une ambiance de veille de mort, à la télé, les statistiques s’affolent ; les fléaux s’accumulent, les infos sont alarmistes, on montre des courbes malheureusement exponentielles, on tire des plans de comète ; l’apocalypse est dans le regard des interviewés. Il y a ceux qui l’avaient prévu et ceux qui ignoraient tout ; il y a ceux qui savaient depuis longtemps et ceux qui ne veulent pas savoir… 

 

C’est l’expectative dans les chaumières ; on ne sait plus sur quel pied danser. Alors, les vacances de cet été, c’est râpé ; la fin du championnat de foot, c’est foutu ; le petit café du matin, au bistrot, il ne faut plus y compter. On doit faire les courses, ramener des pâtes et du PQ, parce que les autres ont fait le plein. « T’as rempli ton ADD ?... », « C’est quoi, ça ?... », « L’Attestation de Déplacement Dérogatoire !... C’est obligatoire !... », « Ha bon ?... », « Chaque fois que tu sors de chez toi, tu dois en produire une nouvelle !... ». « C’est un ausweis, en fin de compte… » Moi qui voulais me torcher avec le papier de l’imprimante, ce n’est plus la peine d’y penser ; me reste la compil des œuvres d’Alfred de Musset…

 

Entre le marteau et l’enclume, le monde est incrédule ; avoir construit des armes nucléaires, être prêt à s’en servir, pouvoir détruire la moitié du monde, rendre irrespirable l’autre moitié, et mourir à cause d’une bestiole de quelques nano millimètres, il y a de quoi être frustré. Le pouvoir de dissuasion de la Nature est tellement plus fort…

 

Covid-19 ; si je réchappe à ce génocide viral, j’appellerai mon chien Covid-19. Je n’ai pas de chien, il faudra que je m’en procure un ; un pas trop con, un qui n’aboie pas tout le temps et qui me lèche la main parce que je lui donne à bouffer… 

 

Si l’espèce humaine est en voie d’extinction, on s’occupera d’abord des personnalités, ceux qui valent la peine d’exister, les rois, les bien-pensants, les friqués, les célébrités.

On ne s’en sortira pas tous et il ne restera pas forcément les meilleurs ; c’est toujours comme ça ; il faut de tout pour reconstruire notre sphère.

Il y en a qui disent, ces fameux observateurs, que depuis que le monde vit au ralenti, la planète se sent déjà mieux ; pendant qu’on suffoque, elle respire. Les forêts reverdissent, les glaciers re-glacent, les rivières se redessinent ; le fumet des essences a remplacé la fumée des usines.

Je ne suis même pas déçu ; l’essentiel de ma vie est derrière moi. Je n’ai rien à emporter, même pas de souvenirs. Poussière d’existence et poussière d’éternité, telle est mon oraison. Alors, la fièvre, la toux, le grand tourniquet, c’est dans l’ordre des choses.

Laissez donc mon appareil respiratoire à un plus jeune, un plus véloce, un qui croit à l’Amour et à l’avenir.

 

Pourtant, quand j’entends rire les enfants du voisin, ces rires, ils sont d’une telle sincérité, d’une telle spontanéité, d’une telle candeur, je ne peux pas m’empêcher de penser que notre monde n’est pas perdu… 

 

« Covid-19 !... Au pied !... », « Ouah, ouah !... ».

PASCAL

 

 

 

 

 

 

 

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Le petit Prince et Buzz

 

 

 

 

 

 

 

 

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Par une nuit étoilée, le Petit Prince aperçoit une superbe voiture d’un rouge éclatant au fin fond de la galaxie. Il s’en approche et demande au conducteur de l’espace de l’emmener sur la Lune. Il lui explique qu’il doit s’y rendre pour réparer un rover chinois, localisé sur la face cachée de la Lune, qui est en panne et qu’il faut au plus vite dépanner. Le conducteur allume les propulseurs pour faire demi-tour.

 

Passant près de la Station Spatiale Internationale, le Petit Prince et le chauffeur passent devant les astronautes Thomas et David qui se trouvent dans la Cupola et qui leur font des signes de bienvenue. Le Petit Prince lève une ardoise sur laquelle il écrit :

« BONJOUR, NOUS SOMMES HEUREUX DE VOUS VOIR. NOUS ALLONS SUR LA LUNE. »

 

Et le voyage cosmique continue.

Quand ils arrivent sur la Lune visible de la Terre, le Petit Prince remarque un être vivant qui court sur un tapis roulant alimenté par des panneaux solaires. Ils alunissent et le Petit Prince voit que « Buzz », le premier homme à avoir marché sur la Lune, est resté au même endroit, le drapeau américain flottant à la surface.

« Que fais-tu là, Buzz ? », lui dit le Petit Prince.

« Je suis resté sur la Lune pour cultiver mon jardin », répond Buzz.

« Regarde, j’ai construit ma maison en forme d’igloo et voici mes salades, mes tomates. Et aussi de jolies fleurs de toutes les couleurs ».

« Veux-tu venir arranger le robot chinois avec nous ? », dit le Petit Prince.

« D’accord, cela me fera un petit voyage spatial », répond Buzz.

Le soleil commence à se lever et illumine l’horizon. Survolant les nombreux cratères, ils arrivent tous les trois de l’autre côté de la Lune et remettent en route l’appareil.

De retour chez lui, Buzz dit au revoir à ses amis.

« Veux-tu venir avec moi sur la planète Mars ? », dit le Petit Prince.

« Je reste là », répond Buzz.

« Au revoir », dit le Petit Prince.

Isabelle Pudlo

 

 

 

 

 

 

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PARANORMAL SISTERS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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 Suite Chapitre 3

 

Elles se dirigèrent dans le centre-ville où elles savaient trouver le magasin susceptible de leur proposer la toilette appropriée, notamment celui où Tara avait admiré la robe de soirée lors de son premier jour de congé.

Après qu’Amélie eût essayé une bonne dizaine de robes, et que Tara s’offrît celle qui lui plaisait beaucoup, elles ressortirent heureuses du résultat.

- Les chaussures maintenant.

- Quoi t’es folle, riposta Tara.

- Non, il faut les escarpins assortis… Et la pochette...

- Attends, tu vas exploser notre budget.

- Pas grave.

- Comment cela !  Pas grave.

- Ne te fais pas autant de soucis.

Brusquement !

- Amélie ! Regarde, j’ai l’impression que nous sommes suivis, et cela depuis quelques jours. Amélie scruta de tout côté, sans remarquer qui que ce soit, à part quelques passants qui couraient après le temps.

- Personne ne nous suit, voyons ! Tu te fais des idées. As-tu des nouvelles de ta voiture, demanda Amélie en changeant de conversation.

- Je la récupère demain, toutefois direction le garage pour réparer les dégâts. Mon chef m’a téléphoné hier. La scientifique n’a rien trouvé de spécial, pour l’instant ils sont au point mort.

- Déjà, on aura ta Clio.

- Oui, en effet.

- Bon dépêchons-nous les magasins vont bientôt fermer.

- Parfois tu me fatigues, tu m’entraînes dans un tel tourbillon que tu me fais peur.

Tout à coup…

- Je suis sûre que nous sommes surveillées, reprit Tara

-T’es parano ma pauvre fille !

- Non, je ne deviens pas folle. Depuis quelques jours, j’ai continuellement ce sentiment.

Malgré cela, comme son amie n’était pas disposée à croire l’inquiétude de Tara, elles terminèrent leurs emplettes. Elles n’avaient pas envie de rentrer à pied, alors elles franchirent la rue pour se rendre à la station de taxis afin de retourner à l’appartement de la jeune femme. Mais au moment où Tara traversait la route pour atteindre la station, un véhicule arriva droit sur elle, si Amélie n’avait perçu le danger et ne l’avait violemment poussée sur le côté, Tara ne serait plus de ce monde. Le conducteur, une personne bon chic bon genre, avait arrêté sa berline noire et après en être précipitamment descendu, avait rejoint les filles.

- Je suis désolé, s’excusa-t-il.

- Qu’est-ce qui vous a donc pris, vous êtes inconscient. Vous n’avez pas vu mon amie.

- Si bien sûr, mais je ne sais ce qui s’est passé, la voiture a accéléré sans que je puisse la stopper. Je n’y comprends rien.

- Laisse Amélie, je n’ai rien, monsieur à l’air aussi secoué que nous, dit Tara en reprenant ses esprits.

- Je suis vraiment confus, tenez voici ma carte si vous avez un problème contactez-moi.

- Nous n’hésiterons pas, rétorqua Amélie en colère. L’homme retourne à son véhicule suivi du regard par Tara, restée figé quelques instants.

Amélie la secoue

- Eh bien Tara ça va, remets-toi.

- Excuse-moi j’ai cru apercevoir un truc bizarre à l’arrière de son automobile…

- Quoi ? Dis-le.

- Non, non ! Ce n’est rien, rétorqua Tara en tirant Amélie par le bras. Viens partons!

 

Après ces évènements, Amélie avait décidé de passer une nouvelle nuit chez son amie.

Dans l’appartement, les deux femmes terminèrent la soirée par un souper léger, regardèrent leur série préférée à la télévision et se couchèrent.

Fraîches et bien dispos au lever du jour, elles attaquèrent le petit-déjeuner à belles dents. Amélie, afin de remonter le moral de sa camarade, s’était levée un peu plus tôt et était allée chercher des croissants et des pains au chocolat chez le boulanger installé non loin de l’immeuble.

Tara apprécia l’intention et remercia Amélie d’un baiser sur la joue. Le petit déjeuner étant avalé, vers dix heures, elles décidèrent de faire quelques courses en prévision du diner. Elles firent d’abord le tour du marché, Tara en profita pour se procurer quelques fruits, un peu de légumes, et dans une supérette elle acheta des pizzas et des bouteilles de jus d’orange. Elles seraient tranquilles, la vaisselle serait vite faite.

Vers midi, elles avalèrent un rapide repas puis Tara tenant beaucoup à rendre visite à Cendra qu’elle n’avait pas été voir depuis un bon moment, demanda à Amélie de l’accompagner, mais avant cela Tara devait passer au garage récupérer son véhicule.

 

Cendra était au deuxième étage du centre hospitalier. En entrant dans la chambre, Tara fut saisie par l’extrême pâleur de sa sœur. Une longue cicatrice traversait son visage, reste de l’accident. Une infirmière lui remontait son oreiller, l’électrocardiographe émettait son petit bip utile, mais lancinant. Les chauds rayons du soleil pénétraient par la fenêtre et donnaient un semblant de vie à la pièce, il est vrai que nous étions en juillet.

Sur la table de nuit, était posée la petite licorne en porcelaine rose que Tara lui avait offert le jour de ses seize ans et qui ne la quittait jamais.

Cendra ne s’apercevrait de rien, s’en rendrait-elle seulement compte un jour.

Amélie restait un peu à l’écart, près de la porte de la chambre pour ne pas gêner son amie. Tara consulta l’infirmière sur l’état de santé de sa sœur.

- Nous n’avons pas encore vu d’amélioration, répondit-elle. De temps à autre, l’appareil s’emballe pendant environ une demi-heure, parfois plus, quelquefois moins, puis tout redevient calme. Le docteur ne comprend pas ces continuels changements de rythme cardiaque.

Tara remercia la soignante qui sortit de la pièce, laissant les deux amies auprès de Cendra.

Les jumelles n’étaient pas constamment d’accord. Cendra, était très jalouse de sa sœur et lui avait toujours fait sentir,  ce qui n’empêchait pas Tara de l’aimer et de souffrir de la voir ainsi, elle préféra l’embrasser et quitter la chambre. Amélie se taisait, que pouvait-on d’ailleurs dire dans pareil cas. Elle suivit son amie qui venait de faire appel à un taxi.

 

Le soir même, elles devaient retrouver Lilian à la réception à laquelle il les avait invitées. Il leur restait deux bonnes heures devant elles pour se maquiller et s’habiller. Ce qui était amplement suffisant.

 

Paranormal Sisters

 

Chapitre 4

 

À dix-sept heures quarante-cinq, maquillées, coiffées, vêtues de leur toute nouvelle robe de soirée, elles étaient à bord d’un taxi. Celui-ci trouva rapidement l’adresse que Lilian avait envoyée par message à Tara. Devant l’immense portail ouvert de la demeure Tara s’arrêta.

- Amélie ! Je crois que nous faisons erreur, on devrait faire demi-tour. Regarde cette maison, elle respire la fortune.

- Ah non ! On y va.

- Bon ! Ne t’énerve pas, mais je pense quand même…

- On… y …va. Te dis-je.

En descendant de voiture, elles avaient distingué Lilian qui les attendait sur le perron du pavillon.

Quand il les aperçut, il leur fit un petit signe et dévala rapidement les marches pour les rejoindre.

- Vous êtes splendides, dit-il

- Merci c’est gentil, répondit Tara.

Et c’était vrai, Tara resplendissait dans sa robe longue immaculée qui mettait en valeur sa silhouette gracile.

 Elle avait opté pour un rouge à lèvre corail, ses cheveux était sagement relevés en arrière et retenus par une pince dorée. La jeune femme était superbe. Amélie avait choisi la couleur parme pour sa toilette, et avait laissé libre sa chevelure, ce qui était rare. Elle aussi était très jolie, pourtant leur beauté était toute différente. Toutes deux portaient des escarpins à talon avec leur tenue, et avaient complété le tout par une pochette assortie à leur robe.

 

Lilian prit les jeunes filles par le bras et les entraîna vers la demeure.

Tara et Amélie étaient stupéfaites de tant de richesse, l’entrée était immense, deux escaliers, de chaque côté de la pièce, montaient vers les huit chambres du haut, le carrelage en marbre accrochait le regard et reflétait les somptueuses plantes qui garnissaient l’endroit.

Puis, la salle principale où les personnes étaient regroupées, là encore tout respirait le luxe. Des tentures décoraient les gigantesques fenêtres devant lesquelles des lys jaunes et des roses rouges dans des vases géants étalaient leur beauté. Des tables rondes recouvertes d’une nappe blanche, et entourées de chaises, étaient disposées le long des murs et attendaient les invités. Placés sur une grande desserte, des homards, des langoustes, du foie gras, huitres et fromages divers et desserts étaient offerts en guise de buffet froid. Des serveurs en tenue sillonnaient la salle avec des plateaux d’argent sur lesquels des coupes de champagne ou autre spiritueux étaient posées. Un peu plus loin, un emplacement avait été réservé pour les cadeaux qui s’amoncelaient déjà, des foulards de luxe, des sacs de marques ou des objets d’art.

Des hommes en smoking, des femmes en robe de fête et parées de leurs plus riches bijoux, discutaient et riaient. Il régnait une douce ambiance, l’air en ce début de soirée était encore chaud.

Tara était embarrassée par tant de splendeur, elle ne se sentait vraiment pas à sa place, quant à Amélie… Elle profitait avec bonne humeur de l’instant présent.

Lilian après les avoir présentées à Alexandra l’hôtesse de maison, les installa à une table située non loin de l’orchestre, il alla chercher trois coupes de champagne.

- Désires-tu grignoter quelque chose ?

- Non, pas vraiment, articula difficilement Tara.

Alors que Lilian s’asseyait près de Tara, un homme d’une trentaine d’années s’approcha.

- Salut Lilian, me permets tu de me joindre à vous, dit celui-ci prenant un siège sans attendre l’accord de Lilian.

- Je vous présente Alex, un ami de longue date. Voici Tara et Amélie.

- Enchanté mesdemoiselles.

- De même, répondit Amélie avec un charmant sourire.

Alex interrogea Amélie.

- Accepteriez-vous de danser avec moi, demanda-t-il, en se tournant vers la jeune fille.

Amélie n’hésita pas une seconde. Alex était bel homme, brun, aux yeux marron, il avait l’air plutôt aimable, et puis… Amélie avait envie de s’amuser.

Pendant qu’Alex et Amélie se rendaient sur la piste de danse. Lilian enfin seul avec Tara, en profita, ils discutèrent un peu de tout et de rien, du travail d’artiste de Lilian en passant par les enquêtes de gendarmerie de Tara, de sa famille, de sa sœur hospitalisée. Malheureusement, leur intimité fut de courte durée, car un homme d’une quarantaine d’années fit signe à Lilian de le rejoindre.

- Excuse-moi un moment Tara, on m’appelle dit-il en se levant. Je reviens dans quelques minutes.

Tara, restée, suivait machinalement des yeux les invités. Certains discutaient par groupes.

D’autres étaient collés au buffet, d’autres encore dansaient sur la terrasse, une grosse femme habillée de vert, au décolleté très plongeant ne quittait pas la desserte où les collations étaient posées. Son regard fut attiré par la maitresse de maison. Elle marchait le long de la piscine, sa robe longue couleur violine trainait sur le sol, un petit vent faisait voler ses cheveux auburn. Tout en zigzaguant, elle vida d’un trait une nième coupe de champagne qu’elle tenait dans sa main droite, de l’autre elle tirait avec beaucoup de difficulté une rallonge électrique qu’elle venait péniblement de brancher sur une prise, visiblement, elle l’apportait au jeune musicien en costume blanc et nœud papillon rouge qui l’attendait sur l’estrade de l’autre côté du bassin. Tara voyant le danger alla vers la maîtresse de maison fortement alcoolisée, et gentiment se proposa de lui porter, elle-même, le fil au chanteur. Mais celle-ci agressive refusa, Tara n’insista pas, elle ne voulait pas se faire remarquer.

 

à suivre                                MARTINE GRASSART-HOLLEMAERT

 

 

 

 

 

 

Page 36

 

UNE VIE DE CHIEN     de Hertia May

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut

 

 

L’homme, appelé Max, retire les lamelles du microscope. Il les range soigneusement dans un tiroir et pose sa blouse sur un dossier de siège.

- La vie de cette plante a évolué d’une façon tout à fait différente de la nôtre !  précise-t-il.

Max sort dans un couloir éclairé faiblement par des lampes blanches espacées de six mètres. Le plafond est incurvé. Le couloir se prolonge à l’infini sous ce plafond voûté. Le tapis roulant soustrait Max à la vision. L’image s’arrête là.

21 h : un groupe de jeunes gens discutent à un carrefour d’une petite ville de France. Un cri enfle, un doigt se pointe vers le ciel.

Les soucoupes volantes ! 

D’une vitesse déconcertante, elles se posent à vingt mètres du groupe. Des humanoïdes en sortent en combinaisons noires. Les haut-parleurs de la ville hurlent :

- Alerte, regagnez les abris ! Patrouille J-4 appelée d’urgence au point 12-20. Patrouille F-10, renforcez patrouille A-5 au point 3-7… Alerte, regagnez les abris !… 

Le groupe s’est précipité dans une cour. Une voix s’élève des jeunes :

- La cinquième attaque des Schnoffs ce mois-ci ! 

Le ciel est rempli d’appareils gravitationnels qui se livrent un combat sans merci (les étoiles se battirent entre elles !). Des hommes tombent. On désigne des engins blancs exhalant une lumière bleuâtre qui tue ceux qui s’en approchent.

La foule ne peut que sortir dans la rue. Des tanks extra-terrestres sortent des sas des soucoupes. Ils avancent vers la foule. Des silhouettes noires se découpent sur la lumière jaunâtre à l’intérieur des tourelles. La foule court sur le trottoir opposé, les chars à sa poursuite, j’éprouve quelques frissons à ce spectacle. Les étrangers brandissent des armes analogues à nos mitraillettes. Des gens tombent.

Des « aliens » descendent des chars et ramassent les corps et les montent dans leurs véhicules. Mais l’assaut est maintenant repoussé. Les chars refluent vers les soucoupes posées. Tous n’y pénètrent pas. Des traits de feu d’une énergie folle en pulvérisent plusieurs. Les soucoupes s’envolent, vaincues.

Un haut-parleur clame :

Fin d’alerte. Ennemis repoussés.

Et la vie reprend là où elle s’était arrêtée.

 

Je reprends connaissance peu à peu du monde sous-marin. Un silence figé m’entoure. La soucoupe a disparu, de même que le petit véhicule sous-marin. Je me relève avec peine. Véra est encore évanouie. Je ne comprends pas ce qui m’est arrivé. En quelques minutes, j’ai revécu d’anciens rêves, mais à quelques détails près. Peut-être ai-je revu des faits réels, que ma conscience avait refoulés !

Je reste dans un état d’aboulie prononcée. Cette réalité est-elle revenue à ma mémoire naturellement ou quelque chose ou quelqu’un me l’a-t-il permis ?

Mes microphones vibrent à nouveau. Et je ressens un peu de chaleur autour de moi. Ils se sont réveillés. Véra rouvre les yeux lentement, étonnée. Je la relève par les épaules.

Elle me demande comment elle s’est fait cela, en me montrant ces griffes au niveau du cœur. Elle se ressent encore du coup de pied. Ils ont appris par télépathie ce qui m’était arrivé pendant leur sommeil.

Cela vérifie ce qu’ont affirmé les Nors !, en conclut Jim. Nous le rejoignons derrière son rocher. De l’autre côté : une colline sous-marine. Glen attire notre attention vers la droite.

Regardez derrière le bouquet d’anémones de mer, ce Schnoff garde sans doute une sortie.

En effet, derrière cette silhouette noire, se trouve un panneau de métal légèrement violet.

Je crois que c’est là que nous devons tenter notre chance.

Et nous avançons lentement à travers les plantes aquatiques et les myriades de poissons multicolores. Nous ne savons rien des dispositifs de sécurité de la base mais nous avons tous cette envie de jouer ce coup de poker, l’enjeu étant l’avenir de l’espèce humaine. Un volant gouverne l’ouverture du panneau d’entrée.

Il nous faut paralyser le type.

Je jette un regard à Dicken Glasmore

Il a sorti d’une gaine protectrice un revolver, il y introduit une aiguille paralysante. Le Schnoff s’affaisse, Sam Tanteur et André Monty le cachent dans une petite caverne. Glen tourne le volant.

Le panneau coulisse sur le côté. Un couloir devant nous, long de près de cinquante mètres, éclairé faiblement de lampes verdâtres. Nous entrons, l’eau ne s’écoule pas dans la coursive voûtée.

Un sas, suggère Glen, promenant les mains sur une paroi transparente.

André Monty referme le panneau derrière nous. Le niveau du liquide baisse rapidement. La glace s’éclipse dans le plafond. Nous pénétrons dans la coursive à la voûte. Des deux côtés, des panneaux munis de volants. Et aussi : des couloirs orthogonaux au premier. Et dans ces travées : des patrouilles … L’alerte est sans doute donnée ! 

Il s’agit de fuir, de fuir et de se cacher… Nous courons dans un labyrinthe. Des cohortes de personnages en combinaisons noires surgissent partout, derrière, devant… Nous les évitons au dernier moment. Parfois, un Schnoff nous aperçoit et un rayon mauve nous rate de peu. Mais je sais qu’ils ne nous rateront pas toujours. Nous fonçons à nouveau dans une travée.

Un tank miniature vient vers nous. Un petit canon oscille horizontalement et verticalement, arrosant le couloir d’un laser pourpre. Et le rayon nous capte les uns après les autres ! Nos corps deviennent transparents et se dissocient. Une sensation de légèreté, de bien-être… Nous nous évaporons.

Je me réveille… ou plutôt je renais ! La perception du temps n’a pas été altérée en ce qui me concerne. Je suis dans un coffre de verre… ou un sarcophage ? Mon impression première fut que j’étais dans un cercueil.

En tournant, je vois les autres dans d’autres boîtes transparentes. Notre horizon se résume à une petite salle aux murs de porcelaine ROSE. Aucun meuble. Les coffres sont à même le sol. Le sol est gris, d’un gris neutre. La salle est hexagonale. Sur ma gauche, le front de Glen est creusé par un double sillon encadré par une mèche de cheveux noirs. Je comprends, il m’indique quelques boutons à côté de sa tempe droite. Sa main les triture. Le coffre-sarcophage s’ouvre. Nous nous libérons bientôt, sauf Véra.

En effet, elle ne se trouve pas avec nous. Cherchant une issue, une porte quelconque, nous avons trouvé un petit levier bleu situé dans une crevasse. Le levier actionné, une face de la pièce devient transparente. Une petite salle bien éclairée.

Quelques appareils. Un Schnoff en blouse blanche est penché sur le corps d’une femme attachée sur une table d’opération : Véra. Le visage et les mains du Schnoff contrastent curieusement avec sa blouse !

Sam Tanteur a trouvé un autre levier. Il l’actionne et une autre ouverture se fait jour sur la droite de la paroi.

Heureusement, le Schnoff s’est éloigné et nous tourne le dos. Je regarde Jim : je crois qu’il les a vues aussi. Sur une tablette fixée au mur, quelques armes sont simplement posées.

La petite ouverture est ovale et forme un rebord plastifié haut de vingt centimètres. Jim enjambe rapidement ce rebord, sept mètres environ le séparent de la tablette. Il se projette, il bondit même. Le Schnoff s’est retourné, a avancé la main vers un bouton rouge du mur. Jim a prélevé une arme et appuyé sur la gâchette : un mince rayon indigo atteint le Schnoff. Il est tombé, simplement paralysé. Nous nous munissons tous d’un paralyseur.

Véra, libérée, a récupéré ses vêtements. Elle ne sait pas ce que l’alien comptait faire d’elle.

Nous sortons dans le couloir. Jim a trouvé un plan de la forteresse. Ce couloir n’est pas semblable aux précédents. Il mesure cent mètres approximativement. Les lampes émettent une lumière blanche d’un spectre proche de celui de notre étoile. Il n’y a qu’une porte à l’autre extrémité. Nous nous y engageons.

- Nous y sommes.

Hardwed stoppe le bâtiment. La base ennemie est à 500 mètres d’ici. Le sous-marin se cache dans la flore d’un rocher. Si dans trois heures, nous n’avons pas réussi à livrer la forteresse aux soucoupes volantes Nors, le sous-marin fera feu et ouvrira ainsi une brèche.

Nous ajustons les cagoules et les masques de plongée, nous glissons dans le sas et dans les fonds abyssaux. Jim mène la colonne, l’eau est si sombre que nous devons utiliser des torches éclairantes. Des nuages de poissons fluorescents nous entourent. À la lueur blafarde d’une torche électrique, j’aperçois un énorme rocher. La silhouette de Jim se découpe sur le bord de cet ensemble montagneux, il doit voir la base Schnoff ou du moins les décors extérieurs.

Il crie « Attention ! » avant de se lancer dans un coin d’ombre. Dans un ensemble parfait, nous avons éteint nos torches et nous nous sommes plongés dans des creux remplis d’anémones de mer. Un cri de douleur jaillit dans mes microphones : je ne sais pas sur quoi je suis tombé !

Un tapis roulant : Véra a remarqué, la première, un faible mouvement du sol. En effet, un dispositif bleu nous véhicule à une vitesse d’environ 15 km/heure. Une petite trentaine de secondes plus tard, nous voilà devant cette porte de fond de couloir. Sam n’a aucune difficulté à tourner le volant. J’entre en tête. Je suis surpris par l’obscurité totale. Je cherche, d’une main, ma torche électrique, tandis que dans l’autre, je serre le paralyseur.

Une paroi noire à gauche, une autre à droite, le plafond paraît beaucoup plus haut. Les côtés n’ont que deux mètres de haut ! Mes yeux s’habituent peu à peu à l’obscurité. Des lueurs rouge sombre me parviennent par-dessus les parois. Des rythmes sourds, comme cardiaques, m’assaillent, me résonnent dans l’abdomen. Sur la gauche, des éclairs pourpres vibrent. Des projecteurs  clignotent.  Des centaines  de projecteurs  dans une salle de soixante mètres de côté. Les sources lumineuses sont de différentes nuances. Du rouge vermillon au rouge presque brun… et je cherche ces haut-parleurs qui diffusent des sons métalliques, de basse électrique. Me détachant les yeux des projecteurs surélevés, je les baisse vers le rez-de-chaussée.

Des récipients luisent, alignés sur le sol, hérissés de tuyaux. Plusieurs rangs de ces conteneurs. J’en compte dix rangées et je sais que je ne vois pas tout. Je compte les boîtes d’une rangée qui s’étire devant moi… plus de vingt. Cet exercice mental me détend dans ce lieu étrange. Peut-être ai-je perdu le trac grâce à ces calculs. La salle me paraît bien plus grande que je ne l’avais supposé au premier abord. Je me retourne vers le couloir où m’attendent mes compagnons. Je me sens assez sûr pour les faire venir, je leur fais signe. Véra me rejoint assez vite.

- Tu vois, comme c’est beau et grand, ici !

L’angoisse de l’inconnu lui noue la gorge. Elle se presse contre moi, en toute amitié. Nous restons silencieux, admirant ensemble cette salle pleine de lumière et de sons. Tous les autres sont là, éblouis et ébahis devant ce spectacle. L’émotion passée, nous nous approchons des premiers caissons de plastique transparent. Dans ces coffres : des corps de femmes !

Le plus grand laboratoire que la Terre n’ait jamais porté ! 

Oui, Jim ! le plus grand. Et dire que nous devons tout détruire ! 

Des corps de femmes en voie de réalisation, entourés d’appareils, de cadrans, de tubes emplis de liquide rougeâtre. Nous marchons parmi ces cercueils (ou sarcophages !) d’où sortiront –Non, car tout sera détruit ! - des femmes comme Marie, Florine, Véra… Les Schnoffs auraient ainsi envahi la Terre de ces androïdes. Et quelque chose sonne dans ma tête. Une voix résonne : 

Vous avez très bien réussi cette créature, professeur…Vous avez très bien réussi… cette créature … vous avez…

Nous marchons toujours, nous sommes du côté des androïdes mâles.

N’est-ce pas des Schnoffs ? N’auraient-ils pas tenté, par quelque intervention chirurgicale, de prendre une forme humaine ?

J’imagine le double sillon dans le front de Glen. Je trouve qu’il a un quotient intello très élevé.

Ce n’est pas impossible. Le résultat est identique. Vrais Schnoffs ou simples robots, ils submergeraient facilement la planète. 

Je me retourne vers celui qui vient de s’exprimer : Dicken Glasmore, ses yeux luisent. C’est un autre cérébral du groupe.

Je dévisage dans la pénombre rouge, tour à tour, mes compagnons. C’est grâce à ces hommes et femmes que la Terre sera sauvée.

Des images m’assaillent. Une fille allongée sur le dos, ses cheveux châtain clair encadrent son visage inachevé. Un câble ombilical lui transmet un flot sanguin. Je revois dans ma mémoire successivement son corps entier, son visage, le câble, son corps, son visage, le câble. Ces images se transmettent au même rythme que les éclairs rouges, au même rythme que les sons caverneux, au même rythme qu’un cœur géant qui pulserait pour vivre, pour arracher le droit d’exister, pour la vie de ces êtres dans ces cercueils-utérus.

Allez-vous lui transmettre votre nom ?... Allez-vous lui transmettre… Allez-vous… ? 

Que croyez-vous que nous allons trouver derrière cette porte ? 

La voix douce de Véra m’a tiré de mon rêve, comme une gifle.

Peu nous importe. Il s’agit de suivre le plan de Jim jusqu’aux entrepôts des soucoupes et d’en ouvrir les sas ! 

Derrière la porte, une autre salle de moitié plus petite que la précédente. Des rythmes doux comme la caresse de la mer. Un éclairage bleu, des centaines de projecteurs bleus, de nuances différentes. Du bleu pastel au bleu indigo en passant par le marin. Des murmures, des chœurs de sirènes.        

 A suivre

Hertia May

 

 

 

 

 

 

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Chance

 

 

 

 

 

 

 

 

  

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image025La chance est un papillon aux ailes fragiles

qui ne se dévoile que quand on y croit

un oiseau de passage qu'on ne peut retenir

que si on le pense assez fort

mais qu'il est difficile dans l'adversité de garder le sourire

pourtant coûte que coûte essayer de la retenir

faire abstraction de ses problèmes pour lui faire une place

croire comme l'innocent qui a foi en son dieu

papillon aux ailes graciles resteras-tu posé un peu chez nous

petit oiseau furtif ne reprends pas ton envol tout de suite.

 

Thérèse L.

 

 

 

 

 

 

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LE  PETIT  MONDE DE  BRASSENS

 

Christian STALLA           Marc VINCENT

 

Préface de Pierre Schuller

 

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Christian Stalla, peintre de la musique, et moi-même, sommes heureux de vous annoncer la parution de notre nouvel ouvrage :

LE PETIT MONDE DE BRASSENS

28 des pages de ce livre représentent, peints par Christian Stalla, des tableaux qui lui ont été inspirés par 28 chansons (choix difficile !) de Georges Brassens. Autant de pages de commentaires, signées Marc Vincent, complètent l’ensemble.

Ce livre d’art est disponible au prix de 25 euros. Bon de commande et tous renseignements sur le site : http://marcvincent.chanteur.free.fr

 

 

 

  

 

 

 

 

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